Nouveau texte, un peu étrange sans doute, et qui démarre doucement, je ne m'explique pas plus et vous laisse vous faire votre avis si le cœur vous en dit.
Vide, émotionnellement vide. Je ferme les yeux et inspire.
Je plonge.
Un chemin pavé étroit traverse en ligne droite un grand jardin à l'herbe parfaitement tondu, j'arpente ce passage qui mène vers la maison. A chaque pas je donne naissance à cet espace dans mon esprit, je me force à ajouter des détails pour lui donner substances. Deux parterres de fleurs se partagent toute la folie, la fantaisie de ce lieu, un de chaque cotés de mon point de départ ils délimitent l'entrée de la propriété et leurs fleurs exotiques regorgent de beautés extravagantes. Un ballon repose dans l'herbe plus loin, seul indice concret de vie en ce lieu. Rien de plus. Mon esprit ce contente de base simple, solide et lisse.
un océan de nuages envahit le ciel radieux, et je me concentre sur le sol de pavé un instant pour m'ancrer d'avantage. Je marche en étudiant les détails sous mes pieds.
Lorsque le soleil domine à nouveau pleinement je m'autorise à monter les marches du perron et prend aussitôt à gauche sur le balcon couvert au style japonais qui fait le tour de la maison. Je me concentre désormais principalement sur le bois des montants, des poutres, des assemblages. J'avance... Bientôt le jardin change, d'abord par petit détails puis plus nettement, un arbre, une petite marre, une grosse pierre, une haute haie taillée proprement qui dissimule enfin un monde majestueux. De telle sorte que de l'entrée du terrain ou je me tenais au départ rien de tout cela ne saurait être deviné. Dans ce nouvelle espace face au flanc gauche de la maison, il est difficile de dire si c'est la foret qui s’adapte à l'homme ou l'homme qui s’adapte à la foret. Tout y est harmonie avec la nature, épousé et nuire au minimum, s'adapter. Et puiser dans la beauté inébranlable d'un chêne séculaire, ou dans immense pierre plate qui surplombe le ruisseau, suivre simplement le chemin de terre noire... La rambarde de la terrasse s’efface un instant pour me permettre de sauter dans ce monde mais je n'en fait rien préférant poursuivre ma route vers l’arrière de la bâtisse.
Les lames de bois sous mes pieds coupent le sens de la marche, et semblent ainsi s'opposer à mon avancé. Certainement un jeu, une illusion d'optique pour faire paraitre le chemin plus long. Mais la vérité est multiple et le but premier j'en ai la conviction parce que je le ressent, est d’imposer une faible résistance, comme si chaque lames dressaient un léger mur invisible face à moi qu'il me faut dépasser, m'obligeant à ralentir le pas. Et ainsi forçant le temps lui même à ralentir sensiblement dans l'esprit de celui qui traverse.
Me voila désormais à l’arrière, la foret c'est densifiée et les arbres sont moins haut, plus tassés. Un petit lac occupe tout l'espace et vient ce coller à la maison allant jusqu'à se perdre en dessous de celle ci. Le balcon que j’emprunte toujours s'ouvre sur un ponton qui s'avance de quelques mètres dans les eaux, et sur une petite terrasse légèrement en retrait sur la gauche de ce dernier. Des pilier de bois se perdent dans des profondeurs troubles. Ici j'imagine des gens qui se reposent sur la terrasse sur des chaises longues, ou qui jouent de leurs doigts de pied avec l'eau tiède du lac assis au bout du ponton. L'air est chaud et humide et le ciel couvert d'une couche de nuage d'un gris pale.
Finalement et enfin je m’intéresse à la porte arrière de la maison, une porte vitré que je franchis sans attendre. A l'intérieur elle m’acceuille un sourire aux lèvres, dans son regard je lis tendresse et acceptation, comme si elle savait tout de moi. Dans le pincement de ces lèvres toujours cette ironie mordante et pleine, qui s'amuse de l'instant et de tout ce qu'il peut représenter. Elle m'offre ce cadeau et s'éloigne déjà, rejoint une petit pièce sur la gauche ou ce trouve assis un garçon, qu'elle se penche pour embrasser sur la bouche. Il est plus jeune que moi, plus doux que moi, plus coquet.
Je ne sui pas jaloux, il y a déjà un bon moment que je suis heureux d'être ce que je suis et donc qu'être un autre ne me tente simplement pas. Mais j'envie un instant cette coquetterie, cette façon d’exprimer par des gestes, par une posture étudié ou par des artifices savamment élaboré, la sensibilité profonde qui git au fond de nous. Je veux tout cela mais je me dit toujours que ce n'est pas pour moi, que j'ai trop à faire, à voir, trop à montrer, pour perdre mon temps à me parfaire une belle armure qui attirera les regards, ou un bel entourage qui inspire le confort. J'aurais tout temps de m'amuser à paraitre, à briller, lorsque je serais enfin complet. Mais n'est ce pas idiot, comment puis je jamais être complet si j’attends de l'être avant de m'autoriser certaine chose. Alors pour le principe essayons, pour le principe oui, parce qu je ne vais décidément pas me mettre à passer des heures dans la salle de bain chaque jours!
