Histoire à épisodes, vous ne lirez pas tout d'un coup ![i]
Cette histoire de fantôme s'est déroulée il y a une quarantaine d'années. Des témoins du phénomène sont encore parmi nous. Le récit qui va suivre me fut conté en 1985 par le professeur Robert Tocquet de l’Institut Métapsychique International.
Une incroyable histoire de fantôme dans un ancien prieuré, un article signé Jean-Pierre Girard
Il circule plusieurs versions de ces mystérieuses apparitions. L'une d'elles, plus complète, figure dans l'excellent Dictionnaire du Mystère de René Louis, à l'article "Revenant".
Dans les années cinquante, Mme R. et ses deux fils emménagent dans un prieuré du XVIIe siècle, qui fut jadis exproprié durant la Révolution et vendu comme Bien National, car les religieux ne voulurent pas se soumettre au serment exigé par le nouveau régime. La famille R. avait fait une bonne affaire, car la propriété avait été superbement restaurée et entretenue par son ancien propriétaire. Les nouveaux acquéreurs n'avaient pas très bien compris pour quelle raison l'ancien propriétaire avait manifesté tant de hâte de se débarrasser de cette superbe demeure, bien qu'il ne parût nullement dans la gêne.
Soudain une forme floue apparaît
Or, par une nuit de juillet, quelques jours à peine après son installation, Mme R. est réveillée par les aboiements de ses chiens et voit avec stupeur dans la pénombre, une sorte de brouillard opaque dessinant une forme floue, se glisser dans sa chambre, qui fut celle de l'ancien prieur.
L'apparition, de forme humaine, prend corps peu à peu et se révèle être un moine vêtu d'une robe de bure, à capuchon. Sans prêter attention à la nouvelle propriétaire des lieux immobilisée dans son lit par la peur, le moine se dirige vers la cheminée, devant laquelle il s'agenouille et se met à prier. L'étrange personnage se relève et gagne une alcôve attenante où il disparaît. Mme R., qui se trouve seule dans la maison, ne parvient pas à se rendormir.
Le lendemain matin, au petit jour, comme tout semble calme, elle s'enhardit et inspecte toutes les pièces de la vieille bâtisse où elle ne retrouve aucune trace du passage de l'intrus. Elle se dit alors qu'elle a dû rêver, et ne parle à personne de ses frayeurs nocturnes.
Plusieurs semaines passent sans autre incident. Mais une nuit, le spectre réapparaît. De même que la première fois, elle n'eut pas le courage de réagir. Mais cette fois elle était certaine de ne pas rêver : une forme humaine venait prier devant la cheminée de sa chambre, celle-la même qu'occupait autrefois le prieur.
Mme R. tient un journal des apparitions
Mme R. informa de ces apparitions le professeur Robert Tocquet, ami de feu son mari, et qui recueillait depuis des années tous les témoignages sur les phénomènes surnaturels. Notons au passage, qu’outre sa formation de scientifique, Robert Tocquet possédait des connaissances approfondies en matière d’illusionnisme, ce qui lui permettait quelque discernement lorsqu’il était amené à étudier ce genre de phénomène. Sur son conseil, Mme R. tiendra dès lors un journal où elle notera minutieusement les événements surprenants qu'elle va vivre.
Le spectre revint une troisième fois. Comme lors des deux premières visites ce furent ses chiens qui la réveillèrent, et il sembla à l'observatrice que cette fois le moine apparaissait moins flou, et qu'elle pouvait mieux le détailler.
«Je me demandai, note Mme R., si cette forme n'était pas venue tous les jours pendant mon sommeil et bien avant que nous n'habitions cette maison.»
Ayant bien réfléchi aux événements, Mme R. prit la chose du bon côté et se prit à espérer que son fantôme reviendrait car elle se promit de lui demander qui il est et d'où il vient.
Quelques jours passent sans visite nocturne.
«Un soir enfin, écrit-elle, alors que je venais d'éteindre ma lampe et de m'étendre dans mon lit, mes chiens aboyèrent à la mort, et je vis soudain la porte de ma chambre s'ouvrir doucement.»
.../...