Un autre hominidé en Sibérie il y a 40 000 ans ?
L'hominidé de Denisova est le nom donné à une espèce d'hominidé (du genre Homo) identifiée par analyse génétique en mars 2010. Les scientifiques pensent que cette espèce a vécu il y a entre 1 million et 40 000 ans, dans des régions peuplées par l'homme de Néandertal et l'Homo sapiens1.
La découverte en 2008 seulement.Une équipe de scientifiques coordonnée par Svante Pääbo de l'Institut Max-Planck d'anthropologie évolutionniste à Leipzig en Allemagne a séquencé l'ADN mitochondrial (ADNmt) extrait des fragments d'une phalange d'auriculaire provenant d'un enfant d'environ 7 ans retrouvée avec quelques dents dans la grotte de Denisova, dans les montagnes de l'Altaï au sud de la Sibérie.
Le site de la grotte de Denisova est connu depuis les années 70. Les différentes études montrent que la cavité a été utilisée par des hominidés depuis 125 000 ans
De nombreux éléments retrouvés proviennent de la transition entre le Paléolithique moyen et le Paléolithique supérieur (- 35 000 ans) : outils en pierre, perles, pendentifs, aiguilles, une coquille d'autruche gravée et un bracelet vert. Ces objets trouvés dans la grotte au même niveau que les fragments osseux ont été datés par le carbone 14 entre 30.000 et 48.000 ans.
Seules preuves d'humanité, quelques dents et fragments d'une phalange d'auriculaire ont été exhumés en 2008 sur le site.
Une nouvelle espèce !Surprise de taille, l'étude de l'ADM mitochondrial de cette phalange révèle que cet enfant n'appartient à aucune espèce connue à ce jour... Alors qu'un génome de l'ADNmt de Néandertal diffère de celle de l'Homo sapiens de 202 positions nucléotidiques en moyenne, l'échantillon de la grotte de Denisova diffère en moyenne de 385 postes !
Une comparaison avec les autres ADN connus montre même qu'il faut remonter jusqu'à 1 million d'années dans le passé pour trouver un ancêtre commun à l'hominidé de Denisova, l'homme moderne et Néandertal.
Il y a 30.000 ans vivait dans cette région des humains n'appartenant ni à la famille des Hommes de Néandertal ni à celle des Hommes de Cro-Magnon.
On se souvient que l’équipe de l'Institut Max Planck d'anthropologie évolutionnaire à Leipzig (Allemagne) menée par Svante Pääbo a récemment publié les résultats de ses travaux sur le séquençage de l’Homme de Néandertal. Il en découlait qu’il y avait bel et bien eu un métissage entre les Hommes de Néandertal et les Homo sapiens en Europe et en Asie, mais pas en Afrique. Une faible partie du génome de l’Homme de Néandertal survit donc en nous.
Une histoire plus complexe que prévueCes résultats confirment non seulement ce que l’on pensait des Hommes de Denisova, qui forment maintenant une branche distincte de l’arbre généalogique de genre Homo, mais ils montrent également que 4 à 5 % du génome de Mélanésiens, comme ceux de Nouvelle Guinée et de l’île de Bougainville, provient des Denisoviens.
Une fois de plus, l’Histoire de l’Humanité apparaît de plus en plus complexe, avec un buissonnement et des hybridations que l’on était loin d’imaginer il y a 40 ans.
En effet, les dents des Hominines de Denisova font penser à celles de Homo habilis et Homo erectus. Mais selon leur ADN ils proviendraient d’un ancêtre commun aux Néandertaliens qui aurait quitté l’Afrique il y a entre 300.000 et 400.000 ans, engendrant les Néandertaliens en Europe et les Denisoviens dans la région de l'Altaï. Plus tard, au contact des hommes modernes sortis d’Afrique il y a entre 70.000 et 80.000 ans, un métissage aurait laissé la trace génétique aujourd’hui retrouvée chez les Mélanésiens et surtout les Papous.
