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 l'affaire DOMINICI

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chantara
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MessageSujet: l'affaire DOMINICI   l'affaire DOMINICI Icon_minitimeMar 17 Jan 2012 - 21:49

L'affaire Dominici - Ou le triple crime de Lurs......Au matin du 5 Août 1952, à Lurs, dans les Basses Alpes (04) appelées aujourd'hui, les Alpes de Haute Provence, les gendarmes arrivaient sur les lieux et découvraient les cadavres de trois
touristes Anglais.
Il s'agissait de Jack Drummond, son épouse, Lady Ann, et de leur fille, Elysabeth, seulement âgée de 10 ans. Tous trois atrocement massacrés. Leurs corps gisaient à proximité de la ferme " La Grand Terre " la ferme de Gaston Dominici.
Ainsi commençait l'affaire du triple crime de Lurs qui devait devenir plus tard, l'affaire Dominici,
et qui défraya la chronique.

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Historique

Au soir du 4 août 1952, alors qu'ils sont en vacances en France avec leur voiture, une Hillman vert amande immatriculée NNK 686, les Drummond font une étape au bord de la route nationale 96, à 165 mètres de La Grand'Terre, une ferme modeste malgré son nom, située sur le territoire de la commune de Lurs dans les Basses-Alpes (aujourd’hui Alpes-de-Haute-Provence). L'emplacement est proche d'une borne kilométrique, le kilomètre 32, indiquant d'une part que Peyruis est distant de 6 km au nord, d'autre part que La Brillanne se trouve à 6 km au sud. Un large chemin empierré permet de descendre jusqu'aux rives de la Durance. Un pont enjambe la voie ferrée à 60 m de la route. Un sentier serpente de part et d'autre de la voie ferrée et de la pente de la Durance.

La Grand'Terre est occupée par les Dominici, une famille d'agriculteurs comprenant Gaston, le patriarche, 75 ans, Marie son épouse, 73 ans, Gustave leur fils, 33 ans, Yvette, 20 ans, la femme de Gustave et leur bébé Alain, 10 mois. La famille est d'origine italienne, l'arrière-grand-père piémontais de Gaston s'étant installé à Seyne (Alpes-de-Haute-Provence) comme cultivateur en 1800.

Dans la nuit du 4 au 5 août 1952, six coups de feu sont tirés à 1h10. Passant à 4h30 sur les lieux du crime, Marceau Blanc remarque un lit de camp devant la Hillman de la famille Drummond, ainsi qu'une couverture ou une toile qui masque les vitres droites et le pare-brise de la voiture. À 4h50, passant à son tour, Joseph Moynier ne voit rien de cela. À 5h20, Jean Hébrard aperçoit un lit de camp dressé contre la voiture. Les lieux du crime sont en constante évolution, ce qui semble contredire la thèse de l'intervention brève d'un commando extérieur venu exécuter un contrat.

Gustave Dominici déclare s'être levé à 5h30 et n'avoir découvert que le cadavre de la petite Elizabeth Drummond vers 5h45, le crâne fracassé, à 77 mètres de la voiture sur la pente menant à la Durance ; les cadavres des parents, Anne et Jack Drummond gisent près de leur voiture. Vers 6h00, Gustave interpelle le motard Jean-Marie Olivier et le délègue pour avertir les gendarmes d'Oraison de sa découverte. Alors qu'il possède une moto, il préfère donc faire appel à un passant pour prévenir la gendarmerie.

