Les labyrinthes existent dans le monde entier depuis des millénaires. Les plus anciens datent de 15.000 ans. .On en trouve en Amérique, en Suède en Grande-Bretagne, en Italie, en France, en Inde, en Egypte...
De part et d'autre de l'Atlantique, on trouve de très nombreux labyrinthes qui ornent les rochers situés en bord de mer.
Comme à Mogor (en Galice) où ce glyphe est accompagné, en outre, de plusieurs séries de cercles concentriques...
La plus ancienne représentation d'un labyrinthe a été trouvée dans une tombe sibérienne datant du paléolithique : il s'agit d'un dédale de sept circonvolutions, entouré de quatre doubles spirales, le tout gravé sur un morceau d'ivoire de mammouth. On trouve aussi des labyrinthes du temps du néolithique au bord du Danube, près de la mer Égée, en Savoie, en Irlande, en Sardaigne, au Portugal, en Italie (au Val Camonina, il y a 4 000 ans), à Malte ou encore à Belgrade, sur des figurines datant de 7 000 ans. Ces tracés sont inscrits dans des carrés ou des cercles, accompagnés de dessins d'ours, d'oiseaux ou de serpents. Sur l'île de Gavrinis, en Bretagne, il a été découvert une galerie avec de multiples embranchements. Les changements de direction sont indiqués notamment par des spirales. Ces tracés labyrinthiques s'inscrivent toujours dans des lieux sacrés.
Ainsi, d'après Jacques Attali, le labyrinthe apparaît non seulement comme un symbole, mais aussi comme le support d'un mythe, voire un mode de communication : un langage avant l'écriture.
OriginesDe tous les labyrinthes célèbres, celui de Crète est celui qui a eu la postérité littéraire et culturelle la plus forte.
Le mythe de Thésée, la légende du Minotaure, sont indissociables de ce labyrinthe construit par Dédale. Etymologiquement, le labyrinthe c'est "le palais de la double hache", symbole que l'on retrouve partout sur les monuments crétois.
De nombreuses autres cultures et civilisations ont cependant utilisé ce motif, depuis les temps préhistoriques jusqu'au Moyen Âge, où les labyrinthes se retrouvent dans les églises.
Symbole initiatiqueEn dehors de la légende du Minotaure, le labyrinthe, en tant que symbole d'un cheminement initiatique long et difficile, est connu de nombreuses civilisations anciennes, au point que l'on peut parler d'archétype universel : les hommes préhistoriques, les Mésopotamiens, les Scandinaves, les Hopis, les Navajos, les Indiens, les aborigènes d'Australie, les Touaregs, les juifs de Palestine, les Mayas... ont dessiné des labyrinthes. Citons aussi l'île de Malekula au nord-est de la Nouvelle-Calédonie, qui possède de nombreux labyrinthes, utilisés dans des rites sacrés. Leur centre symbolise le passage entre le monde des vivants et celui des morts.
On trouve des labyrinthes en Angleterre, dans le fameux château de Tintagel où, dit-on, naquit le roi Arthur. On en trouve également en Inde, où ils furent utilisés comme symboles de méditation, de concentration, de retour à son axe propre.
En ancienne Egypte, dans la ville d'Abydos, si vieille qu'elle rejoint l'histoire de l'Egypte pré-dynastique, existait un labyrinthe appelé l'Escargot ; l'Escargot d'Abydos était précisément un temple circulaire dans les corridors duquel on célébrait des cérémonies relatives au temps, à l'évolution, aux nombreux chemins que l'humanité devait parcourir pour trouver le centre, qui est, en réalité, l'Homme lui-même.
Des tracés de chemins tortueux ont été taillés dans les parois rocheuses du désert américain et sur les falaises scandinaves. Des labyrinthes ont été créés dans la tourbe au pays de Galles et en Angleterre (comme le Julian's Bower à Alkborough). Monstres et géants font partie de ce mythe, et les églises elles-mêmes se sont servies de son symbolisme. Aujourd'hui, ils ne sont plus qu'une amusante curiosité, dont l'un des modèles les plus connus est celui du Hampton Court en Angleterre.
Tous les labyrinthes ont en commun de permettre l'accès au centre par une sorte de voyage initiatique (et donc l'interdire à ceux qui ne sont pas qualifiés.) On a d'ailleurs souvent rapproché labyrinthes et mandalas (qui comportent parfois eux aussi un aspect labyrinthique).
Le Labyrinthe Symbolique Le labyrinthe est insaisissable. Son aura fascinante repose sur le flou symbolique qui l’entoure. Figure originelle, géométrique, sacrée ou magique, il est d’abord la représentation d’une philosophie humaine. Les civilisations le manipulent comme une incarnation de leurs conceptions du monde et de la vie. Un sens profond se cache peut-être à l’intérieur de l’homme.
Avant d’être une fantaisie architecturale, le labyrinthe est un puissant symbole. Son existence matérielle ne constitue qu’une partie de son histoire. Son pouvoir d’évocation remonte à l’origine des temps. Il est le gage de son omniprésence et de son immortalité culturelle. Des parois rocheuses aux murs des monuments crétois, il apparaît comme une estampille divine.
