Harry Houdini (né Ehrich Weiss le 24 mars 1874 à Budapest, en Hongrie - mort le 31 octobre 1926 à Détroit, aux États-Unis) est un prestidigitateur américain d'origine hongroise.
CarrièreIl commence sa carrière comme magicien dans les foires, accompagné de son frère Théodore, dont le nom d'artiste est Théo Hardeen.
En 1893, il rencontre sa femme Wilhelmina Béatrice Rahner (Bess Raymond), qu'il surnomme Bessie. Elle rejoint le duo Houdini et ils se marient la même année.
Avant de devenir célèbre, il est le compagnon de tournée des Trois Keaton dans un « Medecine show ». Le troisième Keaton est Joseph Frank « Buster » Keaton et ce dernier tient son nom de Houdini lui-même. Après une chute du jeune garçon, Houdini s'écria « That was a real buster » (qu'on pourrait traduire par « Ça, c'était une vraie bonne chute ! », le mot Buster faisant en ce temps-là, d'après Buster Keaton, référence à « une vraie bonne chute ») et le nom resta.
Ses meilleurs tours consistent à s'évader d'une malle remplie d'eau, fermée et enchaînée, ou d'un bidon en métal.
Au moment où naît le spiritisme, il cherche à démasquer les médiums en parcourant le pays, en exposant publiquement les trucs d'illusionnistes qu'ils utilisent. Il présente les résultats de ses enquêtes dans des ouvrages tel que Miracle Mongers and their Methods ou encore A Magician Among the Spirits. Il sera impliqué dans le débat scientifique avec les tenants de la métapsychique concernant la question de savoir si certains médiums auraient d'authentiques dons paranormaux ou si tout peut au contraire s'expliquer par ce qui est aujourd'hui qualifié de mentalisme. Harry Houdini est encore aujourd'hui un modèle pour d'autres magiciens impliqués dans le scepticisme scientifique, tel que par exemple James Randi ou encore Gérard Majax.
Cette activité lui coûte l'amitié de Sir Arthur Conan Doyle, le créateur de Sherlock Holmes. Après la mort de sa femme et de certains de ses proches, Conan Doyle s'était mis à croire au spiritisme, ainsi que dans l'existence des fées. Il croyait ainsi que Houdini possédait de véritables pouvoirs paranormaux, qu'il utilisait pour bloquer ceux des médiums qu'il confondait. Bien qu'Houdini insistât sur le fait que les médiums spiritualistes utilisaient des supercheries (et en révélât continuellement les tricheries), Conan Doyle se convainquit qu'Houdini possédait lui-même des pouvoirs surnaturels (il exprime ce point de vue dans son livre Les Frontières de l’inconnu).
Cette activité de démystification des médiums lui permet d'accroître sa notoriété. Il garde secrètes ses meilleures astuces mais prend le soin de montrer qu’il y a toujours un truc dans ses tours, accessibles au commun des mortels, tout en recommandant au public non-entraîné de ne pas les tenter, vu le danger qu’ils représentent.
En 1906, il publie le livre The Unmasking of Robert-Houdin (Robert-Houdin démasqué) où il s’attaque violemment à la réputation de Robert-Houdin, minimisant la révolution de la prestidigitation que celui-ci aurait apportée. La justification de cette attaque est toujours discutée entre les magiciens eux-mêmes : Houdini voulait avoir la réputation du plus grand magicien de tous les temps, et cela l’amena à des imprudences. Il affirmait par exemple pouvoir comprendre n’importe quel tour de prestidigitation s’il le voyait faire trois fois. Dai Vernon, qui fut consacré plus tard comme étant une des plus grandes figures de la prestidigitation, lui présenta un tour sept ou huit fois, et Houdini dut s’avouer vaincu : Vernon en profita pour ajouter dans ses publicités : « The Man Who Fooled Houdini », l’homme qui a trompé Houdini.
Cela donne une idée de la réputation immense qu’Houdini avait à cette époque.
En 1920, le grand Harry Houdini a joué dans The Master Mystery, de Harry Grossman et Burton L. King : une série de 15 épisodes qui introduit l'un des premiers robots à l'écran. En fait, il s'avère en fin de compte que c'est un homme qui se fait appeler « l'automate » et court dans un costume de robot.
Il est aussi le héros et co-scénariste de L’Homme de l’au-delà, film de Burton L. King, en 1922.
