Forum de Minuit
Vous souhaitez réagir à ce message ? Créez un compte en quelques clics ou connectez-vous pour continuer.

Forum de Minuit

forum encyclopédique sur le paranormal
 
AccueilPortailPublicationsS'enregistrerConnexion




Votre forum d'informations
paranormales




Commandez dès a présent le TOME 1, 2 et 3


A commander à LA FNAC
et tres bientôt le Tome 2 sur vos sites préférés
Le deal à ne pas rater :
Fnac : 2 Funko Pop achetées : le 3ème offert (large sélection de ...
Voir le deal

 

 Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.

Aller en bas 
4 participants
Aller à la page : 1, 2  Suivant
AuteurMessage
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeJeu 17 Jan 2013 - 17:51

[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]



LA MAISON DE FAMILLE








1  - Ma maison de famille
2  - La chaleur de la pièce à vivre
3  - Le rocking-chair du jardin d'hiver
4  - Le kiosque à musique
5  - "Satan", "Gros Biquet", "Turbo" et les autres
6  - Le vieux lavoir
7  - La cabane en bois dans le saule
8  - Les conserves et les confitures
9  - La cave voûtée
10- La serre recouverte de vigne
11- La chambre "orange" et la chambre "olive"
12- Les trésors du bureau
13- La chambre "Océane"
14- Les veillées au coin du feu
15- Les soirées de l'"Orangeraie" et le pigeonnier
16- Les roses de l'allée centrale et la fontaine aux tortues
17- Le déménagement
18- La première nuit
19- Les archives du grenier
20- La terrasse coté rue
21- Les travaux de l'atelier
22- Le bas de laine de Mémère Hélène
23- Mon testament
24- Chez moi


Dernière édition par chantara le Sam 25 Jan 2014 - 21:16, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeSam 19 Jan 2013 - 14:55

RESUME
Citation :


Construite en 1875, ma maison de famille le fut pour servir de "maison de gardien" au château de la ville. Depuis un siècle et demi, elle tend ses tuiles rouges aux intempéries. Transmise par les femmes de génération en génération, jamais, je crois, je ne pourrai me résoudre à la mettre en vente. Tant de choses me rattachent à elle, qui sont autant de souvenirs bons ou mauvais. Cela reviendrait à effacer ma mémoire.

Et lorsqu'un matin, j'ai franchi le portail noir et branlant de cette maison qui est devenue la mienne, j'ai revu, aussi clairement que si je regardais un film, des bribes de vies qui furent celles de mes ancêtres...
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeSam 19 Jan 2013 - 15:06

1
Ma maison de famille


Construite en 1875, ma maison de famille le fut pour servir de "maison de gardien" au château de la ville. Depuis un  siècle et demi, elle tend ses tuiles rouges aux intempéries. Transmise par les femmes de génération en génération, jamais, je crois, je ne pourrai me résoudre à la mettre en vente. Tant de choses me rattachent à elle, qui sont autant de souvenirs bons ou mauvais. Cela reviendrait à effacer ma mémoire.

Et lorsqu'un matin, j'ai franchi le portail noir et branlant de cette maison qui est devenue la mienne, j'ai revu, aussi clairement que si je regardais un film, des bribes de vies qui furent celles de mes ancêtres... Son passé imprimé dans ses pierres apparentes ne fait que me les restituer. Tant de rires et tant de pleurs qui ont retenti entre ses murs font que l'on partage la même histoire et je pense avoir autant besoin d'elle qu'elle de moi.

Certains y sont nés, d'autres y sont morts. Je n'ai pu y pousser mon premier cri, aussi j'espère y rendre mon dernier souffle. Pour moi, nos liens sont aussi forts que ceux du sang, et je ne souhaite qu'une chose, c'est qu'un de mes enfants la prenne en charge après moi. Notre famille et elle sommes trop liées sur fonds d’événements familiaux et historiques pour que je puisse imaginer nos chemins se séparer.

Les saisons succédant aux saisons, j'espère de tout mon cœur que l'alchimie s'opèrera avec le temps. N'arrange-t-il pas tout, le temps ?

Le notaire m'a à peine remis l'impressionnant trousseau de clefs que déjà je m'inquiète pour elle, comme une mère pour son enfant. Et aux premiers cheveux blancs de l'automne de ma vie, ma main tremble en tournant l’énorme clef en fer dans la serrure grippée. Je pousse le vantail de la grille qui aussitôt gémit pour me dire sa souffrance. Aurait-elle cru que je pourrais l'abandonner ? Mon cœur se serre et je pose un pied dans l’allée principale qui monte vers le perron. Le bruit caractéristique que font les graviers remue mes souvenirs d'enfance. Qu'il était difficile, du haut de mes 6 ans, de pédaler sur mon tricycle dans cette mer de cailloux qui fait le tour du jardin.

600m2 de trésors botaniques où les rosiers comme les tomates prolifèrent sans plus de rigueur. Après chaque détour de buisson, on découvre maintes originalités. Là un magnolia, ici un mimosa, là encore, recouverte d'une vigne sauvage, une serre de plantes exubérantes (cactus, rhododendrons, orchidées, mais aussi potirons, melons ou orangers...) le tout posé sur une pelouse bien verte où trône un saule pleureur aux tentacules gigantesques et où, petite, je me cachais des heures durant, avec la sensation d’être dans le ventre rassurant de mère-nature.
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeSam 19 Jan 2013 - 15:10

2
La chaleur de la pièce à vivre


Je grimpe les cinq marches du perron pour arriver sur la terrasse. Là, en faisant tinter le trousseau du porte-clefs en cuir brun, je m'empare de celle de la porte en chêne massif. Malgré son poids imposant, elle s'efface sans le moindre bruit et c'est dans le silence le plus total que je pénètre à l’intérieur du ventre de la maison. A cause des 45 cm d'épaisseur des murs, il fait une fraîcheur incroyable en cette matinée de la fin août.

C'est ce couloir qui sert d'articulation à cette maison, car de là s'ouvrent toutes les pièces du rez-de-chaussée. Le temps de s'habituer à l'obscurité et mes yeux se rappellent, comme si c’était hier, les dessins noirs et gris du marbre. Qu'est-ce que j'ai pu jouer, assise par terre, sur son sol froid identique à celui de la cuisine. Combien de jeux sont nés de ces formes invisibles que seule mon imagination de petite fille pouvait deviner ?

Au fond à droite se trouve cette cuisine avec ses murs jaune soleil qui font ressortir la mosaïque marocaine bleue et blanche au-dessus de l'évier en émail immaculé. La pièce semble d'autant plus vaste que la porte qui donne sur le jardin possède un vitrail en son milieu et sur toute la hauteur.

Lorsque la lumière du jour entre par les carreaux, les fleurs de verre s'illuminent , tel un bouquet champêtre et même au cœur de novembre, on se croirait en plein été.
De l'autre côté, le mur de séparation avec le salon a été évidé pour ne laisser que deux poutres de chêne apparentes et obligatoires pour soutenir le plancher de l'étage.


En face de la porte fleurie, comme je l'appelais, une baie vitrée aux voilages orangés égayent ce qu'on nommait autrefois la pièce à vivre.
L'été, la baie ouverte donne sur la grande terrasse de la rue. L'hiver, à coté de cette porte-fenêtre, c'est la cheminée de pierre qui réchauffe, de ses flammes rouges, les visiteurs assis dans le canapé d'angle en face d'elle et les murs de crépi "terre de Sienne" en accentuent encore l'effet.

Je me souviens de ce temps où, adolescente, je passais des heures couchée sur le tapis moelleux aux teintes chaudes, à lire ou à dessiner. Mon sens créatif a fait naître bon nombre de tableaux, dont certains ornent encore aujourd'hui les murs de la maison, après toutes ces années, comme : les chevaux rouges.... la Joconde....  l'arbre mort...   etc.

Celui qui passe n'a de cesse de parcourir les recoins de cette demeure ancestrale pour y découvrir les merveilles qu'elle recèle. Ici, une coiffeuse de bois précieux ou miroir sculpté. Là, une collection de livres de la fin XIXe, dorés à l'or fin et reliés cuir. Là encore, un meuble chinois laqué à la main. Mais aussi, une sculpture africaine ou une plante exotique rare.

Ce n'est pas sa taille qui fait son charme, c'est son originalité. Souvent agrandie au fil des ans et des goûts des différents propriétaires, elle n'a aucun style défini mais garde l'empreinte de chacun. Notre maison y a forgé son caractère que l'on ne retrouve pas dans les constructions nouvelles. Elle a appris à conjuguer modernisme et chaleur humaine. Car, non seulement c'est un décor magnifique mais elle est aussi très agréable à vivre.

Sept/huit petites pièces meublées d'un ramassis d'antiquités du XVIe à nos jours, de divers horizons. D'abord français bien sûr, mais également d'Afrique, d'Asie ou d'Amérique. A chaque pièce sa couleur ou son continent,. pour que chacun y ait son territoire. En tout, un peu plus de 200 m2 habitables.
.
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeDim 20 Jan 2013 - 12:00

3
Le rocking-chair du jardin d'hiver



Pour ma part, alors que j'arpente le rez-de-chaussée en long et en large, chaque pièce, chaque objet, me renvoient à mes souvenirs d'enfance. Un sourire éclaire mon visage alors que je pénètre dans le jardin d'hiver. La paume de ma main s'attarde sur le dossier du rocking-chair avec son plaid rouge écossais. J'y allais souvent accompagner mon grand-père, jardinier dans l’âme et menuisier d’héritage. Que de boutures singulières et que d’œuvres originales n'a-t-il pas créé de ses mains.
Lorsque le temps était clément, je le suivais pas à pas au jardin ou dans la serre. Mais, avec la mauvaise saison, c'est dans le jardin d'hiver que se complétait mon apprentissage. Il savait si bien ranger les outils miniatures sur les étagères en rotin, il parlait si bien des greffes, ligotages, bouturages, de taille ou de rempotage de telle ou telle plante, verte ou à fleurs. Cela remplaçait, à mes oreilles d'enfant, les contes de Perrault ou des Mille et une nuits.

