Les écrits de Giordano BrunoCosmologieDès 1584 (Le Banquet des cendres), Bruno adhère, contre la cosmologie d'Aristote, à la cosmologie de Copernic (1543), à l'héliocentrisme : double mouvement des planètes sur elles-mêmes et autour du Soleil, au centre.
Mais Bruno va plus loin : il veut renoncer à l'idée de centre. « Il n'y a aucun astre au milieu de l'univers, parce que celui-ci s'étend également dans toutes ses directions. » Chaque étoile est un soleil semblable au nôtre, et autour de chacune d'elles tournent d'autres planètes, invisibles à nos yeux, mais qui existent.
« Il est donc d'innombrables soleils et un nombre infini de terres tournant autour de ces soleils, à l'instar des sept « terres » [la Terre, la Lune, les cinq planètes alors connues : Mercure, Vénus, Mars, Jupiter, Saturne] que nous voyons tourner autour du Soleil qui nous est proche. » (Giordano Bruno, L'Infini, l'Univers et les Mondes, 1584).
Le monde est infini, sans clôture.Contre Copernic, Bruno « abolit » la sphère des étoiles fixes, puisque dans toutes les directions, à l'infini, le vide immense est parsemé d'étoiles. « Intuition remarquable, dit un commentateur. Pour la première fois dans l'histoire de la pensée humaine, le ciel acquiert une profondeur. Plus exactement, c'est la notion même de ciel qui s'évanouit, pour laisser place à celle d'espace, homogène, c'est-à-dire identique à lui-même, dans toutes les directions. »
Bruno est le premier à postuler, contre la doctrine de l'Église de l'époque, la pluralité de mondes habités dans son ouvrage De l'infinito universo et Mondi. Il postule que les étoiles sont des soleils, plus petits car éloignés et que ceux-ci peuvent abriter d'autres créatures à l'image de Dieu.
« Ainsi donc les autres mondes sont habités comme l'est le nôtre ? demande Burchio. Fracastorio, porte-parole de Bruno répond : Sinon comme l'est le nôtre et sinon plus noblement. Du moins ces mondes n'en sont-ils pas moins habités ni moins nobles. Car il est impossible qu'un être rationnel suffisamment vigilant puisse imaginer que ces mondes innombrables, aussi magnifiques qu'est le nôtre ou encore plus magnifiques, soient dépourvus d'habitants semblables et même supérieurs. » (Giordano Bruno, L'Infini, l'Univers et les Mondes).
Contrairement à Copernic, il n'appuie pas ses dires sur des preuves mathématiques. « Concernant la mesure du mouvement [des corps célestes], la géométrie ment plutôt qu'elle ne mesure » (De immenso). Il se fie au jugement de l'intellect : « C'est à l'intellect qu'il appartient de juger et de rendre compte des choses que le temps et l'espace éloignent de nous. »
PhilosophieGiordano Bruno développe plusieurs idées qui feront fortune, bien qu'elles remontent à l'Antiquité : monade, infini.
En 1591, à Francfort, Giordano Bruno a écrit en latin deux poèmes sur la monade : « Du triple minimum » (« De triplici minimo ») et « De la monade, du nombre et de la figure » (« De monade, numero et figura »). Il appelle minimum ou monade une entité indivisible qui constitue l'élément minimal des choses matérielles et spirituelles. La monade, qui correspond au point des mathématiques et à l'atome de la physique, est cet être primitif, impérissable de nature aussi bien corporelle que spirituelle, qui engendre, par des rapports réciproques, la vie du monde. C'est une individualisation extrinsèque de la divinité ; existence finie, elle est un aspect de l'essence infinie. Dieu, minimum et maximum, est la Monade suprême d'où s'échappent éternellement une infinité de monades inférieures.
Giordano Bruno est le champion de l'idée d'infini.
« Nous déclarons cet espace infini, étant donné qu'il n'est point de raison, convenance, possibilité, sens ou nature qui lui assigne une limite. » (Giordano Bruno, L'Infini, l'Univers et les Mondes).
Hylozoïste, il pense que tout est vivant, et panpsychiste, il pense que tout est psychique.
« La Terre et les astres (...), comme ils dispensent vie et nourriture aux choses en restituant toute la matière qu'ils empruntent, sont eux-mêmes doués de vie, dans une mesure bien plus grande encore ; et vivants, c'est de manière volontaire, ordonnée et naturelle, suivant un principe intrinsèque, qu'ils se meuvent vers les choses et les espaces qui leur conviennent » (Le Banquet des cendres).
« Toutes les formes de choses naturelles ont des âmes ? Toutes les choses sont donc animées ? demande Dicson. Theophilo, porte-parole de Bruno, répond : Oui, une chose, si petite et si minuscule qu'on voudra, renferme en soi une partie de substance spirituelle ; laquelle, si elle trouve le sujet [support] adapté, devient plante, animal (...) ; parce que l'esprit se trouve dans toutes les choses et qu'il n'est de minime corpuscule qui n'en contienne une certaine portion et qu'il n'en soit animé. » (Cause, Principe et Unité, 1584).
Et ce qu'on peut dire de chaque parcelle du grand Tout, atome, monade, peut se dire de l'univers comme totalité. le monde en son cœur loge l'Âme du monde (Cause, Principe et Unité).
Le monde est infini parce que Dieu est infini. Comment croire que Dieu, être infini, aurait pu se limiter lui-même en créant un monde clos et borné ?
« Il n'y a qu'un ciel, une immense région éthérée où les magnifiques foyers lumineux conservent les distances qui les séparent au profit de la vie perpétuelle et de sa répartition. Ces corps enflammés sont les ambassadeurs de l'excellence de Dieu, les hérauts de sa gloire et de sa majesté. Ainsi sommes-nous conduits à découvrir l'effet infini [le monde] de la cause infinie [Dieu] ; et à professer que ce n'est pas hors de nous qu'il faut chercher la divinité, puisqu'elle est à nos côtés, ou plutôt en notre for intérieur, plus intimement en nous que nous ne sommes en nous-mêmes. » (Giordano Bruno, Le Banquet des cendres).
MnémotechniqueDans le De umbris idearum (Sur les Ombres des Idées, 1583), il adopte, comme le fit Lulle, des roues concentriques capables d'engendrer tous les mondes possibles et de restaurer les pouvoirs occultes des images astrologiques et magiques des décans à l'intérieur des signes zodiacaux. La même année, sur le même sujet, il publie : Ars reminiscendi (L'Art de remémorer), Explicatio triginta sigillorum (Explication de trente sceaux), Sigillus sigillorum (Le Sceau des sceaux).
MagieGiordano Bruno a écrit divers livres de magie. En 1589 : De magia mathematica (Sur la Magie mathématique), De magia naturali (Sur la Magie naturelle), Theses de magia (Thèses sur la magie), De rerum principiis et elementis et causis (Sur les principes, éléments et causes des choses), Medicina lullina (Médecine lulienne). Puis : Lampas triginta statuarum, De vinculis in genere (1591).
Influences donnéesL'œuvre de Bruno est d'une rare complexité. Elle embrasse des domaines très variés : extraordinairement pionnier (en astronomie, en physique ou en philosophie), Bruno s'intéresse également à l'astrologie (comme plus tard le feront Kepler et Newton), l'occulte et la magie, à laquelle est consacrée De vinculis in genere en 1591. De même, sa vie foisonne de combats et de péripéties.
Source: Wikipédia