L’assassinat d'Abraham Lincoln a eu lieu le 14 avril 1865 à Washington. Le seizième président des États-Unis, Abraham Lincoln, est tué par balle alors qu'il assiste à la représentation de la pièce de Tom Taylor, Our American Cousin (titre français : Lord Dundreary. Notre cousin d'Amérique.), au théâtre Ford en compagnie de son épouse et de deux invités. L'assassin de Lincoln, l'acteur et sympathisant de la cause confédérée John Wilkes Booth, a recruté plusieurs complices, dont Lewis Powell et George Atzerodt, qu'il a chargés d'assassiner respectivement le secrétaire d'État William H. Seward et le vice-président Andrew Johnson. Par ce triple meurtre, Booth espère créer le chaos et renverser le gouvernement de l'Union. Malgré la mort de Lincoln, son complot échoue : Powell agresse Seward, mais ce dernier se remet de ses blessures, et Atzerodt, pris de panique, s'enfuit de Washington sans avoir vu Johnson.
La chasse à l'homme est organisée par l'armée sitôt après l'attentat. Powell est arrêté le 17 avril et Atzerodt le 20. Booth et l'un de ses complices, David Herold, après avoir fui les lieux de leur forfait, se retrouvent dans le Maryland et parviennent à échapper à leurs poursuivants jusqu'au 26 avril. Encerclés par l'armée, Herold se rend, mais Booth refuse et est abattu. De nombreux suspects sont arrêtés, mais finalement ce sont sept hommes et une femme qui sont jugés par un tribunal militaire dès le 9 mai 1865. Le 30 juin, tous sont reconnus coupables par la cour, quatre d'entre eux sont condamnés à la peine de mort et exécutés par pendaison, le 7 juillet 1865.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]L'attentatLa loge présidentielle du Théâtre Ford, deux jours après les faits. Photo Mathew Brady.
Abraham Lincoln et son épouse Mary Todd Lincoln se préparent à assister à la représentation de la pièce Our American Cousin de Tom Taylor. Contrairement aux informations que Booth a lues dans les journaux, le général Grant et son épouse ont décliné l'invitation des Lincoln. Plusieurs autres personnalités ont été invitées et c'est finalement le major Henry Rathbone et sa fiancée Clara Harris (fille du sénateur Ira Harris) qui se joignent au couple présidentiel.
Le président et la première dame arrivent au théâtre Ford après que la représentation a débuté. Ils ont été retenus à la Maison-Blanche par le sénateur du Missouri John B. Henderson qui est venu plaider avec succès pour une grâce présidentielle en faveur de George S. E. Vaughn, convaincu d'espionnage au profit des Confédérés et condamné à mort. Cette grâce est le dernier acte officiel de Lincoln. Les époux Lincoln gagnent la loge présidentielle et le spectacle s'interrompt brièvement pour marquer leur arrivée qui est applaudie par les spectateurs.
La loge est censée être gardée par le policier John Frederick Parker (en), garde du corps affecté à Lincoln bien que ce choix soit curieux, ce policier ayant fait l'objet de nombreux rappels à l'ordre pour des faute et infractions à la discipline. Pendant l'entracte, Parker est parti boire un verre à la taverne voisine avec le cocher de la berline de Lincoln. On ne sait pas s'il est retourné par la suite au théâtre, mais il n'est certainement pas à son poste quand Booth entre dans la loge.
Vers neuf heures, le 14 avril 1865, Booth arrive à l'entrée des artistes, où il tend les rênes de son cheval à un machiniste nommé Edmund Spangler. Spangler, occupé, demande à Joseph Burroughs de prendre soin de la monture. Connu des employés et familier des lieux, Booth pénètre dans l'antichambre de la loge présidentielle et en bloque la porte. À ce moment, madame Lincoln murmure à son époux qui lui tient la main : « Que va penser mademoiselle Harris que je vous tienne ainsi la main ? » Le président répond : « Elle n'en pensera rien du tout. » Ce sont les dernières paroles que prononce Abraham Lincoln. Il est environ dix heures et quart.