Par les vitres de la véranda, mon regard se perd dans le fond du jardin. Oserai-je m'asseoir dans le fauteuil immobile depuis si longtemps ? Le bois patiné des accoudoirs vient toucher le creux de mes mains, je plie les jambes et aussitôt, je renverse la tête en arrière contre le tissage du dossier. Des images affleurent sous mes paupières closes, je sens dans mes narines la douce odeur du citronnier de ma jeunesse, papy me l'avait offert pour mes dix ans. Que d'attentions n'y ai-je pas porté à cet arbuste. A la fois émerveillée devant une boule jaune naissante et à la fois désespérée devant une branche brunie... Tous les jours, je venais lui parler en rentrant de l'école. Si papy se trouvait dans la serre, on entendait une douce musique résonner et je crois que je ne pourrai jamais apprécier cela autant que les plantes.

Grand-père me disait souvent :
- "Elles grandissent mieux si on leur passe du Mozart ou du Chopin. Parce que le tapage de "zoulou" d'aujourd'hui, ça les stresse, tout comme nous...."
Ça me faisait rire.

Mon dieu, comme ce temps béni me parait loin. Une larme salée coule sur mes joues pâles. Je le revois avec son grand tablier gris et rêche. Il avait une large poche sur le devant. Que d'objets, petits ou gros, il pouvait en sortir! Cela ne cessait de m'étonner. Il surnommait cette poche, à mon intention, sa "remise"... J'entends encore claquer ses lourds sabots noirs. L'hiver, il les remplissait de paille qu'il prélevait dans le clapier des lapins.

Le bois sec du rocking-chair grince en donnant l'impression qu'il va se disjoindre au prochain balancement. Mes yeux ont arrêté de pleurer, j'ai un goût amer dans la bouche. Lentement, j'ouvre les paupières. Un caoutchouc exubérant s'enroule autour des étagères de rangement. Soudain mon regard s'immobilise. Mon coeur bat la chamade, je me redresse. Là, devant moi, soigneusement plié, le plaid rouge écossais de mamy Nénette. Comment est-ce possible ?
Après si longtemps... Mes yeux se remettent à couler sans que je puisse les en empêcher. Je me lève et me dirige vers la couverture. Je laisse glisser ma main dessus. La poussière fait des traînées sur la trame. Je m'en empare, je la déplie et la secoue. Un petit nuage gris s'en échappe, comme s'échappent de ma mémoire de nouvelles images de ma jeunesse.

Sitôt la mauvaise saison installée, j'avais l'immense privilège de prendre mon goûter dans le jardin d'hiver. Trônant sur les genoux de ma grand-mère, je dégustais un grand bol de "Blédine" à la cuillère. Cela s'apparentait à de la bouillie pour bébé, chocolatée et pralinée. Un vrai délice "fait maison" et c'est enveloppée dans cette couverture à carreaux que mamy me racontait des histoires d'antan. Comme j'aimais ça, et le goûter et la chaleur de la couverture, c'était mon grand plaisir de ces après-midis frileux....
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeDim 20 Jan 2013 - 12:22

4
Le kiosque à musique


Mais au fait, où est donc passée la petite table circulaire en fer forgé, couleur bleu lasuré ? Je fais le tour de la véranda. Aucune trace. Je m'approche de la baie vitrée et inspecte le jardin. Oui. Elle est là, près du kiosque à musique sous les marronniers. Il y a un gros géranium lierre posé dessus.
Je quitte la pièce pour sortir de la maison, en repassant par le perron de la cuisine. Je descends les trois marches et me retrouve sur les dalles roses des Pyrénées qui, depuis une quarantaine d'années, font le tour de la maison et remplacent avantageusement les horribles cailloux ronds qui s'y répandaient avant. Sitôt dehors, une odeur de campagne me monte aux narines. J'aime cette image parfumée qui a la beauté d'une carte postale.

Au bout de l'allée, les deux marronniers plusieurs fois centenaires forment une tonnelle de verdure. En dessous, une gloriette ocre rose, perchée sur un socle de meulière, abritait les repas familiaux d'été. Même lorsque la pluie s'invitait à la dernière minute, les larges feuilles des arbres protégeaient nos collations. Chaque été charriait un nombre mémorable de dîners de famille inscrits dans les mémoires. Comme ce jour où papy, piqué par je ne sais quelle folie, riait tellement, renversé sur sa chaise pliante, qu'il a basculé les quatre fers en l'air, de telle façon qu'il est passé par-dessus le muret du kiosque. Tout le monde s'est précipité pour voir papy couché de tout son long dans un gros tas de feuilles entassées le long du muret et qui riait toujours à gorge déployée, des larmes plein les yeux. Je ne peux m’empêcher de sourire en y repensant, même que la tante Simone, prise d'un incoercible fou rire, a fait "pipi dans sa culotte"....

Comment oublier ces moments merveilleux qui jonchent mes souvenirs d'enfance ? Cette enfance solitaire parmi les adultes, mais combien heureuse. Tout dans cette maison me transporte dans le passé. Mon pied chaussé de sandales à lanières se pose délicatement sur la marche de pierre du kiosque qui est toute creusée par le poids des années. Une, deux et trois. Je pénètre sous la tonnelle où grimpe un lierre bicolore. Il fait frais. Une table en teck a remplacé la vieille table en fer qui était repeinte chaque année d'une couleur différente. Il y a plusieurs chaises torsadées, complètement dépareillées, sûrement acquises à différentes époques. Je m'assieds sur le bois dur et lisse qu'aucun coussin n'habille. Je ferme les yeux. Le chant d'une mésange bleue me parvient avec le bruissement du vent dans les feuilles au-dessus de ma tête. C'est ici que l'on apprécie le mieux les lourdes chaleurs d'été. Je reste là, sans bouger. Les odeurs du jardin m'enivrent. J'y perçois l'herbe bien trop haute, les grappes parme et fanées de la glycine, les azalées rouges en fleurs, le mimosa jaune et quelque peu roussi et bien d'autres senteurs encore. Ce sont les mêmes qu'il y a quarante ans.
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeMar 22 Jan 2013 - 18:04

5
"Satan", "Gros Biquet", "Turbo" et les autres


Lorsque j'étais petite, il y avait de nombreux animaux qui faisaient ressembler notre jardin au paradis terrestre. Tout d'abord, "Satan" le gros chat noir qui ne supportait pas la solitude et suivait systématiquement tout être humain. Quand je jouais assise en tailleur sur la pelouse, il venait se lover sur mes genoux. Très souvent, il se retrouvait aspiré dans mon imaginaire et interprétait, malgré lui, un rôle déterminant dans mes jeux délirants.

Mes grands-parents avaient fermé notre maison à toute personne étrangère à la famille. Mes amies d'école n'avaient donc pas droit de cité et comme j’étais fille unique, j'appris très tôt à m’accommoder de la solitude. Des personnages imaginaires, sortis tout droit de mon désir de communication, et les autres animaux faisaient partie intégrante de ma bande....

Dans le fond du jardin, près de la serre en été, et à l'intérieur en hiver, se trouvait la volière en roseaux asiatiques, toute en courbes et spirales. D'environ un mètre de diamètre sur deux de hauteur, elle abritait une bonne dizaine de canaris multicolores. Une branche morte à l'écorce lisse et blanche servait de repos à leurs petites pattes. Lorsque le froid et la neige s'étaient emparés du jardin dénudé, la serre chauffée à 20 ° était un refuge magique pour mes yeux de petite fille. Bien au chaud derrière les murs en verre, je m'installais dans un transat en toile rayée, bien à l'aise sur une peau de mouton des Pyrénées. Là, je scrutais le ciel et admirais le grand manteau blanc et silencieux par-delà les parois transparentes. Les oiseaux piaillaient et sifflaient à tue-tête sans se préoccuper le moins du monde de la température extérieure au-dessous de zéro. J'étais alors une princesse dans une prison de cristal dorée.

Derrière, dans les communs, le poulailler. Un coq et trois poules nous régalaient d’œufs frais et de cocoricos. Pour leur tenir compagnie, deux ou quatre lapins de ferme, dans leur clapier. Parmi eux, "Gros biquet" lapin mâle de 14 kilos que j'ai protégé de mon corps contre la recette au vin blanc de papy.
- " Si tu fais du mal à Gros biquet, je jure que je ne mangerai plus jamais de ma vie..."
- "Que tu crois Bamby ! Mais je sais bien, moi, que tu mangeras tout de même un jour."
- "Jamais plus !" répondis-je
Serment d'enfant ne dure qu'un temps. Mais mon chagrin était à la hauteur de ma réplique. Papy n'était pas sans coeur et Gros biquet est mort à l'âge canonique de 17 ans.

Devant la maison, il y avait une fontaine ronde à deux étages, sur un socle de granit. Elle y est toujours mais, à l’intérieur de la plus grande vasque, habitaient deux tortues d'eau et une grenouille "Jade" ramenée d'un pique nique, dans un seau de plage. Un jour, une des tortues a disparu sans que l'on sache ni où, ni pourquoi. La deuxième, "Turbo", a atteint la taille record de 21 cm et puis elle s'est enterrée pour l'hiver et n'est plus jamais ressortie, elle avait plus de 8 ans...

Ma tête est encore toute remplie des histoires extraordinaires que j'inventais pour eux et pour moi. Que d'après-midis magiques nous avons passé ensemble. "Robinson Crusoé", "Cendrillon" , "Le chat botté", "La princesse et le crapaud", "Robin des bois", "Peau d'Ane", "La fée Morgane", etc.
Le temps était si doux alors, entre mes grands-parents et mon imaginaire.
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeJeu 24 Jan 2013 - 17:30

6
Le vieux lavoir



A côté du poulailler, l'Orangeraie. En fait, les deux orangers à l'entrée dans des bacs en grès rouge n'y étaient en faction qu'en été. Le reste du temps, ils le passaient au chaud dans la serre, pompeusement appelée ainsi car ce n'était guère plus qu'un hangar grillagé. Par la porte en arc de cercle, on pouvait voir un baby-foot que mon oncle paternel m'avait ramené pour le noël de mes dix ans.

A côté encore, le lavoir. En fonction jusque dans les années 1975, Mamy Nénette y faisait journellement sa lessive. La machine à laver le linge était considérée par mon grand-père comme un "progrès du diable". Cela se passe de commentaire.

Et puis pour finir, le "fumier", c'est là qu'à l'automne on emmagasinait les feuilles mortes ramassées sur toute la surface du jardin, au râteau et transportées à la brouette. Au printemps suivant, le compost ainsi obtenu servait d'engrais pour les fleurs et arbustes du jardin.

