La bilocation, ou don d’ubiquité, ou Doppelgänger, ne semble pas être obligatoirement l’apanage des mystiques, ce phénomène serait plutôt lié à un problème psychologique, voire psychiatrique. C’est-ce qu’on appelle une projection astrale, mais involontaire, et en plus le corps astral est visible par les témoins.
Le double est un phénomène parapsychique particulièrement inquiétant. Les personnes ne se rendent pas toujours compte de la présence de leur double, et donc de la sortie de leur corps astral, mais se trouvent dans un grand état de fatigue et de faiblesse.
Goethe, dans un grand choc émotif, vit son « double » avancer vers lui dans un costume gris perle. Guy de Maupassant vit à plusieurs reprises son « double » assis en face de lui dans son bureau, alors qu’il était en train d’écrire, comme en transe.
Mais de tous les cas recensés celui d’Emilie Sagée est sans doute le plus mystérieux.
L'affaire Émilie SagéeEn 1845, Émilie originaire de Dijon, est recrutée comme professeur de français dans un pensionnat pour jeunes filles de Neuwelcke, près du golf de Riga en Livonie (actuelle Lettonie). D'entrée, la jeune femme âgée de 32 ans fait l'unanimité auprès de ses confrères.
Son caractère réservé, sa douceur, ses connaissances et ses méthodes pédagogiques à la française inspirent le respect. Mais au bout de quelques semaines, Émilie Sagée va dévoiler un autre visage en déployant une étrange faculté, celle de pouvoir se trouver simultanément à deux endroits distincts. Dans un premier temps, les témoins concluent à une simple confusion.
L'histoire aurait pu s'arrêter là mais le phénomène va rapidement prendre une autre tournure.
Peu de semaines après son entrée dans la maison, les élèves commencèrent à parler d'elle.
Quand l'une disait l'avoir vue dans telle partie de l'établissement, une autre disait : « Mais non, cela ne se peut : je viens de la croiser dans l'escalier! » On crut d'abord à une méprise. Mais comme le fait ne cessait de se reproduire, les jeunes filles en parlèrent aux autres maîtresses.
Les choses ne tardèrent pas à se compliquer et prirent un caractère qui excluait toute possibilité de fantaisie ou d'erreur.
Une première fois, Émilie Sagée se dédouble sous les yeux ébahis de ses élèves. La «seconde» institutrice semble imiter les gestes de la «première». Son double lui ressemble sur tous les points ; Une quinzaine d'élèves présents au moment des faits assistent à la bilocation de leur professeur. La frayeur l'emporte sur la stupeur.
Peu de temps après, de nouveaux dédoublements sont constatés par les pensionnaires ou certains employés de l'établissement. Une jeune fille est tellement terrorisée qu'elle s'évanouit.
Au réfectoire, le double fantomatique d'Émile Sagée est observé, à plusieurs reprises dans le dos de l'institutrice. L'original ne perçoit visiblement pas la présence de son double.
Et des phénomènes semblables continuèrent à se produire. Le double de l'institutrice était parfois debout derrière sa chaise, tandis qu'elle mangeait, mais sans couteau ni fourchette. Elèves et domestiques servant à table en ont témoigné également.
Il n'arrivait pas toujours que le double imitât aussitôt les mouvements de la personne véritable. Parfois, quand celle-ci se levait de sa chaise, on voyait son double y rester assis.
Une quarantaine d'élèves réunis dans la cour de l'école observent par une fenêtre entrouverte, l'institutrice qui est en train de lire dans un fauteuil. Dans le même temps, ils l'aperçoivent dans un jardin attenant à la cour de récréation. Émilie Sagée apparaît fatiguée, elle exécute ses mouvements avec lenteur...
Qui est l'original ? Qui est la copie ? S'agit-il d'un fantôme ? Les élèves veulent savoir. L'un d'entre eux a le courage de se rapprocher de l'institutrice installée dans le fauteuil. À la surprise générale, il traverse la «copie » qui disparaît dans les secondes suivantes. «L'original» retrouve alors son énergie et reprend ses activités à un rythme normal.
Une fois, alors que Mlle Sagée était couchée à cause d'un gros rhume, Mlle de Wrangel, qui lui lisait un livre pour la distraire, la vit se raidir comme si elle allait se trouver mal. Elle répondit d'une voix très faible, comme mourante. Mlle de Wrangel, se retournant quelques instants après, aperçut très distinctement le double de la malade se promenant de long en large dans la chambre. Cette fois, la jeune fille eut assez d'empire sur elle-même pour ne pas faire la moindre observation à la malade, mais descendit raconter ce dont elle avait été témoin.
Le plus troublant dans cette affaire, c'est que tous les élèves de l'institutrice furent les témoins du phénomène. Il est par conséquent difficile d'entrevoir une sorte d'hallucination collective. D'ailleurs, les dédoublements furent observés à l'intérieur comme à l'extérieur des classes, en groupe ou de manière isolée.
Le double d'Émilie Sagée imitait parfois à la perfection les gestes de l'original où il adoptait une attitude totalement différente. Quand l'institutrice était souffrante son double semblait en parfaite santé.
À l'époque des faits, l'affaire eut un retentissement important, en partie grâce à un témoin : la fille du Baron Von Guldenstubbe dont la parole avait sans doute une plus grande importance que celle des autres élèves.
Incapable de contrôler son double, Émilie Sagée fut contrainte de quitter Neuwelcke, après avoir enseigné pendant presque deux années au sein de l'établissement livonien.
Elle avouera au directeur de l'établissement avoir été déjà renvoyé pour les mêmes motifs à 19 reprises.
Hélas! dès qu'il fut bien établi que l'apparition du double de Mlle Sagée n'était pas un simple fait d'imagination, beaucoup d'élèves parties en vacances ne revinrent pas. Au bout de dix-huit mois, il ne restait plus que douze élèves sur quarante-deux. Les directeurs durent sacrifier la jeune institutrice.
En recevant son congé, la jeune personne, désespérée, s'écria : «Hélas ! Déjà la dix-neuvième fois ! C'est dur !» Elle ajouta que, partout où elle était passée - et depuis le début de sa carrière d'institutrice, à l'âge de seize ans, elle avait été dans dix-huit maisons avant de venir à Neuwelcke - les mêmes phénomènes s'étaient produits et avaient motivé son renvoi. Comme les directeurs des établissements étaient contents d'elle à tous les autres points de vue, ils lui donnaient chaque fois d'excellents certificats! Elle cherchait alors une nouvelle place dans un endroit aussi éloigné que possible du précédent.
Lasse de ces pérégrinations, elle se réfugia auprès d'une belle-sœur qui avait de jeunes enfants. Une enquête confirma que ces enfants, âgés de trois et quatre ans, disaient qu'ils voyaient deux tantes Emilie.
http://www.besoindesavoir.com/article/423199/affaire-emilie-sagee
http://www.rhedae-magazine.com/Bilocation-Doppelganger-Le-cas-Emilie-Sagee_a507.html