Le temps du rêve, ou Dreamtime
La création du monde selon les Aborigènes Australiens Le temps du rêve (Tjukurpa en langue anangu), aussi appelé « le rêve », est le thème central de la culture des aborigènes d'Australie. Le « temps du rêve » explique les origines de leur monde, de l’Australie et de ses habitants.
Cette notion complexe désigne un espace temps parallèle ainsi que le Temps des origines et se réfère donc à la fois à une dimension sacrée actuelle et au passé.
Les Aborigènes pensent qu’il y a très longtemps la terre était plate, noire, sans vie. Des esprits qui se trouvaient sous terre ou dans le ciel à l’état larvaire se sont éveillés, sont sortis de la terre ou sont tombés du ciel et, par leurs actions, ont créé la vie et le relief (tel héros s’engouffrant ici dans la terre créant un point d’eau, ressortant là, faisant apparaître une montagne…).
Ces êtres pouvaient changer de forme à volonté, passer d’une forme humaine à une forme mi-homme mi-animal, et possédaient des capacités physiques extraordinaires puisque un Ancêtre Ver pourra voler, un Poisson marcher et parler. Avant de disparaître ils ont donné vie à une espèce animale ou végétale qui porte son nom : dingo, kangourou, larve witchetty, liane serpent …
Ce sont ces démiurges qui ont institué les rites et les règles sociales. Le Rêve est à l’origine de toute chose, il donne une explication à tous les phénomènes (comme la pluie, le cycle des saisons,…), il est donc la Loi.
Tout ce qui existe a son origine dans le Rêve. Les dingos existent parce qu’il y a un Rêve de Dingo et ainsi de suite pour tout, et une fois mort on se fond à nouveau dans le Rêve.
Les croyances aborigènes sont liées au totémisme. Chaque homme descend de l’un d’eux et même est une partie de lui et ainsi il existe des hommes-goannas, des hommes-kangourous. Les Aborigènes pensent que chaque individu est donc relié à l’un de ces Esprits Ancestraux mais aussi à tout ce qu’il a créé, par exemple les dingos, qu’il dit alors être ses frères et qu’il ne peut donc chasser ou manger, mais aussi les sites, comme les points d’eau, les rochers, les arbres, qui deviennent autant de sites sacrés. Ce lien se nomme Rêve. L’individu associé à un Rêve, pour maintenir le lien qu’il a avec son Ancêtre et ce qu’il a créé, doit effectuer des rituels sur ces lieux sacrés avec les autres membres qui partagent le même Rêve. Ils sont considérés comme les gardiens des sites.
Pour nous, Le désert évoque l’aridité, une terre particulièrement inhospitalière et il est vrai que de nombreux explorateurs y laisseront la vie. Le pays des Aborigènes n’est pas pour eux une vaste zone hostile, mais un vaste lieu baigné par l’énergie des Ancêtres. La force vitale des grands Ancêtres du Temps du Rêve imprègne toujours le milieu ambiant, les êtres vivants, les rochers, les points d’eau ou le soleil. C’est pourquoi l’Aborigène pense que sa vie est en relation avec tout ce qui l’entoure, et que chaque chose (arbre, rocher,animal, insecte...) est animé d'un même esprit universel. Les Aborigènes sont donc de véritables écologistes, ils s'identifient à la terre et ne comprennent pas le monde d'aujourd'hui où on cherche à la posséder, la transformer, ou la détruire.
Les grands mythes du Temps du Rêve varient selon les régions, selon les ethnies, mais il existe un tronc commun.
Le Dreamtime: la base de la religion Aborigène La religion des Aborigènes est basée sur une croyance: selon eux, la vie est apparue lors du Dreamtime ou "Temps du Rêve". Des ancêtres géants étaient sortis de terre pour donner une réalité à toute chose avec leurs chants; le serpent Arc-en-ciel créa par exemple les rivières. Ceci les pousse donc à considérer le pays dans lequel il vivent comme bien plus qu'un simple territoire, c'est de la musique materialisée qui ne doit subir aucun dommage.
Le temps du rêve désigne l’ère qui précède la création de la Terre, une période où tout n'était que spirituel et immatériel. Baiame, le Premier Être, donne ensuite sa forme au monde en le rêvant.
La légende du "Temps du Rêve"Au début, il n'y avait que le ciel et la terre. Puis, le soleil est apparu. Les ancêtres (des êtres invisibles) se sont alors réveillés et ont fait apparaître les plantes, les animaux, les rivières et les montagnes. Ils ont aussi créé les premiers hommes et femmes : le peuple aborigène. Les ancêtres ont ensuite parcouru l'Australie pour tracer les routes de ce nouveau peuple, et établir leurs lois. Ensuite, ils s'endormirent de nouveau. Les aborigènes appellent "le temps du rêve", le moment de la création de leur monde
Selon les aborigènes le temps du rêve existe toujours et peut être atteint pour des besoins spirituels. Au travers du temps du rêve, il serait possible de communiquer avec les esprits et de déchiffrer le sens des mauvais présages, maladies et autres infortunes.