Vers 6h30, venant de Peyruis, Faustin Roure dépasse à vélomoteur Clovis Dominici et son beau-frère Marcel Boyer sur leurs bicyclettes ; il se rend directement au pont de la voie ferrée pour constater l'état d'un éboulement sur celle-ci, que Gustave lui a signalé la veille, en se déplaçant chez lui vers 21h00. Au même instant, les deux beaux-frères qui se sont arrêtés à La Grand'Terre, apprennent par Gustave que des coups de feu ont retenti vers une heure du matin et qu'il a découvert le cadavre d'une fillette sur la pente menant à la Durance. Les deux hommes se précipitent vers l'endroit et rencontrent F. Roure qui remonte de la tranchée de la voie ferrée. À 15 m de la sortie du pont, ils découvrent le corps de la petite Elizabeth et M. Boyer remarque que Clovis semble connaître la position exacte du petit cadavre et empêche ses compagnons d'approcher au plus près. En revenant sur la route, les trois hommes découvrent les corps des parents ; la mère, sur le dos, entièrement recouverte d'une couverture est en parallèle à gauche de la voiture ; son mari gît sur le dos, recouvert d'un lit de camp, de l'autre côté de la route. Inquiété par ce qu'il a entendu de la conversation à voix basse entre les deux frères lors du retour à la ferme, M. Boyer va nier s'y être arrêté lorsqu'il est interrogé sur son lieu de travail par le gendarme Romanet le 16 août 1952.

Avant de renoncer à ce mensonge, désavoué par F. Roure, le 20 août, quand il est entendu par le commissaire Sébeille, il dit ne pas savoir expliquer pourquoi il a menti. On en saura la raison le 13 novembre 1953, quand Clovis Dominici révèle que Gustave lui parlait des cris d'épouvante et de douleur des Drummond en présence de Marcel Boyer et de Roger Drac.

Entre 6h50 et 7h00, Jean Ricard qui a campé la veille sur le plateau de Ganagobie, passe à pied sur le lieu du drame et son attention est attirée par la voiture et par le désordre qui règne autour de celle-ci ; il contourne la Hillman et voit un lit de camp vide le long de la voiture ; à deux mètres environ à gauche, en parallèle, il découvre une forme humaine à même le sol, recouverte d'une couverture de la tête jusqu'en dessous des genoux avec les pieds en direction de La Grand'Terre.

Vers 7h00, ne voyant pas venir les gendarmes, Yvette Dominici, quoique enceinte de son deuxième enfant, enfourche son vélo et se dirige vers la ferme Sylve, négociant à Giropey, pour téléphoner à la gendarmerie. À la hauteur de la ferme Guillermain, située 350 m au sud de La Grand'Terre, elle rencontre Aimé Perrin et lui apprend que Gustave a découvert une petite fille, massacrée sur le talus de la Durance et mentionne la présence d'une femme habillée de noir, en compagnie des Drummond, vue par Gustave la veille au soir. Yvette demande à Aimé Perrin d'aller téléphoner à sa place. Ce dernier s'en retourne et rencontre au quartier de la Croix les gendarmes Romanet et Bouchier, avant de les accompagner sur les lieux du crime.

Vers 7h30, les deux gendarmes et Aimé Perrin arrivent sur place. Selon ce dernier, Gustave est venu à pied et sans son vélo ; il surgit dans le dos des gendarmes qui viennent de découvrir le corps d'Anne Drummond. Ils trouvent un lambeau de peau de main de 4 cm2 accroché à gauche du pare-choc arrière de la voiture ; il sera remis au commissaire Sébeille dès son arrivée. Les portières avant sont fermées alors que la double portière arrière est poussée, avec la clef à l'extérieur sur la serrure. Ceci exclut que la fillette s'y soit enfermée de l'intérieur. À 6,40 m de l'arrière de la Hillman se situe un puisard d'écoulement derrière lequel les gendarmes remarquent une énorme flaque de sang d'un m² de superficie. Aucun prélèvement sanguin ne sera effectué et on ne saura jamais qui a perdu autant de sang à cet endroit. Les gendarmes trouvent deux douilles et deux cartouches pleines, groupées en paires insolites comprenant chacune une douille et une cartouche intacte. Une paire se trouve à 3 m de l'arrière de la voiture ; l'autre paire se situe à 5 m en perpendiculaire de l'avant-gauche de la voiture et à 1,50 m de Lady Anne. Les deux paires sont distantes d'environ 9 m l'une de l'autre. Les douilles sont marquées LC4 et sont différentes des cartouches pleines marquées WCC 43 et 44. Gustave leur signale le corps de J. Drummond de l'autre côté de la route et indique celui de la fillette sur le talus de la Durance. Les deux gendarmes découvrent des empreintes de pas faites par des semelles de crêpe neuve, allant et venant près du corps d'Elizabeth. Ces empreintes sont protégées avec des branchettes et photographiées.