Booth connaît bien la pièce qui se joue sur la scène et il attend le moment où, à l'acte III, scène 244, l'acteur Harry Hawk, qui interprète le rôle d'Asa Trenchard, le cousin d'Amérique un peu rustre mais sympathique, dira son fait à l'insupportable Mrs Mountchessington qui pose, hautaine, à la grande dame anglaise : le franc-parler d'Asa Trenchard, son fort accent populaire et très américain déchaînent toujours la joie et l'hilarité du public dont le brouhaha couvrira la détonation. Alors que Hawk s'exclame : « Quoi, moi, je ne connais pas les manières de la bonne société ? Mais je crois bien que j'en connais assez pour vous dire vos quatre vérités, ma vieille ! Espèce de vieille croqueuse d'homme manipulatrice ! », Booth se précipite et tire sur la tête du président45. Mortellement blessé, Lincoln s'est effondré sur son siège. Rathbone se lève et bondit pour empêcher Booth de s'échapper, mais celui-ci lui donne un violent coup de poignard dans le bras. Rathbone se ressaisit rapidement et tente d'agripper Booth qui se prépare à enjamber la balustrade de la loge. Booth lui assène un nouveau coup et entreprend de sauter sur la scène. Lincoln rapidement se redressa sur son siège et saisit le manteau de Booth alors qu'il s'apprêtait à sauter du rebord de la boîte. Booth est tombé sur le rail de la boîte vers le bas à l'étage inférieur (environ une chute de douze pieds). Dans la foulée, son éperon d'équitation s'est empêtré sur le drapeau du Trésor décoration de la boîte, et il a atterri maladroitement sur son pied gauche, fracturé le péroné gauche, juste au-dessus de la cheville. Il parvient à se relever et, brandissant son couteau, il s'écrie : « Sic semper tyrannis ! » la devise latine de la Virginie qui signifie « Ainsi en est-il toujours des tyrans ! » Selon d'autres versions, il ajoute : « Le Sud est vengé ! » Il court ensuite sur la scène et regagne la porte par laquelle il est entré dans le théâtre et où l'attend son cheval. Quelques spectateurs se lancent à sa poursuite mais ne parviennent pas à l'attraper. Booth frappe Joseph Burroughs au front avec le manche de son poignard, saute sur sa monture et s'enfuit bride abattue. Il galope jusqu'au Navy Yard Bridge, qui traverse l'Anacostia, et vers son rendez-vous avec Herold et Powell
Mort du présidentes hurlements de Mary Lincoln et de Clara Harris, ainsi que le cri de Rathbone : « Arrêtez cet homme ! »50 font comprendre aux spectateurs que toute cette agitation ne fait pas partie du spectacle. Charles Leale, jeune chirurgien militaire en permission qui assiste à la représentation, traverse la foule et se rend à la loge présidentielle. La porte ne s'ouvre pas et Rathbone s'aperçoit qu'elle est bloquée par un morceau de bois. Il retire la cale et ouvre à Leale51.
Leale entre et découvre que Rathbone saigne abondamment d'une blessure profonde courant le long de son avant-bras. Il ne s'arrête pas à lui et s'avance directement vers Lincoln affaissé sur son siège et retenu par Mary. Lincoln était paralysé et respirant à peine. Il allonge le président sur le sol. Un second médecin, qui se trouvait lui aussi parmi le public, Charles Sabin Taft, est hissé depuis la scène par-dessus la rambarde de la loge. Taft et Leale découpent le col de Lincoln et ouvrent sa chemise, puis Leale le palpe et découvre la plaie laissée par la balle à l'arrière du crâne près de l'oreille gauche. Il en sort un caillot et la respiration est améliorée. Cependant, Leale a compris que cette amélioration n'est que provisoire. Il s'écrie : « Sa blessure est mortelle. Il lui sera impossible de guérir. »
Leale, Taft et un autre médecin, nommé Albert King, se concertent rapidement et décident que le président ne peut être ramené à la Maison-Blanche sur un attelage brinquebalant. Après avoir envisagé de le conduire dans le saloon de Peter Taltavull tout proche, ils décident de l'emmener dans une maison face au théâtre. Les trois médecins et quelques soldats qui assistaient au spectacle portent le président jusqu'à l'entrée. De l'autre côté de la rue, un homme tient une lanterne et leur dit : « Amenez-le ici ! Amenez-le ici ! » Il s'agit de Henry Safford, pensionnaire de la William Petersen's boarding house (pension Petersen) qui fait face au théâtre. Les hommes portent Lincoln dans la pension et le déposent sur le lit d'une chambre au premier étage, Lincoln sombre dans le coma après avoir été mis sur le lit
La veillée du blessé commence à la Petersen House. Les trois médecins ont été rejoints par le chirurgien général de l'Armée des États-Unis Joseph K. Barnes, le major Charles Henry Crane, le Dr Anderson Ruffin Abbott et le Dr Robert K. Stone. Crane est l'assistant de Barnes et Stone le médecin personnel de Lincoln. Les fils du président, Robert et Thomas Lincoln, les rejoignent, de même que le secrétaire à la Marine Gideon Welles et le secrétaire à la Guerre Edwin M. Stanton.
Alors que Mary Lincoln pleure dans l'un des salons, Stanton s'installe dans un autre et prend en main le gouvernement des États-Unis, envoyant et recevant des télégrammes, lisant les dépositions des témoins et organisant la poursuite de Booth57. Plus rien ne peut être fait pour le président : à sept heures vingt-deux, au matin du 15 avril, Lincoln meurt, âgé de 56 ans, 2 mois et 3 jours. Tous s'agenouillent autour du lit et prient. Lorsqu'ils se relèvent, Stanton déclare : « Now he belongs to the ages. » (« Maintenant il appartient à l'éternité ».)58 Il existe une controverse parmi les historiens quant aux mots que prononce Stanton à cet instant. Tous s'accordent sur le début : « Now he belongs to the... », mais certains affirment qu'il termine par « ages » (à l'éternité) alors que d'autres pensent qu'il achève sa phrase par « angels » (aux anges)
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Capture de Herold et mort de BoothL'émoi provoqué par l'assassinat de Lincoln a marqué durablement la conscience collective américaine.