Les civilisations se le sont appropriées et l’ont chargé d’un symbolisme représentatif de leur époque et de leur philosophie. Le labyrinthe souterrain de Crète est un élément à part entière de la naissance de l’homme. Sa forme délibérée d’utérus accueillait les cultes consacrés à la Terre, la Déesse mère, fécondée par une entité extraterrestre indifféremment baptisée Zeus et Dieu.
Pour les Hopis, peuple amérindien, le labyrinthe ou « tāpu’at » est un symbole ancien et fort. De forme carrée ou circulaire, il figure « la mère et l’enfant » et représente la renaissance spirituelle en tant que concept fondamental de leur pensée religieuse. Ce tracé se retrouve, gravé sur les parois rocheuses, en de multiples points du territoire hopi et est un motif qui se retrouve encore très fréquemment de nos jours sur les tissus, vanneries, poteries de ce peuple. On peut constater que, malgré le temps et surtout l'espace qui les sépare, ce labyrinthe est topologiquement identique au labyrinthe crétois !...
Le labyrinthe-utérus de l’antiquité grecque est remplacé par le labyrinthe-cerveau et aérien au Moyen-Âge. Le dédale concrétise l’essence de la vie selon le précepte ecclésiastique. La forme circulaire est inspirée du cheminement spirituel vers Dieu.
Autre labyrinthe remarquable, celui qui est intégré au dallage de la cathédrale de Chartres, haut lieu sacré de l'Occident, qui, là encore, n'a fait que reprendre en le détournant un antique rite païen.
Le pèlerin découvrait au centre une rosace, reflet de celle du vitrail ornant la façade, et, très étrangement en ce lieu, l'image de Thésée et du Minotaure sur une plaque de bronze.... L'Église remplaça progressivement, dans les cathédrales et autres lieux de culte, l'image du Minotaure par celle du Christ avant d'entreprendre la destruction des labyrinthes apparaissant comme une impardonnable concession au paganisme.
Bien situé, dans la nef , bien conservé, il est parmi tous les labyrinthes de nos cathédrales l'un des plus grands ( Il se déploie sur 261m55 ) et des plus beaux.
Les pèlerins qui ne pouvaient se rendre à Jérusalem substituaient à ce voyage un parcours du tracé à genoux, qui leur valait des indulgences.
L’assimilation du dédale à une allégorie religieuse ne l’enferme pas dans une confession particulière. Le labyrinthe décloisonne les spiritualités et accompagne une modernisation de l’Eglise. Il ressuscite un espoir œcuménique en donnant un point commun aux religions. Les différentes formes de labyrinthe modifient son sens.
Le labyrinthe est différent selon certaines cultures: autres caractéristiques, autres supports...
En Inde, il s'agit du mandala, art de tradition ancestrale. Le mandala est un cercle sacré, au sein duquel on trouve des divinités bouddhiques. Il représente le chemin, long et difficile, de l'initiation : le voyage intérieur.. Le mandala du bouddhisme décline le labyrinthe sur une multitude de supports. La franc-maçonnerie privilégie l’image de la recherche du centre individuel.
Symbole Kabbalistique et Alchimique Dans la tradition kabbalistique, reprise par les alchimistes, le labyrinthe remplirait une fonction magique, qui serait un des secrets attribués à Salomon. C'est pourquoi le labyrinthe des cathédrales serait appelé labyrinthe de Salomon.
Aux yeux des alchimistes, il serait une image du travail entier de l'œuvre avec ses difficultés majeures. Celle de la voie qu'il convient de suivre pour atteindre le centre, où se livre le combat des deux natures ; celle du chemin que l'artiste doit tenir pour en sortir. Le parcourir signifie affronter les innombrables détours intérieurs de ses émotions et apprivoiser son intuition pure.
La géométrie labyrinthique est sacrée et renvoie à des nombres irrationnels et symboliques. La division de l’édifice en quatre secteurs suggère par exemple les croix chrétiennes ou druidiques. Elle rappelle aussi les quatre saisons, les quatre éléments et les quatre points cardinaux.
Le mythe de Dédale et du labyrinthe sont aussi un des quatre mythes fondateurs du Tarot : celui des différentes étapes du voyage initiatique vers la connaissance de soi.
Pour l'anecdote, citons une résurgence possible de cette figure dans l'inattendu "Jeu de l'Oie". Avec ses embûches, ses pénalités et ses retours en arrière, ce n'est pas un simple jeu anodin, mais il s'agit bien d'un véritable labyrinthe pour enfants, dans lequel la symbolique est tout à fait identique...
Le labyrinthe s’insinue dans le quotidien et l’inconscient individuel. Il refait parfois surface à l’occasion d’un rêve et est généralement interprété comme l’annonce d’une révélation. Il est vraisemblable que le dédale n’ait pas fini de se livrer. Son sens caché est peut-être enfoui dans l’homme. La solution se trouve alors dans une aventure intérieure à condition d’accepter de se perdre.