Romanet emprunte le vélo de Madame Perrin, venue rejoindre son mari, pour aller téléphoner chez le négociant Sylve et demander des renforts. Après 7h45, Faustin Roure revenant de Peyruis, où il est parti informer son chef de district, s'arrête de nouveau à la ferme. Il voit Gaston rentrer ses chèvres et surprend les propos du vieillard et d'Yvette qui lui apprend la tuerie. Nul ne peut affirmer s'il s'agit d'un véritable entretien ou d'un échange feint entre les deux protagonistes à l'attention de Roure, qu'ils ont repéré caché derrière la treille.

Vers 8h00, Bouchier, resté seul sur le bivouac, voit passer Roger Perrin en vélo se dirigeant vers La Grand'Terre. Peu de temps après, ce dernier revient à pied, le vélo à la main, accompagné de son grand-père et de Gustave. Gaston demande au gendarme la permission d'aller recouvrir le corps d'Elizabeth avec une couverture qu'il prend sur le lit de camp. Il sait donc que la fillette n'est pas recouverte.

À 8h15, le capitaine Albert arrive sur les lieux avec les gendarmes Crespy, Rebaudo et Romanet qu'il a récupérés devant chez les Perrin à Giropey. Dès son arrivée le capitaine Albert remarque un vélo au pied du mûrier ; la plaque d'identité lui indique que c'est celui de Gustave. Interrogé, celui-ci dit qu'il est allé chercher de la craie à la demande des gendarmes et qu'il a pris son vélo pour aller au plus vite, ce qui est réfuté par les gendarmes Romanet et Bouchier. De plus, le vélo disparaît sans que personne remarque qui est parti avec, ni quand.

Vers 8h30, arrivent le maire de Lurs, Henri Estoublon, qui a prévenu d'autres édiles, et le docteur Dragon qui commence ses constatations sur les corps des parents Drummond. Lorsqu'il se penche sur celui d'Elizabeth à 9h15, il constate d'une part que les membres et le torse sont encore souples et d'autre part que les pieds sont propres.

Vers 9h15, les Barth, parents d'Yvette, arrivent à la ferme Dominici. Yvette n'étant pas prête, elle sera emmenée par le boucher Nervi au marché d'Oraison et ne reviendra qu'après 16h00, accompagnée par ses parents, alors que d'habitude elle fait ses achats à Forcalquier et rentre pour le repas de midi.

À 9h30, venant de Digne, apparaissent le procureur Louis Sabatier, le juge d'instruction Roger Périès et son greffier Émile Barras. Vers 10h00, surgit le gendarme maître-chien Legonge avec sa chienne Wasch. Mise en présence d'Elizabeth qu'elle flaire, alors que Gaston, Gustave et Roger observent la scène, la chienne suit le sentier côté Durance sur environ 50 m en progressant vers le nord, puis descend sur la voie ferrée qu'elle suit sur une centaine de mètres en s'éloignant de la ferme, vers Peyruis, puis elle remonte sur la RN 96, traverse la route et monte jusqu'au canal d'arrosage qui se situe 30 m au-dessus de la chaussée et s'arrête là. Personne ne peut comprendre à quoi correspond cet itinéraire. Les constats se font au milieu de dizaines de badauds et d'officiels qui piétinent et perturbent le vaste périmètre du crime ; on ne peut pas exclure l'hypothèse de quelques manipulations ou de menus larcins commis au titre de souvenirs macabres.

Pour le repas de midi, Gustave, Clovis et Paul Maillet se retrouvent dans la cuisine de Gaston ; au cours du repas, P. Maillet apprend qu'Elizabeth a été découverte encore vivante par Gustave. Il dira avoir été choqué que personne n'ait tenté de lui porter secours.