Surtout, le fait que les Denisoviens ont été découverts dans le sud de la Sibérie, mais ont contribué au matériel génétique des populations humaines modernes en Asie du Sud, suggère que leur population pourrait avoir été très répandue en Asie au cours de la fin du Pléistocène.
L’Homme de Denisova s'est-il hybridé avec une espèce humaine inconnue ?Une analyse plus précise du génome de l’Homme de Denisova révèle qu’il se serait métissé avec une population humaine plus archaïque. Mais qui est donc cet inconnu mystérieux ?
Fini le temps où l’on voyait l’évolution humaine comme une succession simple et linéaire des espèces. Les nombreuses découvertes paléoanthropologiques de ces dernières décennies montrent indubitablement que cette évolution a été buissonnante, ce qui rend l’histoire (ou plutôt la préhistoire) bien plus difficile à écrire et à concevoir. Où placer l’Homme de Florès dans l’arbre évolutif humain ? Quid de l’Homme de Denisova, décrit depuis 2010 seulement ? Les exemples de situations encore floues ne manquent pas.
D’autre part, comme si cela ne suffisait pas, les différentes populations se sont même hybridées. On sait désormais qu’une petite partie de notre génome provient de l'Homme de Néandertal, et que certains ancêtres des populations mélanésiennes et aborigènes se sont unis avec les Dénisoviens, car ils doivent environ 6 % de leur ADN à ce groupe humain disparu. En résumé, la situation est confuse, et les scientifiques connaissent des difficultés à classer fermement ces populations dans des espèces réellement distinctes.
L'homme préhistorique s'est entrecroisé de façon effrénée entre Néandertaliens, Denisoviens et une autre espèce inconnue. Cette nouvelle espèce mystérieuse semblerait indiquer un monde proche de celui du "Seigneur des Anneaux" avec différentes créatures (issues de ces croisements). Les analyses du génome du groupe humain de Néandertal, tout comme celles de celui dénommé Denisoviens révèlent que la bonne et longue entente sexuelle semble avoir inclus un autre mystérieux ancêtre de l'homme.
La nouvelle étude des génomes a été réalisée par David Reich de la Harvard Medical School. Il a dit : « les Denisoviens semblent plus distincts de l'homme moderne que l'homme de Néandertal. Il a ajouté : « les Denisoviens portent une ascendance venant d'une population archaïque inconnue, sans lien avec les Néandertaliens .
Mark Thomas, un généticien évolutionniste à l'University College London, qui était présent lors de la présentation, a dit : " c'est ce qui commence à me faire penser que nous sommes à la recherche d'un monde du type " Seigneur des Anneaux " - qu'il y avait de nombreuses populations d'hominidés. "
Cela vient après les virus anciens hérités de Néandertaliens qui ont été trouvées dans l'ADN de l'homme moderne.
Ils ont trouvé des preuves de virus de Neandertal et Denisovien dans l'ADN moderne, ce qui suggère qu'ils proviennent d'un ancêtre commun il y a plus d'un demi-million d' années.
Les Néandertaliens ont coexisté avec nos ancêtres en Europe pendant des milliers d'années, mais appartenaient à une autre sous-espèce humaine. Ils ont finalement disparu il y a environ 30.000 ans.
Environ 8% de l'ADN humain est constitué de rétrovirus endogènes ou VRE, qui sont des séquences d'ADN laissées par les virus qui passent de génération en génération.
Ils font partie des 90 pour cent du génome, parfois appelé ADN « poubelle», qui ne contient pas de codes d'instructions pour fabriquer des protéines.
Décidément, l'homme moderne qui se croyait seul représentant d'une humanité supérieure il y a encore quelques dizaines d'années doit admettre que cette solitude était fausse :
- d'abord la reconnaissance que Néandertal n'était pas une brute épaisse et "animale"
- puis la découverte en 2003 d'Homo floresiensis en Indonésie qui a survécu jusqu'à -18 000 ans
- et maintenant une nouvelle espèce d'homme en Sibérie...