L'Inquisition fut l'un des fléaux les plus abominables de l'histoire de la chrétienté. Aucune autre institution de l'histoire de l'Église ne fut aussi immonde, injuste et... non-chrétienne. Quand elle s'arrêta enfin, en 1834, des milliers de vies avaient été détruites et des dizaines de milliers d'autre gâchées par la prison et la confiscation des biens. Des populations entières furent exilées et l'Église catholique romaine se fit un renom sinistre qui résonne encore aujourd'hui.
Les acteurs de l'Inquisition , ont trouvé des justifications à la fois bibliques et théologiques. Les passages de la Bible les plus cités par les premiers inquisiteurs provenaient des Lois de Moïse, dans l'Ancien Testament. Ceci peut bien sûr être discuté d'un point de vue théologique puisque ces lois, concernant certaines restrictions alimentaires par exemple, furent totalement ignorées par l'Église dès le 1er siècle, alors qu'elles devinrent au XIIIe siècle parfaitement applicables pour envoyer des milliers de personnes au bûcher !
De nombreux éléments tirés des lois de Moïse furent repris avec ferveur par l'Inquisition, dont :
« Purge » des « prophètes ou songeurs qui annoncent un signe ou un prodige » (les charges qui ont conduit à la mort de Jeanne d'Arc)
Les membres d'une même famille furent encouragés à témoigner les uns contre les autres
Mise à mort des hérétiques en tant qu'exemple pour les autres
Guide afin de « faire des recherches, examiner, interroger avec soin » les villes qui se sont égarées : un bon code de conduite pour les futurs inquisiteurs !
Destruction de villes entières afin d'éliminer l'hérésie.
Il est difficile de comprendre aujourd'hui pourquoi certains groupes ascétiques (comme les Dominicains et les Franciscains) étaient accueillis à bras ouverts par l'Église (et furent même les premiers inquisiteurs), alors que d'autre groupes similaires (les Vaudois, les Cathares, les Fraticelli) étaient traqués et finissaient sur le bûcher. La réponse est pourtant relativement simple : les premiers étaient soumis à l'autorité de Rome, alors que les seconds la rejetaient, ainsi que celles du pape et du clergé.
Il est à noter que, même avant la mise en place de l'Inquisition papale en 1227/31, les évêques locaux pouvaient légalement enquêter et juger des hérétiques dans des tribunaux ecclésiastiques régionaux. Ce qui fit la distinction est que les inquisiteurs n'obéïssaient théoriquement qu'au pape et non à une évêque local ni même à la tête de leurs ordres respectifs. Cette autonomie permettait à l'Inquisition d'agir en tribunal indépendant, d'aller où elle voulait, quand elle le voulait et de juger qui elle voulait sans interférence de la part des autorités séculaires ou ecclésiastiques locales. (Ceux qui tentèrent d'intervenir furent bien entendu considérés comme hérétiques eux-mêmes.)
La machine infernale de la puissance de l'Inquisition commençait juste de s'emballer et allait durer pour les six siècles à venir.
Cibles de l'Inquisition médiévaleles cathares
les vaudois
les templiers
jeanne d'arc
Jans Hus
Les Fraticelli
Les inquisiteurs de l'Inquisition épiscopaleBernard Gui – Celui-ci servit en tant qu'inquisiteur à Toulouse pendant 17 ans jusqu'en 1324. Il est souvent considéré comme étant responsable de l'éradication des derniers restes du Catharisme en France. Durant son office en tant qu'inquisiteur, il a condamné 930 hérétiques, dont 45 à mort [Durant, Age of Faith, p. 783]. Il est également célèbre pour avoir écrit un manuel à l'usage des inquisiteurs vers 1323, Practica inquisitionis hæreticae pravitatis. Dans ce livre, il nomme les « pires hérétiques » , dont les Cathares, les Vaudois, les Juifs, les sorcières et les voyants. L'histoire, quelque peu romancée, des exploits de Bernard Gui se retrouve dans l'excellent livre (et film) Le Nom de la Rose d'Umberto Eco.
Robert le Bulgare ou Robert le Dominicain – Ancien Cathare converti, il fut inquisiteur pour le nord-est de la France vers 1233. Il était réputé pour préférer les jugements en public plutôt qu'en huis-clos. En 1239, il condamna 183 Cathares à Mont-Aimé et tous furent brûlés en une seule exécution. Il fut finalement déchu de son office et emprisonné sur ordre du pape.
Conrad de Marbourg – Il fut le principal inquisiteur d'Allemagne, prenant office en 1227. Considéré généralement comme fou, il encourageait les actions de meutes de villageois dans la capture des hérétiques et il était également convaincu qu'il existait de vastes groupe organisés d'adorateur du Diable dans toute l'Allemagne. Il croyait que le Diable prenait la forme d'un chat et fut à l'origine de la superstition donnant la gent féline comme instrument des sorcières. Il fut finalement forcé de démissionner après avoir accusé un puissant noble d'hérésie. Des amis de sa victime l'assassinèrent en 1233.
Pierre de Vérone – Ce moine Dominicain mit en place l'Inquisition en Italie. Il fonda une société religieuse (La Compagnia della Fede) qui combattit les Cathares dans des combats de rues en 1245. Il fut assassiné à Milan en 1252, puis fut canonisé un an plus tard en tant que « Saint Pierre le Martyre ».