Je prend un escalier qui se trouve juste face à moi sur la droite de l'entrée, et trouve rapidement une salle de bain qui contient tout le nécessaire. En fait j'ai juste à prendre la première porte et à imaginer avec conviction l'objet de mes désirs. Et voila que je m'amuse à passer du violet sur mes lèvres, et peu m'importe si cette peinture est bien faite pour mettre sur les lèvres à vrai dire, puis j'ajoute au mieux un léger bleu sur mes paupières et ainsi de suite, pour ressembler à un oiseau exotique somme toute élégant. Ne vous moquez pas l'instant est très sérieux.
Lorsque je monte un nouvel escalier pour atteindre sa chambre elle m'ouvre sans attendre, et me regarde avec délectation avant bien sur d'éclaté de rire, puis à nouveau se détourne bien vite m'oubliant totalement pour rejoindre une fenêtre qui donne sur le lac. Et cette fois je n'y tiens plus, au diable les apparences! La sur place j’enlève mes vêtements à la hâte sans aucune gêne, puis je coure vers la fenêtre voisine de celle qu'elle occupe. Je saute en pivotant sur moi même, me retrouve à pieds joints sur le rebord de la fenêtre faisant face à l'intérieur, puis enfin je me lance en arrière lui adressant au passage un regard plein de défit et de joie, de liberté. J'ai les bras en crois le regard droit vers le ciel, mon corps s'arque petit à petit pour que ma tête atteigne en première les eaux troubles du lac. Ici, dans le mouvement, je peux exprimer ce que je suis, je peux fuir aussi. Ici je peux retomber sur mes jambes...
L'eau. Le contacte rapide et agréable comme si j’étais aspiré, et soudain rien d'autre qu'un monde profond et étrange, qui m’enveloppe, qui entre en moi et se nourrit de moi. Je suis le trouble, je l'est en un sens toujours été, jamais totalement au repos, jamais autorisant l'eau en moi à ce calmer pour laisser retomber au fond du verre que je suis tout les petit dépôt qui me compose. Jusqu'à ce que l'eau paraisse limpide au dessus d'une fine couche brunâtre. Jusqu'à ce que je puisse paraitre avec splendeur, offrant au monde la beauté d'un corps qui ne subit pas les doutes et les épreuves. Non j'en suis incapable, et du reste je sais qu'une beauté insouciante finit trop vite par être souillée par les autres si ce n'est par soit même. Mon seul chemin est face à moi, alors je laisse les apparentes impuretés du lac me pénétrer plus encore et les imagine se transformer en moi, par alchimie, fusionner avec ma volonté et mon courage, avec mes désirs. Le temps s'allonge sans que je ressente le besoin de respirer. Je me sens changer, devenir pure, vif argent, métal liquide, somptueuse création si ce n'est parfaite du moins approchant d'une sorte de perfection.
Je remonte à la surface, agrippe le ponton et à la force des bras m’extirpe des eaux pour reposer sur le bois mouillé. Lorsque je me redresse l'eau coule sur mon corps nue sans pouvoir s'y attacher et seuls mes cheveux longs restent mouillé. Je ne m'occupe pas des regards, j'avance sans la moindre hésitation vers la porte et entre à nouveau. Nul besoin d'apparat pour qu'en l'instant j’apprécie le part féminine en moi, dans l'impulsion de mes hanches ou la courbures de mes bras jusqu'à la naissance de ma gorge. Je laisse cette part de moi s’exprimer et me nourrit de cette douce et fragile sensation pour y puiser la délicatesse et la passive subtilité qui manque encore tant à mon corps. Je prend l'escalier. Je retourne en direction de sa chambre, toujours vers elle, car elle symbolise pour un instant ce que je recherche. Inatteignable sauf en rêve, qu'il soit éveillé ou pas, inatteignable sauf l'espace d'un court instant. une oasis au milieu du désert. Ce n'est pas elle seulement, pas forcément, c'est le désir d'atteindre, d'atteindre quelque chose, d'atteindre quelqu'un, d’atteindre celui ou celle qui me lit, d'atteindre un objectif. Le désir de partager mon désir. D'offrir et de recevoir, en émotion pure. De boire avidement à l'eau de la source avant de reprendre la route. De boire jusqu'à n'en plus pouvoir, jusqu’à être enivré de plaisir d'amour. C'est une pause éternelle entre deux étapes d'un long chemin. Ou plutôt c'est l’objectif de ce long chemin, que j’effleure une seconde du doigt avant qu'il ne m’échappe. Car ma volonté est une flèche qui a déjà atteint sa cible, je ne fais que la suivre pour un jour la rattraper, la saisir. Cela ne change rien à mon intérêt envers les belles choses, à mon désirs de les voire s'épanouir. Fut ce t'elles à mon grand regret si fragile, si peu éternelle. Et mon désir alors n'est pas de monter ses marches en étant le meilleur qui puisse arriver en haut pour te voir, le vainqueur, non mon désir est d’être le meilleur qui puisse t'arriver, de cette escalier ou d'un autre.
Ainsi j'ouvre la porte et elle est face à moi, il n'y a plus de doute en moi, je les ai chassé à l'instant car je sais que mes doutes ne l’intéresse en rien, qu'il m'éloigne d'elle. Là juste une seconde je veux juste imaginer, profiter de l'instant, du contacte de sa peau et de ses lèvres douces, de plus et encore plus. Un contacte que le rêve rend plus fort que toute réalité. Car ici l'émotion coule plus vite que l'eau elle même et s'échappe des corps pour voler en tout sens.
Je ne cherche pas à retenir. Pas à emprisonner. Juste à vivre une seconde d'un plaisir étonné. Une toute petite seconde. D’éternité passé.
Merci énormément pour votre lecture...