CroyancesPour Houdini, le seul objectif de la pratique du spiritisme, même s'il n'y parvint jamais, est d'entrer en contact avec l'esprit de sa mère disparue en 1913, seule preuve pour lui que ces phénomènes psychiques puissent exister. Il déclare toutefois: « Je crois fermement, et cette croyance est fondée sur des recherches, des observations, et, en partie, sur mon expérience personnelle, que d'une quelconque manière, ailleurs et à une autre époque, nous revenons sous une autre forme humaine pour poursuivre notre tâche dans une autre vie, peut-être plusieurs autres vies, jusqu'à ce que quelque étrange destin ait trouvé son aboutissement. »
Franc-maçon, il fut initié dans l'actuel Masonic Hall de New York
DécèsLe 22 octobre 1926, au Princess Theatre de Montréal, Houdini, alors en train de se faire peindre par un jeune artiste, reçoit la visite de l'étudiant de l'Université McGill Joselyn Gordon Whitehead. Houdini avait l'habitude de demander à quelqu'un dans le public de lui infliger un coup de poing dans le ventre, pour prouver qu'il était invincible. Whitehead lui demanda alors s'il pouvait effectivement endurer des coups au ventre, ce à quoi Houdini aurait répondu par l'affirmative. L'étudiant se précipita alors sur Houdini et le frappa violemment, sans avertissement, à de multiples reprises au bas ventre. Dès l'après-midi, le magicien se plaint de douleurs.
Quelques jours plus tard, dans sa chambre privée à Détroit, peu avant une de ses représentations, son médecin l'examine et reporte une fièvre à 40 °C. Houdini refuse toutefois d'annuler sa représentation qu'il effectue non sans difficultés. Le jour d'Halloween, Houdini décède d'une péritonite consécutive à une rupture de l'appendice. Le fait que les dommages de son appendice aient été ou non causés par les coups qu'il reçut de Whitehead fait aujourd'hui l'objet de controverses. Houdini souffrait en effet depuis plusieurs mois de douleurs au ventre. Trop tard ! Le 31 octobre 1926 (le jour d’Halloween !), le magicien, au terme d’une longue agonie avec Bess à son chevet, rend l’âme à l’âge de 52 ans. Péritonite, conclurent les médecins de l’hôpital, probablement consécutive à la rupture de l’appendice provoquée par les coups. Malgré quelques rumeurs d’empoisonnement dont on verra plus loin les conséquences à long terme, aucune autopsie ne fut pratiquée.
Un de ses descendants (en lien avec les auteurs d'une biographie controversée d'Houdini) a réclamé le lundi 26 mars 2007 à la justice américaine une exhumation, pour faire pratiquer une autopsie et tordre le cou, ou pas, à la rumeur qui court toujours selon laquelle le magicien aurait été assassiné.
Houdini possédait une collection de 3 988 livres sur la magie qu'il a léguée à la bibliothèque du Congrès à Washington.
Le pacte de HoudiniOr, je l’ai dit, Houdini avait apparemment laissé derrière lui un message codé par lequel il prouverait son identité s’il faisait un « retour » de nature spirite. Bess Houdini, malade, désemparée par la disparition de son compagnon et maître (à 18 ans, elle était devenue sa partenaire de spectacle), déprime, boit… et tente en effet de communiquer par tous les moyens avec son regretté mari. Chaque samedi, à l’heure de sa mort, elle s’installe dans sa chambre en face de la photo de Harry et attend un signe. Elle a offert une récompense de 10 000 dollars au médium qui produira le message secret que Houdini lui a laissé et convenu de lui envoyer, et qu’il lui a rappelé sur son lit de mort ; la coquette somme offerte va nettement activer le processus. Elle reçoit une avalanche (des milliers !) de lettres et de télégrammes censés délivrer le message. Mais aucun ne la satisfait…
Le « retour de Houdini » à travers plusieurs médiums où il exprime systématiquement ses regrets d’avoir persécuté leurs semblables de son vivant ne la convainc pas. Au point qu’elle songe à retirer son offre quand… la rumeur se propage, en février 1928, qu’Arthur Ford, pasteur de la Première Église Spiritualiste de Manhattan, « a percé le code de Houdini ! ».
« J’ai percé le code posthume de Houdini ! ». Cette déclaration stupéfiante d’un médium spirite américain, Arthur Ford, en 1928, visait carrément à prétendre que, pour la première fois, un vivant avait contacté un mort deux ans après sa disparition. Un homme nommé Houdini, le roi de l’évasion, qui aurait réussi ainsi à s’évader de l’Au-delà pour transmettre aux vivants la preuve que sa conscience subsiste encore quelque part, avec ses souvenirs.
En ce mois de février 1928, les journaux américains ne savent pas quoi imprimer pour célébrer cet événement colossal ; certains annoncent que la suppression de la prohibition ne serait pas plus sensationnelle. On parle d’un cataclysme nucléaire… Le New York Telegram, dans un éditorial solennel, célèbre la première intervention de l’esprit d’un désincarné.
