Yvonne-Aimée de Malestroit
Soixante ans après sa mort, l’histoire d’Yvonne-Aimée de Malestroit reste une véritable énigme et soulève encore de nombreuses questions. En 1945, le général de Gaulle en personne lui remet la Légion d'honneur, à Vannes, pour avoir caché et soigné à la clinique soldats alliés et résistants bretons.
Bilocation et médiumnitéSon cas est extraordinaire, elle est la fondatrice de l’Ordre des Augustines Hospitalières.
Durant la seconde guerre mondiale , elle va avoir un rôle important au sein de la résistance, abritant dans son couvent des soldats français et alliés ainsi que des maquisards. Son don d’ubiquité va lui permettre de réaliser de nombreuses missions secrètes.
Voici une histoire que raconte le Père Labutte, confident et maître spirituel d’Yvonne : Dimanche 24 janvier 1943. Mère Yvonne fait part de son inquiétude : “Je fais un travail important et scabreux en ce moment et j’ai besoin de vos prières”. Elle savait qu’on l’avait dénoncée à la Gestapo. Très rapidement elle est arrêtée et conduite à la prison du Cherche-Midi (et non rue Lauriston comme cela est parfois mentionné, la prison en question se trouvait 54 Bd. Raspail ) où elle va être incarcérée et torturée.
Ayant eu la prémonition de ce qui allait lui arriver, elle avait pris la précaution de rédiger des télégrammes destinés à prévenir et demander les prières de ceux qui pourraient l’aider. Une des sœurs du couvent était chargée de les envoyer si nécessaire.
Le télégramme était ainsi rédigé :
“Yves clinique avec Germaine, depuis Midi.”
Traduire : Yves = Yvonne.
Germaine = Allemands, (germanique).
Clinique = Incarcération douloureuse, tortures.
Depuis Midi = Prison du Cherche-Midi.
À la réception de ce télégramme, le Père Labutte décide d’aller à Paris accompagné de sa maman qui désirait rendre visite à une de ses nièces; bien entendu, la maman n’est pas au courant de ce qui vient d’arriver à Mère Yvonne Aimée. 13 heures A Paris-Montparnasse le Père Labutte descend les escaliers du métro, sa mère le précède de quelques mètres, dans le couloir qui mène au quai, il se retourne et se retrouve brusquement face à Mère Yvonne Aimée en habits civils. “Marche, marche dit-elle” (tutoiement non habituel), c’est une heure d’affluence, ils montent tous deux dans le wagon en s’arrangeant pour être à quelque distance de sa maman qui n’a rien remarqué. “Alors vous êtes libérée ?” demande le Père.
Yvonne à juste le temps de lui dire : “Non je ne suis pas libérée … Je suis en prison …Je subis la torture, debout, devant un mur…J’ai la tête dans une sorte d’étau…”
C’est seulement maintenant que le père Labutte comprend qu’il s’agit du double de Mère Yvonne Aimée. “Vous êtes en deux endroits ?” demande-t-il”, pour toute réponse elle incline la tête. Dans son rapport, le Père fait part de son étonnement de voir Yvonne aussi réelle, il l’entend respirer, son visage exprime la douleur, il la touche. Non ce n’est pas un fantôme !
Arrivée à la station Denfert-Rochereau, Yvonne descend se fond dans la foule et DISPARAIT.
Le Père Labutte doit accompagner sa mère jusqu'à Pantin, ce trajet lui paraît interminable, changement à Porte d’Italie, enfin on arrive au terminus Eglise de Pantin, le Père Labutte marche derrière sa maman, dans l’escalier qui mène à la sortie un des vantaux de porte est poussé par quelqu’un, c’est Yvonne Aimée, toujours en civil, elle a juste le temps de lui murmurer : “Prie ! prie ! Si tu ne prie pas assez, on m’embarque ce soir pour l’Allemagne! Ne le dis à personne !”
Une autre bilocation survenue le 17 juin 1929 devant cinq sœurs qui témoigneront toutes de l’exactitude des faits : Yvonne sort à peine d’une extase, elle cause avec les religieuses qui se trouvent là lorsque subitement elle semble s’endormir, comme à chaque fois que cela arrive elle fait un violent soubresaut, un sinistre craquement retentit, tout son corps est agité de tremblements. Elle commence à parler en anglais :“Good night…you are a lazy man”. Ensuite elle récite le Pater et l’Ave toujours en anglais. Maintenant elle parle allemand (langue qu’elle ne connaît pas), puis dans une langue inconnue, elle fait des gestes, semble écrire et donner sa signature. Comme cela dure la Mère supérieure qui se trouve là, craignant qu’elle ne souffre lui demande de revenir. Immédiatement elle est agitée d’un soubresaut puis revient à son état normal. Elle prétend revenir d’Argentine, d’Allemagne, d’Angleterre et de Pologne (rien que ça !). Dans ce cas, on peut parler d’une quadruple-bilocation. Elle semble très fatiguée et demande qu’on lui refasse ses pansements (déjà à cette époque, elle avait reçu les stigmates).
Lors de son procès en béatification de nombreuses personnes sont venues témoigner, ceux qui l’ont vu en deux endroits en même temps sont nombreux, c’est grâce à ces témoins que nous en savons davantage, et que nous connaissons bien des histoires qui sans cela seraient restées dans l’oubli.