Les traces du rêveDans la conception aborigène du monde, chaque événement laisse une trace sur terre et tout dans la nature découle des actions d’êtres métaphysiques qui créèrent le monde. La signification de certains lieux et de certaines formations naturelles est liée à leur origine dans le temps du rêve. Certains lieux ont donc un « pouvoir de rêve » dans lequel réside le sacré.
Ainsi, les Noongar de la région de l’actuelle ville de Perth sur la rive ouest de l’Australie, croient que l’escarpement rocheux « Darling Scarp » est le corps d’un Wagyl (encore transcrit Waugal ou Waagal) un être ophidien gigantesque du temps du rêve, qui en serpentant dans le paysage a créé lacs et rivières (en particulier la Swan).
Selon certaines versions (il existe de nombreuses cultures aborigènes en Australie) les esprits des ancêtres qui ont créé la Terre se retirèrent au fur et à mesure que le temps du rêve s’évanouissait. Dans une autre version, Altjira était le dieu du Temps du rêve qui créa la terre et se retira comme le temps du rêve disparaissait.
Une fois leur actes créateurs terminés, les grands esprits ancestraux sont apparus en rêve aux premiers êtres humains pour leur indiquer en détail les itinéraires de pélérinage de ces "Sites du Rêve". Voyant leur vie comme un voyage en quête de leurs ancêtres, les aborigènes allaient de sites en sites (walkabout) suivant ces chemins préétablis appelés "songlines". Lors de ce parcours initiatique, ils chantaient des airs du Dreamtime adaptés à chaque lieu - colline, source ou rocher - car les esprits demeurent à jamais dans ce qu'ils ont créé.
Les épisodes du temps du rêve ont été transmis par la tradition orale et par des peintures rupestres
Le Serpent arc-en-ciel. NgalyodLe Serpent arc-en-ciel ou Waagal, appelé aussi Wagyl ou Yurlungur est un être mythologique majeur pour le peuple Aborigène d'Australie.
Il est considéré comme l'habitant permanent des puits et contrôle ainsi l'eau, la source de vie la plus précieuse. Parfois imprévisible, c'est le Serpent arc-en-ciel qui rivalise avec l'implacable soleil, pour reconstituer les réserves d'eau. Ce combat épique est décrit dans le Temps du rêve.
C'est donc un protecteur bienfaiteur de son peuple, mais il peut aussi punir ceux qui enfreignent la loi. Il donne et reprend la vie. La mythologie du Serpent arc-en-ciel est étroitement liée à la terre, à l'eau, à la vie, aux relations sociales et à la fertilité. Il existe de nombreuses histoires associées au Serpent arc-en-ciel, ce qui traduit l'importance de cet être mythique dans les traditions aborigènes.
Pour le nomade aborigène marchant dans le 'bush', le serpent est un signe de la Terre indiquant un point d'eau proche et l'arc-en-ciel est un signe du Ciel indiquant une pluie récente dans cette direction. Tout deux étant des signes bénéfiques.
Il existe plusieurs représentations du serpent arc-en-ciel sur les parois des grottes situées dans la Terre d’Arnhem (Territoire du Nord).
Certaines peintures remontent à environ 10 000 ans. Cette créature mythique est donc vénérée depuis fort longtemps.
Ce serpent-dragon porte plusieurs noms : Kurreah, Andrenjinyi, Yingarna ou Ngalyod
Ngalyod est le créateur de Kunwinjku situé sur la Terre d’Arnhem.
SymbolismeDans la mythologie australienne, le serpent –arc-en-ciel est le Créateur du monde et de toutes les créatures qui l’habitent.
Selon les tribus, il est plus ou moins malveillant ou bienveillant. Il n’est ni masculin, ni féminin.
Ngalyod est le premier enfant de Yingarna, la Mère. Mais bien que Mère, elle est androgyne comme ses enfants.
Ngalyod est un serpent-dragon qui fait naître des sources et est lié à la production de la pluie. Il est donc le symbole de la fertilité.
Mais, il est également responsable des tempêtes et des inondations. Sa colère se manifeste quand l’homme viole les lois de la nature.
Le serpent arc-en-ciel engloutit alors ces hommes et recrachent leurs os qui sont instantanément transformés en pierre.
Le serpent-dragon est à ce titre associé à la terre. Symbole de la pluie céleste, il féconde la terre.
Il symbolise également les rythmes naturels, les rythmes de la vie.
Lors des cérémonies et des rituels, on vénère d’une part Ngalyod, le mâle qui est le transformateur de la terre et d’autre part, Yingarna, la Mère, la version féminine et complémentaire de Ngalyod.
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