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MessageSujet: Re: l'affaire DOMINICI   l'affaire DOMINICI Icon_minitimeMar 17 Jan 2012 - 21:51

Les débuts de l'enquête

L'enquête est confiée au commissaire de police Edmond Sébeille de la 9e Brigade mobile de Marseille. À 15h00, le juge Périès ne voyant pas venir les policiers de Marseille, décide de la levée des corps qui s'effectue à 15h30. Lors de la levée du corps de la fillette, le fossoyeur Figuière découvre un éclat de bois de crosse à dix centimètres de la tête d'Elizabeth et cet éclat passe de main en main sans savoir à quoi il correspond. À l'arrivée des policiers, une altercation éclate entre le commissaire Sébeille, le juge Périès et le capitaine Albert à qui il reproche de ne pas avoir contenu la foule de badauds et de journalistes qui piétine et fouille le périmètre du crime. Selon Sébeille, lui et son équipe sont arrivés à 13h30 à Lurs ; de nombreux journalistes dont André Sevry, correspondant du quotidien Le Monde, situent l'arrivée des policiers marseillais après 16h30.

Le 5 août vers 18h00, les inspecteurs Ranchin et Culioli repêchent dans la Durance une carabine de guerre cassée en deux, une US M1 calibre 30 Rock Ola. L'arme est en très mauvais état. Il manque plusieurs éléments et elle a été réparée avec des moyens de fortune : le guidon a été remplacé par une demi pièce de un franc de l'époque, le couvre-main en bois qui coiffe le canon est manquant, l'anneau grenadier est remplacé par une bague en duralumin de plaque d'identité de vélo qui maintient le canon au fût et fixé par une vis dans le bois, la dragonne est absente et l'ergot de queue de la culasse est cassé. Il ne peut donc s'agir en aucun cas de l'arme d'un tueur chevronné mais désigne plutôt un bricoleur.

Ce même jour, le camionneur Ode Arnaud déclare à la gendarmerie de Château-Arnoux avoir vu un homme assis à gauche à l'arrière de la Hillman lors de son passage à 23h15 et dépassé vers minuit, trois kilomètres avant Manosque, un side-car dont le side était gauche. Plus tard, les Dominici prétendront que ce side-car s'est arrêté chez eux mais ils situeront sa halte à 23h30. Il s'agit d'une manœuvre destinée à discréditer le témoignage du dénonciateur anonyme qui affirme avoir vu Gustave hors de la ferme en compagnie d'un inconnu entre 23h30 et minuit mais aussi à semer le trouble sur celui d'Ode Arnaud.

Vers 19h30, le commissaire Sébeille rencontre pour la première fois Gaston Dominici près de l'endroit où gisait la petite Elizabeth quelques heures plus tôt. Les tatouages et les propos que lui tient le vieux chevrier impressionnent défavorablement le policier.

Le 6 août 1952 ont lieu les premières auditions des Dominici et les premières invraisemblances apparaissent. Les Dominici disent avoir entendu les coups de feu mais non les cris et les appels de détresse des victimes. Gaston s'attribue la découverte de l'éclat de crosse de la US M1 et prétend l'avoir trouvé à 30 cm de la tête de la petite victime, peu après 8h00, en recouvrant le corps de la fillette avec une couverture ; il dit aussi l'avoir remis au gendarme Bouchier. Les inspecteurs Culioli et Ranchin découvrent une culotte de fillette dans un fourré du talus de la voie ferrée à 450 m de La Grand'Terre près de la gare sise au sud. L'inspecteur Ranchin le confirmera par écrit, lors de la contre-enquête, au capitaine Albert le 25 août 1955. Francis Perrin, le facteur de Lurs, déclare aux gendarmes qu'il a suivi les Drummond descendant de Lurs en voiture entre 11h30 et midi. Il renouvellera ce témoignage au commissaire Constant le 3 octobre 1952.

Les 6 et 7 août, Lucien Duc, camionneur à La Roche-de-Rame témoigne à la gendarmerie de La Bessée (Hautes-Alpes). Il déclare être passé à 0h20 sur les lieux du crime en compagnie de son frère Georges, ils ont vu un inconnu « au visage inquiétant » qui s'est figé sur place à leur approche, à une centaine de mètres de la Hillman en direction de la ferme Dominici. L'inconnu est décrit comme âgé d'environ quarante ans, corpulent, mesurant environ 1,80 m et pourvu d'une chevelure abondante.