Je me souviens que lorsque j'étais en vacances, l'après midi, j'accompagnais très souvent mamy pour faire la lessive. Elle portait un grand tablier en plastique bleu marine et tirait de l'eau au puits pour en remplir le lavoir et y faire tremper son linge. Moi, assise sur le sol en ciment, je pataugeais à qui mieux mieux dans une immense bassine ronde. C’était à qui frotterait le plus fort. Je me rends compte aujourd'hui combien cela devait être dur !
L'été, bien sûr, c'était fort agréable, mais à la mauvaise saison, mamy avait les mains couvertes de gerçures. Les manches relevées haut sur les bras, elle s'emparait du linge, le tordait à pleines mains et le tapait fort sur la pierre inclinée. Là, elle prenait un large battoir de bois et frappait la lessive comme au début du siècle.  Que d'énergie gaspillée pour que la maisonnée soit impeccable. Mais papy était intraitable, qu'avait-elle besoin d'une laveuse-essoreuse ? Utilisait-il, lui, tout cet outillage moderne qui "mange du courant " ? Non ? Alors ! Ma mère et ma grand-mère ont toujours lavé ainsi, pourquoi donc changer ?
Le brave homme a toujours été vieux jeu, même à vingt ans, et l'arrivée du vingt-et-unième siècle ne changera rien. Pas de téléphone à touches, pas de chéquier, pas de carte bleue, pas de calculatrice, pas de sèche-cheveux, pas de...  rien qui puisse perturber un homme pour qui "les congés payés ne peuvent qu'engendrer la fainéantise", je cite.

Mamy n'était pas malheureuse au sens où on l'entend aujourd'hui, mais elle avait une vie difficile. Travaillant la nuit jusqu'à des 1 heure du matin comme ouvreuse de cinéma, elle s'occupait de nous et entretenait son foyer du sol au plafond le jour et ce, pendant près de trente-neuf années consécutives...

La pierre froide et lisse me renvoie à ces images du passé. La fenêtre de la buanderie donne en plein sur la clayette de bois pourri. Une grosse araignée noire et velue se chauffe à la lumière du jour. Posée dans un coin, une brosse à laver a été oubliée là depuis longtemps.
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeSam 26 Jan 2013 - 19:19

7
La cabane en bois dans le saule

La tristesse de mes souvenirs et le froid du lavoir me font frissonner. Je sors. Mes pieds couchent l'herbe verte. On ne voit même plus les belles dalles de pierre, posées ici et là, et qui font le tour du jardin. Je m'approche du saule pleureur à quelques mètres de là. Il est gigantesque. On ne voit pas son tronc tellement le feuillage est touffu. Lorsque j'étais petite, je m'imaginais au fin fond de l’Amazonie. Les branches souples étaient devenues les lianes, l'herbe folle une forêt de bambous, et à deux mètres du sol, une cabane en bois, enroulée autour du tronc, me permettait d'imaginer mille aventures différentes.
En écartant les feuilles qui traînent par terre, je courbe l'échine et pénètre derrière le rideau vert. Il fait sombre tout d'un coup. Je n'en crois pas mes yeux. La cabane de mon enfance n'a pas bougé. C'est à peine si le temps y a imprimé sa marque. Papy avait assemblé les planches avec brio. Pour arriver à la passerelle, il avait confectionné une échelle de corde. J'avais pris l'habitude de grimper les barreaux avec une aisance de funambule. Je me rappelle, une fois passée par la trappe, on posait le pied sur la terrasse circulaire avec sa rambarde faite de branches d'arbres secs. Lorsque je voulais être tranquille, je remontais l'échelle. Alors je pénétrais dans la cabane, un mètre de chaque côté du tronc. A gauche, une large planche suspendue par deux chaînes me servait de lit. Pour tout confort, un vieux duvet bourré de chiffons, de vieux vêtements et d'une couverture usagée découpée en lamelles. A droite, une petite table branlante et une chaise. En face de la porte, au-dessus de ma tablette, une étagère avec des livres et mon ours en peluche "Oscar".

Un jour, il pleuvait, nous étions en été. Une de ces pluies chaudes qui ne rafraîchit rien. Je m'ennuyais à mourir, je devais avoir dans les 11 ou 12 ans et j’étais allongée sur le duvet bleu marine avec Oscar. Soudain, je décidai de jouer au coiffeur. Oscar, qui mesurait plus de quatre-vingt-dix centimètres, avait de très longs poils kaki sur tout le corps. En fait, en y réfléchissant bien, il était positivement horrible, avec une grosse tête plate et un gros ventre velu. Après être retournée dans la maison récupérer une bonne poignée d’élastiques, je m'enfermais dans ma cabane. Là, j'entrepris de faire des dizaines et des dizaines de nattes à Oscar. Un heure plus tard, ayant décidé qu'il était vraiment trop moche comme cela, je voulus défaire les élastiques. Impossible. Les grands poils de l'ours s'étaient mélangés dans les caoutchoucs. En les retirant, j’arrachais de grosses touffes de poils ! Une fois complètement débarrassé de ses tresses, il avait doublé de volume à cause de sa fourrure frisée et toute ébouriffée. Que faire ?

Je décidai donc de lui couper les poils au sécateur ! Evidemment, le résultat obtenu n'était pas du tout celui escompté... Catastrophique. On voyait maintenant toute sa peau en toile de jute et dans l'affaire, j'avais coupé un oeil à Oscar.  Mon Dieu ! Je venais tout bonnement de donner naissance à Frankenstein ! Qu'allaient dire Papy et Mamy ? En fait, "dire" n'était peut-être pas le verbe approprié. "Hurler" conviendrait beaucoup mieux. J'eus droit à de superbes tirades de la part de Mamy qui ne décolérait pas.

- Tu ne te rends pas compte ? Un cadeau de Tante Suzanne de Genève ? Et puis comment tu as pu faire ça ?
- Avec le sécateur pour tailler les rosiers, mamy.

J'étais devenue en quelques minutes un monstre sans coeur. Sur ce, je répliquai que de toutes façons, Oscar n'avait jamais été beau et que j'avais horreur de la couleur kaki. Alors il ne pouvait pas être pire... Papy partit d'un gigantesque éclat de rire, qui eut pour effet d'envenimer encore un peu plus les choses. Je fus, dans l'histoire, privée de dîner et envoyée au lit. Et malgré les quelques gargouillis inévitables qui s’ensuivirent, Oscar et moi avons passé une très bonne nuit. Moi parce que, comme le dit l'adage : "Qui dort, dîne..." et Oscar parce qu'il n'était plus encombré par ses grands poils qui pendouillaient lamentablement.

Ah ! Quelle aventure mémorable ! Et jamais rien ne put m’empêcher d'adorer mon Oscar. Alors même qu'il est toujours le plus horrible des ours en peluche aujourd'hui encore.
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 20:54


8
Les conserves et les confitures


La journée a été retentissante en événements émotionnels. Il est temps de rentrer chez moi. Mais au fait, où est-ce chez moi maintenant ? Je ne peux pas continuer à vivre là où je suis actuellement. Car chez moi, c'est ici maintenant ! Mes grands-parents l'ont voulu ainsi et je l'ai toujours su au fond de moi. Le 34 de la rue du Général Leclerc a vu germer mes jeunes racines. Je ne pouvais que végéter ailleurs....

Je n'ai pas faim ce soir. Allongée sur le lit, j'écoute la radio d'une oreille distraite. Mes pensées vagabondes retournent très vite vers le sanctuaire que je viens de quitter. J'ai ramené Oscar avec moi, il est assis dans mon fauteuil "Emmanuelle" en face de mon lit. Oscar, ce brave Oscar. Il était de tous les périples, des plus drôles au plus ennuyeux. Toujours dans un rayon de moins d'un mètre de ma frêle personne. L'incontournable horreur.

Il était là aussi lorsque c'était le temps des confitures et des conserves...
Tomates, haricots, pêches, abricots, cerises à l'eau de vie, alcool d'orange et j'en passe. Cela prenait des heures et des jours et des semaines. Du matin au soir, sans relâche, à surveiller la cueillette, l'épluchage, le calibrage, la stérilisation, la cuisson, l'étiquetage... Le tout dans la véranda de la cuisine, sur un fourneau à bois à l'ancienne, dans les chaleurs étouffantes de fin d'été.
Les immenses lessiveuses bouillonnaient du lever au coucher du soleil. C'était épuisant mais mamy ne bronchait jamais. Elle vaquait tout le jour sans un mot pour qu'à la fin, plusieurs centaines de bocaux s'empilent dans les entrailles fraîches de la cave.

Notre rôle, à Oscar et à moi, consistait à ramasser les fruits et légumes aptes à la conservation, à les éplucher et à les calibrer. Ils devaient être ni trop gros, ni trop petits. Des légumes parfaitement sains pour éviter de gâter le reste des cageots. La terre, qui a toujours été trop basse à mon goût, me cassait les reins. Et ensuite, l'épluchage avait le don de me découper en fines lamelles la peau des doigts.  Mais pour rien au monde, je n'aurais manqué cela une seule année. A part celle où je fus opérée de l'appendicite ! Mais ce fut exceptionnel. A cette époque, le jardin potager sentait bon et il était beau comme une cathédrale avec ses tuteurs de deux mètres pour laisser grimper les haricots. Les arbres fruitiers croulaient sous d'énormes fruits sucrés et juteux. Papy était obligé de mettre des étais sous les lourdes branches qui auraient rompu sous le poids de la récolte. Et la cueillette des pommes de terre ?  Harassante. Et puis, il fallait les transporter dans de grands sacs de toile pour aller les entreposer dans des claies en bois et plusieurs fois dans l'année, assis dans le froid de la cave, on retirait les germes, groupés en demi-cercle. Pour cela, papy et moi mettions des mitaines. Vous savez, des vieux gants à qui on a coupé les doigts ! Mais justement, c'est généralement aux doigts qu'on a le plus froid, surtout en janvier....
Mes grands-parents profitaient le plus souvent de ces moments privilégiés pour me raconter leur jeunesse qu'ils ont passée dans la même région avant de se rencontrer. C'était magique. Je vous raconterai peut-être cela un jour... qui sait ?

Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 21:10


9
La cave voûtée


C'est donc dans la cave que l'on entreposait les réserves de nourriture pour l'année à venir. On y entrait par une porte juste en face du kiosque à musique. Cinq marches plus grandes que la moyenne permettent d'y descendre. Sitôt les deux pieds posés sur le sol de ciment, le froid vous pénètre jusqu'aux os. Plus on avance vers la deuxième partie de la cave qui s'étend sur tout le sous-sol de la maison, plus il y fait froid et sombre. Ça et là, des ampoules électriques descendent du plafond bas et voûté mais ne permettent absolument pas un éclairage correct.

Lorsque j'étais enfant, j'avais peur d'y descendre seule et pourtant, presque chaque soir, mamy m'y envoyait pour remonter du garde-manger un bocal de tel ou tel légume. Agée d'à peine sept ans, le plafond voûté en pierre me paraissait bien plus haut qu'en réalité. Mon ombre disproportionnée me suivait ou me précédait selon l'angle de la lumière. Cela avait pour effet d'alimenter ma terreur.  Dans la semi-pénombre, des outils, des plantes séchées et de vieux vêtements pendaient du plafond. Lorsque je passais, le déplacement d'air les faisaient bouger et à leur tour, leurs ombres démesurées dansaient sur le sol ou les murs. Pour m'acquitter de ma tâche, il me fallait entrer dans la seconde cave, là, juste à l'entrée à gauche, la petite porte grillagée du cellier où étaient empilées les conserves de l'année la plus ancienne. Après avoir fait coulisser le verrou grinçant, je m'emparais de la boîte la plus proche de moi, refermais la porte à la volée et me mettais à courir jusqu’aux marches, en serrant le pot contre ma poitrine.

C'était mamy qui écrivait les années de fabrication sur des étiquettes d'écolier. Après, elle les collait sur le devant du bocal. Son écriture avait les saveurs de rentrée des classes. Des pleins et des déliés, une fine écriture légèrement penchée au porte-plume -elle avait une sainte horreur des stylos billes- et à l'encre. Elle écrivait comme une maîtresse d'école avec cette pureté dans l'orthographe. Mamy avait eu son certificat d'études, ce n'était pas rien à cette époque. Je crois qu'elle en était fière.
Quelle journée pleine de saveurs d'antan. C'est à la fois doux et triste de se rappeler son passé. C'est drôle, je croyais avoir oublié certaines choses. En fait, j'avais tout rangé sur une page jaunie dans un coin de ma mémoire poussiéreuse. Une image, une odeur et tout m'est revenu sans que je le veuille. Maintenant, je suis là, allongée sur les coussins du lit. La lumière diffuse de la lampe de nacre, posée sur la table de nuit, projette des ombres sur la tapisserie bleue du mur, comme celles qui me faisaient si peur. C'est incroyable comme notre perception de l'environnement est différente selon notre âge. Ce soir, cela me fait sourire.


Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 21:11


10
La serre recouverte de vigne




Ce matin, c'est une belle journée qui commence. Cette année, nous avons un très bel été comme le chantait si bien Sacha Distel. Tant de souvenirs, de par l'hexagone, sont nés sur ce slow... En tout cas, j'ai décidé de profiter de la clémence de la météo pour retourner, par cette fin septembre, dans ma maison de famille. Je dois poursuivre ma visite pour me rendre compte de la réalité de ma nouvelle condition de propriétaire. Certes, le notaire a été formel lors de la remise des clefs de la maison. La lecture du testament était sans appel mais je n'arrive pas à en prendre conscience.

La première fois que je me suis rendu compte que rien ne serait plus pareil, c'était lors de l'enterrement de ma grand-mère, il y a de cela deux mois, le 4 juillet exactement. Nous étions au début de l'été et il pleuvait, comme si le ciel avait voulu s'accorder avec notre chagrin. Papy me tenait le bras dans les allées de platanes dégoulinants du cimetière. On aurait dit qu'ils pleuraient eux aussi.
Six semaines après, je me retrouvais dans ces mêmes allées, c'était au début du mois. Mon grand-père s'était laissé mourir. Lentement, son corps avait rejoint son esprit parti accompagner celui de sa femme. En plus de soixante-dix ans de mariage, ils n'ont été séparés que pendant les cinq années de captivité que Papy a passé en Allemagne, lors de la deuxième guerre mondiale. Il ne pouvait le supporter, c'était au-dessus de ses forces. Ce jour-là, le soleil brillait de mille feux, et ce, malgré la tristesse de la cérémonie. A l'âge canonique de plus de quatre-vingt-quatorze ans, il ne reste plus grand monde pour être attristé le jour du grand départ. Mes yeux ont coulé mais mon coeur savait qu'ils étaient enfin réunis comme ils le souhaitaient.

Malgré ces deux deuils, je me sens toujours en visite dans notre maison de famille. Pourtant, depuis des années déjà, je savais qu'après leur disparition, cette maison me reviendrait mais pour moi, elle restera encore longtemps celle de mes grands-parents.
La porte grince et j'entre. Je traverse le jardin sous le soleil pour la deuxième fois. Le trousseau tinte dans le fond de la poche de ma veste. Je m’engage dans l'allée pavée et remonte vers le coté droit de la maison pour en faire le tour. Passage obligé par la voûte des rosiers qui faisaient l’orgueil de Papy. Il n'a pas eu le temps de les tailler cette année. Au bout, c'est la serre avec ses merveilles, je vais en profiter pour arroser avec l'eau de la citerne. Il y a longtemps, c'était moi qui étais chargée de cette tâche. La disposition n'en a guère été modifiée. Grand-père a toujours donné dans l'immuable, le statique, comme s'il voulait suspendre le cours du temps.

Je pousse la porte vitrée et aussitôt une odeur entêtante me prend à la gorge. Ce sont les orchidées. Il y en a une dizaine d'espèces différentes alignées sur les clayettes avec deux azalées rose et rouge. Juste derrière, un gigantesque caoutchouc aux feuilles dentelées et un asparagus de plus de deux mètres devant un lierre panaché agrippé à un treillage de bois naturel. En face, de l'autre côté de la porte en verre, une collection de macramés suspendus contenant une fougère des plus classiques, une misère très colorée, un pot de corne d'élan, un chlorophytum bicolore très courant et la plus belle des plantes carnivores dont les feuilles transformées en urne capturent les insectes : le népenthes. Vient ensuite une table d’entretien pour les plantes et un bananier dont les plus hautes feuilles touchent le toit de la serre.

Dans le fond, un canapé en rotin agrémenté de coussins en toile de lin et à droite, une fontaine en pierre, sur trois niveaux. L'eau du bassin le plus bas y est pompée et rejetée dans le plus haut pour en redescendre selon le principe des vases communicants. Il suffit, pour remettre en route le clapotis des sirènes, d'appuyer sur un bouton électrique.
Il règne alors une telle quiétude à l’intérieur de la serre que la beauté du lieu invite au repos. Bien installée dans le canapé légèrement poussiéreux, je renverse la tête en arrière et ferme les yeux, bercée par le doux bruissement de l'eau. Mes pensées s'envolent. Que vais-je bien pouvoir faire de cette maison ? La légalité est une chose, ma détresse en est une autre. Je ne me sens pas prête à investir les lieux. C'est comme un profanation . Un jour peut-être, mais pas maintenant.

J'ouvre les yeux. Sur le toit de verre court un sarment de vigne planté par mamy en 1940, pendant la guerre. Le cep de vigne ramené d'Argentan de chez tante Germaine et dépourvu de taille stricte a entrepris, il y a longtemps déjà, de partir à l'assaut de son support vitré. Il donne l'impression que rien ni personne ne pourra l'apprivoiser. C'est faramineux, je ne me rappelais pas qu'il fut aussi vivace du temps de mon enfance. C'est drôle cette mémoire sélective que l'on a. Comment ai-je pu oublier ? A l'automne, notre vigne couverte de grappes lourdes et colorées, pliait littéralement sous le poids de la future récolte. Cela aussi, c’était une fête. Nos vendanges. Plusieurs kilos de raisin rouge pressé et sulfaté qui vieillit en tonneau. Oh ! pas de quoi inonder le marché bien sûr, mais assez pour la consommation annuelle de la maison. Là aussi, Mamy était à contribution pour l'embouteillage et l'étiquetage.


Dernière édition par chantara le Jeu 30 Mai 2013 - 16:34, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 21:12

11
La chambre "orange" et la chambre "olive"



Le ciel s'est assombri, quelques gouttes d'eau s'écrasent au-dessus de ma tête. Je vais aller dans la maison et attendre que cela passe....

Dehors, à quelques pas de là, un puits de pierre avec sa margelle moussue. Papy l'avait bouché lorsque j'étais petite pour éviter que j'y tombe "fesses par-dessus tête" selon son expression. Depuis ce temps, un couvercle de bois traité et une grosse motte de terre en bouchent la cheminée qui descend à près de quinze mètres. Petite, je m'imaginais qu'il y avait à l'intérieur l'entrée d'un souterrain... Aujourd'hui, c'est une gerbe de marguerites qui s'épanouit. Accrochée à la ferronnerie, une suspension de géranium lierre vient à sa rencontre. Autour, la pierre de la margelle est toute polie à cause des heures passées à y rêver.
Un peu plus loin, au pied d'un groupe de trois bouleaux, un banc en pierre taillé en demi-cercle invite au repos romantique, protégé au-dessus par une pergola droite où grimpe un rosier écarlate. Les gouttes grossissent et je presse le pas.

Je monte par la véranda de la cuisine et traverse prestement le rez-de-chaussée pour m'engager dans l'escalier ciré. Les murs recouverts de plaques de liège abritent dans un angle un personnage peu commun : "une armure du Moyen-âge". Où mon grand-père avait-il bien pu récupérer cela ? Car je ne doute pas un seul instant qu'il ait pu l’acquérir autrement. Je pense d'ailleurs que l'on pouvait le qualifier de radin sans la moindre équivoque.
Toute petite, j'avais appris à l'aimer cette armure, ce fantôme du temps passé et alors que beaucoup en auraient eu peur, je l'adorais. Il était le symbole de mes rêves de princesses et de chevaliers qui prenaient vie. Combien d'heures durant, Mamy, assise sur une marche, n'a-t-elle pas briqué et astiqué ces cinquante kilos de ferraille. Tout bonnement magnifique. Ce garde infatigable trônait sur la troisième marche, juste à côté de la porte de la salle de bains. Le visiteur ne peut évidement pas le manquer, s'il souhaite se rendre aux commodités...

