Les êtres Fabuleux dans l’histoire[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] L’antiquité ne doutait nullement de l’existence de monstres moitié homme, moitié bête. Les sculptures et peintures sauvées des naufrages du temps, nous donnent une représentation fidèle et variée d’êtres imaginaires, tels que:
Satyres, Faunes, Égypans, Sylvains, Tytires, Centaures, Sphinx, etc.
Nous pensons aujourd’hui que ces formes agréables ou hideuses cachaient un sens allégorique ; cela est possible ; mais les historiens de ces époques étaient loin de penser de même. Ainsi, Hérodote place une nation entière de Faunes dans les épaisses forêts de la Scythie; Pline, Elien l’assurent également.
Le bon Plutarque rapporte que, du temps de Sylla, un Faune, très bien proportionné, fut surpris à Nymphée, près d’Apollonie, et amené à Rome : les curieux virent ce dieu des forêts, attestèrent qu’il n’avait aucun langage, et que sa voix tenait le milieu entre le hennissement d’un étalon furieux et le gémissement du bouc. Ce Faune, qu’on promenait dans différents cercles de l’aristocratie romaine, montrait peu d’affection pour la société des hommes ; pour celle des femmes, c’était tout le contraire. Le beau sexe produisait sur ce demi-dieu à pieds fourchus une impression si violente, et tout son corps entrait dans une exaltation telle, qu’on était obligé de le lier, dans la crainte d’accidents.
Philostrate raconte qu’on prit, en Ethiopie, un Égypan très musculeux et très habile à la course. Doué d’un naturel fort doux, on parvint facilement à le civiliser ; il aimait beaucoup les enfants et recherchait leur société ; ne pouvant les amuser par des contes, puisqu’il était privé de la faculté de parler, il les divertissait par des gambades, des sauts périlleux et mille cabrioles très risibles.
Les prêtres égyptiens ont soutenu qu’une famille de sphinx très versée dans la botanique, avait autrefois existé près des sources du Nil : Les hommes furent assez méchants pour l’exterminer tout entière, sous un prétexte frivole.
Il est très probable que les anciens ont pris les grands singes pour une espèce d’hommes ; la tradition qui altère toujours les narrations de témoins oculaires, et l’imagination des poètes qui s’égare toujours dans les régions du merveilleux, en auront fait des Égypans.
Jérôme dit positivement, dans la Vie d’Antoine, que ce pieux ermite trouva dans le désert, non seulement des démons, sous la forme de Centaures, mais de beaux et bon Satyres, qui, fort heureusement, n’eurent contre lui aucun projet hostile. Au contraire, un de ces Satyres, après avoir déjeuné avec Antoine, lui demanda en grâce de prier pour lui, ce qu’Antoine lui promit de bon coeur. Jérôme fait les réflexions suivantes : que l’existence des Satyres est suffisamment démontrée pour lui, et que parmi eux il s’en trouve qui feraient d’excellents moines. — Devant une profession de foi aussi claire, que répondre ? Faut-il croire ou douter ?
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Source > « Histoire naturelle de l’homme et de la femme » de A. Debay, édité par E. Dentu Paris 1865. Extrait du Chapitre VI « Satyres ».1