Les 6 et 13 août 1952, le commissaire Sébeille recueille les témoignages de Henri Conil, entrepreneur de bâtiments, et de Jean Brault, étudiant en vacances à Peyruis. H. Conil dit être passé avec son camion devant la Hillman entre 1h30 et 1h35 en compagnie de l'étudiant en médecine. Les deux hommes disent avoir vu une silhouette bouger dans l'ombre près de la voiture, ce qui voudrait dire que l'assassin ou un complice était encore présent sur place.

Le 7 août 1952, une perquisition à la ferme permet de saisir un fusil de chasse de calibre 12, un vieux fusil de guerre Gras rechambré pour la chasse au gros gibier et une carabine 9 mm. Gustave refuse de répondre aux questions des policiers en présentant un certificat de maladie de complaisance. En fin d'après-midi, à 17h00, les obsèques des Drummond ont lieu à Forcalquier.

Le matin du 8 août 1952, Gustave est interrogé pendant quatre heures par Sébeille à Peyruis. Le fermier maintient ses précédentes déclarations. Le commissaire Sébeille entend Lucien Duc qui renouvelle ses dépositions des 6 et 7 août. Roger Roche qui habite Dabisse, un hameau à 1 800 m au nord-est de La Grand'Terre, dépose à la gendarmerie de Malijai. Il déclare qu'il était dans son jardin au moment du drame et qu'il a entendu quatre ou cinq coups de feu en provenance de la ferme. Il dit, sans être catégorique, avoir entendu des cris. Il poursuit en disant être resté dehors un quart d'heure et ne pas avoir entendu de bruit de moteur ni vu de lueur de phares de véhicule sur la nationale 96. Dans l'après-midi, le commissaire Sébeille présente la carabine US M1 à Clovis Dominici qui s'effondre sur la voie à sa vue. Emmené à Peyruis et interrogé deux heures durant, il nie connaître l'arme du crime.

Les gendarmes Romanet et Bouchier recueillent le témoignage de J.-M. Olivier à son domicile. Selon lui, Gustave l'a hélé de derrière la Hillman à hauteur du capot. Surpris, Olivier s'est arrêté une trentaine de mètres plus loin. Gustave l'a rejoint en courant et lui a demandé d'avertir la gendarmerie d'Oraison. Gustave lui aurait dit : « Il y a un type mort sur le talus au bord de la route ». Selon Gustave, il aurait seulement dit qu'il y avait « un mort là-bas » en désignant la Durance d'un geste. Or, selon sa propre version, vers 6h00, il savait qu'Elizabeth n'était pas encore morte.

Le 9 août, le quotidien France Soir publie le carnet de voyage d'Elizabeth Drummond : il s'agit en réalité d'un faux réalisé par le journaliste Jacques Chapus.

Le 12 août, Aimé Perrin, demeurant à Giropey, est interrogé par le gendarme Romanet sur les conditions de sa rencontre avec Yvette Dominici le matin du 5 août. Aimé Perrin lui rapporte les propos d'Yvette, qui a évoqué, entre autres, la présence d'une femme en noir. Aimé Perrin affirme avoir été prévenu qu'un crime avait été commis près de la ferme Dominici par le poseur de voies Bourgues, avant 07h00, le matin du 5 août ; cela n'est pas crédible puisque le dénommé Bourgues n'était pas présent à La Grand'Terre ce matin-là et sûrement pas dans cette tranche horaire. Le quotidien L'Humanité publie une photo de Jack Drummond, en uniforme d'officier de la Home Guard, parlementant avec des officiers de la Wehrmacht derrière les lignes allemandes, aux Pays-Bas, début mai 1945. Le PCF tente d'accréditer la thèse selon laquelle le massacre des Drummond serait la conséquence de la lutte acharnée entre les services secrets anglais et américains, dans les Basses-Alpes.

Le 13 août, Yvette est interrogée à La Grand'Terre par les gendarmes Romanet et Bianco mais ne parle plus de la femme en noir vue par Gustave.