Au premier, sur le palier, un tapis d'orient ramené du Maroc par un ami de grand-mère. Trois portes. En face, celle du grenier et de chaque côté, deux chambres. La chambre "orange" et la chambre "olive".
J'entends la pluie s'écraser sur le vasistas. Je n'ai rien oublié des bruits et des odeurs de mon enfance et encore moins ceux et celles de l'étage.  Ma chambre. Orange du sol au plafond, exposée au sud en plein soleil. C'est la pièce la plus lumineuse de la maison. Ma main tremble après toutes ces années. J'abaisse la poignée et je pousse la porte. Justement le soleil filtre au travers des rideaux d'organdi, orange eux aussi, comme la moquette, le papier peint, le bouquet de fleurs séchées, la lampe de chevet, le dessus de lit, le canapé et les coussins....
La pluie est déjà passée, ce n'était qu'une pluie d'été.
Il y a si longtemps que je n'étais pas montée ici. Rien n'a bougé. La chambre est restée comme je l'ai laissée il y a près de trente ans. Avec "Géraldine" ma poupée de chiffon aux cheveux jaunes et à la robe fuchsia, allongée sur mon lit à coté de "Sucre d'orge" un gros ours en peluche rouge sang avec des poils argentés. A la lueur de ma lampe, il étincelait la nuit.

Au mur, dans des cadres laqués noirs, des photos rapportées de mes voyages : "Le désert tunisien, la cérémonie du thé en Turquie, l'Acropole d 'Athènes au printemps, les pyramides d'Egypte, et un cactus de la pampa mexicaine."

Les deux chambres de l'étage sont identiques, il n'y a que la couleur qui change. Alors que la mienne est orange, la chambre d'amis est vert olive.
Ma chambre, je l'ai habitée jusqu'à mon départ, j'avais 23 ans. Travaillant depuis 6 ans dans une banque parisienne, je me suis sentie prête à vivre seule ma propre vie.

Je m'assieds parmi les coussins du canapé en repensant aux soirées mémorables que j'ai passé ici-même, à lire et à écouter de la musique. Comme beaucoup d'adolescentes, je ne m'en rendais pas compte, mais aujourd'hui je sais que j'étais heureuse....


Dernière édition par chantara le Jeu 30 Mai 2013 - 16:56, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 21:12

12
Les trésors du bureau


Dring, dring, dring.... La sonnerie du téléphone me sort de ma rêverie. Ça vient du bureau. J'agrippe la rampe et descends les marches deux à deux. Derrière le rideau de velours vert de la cage d'escalier, le bureau. Sombre antichambre du jardin d'hiver, les plantes y ont depuis longtemps débordé. Au centre de la pièce, un bureau en merisier et à côté un immense secrétaire avec une multitude de tiroirs. Dring, dring, dring,...  je m'empare du combiné. "Allo", "....", "allo", "...". Rien, personne au bout du fil. Tant pis.

Je m'assieds dans l'immense fauteuil de cuir brun, bien calée entre les accoudoirs. Sur le bureau laqué, une statue de plâtre représentant un buste d'enfant. Petite, cette pièce me faisait penser à la caverne d'Ali Baba. Elle recèle dans tous les recoins une multitude de trésors. Bergson disait : "L'oubli permet à l'homme de se dégager de son passé et d'avoir par là même une prise sur le réel en ne retenant du passé que ce qui concerne l'instant présent"...
Or, depuis la disparition de mes grands-parents, mes souvenirs d'enfance affleurent à mon esprit sans que je puisse les endiguer. Tous les précieux bibelots disséminés ça et là dans le bureau, eux sont bien réels. Ce qui fait leur valeur, ce n'est pas leur prix mais la tranche de vie à laquelle ils se rapportent.
Mamy avait l'habitude de les appeler "mes chers bibelots", elle les astiquait plusieurs fois par semaine.

"Marianne", la petite poupée de porcelaine avec une robe vieux rose du XVIIIe... un très bel ouvrage de marqueterie représentant un livre fermé et fabriqué par Papy pendant ses longues années de captivité en Allemagne pendant la guerre. A l'intérieur, lorsqu'on en connaît les secrets, on peut découvrir un tiroir caché délicatement recouvert de tissu satiné bleu ciel....

Une sculpture africaine du Gabon, la représentation de "la femme et de la maternité" en bois d'ébène.... Un service à thé turc violet.... Un éventail de dentelle rouge et noir que Luis Mariano avait jeté aux spectateurs en 1958 pendant une représentation de La belle de cadix à la Gaîté Lyrique.... Une icône de "La nativité" à trois volets et vendue à Pépère Paul (le père de Mamy) en même temps qu'une pile d'emprunts russes de 1909 par un chauffeur de taxi à St Pétersbourg..... Un paravent Sheesham à 4 panneaux en palissandre massif.... Un cheval à bascule en fourrure beige sur lequel je montais petite pour m'endormir .... Une couleuvre de plus d'un mètre enroulée dans un bocal scellé à la cire.... Une boîte à musique à clef représentant un ours avec un tambour .... Une tête de femme mexicaine sculptée dans de l'obsidienne... Un ciboire en argent, seul survivant de la ménagère de mémère Hélène (la grand-mère de Mamy).... Une théière en émail cloisonné sans aucune origine précise... Une console demi-lune Louis-philippe toute en marqueterie.... et tellement d'autres choses encore.

Le bureau émerge avec difficulté des monstrueuses plantes vertes qui, en grande partie à cause de leur taille, sont sorties depuis longtemps de la pièce adjacente qu'est le jardin d'hiver. Lorsque l'on est assis là, on a le sentiment d'être englouti, littéralement submergé de chlorophylle.


Dernière édition par chantara le Sam 25 Jan 2014 - 19:49, édité 4 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 21:13

13
La chambre "Océane"


Je me sens fatiguée. Oserais-je aller m'étendre dans la chambre, celle de mes grands-parents ? La chambre Océane... Un silence lourd s'est installé et entoure toute la maison de ses ailes. Comme si je m'apprêtais à violer un sanctuaire, à pas à peine appuyés, je glisse vers la chambre. Dans le couloir du rez-de-chaussée, je m'immobilise derrière la porte. Elle est entrouverte. Je pose mon front sur le chambranle, ma respiration ralentit. En fermant les yeux, je ressens un frisson, non plutôt une caresse. Mamy ! Le son de ma voix me fait sursauter. J'ai parlé tout haut comme si elle était là en train de ranger du linge dans son armoire aux odeurs de lavande.

Cette pièce, contrairement au reste de la maison, est très dépouillée. Un grand lit, que "si tu en tombes, tu te tues....", un guéridon pour table de nuit, un comme ceux qu'on utilise  pour appeler les esprits et une gigantesque armoire normande de deux mètres cinquante de long. Cette pièce a traversé les âges sans prendre une ride, sans la moindre modification dans la composition et l'emplacement du mobilier et ce, depuis que mon aïeule, mémère Hélène, l'avait arrangée pour son quotidien au XIXe siècle.
Je pose mes deux mains côte à côte sur le bois du lit et je promène mon regard sur le dessus de lit de percale et d'organdi, surpiqué de satin et de dentelle dans un frais dégradé de bleu. Mémère Hélène avait mis plus de deux ans à le faire de ses propres mains, des mains tordues par des rhumatismes déformants, gercées par l'eau glacée de la vaisselle et des grandes lessives qu'elle faisait, elle aussi, au lavoir mais après avoir tiré l'eau du puits. Je m'approche et m'assieds précautionneusement sur le bord du lit face à la fenêtre. Sur le guéridon, il y a une photo de mariage, couleur sépia, de Papy et Mamy, devant l'église de la ville en 1934. J'adore cette photo qui donne l'impression que le temps a suspendu son cours. Je m'allonge sur le dos, bien droite, telle une gisante, paupières closes. Autour de moi , il fait noir et puis plus rien....


Dernière édition par chantara le Sam 25 Jan 2014 - 11:55, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 21:13

14
Les veillées au coin du feu



- Papy, mamy. Venez... racontez-moi encore !
- Quoi donc ?
- Mais si, des histoires du temps d'avant...
- D'accord, alors installe-toi bien.


Tous les ans, de la mi-octobre à la mi-mars, lorsqu'il n'y avait pas d'école le lendemain, nous avions réinstauré les veillées au coin du feu, papy dans son fauteuil préféré du salon, mamy et moi serrées frileusement dans les coussins du canapé. Seul éclairage de la pièce, la lueur des flammes de la cheminée et en bruit de fond le crépitement du feu. Des soirées durant, mes grands-parents me contaient, chacun leur tour, des épisodes anecdotiques de leur vie. Nés tous deux en 1911 à quelques kilomètres, l'un en avril et l'autre en novembre, ils se sont rencontrés lorsqu'ils étaient âgés d'une dizaine d'années. Ils m'ont tout raconté, année après année, leur enfance, leur rencontre, leur adolescence, leur mariage, leur vie professionnelle, la naissance de ma mère, la guerre, la résistance de mamy, la captivité de papy, leurs retrouvailles et l'après-guerre.... Cela nous a pris plusieurs années où, jour après jour, mes oreilles et mon coeur s'emplissaient de ces histoires d'antan. Plus tard, à l'adolescence, je continuai à être fascinée par leurs propos, tant et si bien qu'un jour, je décidai de prendre la plume et de retranscrire cette histoire passionnante qui était la leur, dans un livre intitulé : La 5ème saison.
Aussi loin que je me souvienne, j'ai toujours écrit, des histoires réelles ou imaginaires. Mon enfance solitaire y est sûrement pour beaucoup. Seule trois cent soixante-cinq jours par an, j'avais tout le loisir de vivre dans ma tête et du rêve au dessin et à l'écriture, il n'y a que deux pas. Je les ai franchis sans prétention aucune. Juste pour moi, pour me faire plaisir et m'occuper, et je n'ai jamais arrêté depuis. En réfléchissant  bien, bon nombre de ces romans prennent racine dans nos veillées ou dans nos réunions de famille.


Dernière édition par chantara le Sam 25 Jan 2014 - 12:09, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 21:13

15
Les soirées de l'"Orangeraie" et le pigeonnier


Si l'hiver nous nichions au coin du feu, du printemps à l'automne, il y avait les week-ends et les réunions de l'orangeraie.