Ses premières “sorties” étaient destinées à aller chercher des hosties volées en vue de profanation, hosties qu’elle ramenait matériellement au couvent.
On dit que lors du sabordage de la flotte à Toulon elle aurait guidé un sous-marin à travers un “ champ” de mines. Ses bilocations sont beaucoup trop nombreuses pour que je vous les raconte toutes.
Comment se passent les bilocations chez Mère Yvonne Aimée ? Fréquemment une extase précède la bilocation.
La position ne semble pas très importante, le plus souvent elle sera allongée sur son lit, elle peut aussi se trouver dans une autre posture, assise, à genoux ou même exceptionnellement debout. Généralement elle joint les mains. D’autres fois elle va effectuer des tâches ménagères, on l’a vue cuisiner avec d’autres sœurs, dans le même temps elle était dans sa cellule en train d’écrire une lettre. Dans ce cas, la personne qui se trouvait à la cuisine semblait absente “agissait de façon mécanique”.
Les témoins perçoivent d’abord ce que certains appelleront un déclic, d’autres parleront d’un craquement, “on croit que tous les os vont craquer”. Certaines sœurs parleront d’emboîtement. Voici ce que dira Mère Marie-Anne : “On sentait très bien qu’il se faisait un dédoublement. Elle avait comme un déclic, comme une grosse commotion électrique, et je n’ai jamais pu m’y habituer. Quand j’étais avec elle je sautais comme elle” (Témoignage recueilli le 11 décembre 1955).
Le déclic (nous l’appellerons ainsi) se produit au moment du départ et au retour. Plus elle va loin et plus le déclic est fort. Lors de son retour certaines sœurs diront “Elle débiloque”. Le déclic est le plus souvent suivi de tremblements de tout le corps. Après ses bilocations Yvonne est très fatiguée. La durée des bilocations peut être très courte ; cela va de 2 minutes à 5 heures dans des cas exceptionnels. Les missions de Mère Yvonne étaient très variées, voici quelques exemples :
-Aide aux pauvres
-Sauvetage de 3 marins pêcheurs (21 et 22 décembre 1927)
-Intervention auprès des profanateurs d’hosties et récupération des hosties (plusieurs fois)
-Intervention dans des incendies (10 mai et 5 août 1927)
-Capture de malfaiteur (29 octobre 1927)
-Évasion de 3 prisonnier en stalag (4 juillet 1941)
-Évasion d’un Polonais dont elle a le sentiment de prendre la place (9 juillet 1941)
-Guérison de malades (14 décembre1927, 21 et 22 décembre 1927, 27 décembre 1927)
-Visites à des réunions de portée nationale ou internationale
-22 décembre 1927 : Elle semble présider une conférence au Portugal
-Intercession pour une guerre qui cesse dans le désert
-Rencontre avec Hitler en 1941 (témoignage du 14 janvier 1958 et du 8 janvier 1967) Que se sont-ils dit ? Comment cela s’est-il passé ? Probablement ne le saurons-nous jamais !
À noter que les personnes qui rencontrent Yvonne Aimée en dédoublement ont le sentiment de faire une rencontre normale. Lorsque le Père Labutte, qui la connaît bien, la rencontre dans le métro, il est persuadé qu’elle a été libérée.
Yvonne Aimée parle très peu de ses bilocations, qui d’ailleurs se produisent souvent la nuit sans témoins. Impossible d’en connaître le nombre exact. Voici quelques phrases dans lesquelles elle semble se livrer :
“Je biloque souvent pour l’Amérique, ils sont persuadés que je ne quitte pas leur pays, mais j’y suis chaque fois qu’ils ont besoin de moi.”
“Quelquefois, je ne sais pas comment cela se fait, je suis au lit et à la messe quand même. Je ne sais pas si c’est mon esprit qui y est, ou si j’y suis avec mon corps. Je ne peux pas contrôler. Mais pourtant, je suis au lit ! À la messe aussi, car je me tâte, je me sens bien et vois bien que j’y suis…Je ne comprends pas, mais ce n’est pas la peine. Ça y est. Cela suffit. Pourquoi chercher à comprendre ?”
Le 22 décembre 1927 elle écrit : “La nuit dernière j’ai biloqué trois fois, et j’ai causé beaucoup d’ahurissement… et de joie.
“J’ai guéri le bébé de C.J.”
“Maintenant, quand je passe chez les gens, la nuit ou le jour, sans que je me montre, j’allume une lampe ou l’électricité, leur montrant par là, la réalité de mon passage…
C’est tout à fait amusant.”
Suite à la guérison du bébé, elle écrira plus loin :“Depuis j’ai très mal à la tête. Mais je supporte cela mieux que ce pauvre mignon.” Elle précisera qu’elle peut passer à travers portes, murs ou tout autre obstacle. À la libération MèreYvonne Aimée a reçu six décorations dont la légion d’honneur. Le général de Gaulle s’est déplacé spécialement à Vannes pour la lui remettre. Le général restera en contact avec Yvonne jusqu’en 1951 date à laquelle elle quitte ce monde.