Le 16 août, le commissaire Sébeille recueille le témoignage de Raymond Franco, maroquinier marseillais, en vacances au Plan-des-Mées : il dit avoir entendu comme un doublé de chasse puis trois ou quatre coups de feu plus espacés, au moment du drame depuis la fenêtre ouverte de sa chambre. Yvette est également interrogée par le commissaire Sébeille. Elle rapporte que Gustave, rentrant de la ferme Girard, lui aurait appris que les Drummond campaient sur la décharge des Ponts et Chaussées ; par la suite, en 1955, elle niera avoir fait cette déclaration. Elle soutient qu'elle n'a pas bougé de sa cuisine et que personne ne lui a demandé d'eau ni de nourriture, ni d'autorisation de camper. Elle confirme, mot pour mot, la déposition de Gustave du 8 août, ce qui trahit une entente préalable entre les époux sur ce qu'il convenait de dire à ce sujet. En effet, venant d'une direction opposée, Gustave ne pouvait deviner à 20h00, apercevant la Hillman, que ses occupants, sans monter de tente, allaient bivouaquer à cet endroit si peu propice au campement.

Interrogé par le gendarme Romanet, M. Boyer prétend ne pas s'être arrêté à La Grand'Terre le matin du 5 et s'être rendu directement à la gare de Lurs. Mais les 20 août et le 25 juin 1953, devant Sébeille, il reviendra sur ce mensonge sans s'en expliquer. En fait, c'est ce qu'il a entendu de la conversation entre Gustave et Clovis qui a inquiété Boyer au point de lui faire carrément nier sa présence à la ferme ce matin-là, puis quand il a admis s'y être arrêté, nier avoir entendu autre chose que « cadavre » à propos de la fillette.

Le 17 août 1952, Mme Jeanne Christianini de Marseille déclare à la gendarmerie de Marseille-Nord que, passant à 20h30 sur les lieux du crime, elle a vu un homme assez grand, qui pourrait être J. Drummond, regardant sous le capot levé de la Hillman. Ceci expliquerait qu'Anne et Elizabeth Drummond se soient rendues à la ferme pour quémander de l'eau afin de remplir le radiateur, dont le système de refroidissement, conçu pour le climat britannique, s'est montré déficient sous la canicule provençale. Dans la nuit du 17 au 18 août, une reconstitution est organisée sur les lieux du massacre par une nuit sans lune, alors que la lune était pleine la nuit du crime. La reconstitution implique les frères Duc, qui ont vu à 0h20 un inconnu à 58 m de la ferme, et Marceau Blanc qui confirme son témoignage sur son passage à 4h30.

Le 19 août, Jean Garcin, cultivateur à Ribiers (Hautes-Alpes) dépose à la gendarmerie du même lieu ; il dit avoir vu des coussins disposés autour de la Hillman lors de son passage à 3h45 sur les lieux du drame.

Le 20 août, Gustave se déplace à Peyruis pour remettre à Sébeille une lettre qu'il a reçue de son frère Aimé demeurant à Eygalières (Bouches-du-Rhône). Celui-ci explique que les initiales RMC sur la crosse de la US M1 correspondent à René-Marcel Castang, habitant à Lurs et décédé en 1946, on notera que ces initiales peuvent aussi se rapporter à la "Rock ola Manufacturing Corporation", fabricant de la carabine. Il écrit que le jour des obsèques de Castang des armes ont été volées dans sa ferme, voisine de celle de Paul Maillet. Ce même jour, une lettre anonyme parvient à Sébeille : elle dit que le jour de l'enterrement de Castang, P. Maillet a volé la US M1 dans la ferme du défunt.

Ce même jour encore, Giovani Colussel déclare à la gendarmerie de La Saulce (Hautes-Alpes) que, venant de Peyruis, il est passé à 5h00 devant les lieux du crime ; il a vu une couverture étendue à plat, à environ 1,50 m devant la Hillman. Toujours ce 20 août 1952, Germain Garcin, parent de Jean Garcin et camionneur à Laragne (Hautes-Alpes) dépose à la gendarmerie du lieu ; il déclare avoir vu une portière de la Hillman ouverte ainsi qu'un homme assez grand penché sous le capot levé, avec une lampe à la main lors de son passage, à 3h50, sur les lieux du crime.