Au fond du jardin, dans les dépendances aux senteurs multiples, avec famille, amis et voisins, nous passions des après-midis entières à discuter en petits groupes de-ci de-là. Les femmes tiraient l'aiguille dans le kiosque à musique. Des parties de football grandeur nature s'organisaient sur la pelouse, pendant que d'autres plus petites se jouaient au baby-foot, à l'ombre des murs épais de l'orangeraie. Cet appentis devait son nom aux deux orangers de Provence qui profitaient du soleil d'été dans des vasques d'Anduze de chaque côté de l'entrée. Ouverte à tous les vents, nous ne pouvions y jouer, bien sûr, que lorsque la température le permettait.

Juste au-dessus, on pouvait y voir les ruines d'un ancien pigeonnier fin XVIIIe qui permit à Pépère Paul, président de l'association colombophile régionale, de gagner des prix au cours de sa longue carrière passionnée et passionnante. A la belle époque, le pigeonnier faisait l'orgueil de la famille. Surtout qu'il abritait les meilleurs spécimens de pigeons voyageurs de la région. Pépère Paul, originaire de Cannes dans le midi, avait coutume, selon la tradition, d'amplifier les faits et il disait communément à ma mère :

-"Té, regarde Pitchoune, j'ai là les plus beaux oiseaux du monde..." avec un fort accent chantant.

Ma foi, même s'il fallait diviser au moins par dix la moindre de ses paroles, c'était un vrai bonheur de l'entendre s'exprimer. Combien de fois ne l'avais-je pas admiré, fier de ses cols blancs amidonnés, le quintal bien pesé, tout en rondeurs et en moustache ? Lorsqu'il posait pour faire une photographie couleur sépia, c'était toujours devant son pigeonnier comme si c'était un trophée.


Dernière édition par chantara le Sam 25 Jan 2014 - 16:33, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 21:14

16
Les roses de l'allée centrale et la fontaine aux tortues



Dans l'album de famille, tout en cuir brun, nous sont parvenus plusieurs de ces clichés, et lorsque pépère Paul daignait poser avec mémère Hélène à son bras, c'était dans la magnifique allée centrale couverte de roses qui mène à la maison. Car avant d'être les fleurs préférées de papy, elles étaient les chouchoutes de mémère. En toutes saisons, elle s'en occupait avec passion et dévouement .

Du portail d'entrée à l'escalier menant à la terrasse de la rue, sur une dizaine de mètres, des arceaux peints en vert supportaient plusieurs dizaines de rosiers d'espèces différentes. Certains au nom enchanteur : Perce-neige, Madame Bovary, Red star, Perle noire, Scarlet, Rosalie, Rose de Noël, Rose de Chine ou de Jericho, Passe-rose, Rose trémière, Rose des chiens, Cuisse de nymphe, Douce symphonie, Mélinda, Rose du Bolchoï, Rose de Provence, etc. Quelle poésie !

Plus tard, c'est papy Robert, mon grand-père, qui prit la relève et augmenta la collection initiale en ajoutant des pergolas de bois sur le côté droit de la maison. Il tripla le nombre des rosiers, avec la particularité de créer lui-même de nouvelles variétés par bouturage. Alors, il se mit également à rêver et les baptisa selon son humeur : Blue night, Café crème, Soleil d'été, Lady Chaterley, Rose pourpre, Altesse royale, Rio Brasil, Moon light, Chéri Bibi... et bien d'autres. Il avait l'habitude de tenir des petits carnets noirs sur ses "expériences". Le jardinier de coeur y notait tout. D'ailleurs, le menuisier de formation écrivait également beaucoup de sa fine écriture fine et penchée. J'ai eu, en son temps, l'occasion de lire plusieurs cahiers où papy racontait sa vie quotidienne, loin de son foyer, pendant la guerre 39-45 et, même si depuis il a pris le temps de me le raconter de vive voix, c'est une réelle joie pour moi que d'avoir conservé ses carnets de voyage.

A droite de l'allée centrale, la fontaine aux tortues était, elle aussi, le coin de prédilection de mémère Hélène. Pépère Paul avait un ami artiste peintre qui avait fait son portrait accoudée à la margelle. Dans son imagination débordante, il l'avait parée d'une superbe crinoline de dentelle crème incrustée de petits boutons de rose pastel. Je ne doute pas que la toile ait touché le coeur de mémère Hélène, mais elle reste une interprétation d'artiste.

Ceci étant dit, le tableau (aujourd'hui au grenier) faisait son petit effet lorsqu'il trônait au-dessus du manteau de la cheminée, juste en-dessous du blason de notre famille... C'était du dernier chic !


Dernière édition par chantara le Sam 25 Jan 2014 - 19:15, édité 2 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 21:14

17
Le déménagement


Hi ! Hi ! Hi ! Hi ! Mon rire me réveille. Toujours allongée sur le dessus de lit de percale bleue, j'ai dû m'endormir. Je n'arrive pas à me rappeler. Mon Dieu ! Il y a si longtemps que je n'ai pas fait la sieste. A la maison, je n'ai jamais le temps ou alors je ne suis pas fatiguée. Mes yeux interrogent les aiguilles de ma montre. A peine trente minutes se sont écoulées depuis que je me suis assoupie. C'est court et en même temps si bon...

Je reste songeuse. Après tout, grâce ou à cause des circonstances, cette demeure m'appartient. Et si je déménageais ? Si je venais habiter définitivement notre maison de famille ? Mais oui, bien sûr, c'est évident, c'est là qu'est ma place puisque c'est ce que voulaient mes grands-parents maternels. C'est décidé, je vais enfin retrouver mes racines.

Depuis un mois, j'ai fait plusieurs allers-retours dans la journée. Maintenant que ma décision est prise, il s'agit pour moi de trier ce que je ne souhaite pas garder et, au contraire, ce que je désire apporter de chez moi, meubles, livres ou bibelots . Ensuite, il me faut aménager pièce par pièce. Je m'emploie à intégrer mes objets familiers dans une maison qui a déjà sa propre histoire mais sans en rompre le charme. Alors, comme à chaque changement de propriétaire, j'y apporte mon empreinte et lorsque tout sera en place, peut-être même pourrai-je envisager quelques petites améliorations bonnes à rehausser le cachet de la maison. Je ne sais pas encore mais j'aimerais y ajouter une véranda, à gauche, pour en faire un atelier. Une pièce supplémentaire toute de briques et de verre, à la fois chaude mais qui laisserait entrer la lumière. On pourrait y pénétrer par trois marches descendantes, à partir du jardin d'hiver. Ce serait pour moi ma touche personnelle à transmettre en héritage.

Ca y est, ce soir, je dors dans ma nouvelle maison. Les choses ont bien avancé. Il ne me reste, en fait, qu'à vider les centaines de cartons de leur contenu et à ranger au fur et à mesure. A vue de nez, il y en a pour plusieurs mois de travail acharné.


Dernière édition par chantara le Sam 25 Jan 2014 - 16:55, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 21:15

18
La première nuit


Je suis éreintée. La maison que j'ai hanté pendant plus de 30 ans est vide. Je crois, par respect pour elle, que je vais la vendre, afin qu'elle retrouve vite une âme. Il n'est jamais bon de laisser une maison seule avec elle-même. Elle déprime et se dégrade. Je ferai donc le nécessaire dans la semaine. Je vais aller me coucher, on verra tout cela demain. Comme disait ma grand-mère : "Demain, le jour se lèvera bien encore"

Mes pas m'emmènent vers la chambre océane. J'y entre comme une somnambule. J'ai laissé la pièce telle qu'elle était, en ne rajoutant qu'un immense éventail noir et or comme tête de lit et une statue thaïlandaise, de fort belle taille, assise au pied du guéridon. Le dessus de lit fait ressortir la couleur ébène de sa peau. C'est du plus bel effet...
Dans l'immensité de l'armoire, je mets la main, non sans mal, sur une chemise de nuit en grosse toile. Son contact est rêche, mais l'odeur de lavande me fait sourire.
Rompue par la fatigue accumulée depuis que j'ai entrepris de déménager, je me glisse entre les draps frais aux plis parfaits. Le monstrueux édredon marine de mon enfance m'enveloppe avec toute la douceur de ses plumes d'oie. Je pose délicatement ma tête sur le gros oreiller où je m'enfonce avec volupté.
Quelle quiétude ! Quel silence ! Je songe aux événements récents avec un petit pincement au coeur. Mes grands-parents adorés ont disparu et je suis la nouvelle propriétaire en titre de la maison de famille. Soudain, j'ai peur. Peur de ne pas faire comme ils auraient voulu. Peur de les décevoir de là-haut. Peur de ne pas y arriver....

Mais yeux se ferment, ma respiration se fait régulière. J'entame ma première nuit "chez moi".


Dernière édition par chantara le Sam 25 Jan 2014 - 17:05, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 21:15

19
Les archives du grenier


Je n'arrive pas à identifier le bruit assourdissant qui me parvient... La lumière du jour filtre doucement par les fentes des volets. Je me retourne mais sans ouvrir encore les yeux. Je suis bien, tranquille et reposée.

Mais oui. J'ai terminé ma première nuit dans ma nouvelle maison. J'ouvre instantanément les yeux et je fixe le lustre en fer forgé couleur sable. Qu'est-ce qu'il est moche ! Une horreur. Il faut que je pense à le changer. "Chez moi"! Mais avant cela, il y a encore du pain sur la planche. Alors hop ! Debout ma vieille et au boulot.

J'ai tellement rangé de choses que les cartons vides, même pliés, ne rentrent pas tous dans la poubelle. J'ai bien travaillé aujourd'hui. J'ai envie de me faire un petit plaisir. J'entre droit à la cuisine et entreprends de me faire un bon café colombien. Une bonne odeur envahit la pièce pour s'infiltrer toujours plus loin. Une tasse en grès fumante à la main, je me dirige vers l’escalier du premier. Là, je tire la petite porte du grenier. La clarté a bien du mal à s'imposer. Mes doigts cherchent à tâtons l'interrupteur, je l'ai ! Juste face à la porte, un grand coffre de bois où enfant j'entassais mes jouets. C'est papy qui l'avait fabriqué pour moi. En partant, je le descendrai après l'avoir vidé. Il ira très bien près de la cheminée.