En fait, ce contact se serait produit en deux temps. Tout d’abord, A. Ford, au cours d’une séance spirite dans laquelle, en transe, il sert d’intermédiaire aux désincarnés (c’est la définition même du médium spirite), aurait répercuté l’annonce de son guide « Fletcher » disant « qu’une femme inconnue est très impatiente de dire un mot » : ce mot, c’est « forgive » (Pardon). Or ce mot est le dernier qu’aurait prononcé avant sa mort la mère de Houdini, le mot attendu en vain par le magicien pendant 13 ans, un mot qui arrivait trop tard pour lui, mais pas pour Beatrice, sa femme, mise en son temps dans la confidence et qui, avisée, écrit : « Mon cher Mr Ford,… le mot « Forgive » est bien celui que Houdini espéra toute sa vie ». Du coup, elle veut aller plus loin.
Le 8 janvier 1928, le New York Evening Graphic fait état d’une série de séances données par A. Ford à Bess au cours desquelles un nouveau mot est arrivé à travers « Fletcher » : « ROSABELLE », reçu par voix directe. Viennent ensuite : « NOW, LOOK, NOW, ROSABELLE, ANSWER, PRAY et TELL ». À la dernière séance, le message entier a été transmis : « Un homme qui se dit être Houdini mais dont le nom réel était Erich Weiss est là et souhaite transmettre à sa femme Beatrice le code de dix mots, ce qu’il a promis de faire s’il lui était possible ; ce code est : « ROSABELLE ANSWER TELL PRAY ANSWER LOOK TELL ANSWER ANSWER TELL ».
Le message est transmis le lendemain à Mrs Houdini qui n’a pu être présente à cette séance-là car elle a dû rentrer à l’hôpital suite à une chute. Elle s’exclame : « Oh mon Dieu ! C’est ça ! ». Sur son lit de mort, Harry lui aurait murmuré : « S’il arrive quelque chose, Bess, tu dois être prête. Souviens-toi du message « Rosabelle believe ». Quand tu entendras ces mots, sache que c’est Houdini qui parle ». En fait, les deux mots faisaient partie de ceux employés lors de la simulation de transmission de pensée qu’ils avaient longtemps pratiquée ensemble pour leur numéro de music-hall.
Une autre séance est organisée dans la chambre de Bess, deux jours plus tard. Et la voix s’adresse cette fois à elle et répète le code… : « un de ceux que nous avions l’habitude d’utiliser dans un de nos lectures de pensées ».
Le second mot du code « answer » correspond à la deuxième lettre de l’alphabet = B ; « answer » « answer », 22ème lettre de l’alphabet = V, le 5ème mot du message « TELL » est la cinquième lettre de l’alphabet = E. La 12ème lettre de l’alphabet est « L » et pour faire 12, nous devons utiliser le premier et le second mot du code… Ainsi de suite et on trouve : « Rosabelle Believe ». Mrs Houdini confirme que tout cela est correct. Elle signe un affidavit avec les autres témoins.
Mais voilà que le New York Evening Graphic, qui a raconté cet épisode dramatique par le menu, titre deux jours plus tard : « Le canular de Houdini démasqué ! Séance arrangée au préalable par le médium et la veuve » ! Cette révélation soulève un tollé. Béatrice dément toute collusion de sa part de même que A. Ford. Mais il s’avère que Bess n’était pas la seule à connaître le code. On parle des confidences possibles de Houdini, de son vivant, à une jeune assistante du magicien… Selon un autre scénario, Bess, dans son délire (éthylique ?), aurait murmuré le code sans s’en rendre compte et A. Ford en aurait profité. Il semble bien que Bess et Ford furent des amis très intimes… « Il ne fait aucun doute qu’ils étaient totalement de mèche en tant que partenaires d’une grande et glorieuse mystification », écrit W. Rauscher3/, un pasteur magicien, auteur d’un livre sur cette histoire de code post-mortem !
A. Ford se voit expulsé de la ligue spiritualiste unifiée de New York. Il tourne l’accusation en dérision en soulignant n’avoir même pas revendiqué la récompense offerte « alors que, légalement, elle lui revenait » ! Même Bess se met à douter. Elle se serait même rétractée quant à l’authenticité du message !
Pourtant, jusqu’à sa mort survenue en 1943, elle organisera chaque année à Halloween une séance de spiritisme pour tenter d’entrer en contact avec son regretté mari ; une tradition que certains fidèles du magicien perpétuent tous les ans… jusqu’à aujourd’hui !
Les médiums les plus puissants de monde entier sont ainsi invités à tour de rôle à s’asseoir autour de cette table afin de tenter d’aider le « maître » à se dégager des filets de l’Au-delà pour apporter la preuve de son retour en ouvrant les menottes : cette paire de menottes appartenant au magicien gardée religieusement et qu’il a promis de venir ouvrir « en sortant du royaume des morts » (sic).
La presse spirite nous tient d’ailleurs au courant épisodiquement du déroulement de ces « séances » anniversaires.