Le 21 août, paraît une tribune libre dans le quotidien Le Monde : Maître Garçon, avocat parisien, dénonce les bavardages inconsidérés de Sébeille aux journalistes et l'accuse de chercher une notoriété de mauvais aloi. Ce même jour, le chauffeur de car Joseph Juliany dépose à la gendarmerie de Manosque, disant qu'en revenant de Corps (Isère) vers Manosque, il a vu vers 23h30, un homme assez grand penché sous le capot levé de la Hillman avec une lampe à la main, ce qui confirmerait un problème mécanique.

Le 24 août, les gendarmes identifient l'auteur de la lettre anonyme ; il s'agit d'une lavandicultrice qui déclare que, pendant l'été 1950, elle a rendu visite aux Maillet et a vu l'arme du crime pendue à un clou dans leur cuisine.

Une lettre anonyme, postée à Sisteron (Basses-Alpes) en date du 25 août 1952, apprend au commissaire Sébeille que Gustave était à l'extérieur de la ferme en compagnie d'un inconnu entre 23h30 et minuit le 4 août.

Les 18 et 27 août 1952, un certain Panayoutou prétend avoir assisté au triple meurtre mais son témoignage se révèle faux. On ne saura jamais s'il s'agit d'un indicateur-provocateur de la police ou d'un affabulateur alléché par la prime d'un million d'anciens francs promise par le Sunday Dispatch et Samedi Soir à qui permettrait de découvrir le ou les coupables.

Le 29 août, une perquisition chez Paul Maillet, un temps soupçonné, permet la saisie de deux PM Sten avec chargeurs et munitions dissimulés dans le four de sa cuisinière. Interrogé jusqu'à 19h00, à Forcalquier, sur l'origine de ces armes, P. Maillet ne donne aucune explication crédible. Il se souvient brusquement que, dans l'après-midi du 4 août, il a entendu une détonation de fusil de guerre provenant des buissons de la Durance alors qu'il travaillait sur la voie près de la gare de Lurs. En accord avec le parquet, P. Maillet ne sera pas poursuivi pour détention illégale d'armes de guerre, en contrepartie de services à rendre aux enquêteurs.

Ce même jour, Paul Delclite, chef de station à la mine de Sigonce, qui couche occasionnellement à la ferme Guillermain, située à 350 m au sud de la ferme Dominici, déclare aux gendarmes Romanet et Bouchier s'être rendu le lundi 4 août vers 22h00 à son jardin situé au quartier de St-Pons, environ un kilomètre au nord de La Grand'Terre. Il raconte que, passant à bicyclette devant la Hillman, il a remarqué sur le côté gauche du véhicule un amas de couvertures mais n'a vu ni toile de campement, ni lit de camp.

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MessageSujet: Re: l'affaire DOMINICI   l'affaire DOMINICI Icon_minitimeMar 17 Jan 2012 - 21:59

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la condamnation de Gustave Dominici et de De mensonge en mensonge, on en arrive à L'accusation et aux aveux de Gaston Dominici. Le matin du 16 novembre 1953, une reconstitution a lieu sur les lieux du crime. Une tentative de suicide de Gaston Dominici est considérée comme un aveu de culpabilité. le vieux Dominici est alors inculpé.
Le procès de Gaston Dominici débute le 17 novembre 1954. Déplaçant les foules, il a une ampleur internationale et mobilise plusieurs écrivains français dont Jean Giono et Armand Salacrou. Gaston Dominici, fruste et peu loquace, présente une défense malhabile.
Le procès tourne au règlement de compte familial, sans souci des victimes.
Au bout de douze jours d’audience, et malgré l'absence de preuves, Gaston Dominici, 77 ans, est déclaré coupable sans circonstances atténuantes, ce qui le condamne à mort le dimanche 28 novembre 1954.

La contre-enquête et la grâce présidentielle

En 1957, le président Coty commue la peine et, pour le 14 juillet 1960, le général de Gaulle gracie et libère Gaston Dominici. Sur la fin de sa vie, il choisit comme confident le révèrend père Lorenzi, un moine bénédictin du monastère de Ganagobie qu'il connaissait depuis 1915.

Assigné à résidence à Montfort après son élargissement, Gaston Dominici meurt le 4 avril 1965 à l'hospice de Digne-les-Bains, sans que soit établi son degré d'implication dans le triple meurtre de la famille Drummond. Selon la tradition locale, le père Ferdinand Bos reçut la confession du vieillard mais ne la trahit jamais.

Thèses contradictoires

De nombreuses thèses ont été émises pour expliquer le crime :

la thèse du crime accidentel dû à l'incompréhension mutuelle ;
la thèse du patriarche s'accusant des faits pour défendre sa famille ;
la thèse du crime crapuleux, une tentative de vol suivie d'une rixe ayant mal tourné, commis par deux ou trois membres de la famille ;
la thèse d'un crime d'espionnage industriel, commis par un commando extérieur, lié à la Guerre froide;
la thèse de règlements de comptes post-résistance (Drummond, agent secret britannique, aurait été liquidé).
la thèse du conflit de famille autour de la Grand'Terre ;
la thèse du crime sexuel.

Selon une rumeur colportée par Jean Teyssier7, Jack Drummond aurait pu rechercher, à titre personnel, ce qui aurait pu advenir d'un ami parachuté dans le coin, et qui aurait disparu. En admettant que cet ami ait été exécuté par un maquis local, certains maquisards auraient pu craindre que Sir Jack ait été mandaté pour enquêter. Sous prétexte de lui fournir des informations, on aurait pu lui donner rendez-vous et l'exécuter. La présence active d'anciens FTP, entre août 1952 et novembre 1953, donnera quelque consistance à cette rumeur. Mais celle-ci, comme nombre d'autres plus ou moins farfelues, ne sera pas vérifiée.


Dernière édition par chantara le Mar 17 Jan 2012 - 22:09, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: l'affaire DOMINICI   l'affaire DOMINICI Icon_minitimeMar 17 Jan 2012 - 22:09


A l’époque du procès, la personnalité de sir Jack Drummond n’a guère était prise en compte. Avec le recul, on peut en comprendre les raisons. L’homme appartenait à l’Intelligence Service. Nous étions en pleine guerre froide. Il est probable que des deux côtés de la manche, les rapports de l’époque le concernant aient été classés confidentiels. Mais aujourd’hui on s’interroge beaucoup sur le passé de la victime.
Comme l’a relaté le Sundays Express dès le 14 septembre 1952, il est probable que Scotland Yard ait encore dans ses archives un agenda en partie calciné, retrouvé à Long Eaton, près de Nottingham, ayant appartenu à Jack Drummond et sur lequel il aurait écrit : « Juillet 1947. 18 heures. Rendez-vous à Lurs avec X. »



EPILOGUE

si aujourd’hui, il est possible d’avancer la théorie du complot contre Drummond, c’est parce que les véritables assassins sont passés aux aveux ! Un certain Bartkowski est arrêté le 9 août 1952 par la police allemande. Le 12, il avoue avoir participé avec trois complices, Solet, Moesto et Moradis, au meurtre de la famille Drummond. Il s’agissait d’un commando de tueurs à gages.
Le 16 juin 1965, le quartier général des forces américaines de l’Otan basé près d’Orléans, informe la Sûreté nationale française que la police allemande a enfin capturé Moradis, Solet et Moesto et qu’ils ont avoué le meurtre de la famille Drummond. Deux mois auparavant, en avril 1965, Gaston Dominici est mort dans un hospice de Digne. Il avait 88 ans.
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MessageSujet: Re: l'affaire DOMINICI   l'affaire DOMINICI Icon_minitimeLun 6 Fév 2012 - 16:39

une sombre affaire d espionnage me semble t il
pas nee a l epoque des faits mais beaucoup de retentissement
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MessageSujet: Re: l'affaire DOMINICI   l'affaire DOMINICI Icon_minitime

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