Le grenier fait deux mètres de profondeur sur toute la largeur de la maison. Il est bien assez grand pour recéler tout un tas de trésors et autres abominations.... Alors, ayant envie de me changer les idées, je pose ma tasse sur une grosse malle de voyage et je m'assieds à même le parquet. Au diable la poussière. Je tends la main vers un monticule de journaux datant, pour le plus ancien, de 1903. Une mine d'informations en masse pour moi qui me passionne pour l'écriture et l'histoire. De quoi alimenter mes prochains romans d'un superbe fond historique tout ce qu'il y a de réel. Mais j'y trouve aussi de la vaisselle en porcelaine, de vieux jouets dont certains ne sont même pas à moi et une valise pleine de courrier, cartes postales, faire-parts en tout genre, coupures de presse, livret de famille ou militaire, que sais-je encore... Et puis, des vêtements que l'on croirait tout droit sortis d'un vestiaire de théâtre, des albums photos en veux-tu en voilà, de superbes livres dorés à l'or fin et reliés cuir, dont quelques uns qui auraient bien besoin d'un lifting, des pendules anciennes, des albums de timbres du monde entier et même un prie-Dieu, une sculpture de marbre représentant un couple dans une position ... à faire rougir, des tracts de la résistance appelant à la "prise des armes" et justement, un casque de soldat allemand de la dernière guerre.

Depuis plusieurs heures que je folâtre dans les vieilleries poussiéreuses, je me demande ce que je vais bien pouvoir encore trouver. Que de trésors à exploiter ! Soudain, là, derrière un chapeau haut-de-forme et une capeline à fleurs immettable pour emprunter le métro ou le bus de nos jours, ce qui ressemble à un cadre. Je retire précautionneusement tout ce qui m'empêche d'y accéder, et alors qu'il s'avère absolument immense (pas moins de trois mètres sur deux) je peux constater qu'il s'agit d'un gigantesque arbre généalogique. Notre arbre généalogique ! Incroyable mais vrai, quelqu'un dans la famille s'était intéressé avant moi à nos ancêtres ! Or, d'après ce que je peux constater au vu de la personne qui débute cet arbre ascendant, ce serait : Jules Etienne de GRIMBERT, il y a plus de 170 ans ! Jamais mes grands-parents ne m'ont parlé de ce tableau alors qu'ils étaient au courant de mes recherches. Se pourrait-il qu'ils aient oublié ? Je n'en crois pas mes yeux, la respiration me manque. Je jette un regard circulaire sur ce que j'avais pris de prime abord pour des livres anciens. Un, deux, trois quatre et cinq . Cinq livres à la couverture épaisse et un peu grasse. J'ouvre celui du dessus.

Tome 3
Livre de raison de Jules de Grimbert
Joaillier à Paris III (75)
1875-1885

J'en parcours rapidement plusieurs pages. Il n'y a pas de doute, mon arrière arrière arrière grand-père est l'auteur de ces recherches et a rédigé à la plume sur de vieilles pages jaunies son histoire par le menu. La nôtre en fait. Je presse le volume contre ma poitrine. Quel bonheur, je ne me sens plus de joie ! Il faut que mette tout cela à l'abri dans mon bureau.
Sitôt dit, sitôt fait.
A mon retour, je soupire de soulagement. Mon regard se pose au hasard ici ou là, sur un meuble ancien branlant ou sur d'autres vieilleries du même genre. Cela me fait sourire. Lorsque j'en aurai fini avec la maison, il me faudra trier par le vide, par un classement sélectif en deux catégories : trésor ou vide-grenier.
En tout cas, avec septembre qui s'annonce et son cortège de feuilles mortes, j'ai de longues heures de lecture en perspective. Combien de découvertes vais-je faire dans tous ces kilos de papier ? Avec l'arrivée de l'automne et ensuite de l'hiver, je vais reprendre mes propres recherches familiales et les comparer avec mes fraîches découvertes. Et puis, je pourrai peut-être aussi reprendre la rédaction d'un manuscrit, il y a longtemps que je n'ai pas écrit.


Dernière édition par chantara le Sam 25 Jan 2014 - 17:32, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 21:15

20
La terrasse côté rue


Il fait un soleil radieux ce matin. Il inonde littéralement la terrasse qui donne sur la rue. De plus, l'auvent de tuiles sur toute la largeur de la maison protège les flâneurs sans leur voler la moindre particule de rayons UV. Je décide donc de prendre mon petit déjeuner dehors. Une nappe ronde, un plateau avec de quoi me restaurer et hop !

J'habille la petite table ronde et écaillée de la nappe que j'ai ramenée. J'y pose avec mille attentions mon plateau et tire une chaise à la peinture incertaine, pour me rapprocher de la sainte table.
(soupir)
Ma tartine de confiture à la main suspendue à mi-chemin de la bouche, je savoure autant mon repas que les première heures de la matinée.
Bien réveillée, mais pas encore dans l'effervescence du grand rangement, c'est pour moi le repos du guerrier avant la bataille.

Pour profiter encore plus de cette terrasse en toute saison, peut-être devrais-je la transformer en véranda ? Ce ne serait pas un mauvaise idée. Je vais contacter une entreprise dans la journée pour faire établir des devis. Comme cela, je pourrais également leur parler de mon projet pour mon atelier, ainsi cette véranda pourrait faire tout le tour de la maison par la gauche

Le soleil chauffe la façade de la maison en cet fin d'été. Je profite de l'instant pour déguster mon café au lait. Grâce aux arbustes qui forment une haie multicolore le long de la clôture, je suis cachée des regards indiscrets des passants. Pour m'accompagner en cette belle journée, le chant des oiseaux. Ils gazouillent, ils pétillent, ils sifflent....

Il y a peu de jours que je vis ici mais déjà je le fais en osmose avec les murs. Comment expliquer ce que je ressens ? C'est comme si la maison m'attendait et c'est comme si j'étais faite pour elle. Cela me donne un sentiment de puissance. Les bruits des voitures qui passent dans la rue me parviennent assourdis par la végétation. Je perçois un sentiment de quiétude très agréable comme si le temps avait ralenti son rythme. Je me sens enfin en paix avec moi-même.


Dernière édition par chantara le Sam 25 Jan 2014 - 18:10, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 21:16

21
Les travaux de l'atelier


Lorsqu'une idée me trotte dans la tête, après le temps nécessaire à la structure, je n'ai de cesse de la réaliser. Cinq mois, c'est ce qu'il m'a fallu pour mener à bien l'agrandissement de la maison, par l'ajout de cette fameuse véranda. L'effet est superbement rendu par l'extension circulaire qui prolonge la façade de la maison jusqu'à la clôture du voisin. Trois mètres sur quinze de briques et de verre. Un sol en carrelage et des murs en lambris ou en pierres apparentes. Le toit, lui, est en tuiles rouges pour ne pas dépareiller avec le style existant. Comme je l'ai judicieusement prévu, je descends dans mon sanctuaire par trois marches depuis le jardin d'hiver, caché parmi les plantes grasses, prenant directement possession du jardin par les deux avancées de verre en demi-cercle, de chaque coté de la maison. C'est un réel bonheur pour un artiste en mal d'inspiration, avec un jour comme aujourd'hui. Cela fait 10 jours maintenant que les fêtes de fin d'année se sont achevées sous la neige. Le jardin figé dans le froid a revêtu son manteau blanc immaculé. Les arbres dénudés tendent leur bras vers le ciel comme pour implorer la clémence du temps. Les bruits du dehors me parviennent comme étouffés dans la ouate. Devant mon chevalet, je peins une toile sur fond d'hiver. Dans des meubles de rotin où je range mon matériel, un chanteur américain nous fait entendre une sonorité country. A l'autre bout de la pièce, j'ai fait monter un socle de carrelage sur lequel j'ai installé un grand matelas recouvert d'une épaisse fourrure de mouton. Lorsque je souhaite retrouver le génie créatif, c'est là que je viens m'étendre dans les coussins. J'aime cet endroit. D'ailleurs, j'y passe le plus clair de mon temps, je viens y travailler tous les jours et certainement qu'à la rentrée, je pourrai même faire une exposition.

Après, je ne sais pas. Plus tard, peut-être reprendrai-je mes recherches en généalogie grâce aux multiples documents du grenier. Ensuite, j'ai pensé à me remettre à l'écriture, j'ai une ou deux idées de manuscrit qui m'ont traversé l'esprit. Je verrai. Je ne suis pas pressée, n'ai-je pas toute la vie qu'il me reste devant moi ?


Dernière édition par chantara le Sam 25 Jan 2014 - 18:20, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 21:16

22
Le bas de laine de Mémère Hélène


Le temps est clair. Après un peu de ménage, j'ai rendu visite aux plantes du jardin d'hiver. Vaporiser, tailler, mettre en pot, ajouter de l'engrais, les tourner pour une orientation à la lumière optimale... j'avais de quoi m'occuper lorsque j'eus envie d'un café. Un rapide aller-retour à la cuisine. Je m'installai confortablement dans le rocking-chair. Ma tasse fumante à la main, je me berçai doucement les yeux clos...

"Tu sais Bamby, mémère Hélène aussi adorait cet endroit."
Lorsque j'étais petite et que j'étais sur ses genoux, elle me raconta un secret. Pour que je sache, s'il lui arrivait malheur, me disait-elle . Alors elle baissa la voix et murmura à mon oreille de fillette l'histoire de notre trésor.
- Tu dois savoir qu'il y a un trésor dans la maison, de l'or et des bijoux précieux, il ne faut pas y toucher. Car lorsque les temps se font durs, ce trésor a toujours permis aux femmes de la famille de s'en sortir. Oh, bien sûr, si certains de ces objets nous sont parvenus de génération en génération, d'autres, j'ai le regret de le dire, non pas été acquis très honnêtement. Mais que veux-tu, la vie n'est pas toujours facile, souviens-toi de cela. Toi aussi, tu devras peut-être affronter un jour des difficultés. Et si, par malheur, ce jour arrive et que tu te trouves dans une impasse, tu te rappelleras alors de ce que je vais te dire et te montrer aujourd'hui...
Hé bien, le moment est venu Bamby que tu saches à ton tour où se trouve la cachette. Lorsque je t'aurai montré son emplacement, tu dois me jurer que plus jamais nous n'en reparlerons. C'est un secret auquel on ne doit jamais faire allusion devant qui que se soit. Tu me le jures ? Oui mamy, je le jure."

