La
tuerie du Bar du Téléphone (appelée aussi massacre de la Saint Gérard) est le nom donné à l'assassinat de dix personnes qui s'est produit le 3 octobre 1978 dans un bar du quartier du Canet (14e arrondissement de Marseille).
L'affaire fut à l'époque largement reprise par les médias nationales et contribua à entretenir la "mauvaise réputation" de Marseille.
Cette tuerie bat le triste record du massacre de la Saint-Valentin perpétré à Chicago le 14 février 1929 par le gang d'Al Capone et qui avait fait sept morts.
Les faitsLe 3 octobre 1978, vers 20h10, des hommes armés de pistolets et de fusils pénètrent dans le bar du Téléphone situé 8 boulevard du Commandant-Finat-Duclos à Marseille et abattent toutes les personnes présentes. Dix personnes sont tuées : les consommateurs (Alain Armanian, Guy Audemard, Fernand Bourrelly, Henri Ciron, Francis Fernandez, Noël Kokos, Jean-Claude Quercia, Paul Straboni et Marcel Touchard) et le patron du bar (André Léoni). Seule rescapée, la femme du patron (Nicole Léoni) qui était montée dans ses appartements quelques instants auparavant.
Alertés par des témoins, les policiers et les pompiers arrivent sur les lieux. Ils découvrent alors un spectacle hallucinant. « Il y avait tellement de sang par terre qu'on en avait jusqu'aux chevilles » se rappellera le commandant Christian Maraninchi, inspecteur à l'époque des faits.
L'enquêteLes témoins présents sur le lieu du drame apportent peu d'éléments. On sait seulement que les tueurs étaient trois, portant des bas sur la tête et des passe-montagnes, et qu'une fois leur forfait accompli, ils ont profité de l'obscurité pour s'enfuir à pied par le boulevard Finat-Duclos. Ce qui est sûr, c'est qu'il s'agissait de professionnels qui ont opéré méthodiquement mais rapidement. Les premières victimes ont été abattues d'une balle dans la tête, les suivantes sont touchées à l'abdomen. Alors que certains témoins parlent de centaines de coups de feu, les tueurs n'ont pas dépassé les quatre minutes pour agir. Par contre, les miroirs n'ont pas été brisés, ni même touchés, pas plus que les bouteilles et les verres.
Parmi les victimes, quatre d'entre elles (dont deux qui sortaient de prison) étaient connues des services de police, mais elles n'avaient commis que des délits mineurs. Les autres sont inconnues des autorités.
Les hypothèsesL'enquête a donné lieu à diverses hypothèses, mais aucune n'a abouti faute de preuves et de crédibilité.
Les principales hypothèses proposées furent les suivantes :
- il s'agissait d'un nouvel épisode de la sanglante guerre des gangs que se livraient à l'époque le clan de Tany Zampa et Jacky le Mat (seize morts en seize mois comptabilisés à Marseille avant cet épisode tragique). Cette thèse aurait pu être corroborée par le fait qu'on découvre, au cours de l'enquête, que l'une des victimes, Noël Kokos, avait été un porte-flingue du milieu. Elle a cependant été exclue par Honoré Gévaudan, directeur des Affaires criminelles au ministère de l'Intérieur, qui est venu à Marseille pour prendre lui-même en main la direction de l'enquête, car il considérait que dans cette affaire les lois du milieu n'avaient pas été respectées, l'une des principales voulant que l'on épargne les innocents.
- il s'agirait d'un règlement de comptes entre proxénètes qui aurait "mal tourné".
- il s'agirait d'un règlement de compte dans le cadre d'un trafic de fausse monnaie.
- il s'agirait d'un complot fomenté par des barbouzes ou des membres du SAC.
La tuerie du Bar du Téléphone demeure donc à ce jour une énigme policière qui n'a pas trouvé d'explication, ni de coupables.
À noter que le juge d'instruction chargé de l'affaire était Pierre Michel, lui-même abattu le 21 octobre 1981, soit trois ans après, presque jour pour jour.
complement d'information sur 13ème rue :
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