Vulcain : planète passée (et future ?)
Pendant la préhistoire, les observateurs du ciel remarquèrent que cinq points brillants ne se déplaçaient pas avec le reste des étoiles fixes. Ces planètes — Mercure, Vénus, Mars, Jupiter et Saturne — se virent liées intimement à l'astrologie et à la légende. Vers 1 600 après J.-C., la Terre elle-même rejoignit la famille du Soleil. Sir William Herschel découvrit Uranus en 1781. Vers 1840, Urbain Jean Joseph Le Verrier et John Couch Adams analysèrent séparément des petites irrégularités dans l'orbite d'Uranus, ce qui entraîna la découverte de Neptune en 1846. Puis, quatre-vingt-quatre ans plus tard, une étude similaire d'Uranus et Neptune montra le chemin du glacial Pluton, la plus éloignée des planètes connues.
Dans l'intervalle, cependant, une dixième planète avait fait une brève apparition.
Une planète plus rapprochée du soleil que Mercure fut observée le 26 mars 1859 par un médecin de campagne français, astronome amateur, Lescarbault. Il la découvrit alors qu'elle passait devant le disque solaire. Après avoir été interrompu par la consultation d'un patient, il finit de minuter le transit et inscrivit ses observations sur un tableau noir. Ces preuves s'avérèrent suffisantes pour convaincre Jean Joseph Le Verrier, l'astronome le plus illustre de France. Le Verrier émit l'hypothèse que l'attraction gravitationnelle de Vulcain expliquait la précession du périhélie de Mercure (le point de son orbite le plus rapproché du soleil) qui est de quarante-trois secondes d'arc tous les cent ans. Malheureusement, l'existence de la planète de Lescarbault, également baptisée Vulcain, ne fut jamais confirmée. Aujourd'hui, on pense que le médecin de campagne et des centaines d'autres après lui se sont trompés, d'une manière ou d'une autre...
L'existence de Vulcain, une petite planète que l'on supposait plus rapprochée du Soleil que Mercure, fut authentifiée en 1859 par une autorité aussi compétente que Le Verrier. Ses soupçons avaient été éveillés par la toute petite déviation que Mercure subissait dans son orbite. Épluchant les observations, il en trouva plusieurs qui décrivaient un disque noir entraperçu devant le Soleil. Le Verrier sélectionna les plus sérieuses et calcula que Vulcain devait orbiter à environ 20 millions de kilomètres du Soleil, pendant une année de 20 jours terrestres.
Il était clair que les observations complémentaires de Vulcain nécessiteraient à la fois de la chance et de l'adresse. Car il était la plupart du temps perdu dans l'éclat du Soleil. On pouvait seulement le détecter durant les éclipses solaires ou ses «transits» périodiques du Soleil. Le Verrier calcula que la meilleure date d'observation serait le 22 mars 1877.
Dans les années suivantes, d'autres rapports parurent en ordre dispersé et quelques manuels ajoutèrent Vulcain à la liste des planètes. Ainsi, ce fut une grande déception lorsque aucun astronome parmi ceux qui observèrent le ciel en 1877 ne réussit à repérer Vulcain. Les espoirs ressurgirent pourtant l'année suivante quand deux astronomes américains observèrent séparément une éclipse et repérèrent tout près du Soleil une étoile inconnue.
Un rédacteur de Popular Science écrivit :
Les intéressantes observations du Pr Watson et de Mr Swift ne stimuleront pas seulement les astronomes dans leur recherche de la planète présumée, mais devront conduire à un examen plus approfondi de l'espace compris dans l'orbite de Mercure. Il n'est pas improbable que la détection de Vulcain ne soit que la première d'une série de découvertes similaires.
Malheureusement, plus personne ne retrouva trace de Vulcain, et les astronomes échaudés se montrèrent désormais beaucoup plus prudents.
Serait-ce une des planètes inconnues dont parlent les sumériens?
Source: Le Grand Livre du Mystérieux.