Mamy me prit dans ses bras et me fit descendre de ses genoux. Là, elle poussa l'immense bac à roulettes du caoutchouc géant à l'entrée de la serre. Elle referma les portes-fenêtres et s'accroupit. Elle retira un quart-de-rond de la plinthe du bureau et la poussa le long de la porte. Dans les quelques centimètres d'espace libéré, elle put alors faire glisser la face complète en bois dans un système de rail, sur plus de trente centimètres. Je vis apparaître une boite en métal qu'elle sortit délicatement. Nos yeux se croisèrent une fraction de seconde et elle fit mouvoir le couvercle de ses doigts tordus.
Oh ! j'ouvris de grands yeux à me les faire tomber des orbites. Dans la boite, une dizaine de grosses pièces d'or, Louis et Napoléon, et en vrac, un camay, une chevalière de platine incrustée d'un diamant, une épingle à cravate en rubis et une marquise de grenat avec ses pendentifs d'oreille ! Mamy me sourit d'un air entendu et elle mit un doigt sur sa bouche. Chut ! Elle referma la boite, la remit en place ainsi que tout le mécanisme formé par les plinthes. On ne voyait plus rien. Ni vu, ni connu. Il y a longtemps, cette cachette contenait bien plus que cela, mais les épreuves l'ont obligée pendant la guerre à faire usage d'une partie de son contenu. Sa voix avait fini dans un susurrement. Elle me reprit sur ses genoux, le balancement aussi, comme s'il ne s'était  jamais interrompu et elle se mit a chanter : Les amants de St Jean ...

Ma tasse m'échappa des mains et se brisa aux pieds du fauteuil à bascule. Le restant de café se répandit sur le parquet. Je sursautai. M'étais-je assoupie ? On le dirait bien. Mais oui ! Le rêve du trésor de mon enfance. Mamy ! Mes yeux se remplirent de larmes tellement les images m'avaient paru réelles. Je ramassai les débris et songeai tout à coup : Qu'est devenu le trésor de mémère Hélène ? Et s'il était encore à sa place ?

Soudain, je tirai le rocking-chair vers le centre de la serre, poussai le bas à roulettes de l'immortel caoutchouc géant toujours à la même place et fermai les deux battants de la porte. Je m'agenouillai. Soupir. Pour mieux me rappeler les gestes a faire, je fermai les yeux quelques instants. D'abord retirer la petit baguette, puis pousser la plinthe dans l'espace libre et enfin faire glisser la façade.  Tiens, je me rappelle, enfant n'était-elle pas de couleur verte, cette plinthe ? Aujourd’hui elle est violette... Une boîte se trouve dans la cavité. Mes mains tremblent, je m'en empare. Incroyable ! C'est la même boîte, j'en suis sûre. Je la tiens à deux mains, elle est lourde. J'ouvre le couvercle... rien n'a bougé de place.


Dernière édition par chantara le Sam 25 Jan 2014 - 18:45, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 21:17

23
Mon testament


Je vais bientôt avoir 53 ans. Je me sens bien et je ne suis pas malade mais le temps est venu de faire mon testament. J'aurai l'esprit plus tranquille. Mes deux enfants ont fait leur vie, on se voit souvent et on s'appelle chaque semaine au téléphone, mais il faut qu'ils sachent, au cas où il m'arriverait malheur. Certes, je ne suis pas pressée de mourir. Mais ma vie n'a pas été de tout repos et si cela devait m'arriver demain, j'en serais soulagée. Aussi, je dois faire le nécessaire et mettre mes affaires en ordre. Ensuite, je prendrai rendez-vous avec le notaire de famille. Maître RICHET.

Assise confortablement dans le fauteuil du bureau, je m'applique depuis plus d'une heure à rédiger mes dernières volontés. Elles ne sont pas compliquées. Deux enfants, deux parts égales. Charge à eux de s’entendre sur celle qu'ils désirent. Je les sais raisonnables, il ne devrait pas y avoir de problème. J'ai souhaité accompagner chaque héritage d'une lettre à l'intention de son futur propriétaire. Ne sachant pas qui il sera, je m'emploie donc à la faire la plus anonyme possible. Quant au trésor, après estimation de sa totalité, j'en ai également fait deux parts identiques. La première est retournée là où elle a séjourné depuis plus d'un siècle et l'autre a été cachée dans la maison du bord de mer où j'emmenais mes enfants lorsqu'ils étaient petits. Dans ces deux courriers, j'en révèle la cachette, je leur dis que je les aime et leur fais mes dernières recommandations.

Je le sais bien, moi, que rien ne peut séparer ceux qui s'aiment. Je lève les yeux et je pose mon stylo-plume sur le sous-main. Je souris, dans le vide croirait-on ! Mamy est assise en face de moi, ses deux mains tremblantes posées sur les accoudoirs de cuir du fauteuil en vis à vis. Debout derrière elle, papy se tient droit comme il l'a toujours été jusqu'à sa mort. Ils me regardent fermer les enveloppes ainsi que la grande contenant mon testament pour le notaire. Voilà c'est fait. Les deux mains à plat de chaque coté du courrier, les yeux dans le vide, mon regard se perd dans le passé ou dans l'avenir, que sais-je ? Lorsqu'un petit tintement remplit le silence de la maison, mon regard se pose sur la clochette de service de mémère Georgette, la mère de Mamy. Je vois alors où ils étaient il y a un moment, ils me sourient tous les deux... Le parfum très particulier de la crème de nuit de Mamy me parvient aux narines. Je retiens ma respiration, comme pour empêcher les battements de mon coeur, de crainte que leur image ne s'efface. Je tends la main pour m'assurer que je ne suis pas folle. Papy fait deux pas vers moi, toujours assise au bureau et il pose sa main sur la mienne...Ah ! Sa peau est aussi rêche que dans mes souvenirs. Le téléphone sonne. Je sursaute et jette un regard courroucé au combiné dont ce n'est pourtant pas la faute. Lorsque je retourne la tête, ils ne sont plus là....


Dernière édition par chantara le Sam 25 Jan 2014 - 19:06, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 8 Fév 2013 - 21:17

24
Chez moi


Je me sens si bien. Cela fait un an maintenant que j'habite "chez moi". C'est drôle, j'ai toujours un petit moment d'hésitation. Tout à l'heure, je suis allée au cimetière sur la tombe de mes grands-parents pour leur porter des fleurs et leur parler. Je me rappelle, avant je n'y mettais jamais les pieds. Aujourd'hui, j'en éprouve le besoin régulièrement. C'est comme si je leur rendais visite. Je leur parle de leur maison... de ma maison. Je leur dis que je l'adore sûrement autant qu'eux ont pu l'aimer. Je suis certaine qu'ils m'entendent et qu'ils sont heureux. Et puis, je me suis sentie fatiguée alors j'ai fait demi-tour et je suis rentrée enfin chez moi....


Dernière édition par chantara le Sam 25 Jan 2014 - 19:13, édité 1 fois
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 24 Jan 2014 - 20:45

FIN buter
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
chantara
Founder & Team Manager
Founder & Team Manager
chantara

Assidu
inscription d'origine
BEST SELLER
le plus de messages publiés

Nom : Agent Dana Scully
Messages : 20930
Date d'inscription : 09/05/2009
Age : 62
Localisation : entre ciel et terre

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeVen 24 Jan 2014 - 20:46

j'ai bien avancé la retranscription
je vous mets la suite tres bientot.

 031


VOILA C'EST FAIT  study 
Revenir en haut Aller en bas
http://geneaucorinne.wixsite.com/monsite
Quinqua
Retraité
Retraité
Quinqua


Messages : 5540
Date d'inscription : 23/03/2013
Age : 61
Localisation : Sud-est

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeMar 28 Jan 2014 - 9:39

Pour moi qui ai vécu mon enfance en HLM, qui n'ai connu que ma grand-mère maternelle et encore, pas bien longtemps, je dois dire que tu m'as transportée dans ton monde. Avoir une maison familiale pleine de souvenirs, un grenier plein de trésors que j'aurais adoré fouiller avec toi, ce sont des moments magiques que tu as bien su transmettre. Je suis partie à l'aventure avec toi !

Il reste ce mystère : pourquoi ne t'ont-ils pas parlé de cet arbre généalogique ? Peut-être l'avaient-ils tout simplement oublié dans un coin sans y faire attention. Parfois on a des choses sans plus savoir d'où elles viennent, peut-être même sans les avoir jamais regardées vraiment...

Pour moi, il y a beaucoup plus que des murs dans tout ça. Que tu continues à vivre dans cette maison ou pas, tu as accumulé en toi tout l'amour qu'il te fallait. Le reste, ce ne sont que des conceptions humaines et matérielles qui font qu'on voudrait rester attachés à des choses concrètes pour avoir l'impression que les êtres qu'on aime sont encore un peu là. Je ne pense pas que là où ils sont, ça leur fasse un quelconque souci...

En tout cas, j'ai ressenti quelque chose que j'aurais aimé ressentir dans ma vie, cette impression de "racines", de venir de quelque part, d'avoir un héritage profond et humain.
Revenir en haut Aller en bas
http://lavieencatimini.wifeo.com/
Triskel
Retraité
Retraité
Triskel


Messages : 9230
Date d'inscription : 23/02/2012
Localisation : Avalon

Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitimeMar 28 Jan 2014 - 9:54

Je n'ai pas tout lu, mais j'éprouve le même sentiment que Quinqua, parce que nous n'avons pas eu cette chance d'hériter d'une maison familiale avec ses vieilles choses pleines d'histoires et son jardin.
Je n'ai pas de racines non plus, j'ai à peine moi aussi connu ma grand maternelle et rien d'autre.
D'un certain côté ça fait mal de lire ton histoire, tu dois te rendre compte que tu as beaucoup de chance.
Un beau récit en tout cas, merci.
Revenir en haut Aller en bas
http://triskele.eklablog.com/accueil-c23918892
Contenu sponsorisé





Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Empty
MessageSujet: Re: Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.    Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.  Icon_minitime

Revenir en haut Aller en bas
 
Roman : LA MAISON DE FAMILLE ou mes souvenirs d'enfance.
Revenir en haut 
Page 1 sur 2Aller à la page : 1, 2  Suivant
 Sujets similaires
-
» Une famille de Villers-Outréaux s’enfuit de sa maison car elle la pense hantée …
» Un roman de 1969 prédit les évènements de notre époque !
» Affaire # X-S03-E08 Souvenirs d'oubliette
» johana awakenning - techniques pour se souvenirs de vos vies antérieures
» les secrets de famille

Permission de ce forum:Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
Forum de Minuit :: QUARTIER GENERAL - F.B.I. - Agent spécial :: BIBLIOTHÈQUE DU FBI-
Sauter vers: