L’affaire Dupont de Ligonnès, aussi appelée la «
tuerie de Nantes », est un quintuple meurtre survenu à Nantes, en Loire-Atlantique. Cinq membres d'une même famille, les Dupont de Ligonnès, sont assassinés début avril 2011 ; leurs corps sont retrouvés le 21 avril 2011, dans leur maison nantaise. Le père de famille, Xavier Dupont de Ligonnès, reste introuvable et devient de fait le suspect no 1. Il fait l'objet d'un mandat d'arrêt international.
Les faitsDerniers gestes de la famille Le bail de la maison a été résilié,
Tous les comptes bancaires ont été clôturés,
L'école des enfants a reçu un solde de tout compte,
L’employeur d'Agnès est informé qu'elle souffre d'une gastro-entérite, puis qu'elle s'en allait en Australie,
Un message indique sur la boîte aux lettres : « Courrier à retourner à l'expéditeur. Merci. »
La maison a été entièrement vidée.
Mars 2011 Achat de balles de carabine le 12 mars.
Le père était inscrit au Stand National de tir Charles Des Jamonières à « la Jonelière », au nord de Nantes où il est allé à 4 séances entre le 26 mars et le 1er avril. Il avait obtenu sa licence le 2 février 2011. Thomas et Benoît avaient commencé l'initiation. Arthur aurait dû également y aller.
Un ticket de caisse d'un magasin de bricolage à Saint Maur dans l'Indre retrouvé au domicile de la famille d'un mercredi de la fin mars - le 23 ou le 30 - et sur lequel figurent plusieurs achats, dont « un rouleau de sacs-poubelles de grande taille, ainsi qu'un paquet de dalles plastique adhésives pour le sol ».
Avril 20111er avril Le fils ainé Arthur quitte la Vendée où il est étudiant et ne rejoint pas le soir même la pizzeria où il travaille et où il devait recevoir son salaire. Ce qui intrigue l'employeur du jeune homme qui affirme qu'il venait pourtant toujours chercher sa paye du mois;
Xavier Dupont de Ligonnès achète du ciment ainsi qu'une bêche et une houe.
2 avril Puis le 2 avril, 4 sacs de chaux de 10 kg chacun, dans différents magasins de la région nantaise.
3 avril Un voisin, Fabrice, voit pour la dernière fois Agnès puis, peu après, Xavier « mettant des gros sacs dans sa voiture », une Citroën C5.
Le couple et trois des enfants dînent dans un restaurant nantais34. Puis ils vont au cinéma.
À 22 h 37, Xavier laisse le message suivant sur le répondeur de sa sœur Christine : « [...] On était au cinoche en famille, et au restaurant ensuite : dimanche soir, et on rentre juste - donc je t'ai envoyé un petit truc pour te demander si c'était trop tard pour le téléphone et puis là je vois que tu es sur ton répondeur. Mais... J'ai été surpris, tu me parles de Bertram, qui est dans ses préparatifs pour l'avion !? Ah ?! donc... Je croyais qu'il venait d'arriver !... Alors j'étais un peu surpris. Voilà, je t'embrasse... Si c'est pas trop tard, tu me rebipes, ou tu m'envoies un petit SMS et je te rappelle, là je vais coucher les enfants, dire bonsoir à tout le monde. À tout de suite !... Peut-être... ».
4 avril Anne et Benoît sont absents du collège La Perverie-Sacré Cœur "pour cause de maladie". Les élèves proches d'Anne et de Benoît s'inquiètent de ne pouvoir les joindre. Ils évoquent la rumeur d'un départ en Australie où le père aurait été muté et trouvent suspect qu'ils n'aient pas été prévenus par leurs camarades de ce « départ ». Ils ont tenté de contacter Benoît et Anne sur Internet et par SMS.
La sœur de Xavier, Christine de Ligonnès, passe entre 20 et 30 minutes au téléphone avec lui. Selon elle, tout avait l'air normal.
Xavier dîne en tête-à-tête avec son fils Thomas dans un restaurant gastronomique de la périphérie d'Angers, "Le Cavier / la Croix Cadeau" à Avrillé. Les deux serveurs se souviennent que le jeune homme de 18 ans ne se sentait pas très bien vers la fin du repas et que le dîner était des plus silencieux.
5 avril Un huissier de justice, chargé de recouvrer une dette de 20 000 euros, se rend à la maison familiale, mais trouve porte close.
Des témoins du voisinage sèment le doute sur la date supposée du décès d'Agnès de Ligonnès. Elle aurait été aperçue devant son domicile le 5 avril vers midi 15 - midi 30, puis le 7 avril. Le procureur de Nantes a du reste reconnu que la date exacte des décès ne pouvait être déterminée "au jour près par les légistes". Ainsi une salariée du salon de coiffure voisin du domicile familial affirme sur RTL avoir vu Agnès Dupont de Ligonnès le mardi 5 avril. « Je venais chercher mon salaire. C'était un mardi, c'était le 5 avril. J'en avais besoin. Je l'ai vue sur le trottoir avec son téléphone vers midi 15, midi trente », déclare cette femme.
Un ami de Thomas, étudiant en musicologie comme lui, affirme que Thomas a passé l'après-midi du mardi en sa compagnie dans son domicile d'Angers où ils ont fait de la musique et regardé la télévision. Il s'apprêtait à passer la nuit chez son ami quand Xavier aurait appelé son fils pour qu'il rentre à Nantes au chevet d'Agnès, sa mère, qui aurait eu « un accident de vélo ». Thomas a dîné rapidement chez son ami puis a pris le train vers 22 h 00. Le lendemain, son ami cherche à avoir des nouvelles mais se voit répondre de courts SMS comme « Je rentre pas chez toi. Je suis malade », ou encore « Malade à crever, je ne vais pas en cours ». Deux jours après le départ de Thomas, son ami reçoit un SMS : « Je n'ai plus de batteries, mon père va me chercher un nouveau chargeur ». Puis l'ami de Thomas n'a plus de nouvelles de la famille. Pauline, une ex-petite amie et camarade de classe de Thomas, se souvient d'un « garçon blagueur, souriant, joyeux ». La jeune femme déclare qu'ils sont sortis tous les deux « pas longtemps » et décrit son ex-compagnon comme « quelqu'un de très très gentil, toujours à l'écoute (…) très proche de ses frères, de sa sœur, de sa mère et de son père (…) passionné de musique et de cinéma ». De plus, elle déclare qu'elle lui a parlé sur Facebook le mardi 5 avril lorsqu'il se trouvait chez son ami, et qu'il lui a paru « bizarre sur la manière d'écrire » lorsqu'il lui a confié que sa mère avait eu un accident de vélo selon son père et qu'il devait rentrer chez lui le soir-même. De même, la veille de cette journée, le lundi 4 avril, elle avait aperçu Thomas « seul », tout comme le mardi 5, où l'adolescent lui a dit qu'il « allait sécher les cours du mercredi pour venir faire une répétition », répétition où il n'était pas venu, ce qui « ne lui ressemblait pas ».
Cette même semaine, des voisins entendent les chiens de la famille hurler deux nuits durant, puis plus rien.
6 avril La petite amie d'Arthur, inquiète de ne pas avoir eu de nouvelles de son compagnon est venue frapper à la porte de la maison familiale des Dupont de Ligonnès, où « une lumière éclairait encore le premier étage » mais les deux labradors de la famille n'aboyaient pas à ce moment-là.
7 avril: des témoignages concordants affirment avoir vu Agnès en vie
Xavier de Ligonnès aurait été vu faisant plusieurs allers-retours et transportant des gros sacs et cabas à sa voiture Citroën C5. Une voisine affirme avoir également parlé avec Agnès ce jour-là : « Le 7 avril, j’ai vu Agnès promener son chien. On a parlé un peu. Puis j’ai écourté car j’avais un rendez-vous impératif.»
« Les journaux disent qu'elle est morte d'après les autopsies le 4 (avril) et moi j'étais quasiment persuadée de l'avoir vue le jeudi 7 au soir parce que je sais que je n'avais pas beaucoup de temps pour parler avec elle parce que le jeudi soir je récupère mon fils chez la nourrice », avait déclaré sur RTL cette voisine proche qui a souhaité conserver l'anonyma,.
Le reportage d'Anne-Sophie Martin, diffusé sur France 2 dans l'émission Envoyé Spécial le 24 octobre 2013, montre que plus de deux ans plus tard, cette voisine est toujours persuadée d'avoir vu Agnès. Le reportage révèle un autre témoignage concordant, une commerçante et amie d'Agnès qui affirme l'avoir vue dans son commerce le jeudi 7 ou le vendredi 8 avril.
Des témoignages similaires sont cités sur une page du blog de la partie civile.
8 avril Xavier communique sur le forum catholique cite-catholique.org. D'après le procureur de la République, il "s'est connecté pour la dernière fois le 8 avril, à partir de l'adresse IP du domicile nantais de la famille";
Il envoie un courrier électronique à son beau-frère, époux de Christine : « Tout va bien, Bertram, tu auras bientôt des nouvelles plus longues par Christine. À plus. Amicalement. Xavier ».
Un message destiné à la mère et à la sœur de Xavier est adressé depuis l'adresse IP de la maison. À la suite de la révélation de cette information par RTL et Le Figaro le 7 mai, l'avocat de la famille Me Goldenstein déclare : Elle est partie de son adresse IP, mais n'a-t-elle pas été écrite sous la contrainte ? Soit Xavier s'est tué, soit il a été assassiné…
Courriers aux proches et disparition de la famille
11 avril Le collège de la Perverie reçoit un courrier signé de la main de Xavier, indiquant qu'Anne et Benoît quittent l'établissement et partent en Australie du fait d'une "mutation professionnelle urgente". L'établissement catholique Blanche-de-Castille reçoit une lettre de démission signée de la main d'Agnès, évoquant également cette mutation. Le directeur ne parvient pas à la joindre par téléphone.
Une lettre dactylographiée non signée, datée du 11 avril (la date peut avoir été ajoutée) et destinée à ses proches, est révélée par la presse le 5 mai (Lettre d'adieu à la famille de 4 pages qui aurait été envoyée par le père (PDF)). Dans cette lettre, Xavier explique qu'après avoir travaillé en secret pour la DEA (agence fédérale américaine dans la lutte contre les stupéfiants) l'ensemble de la famille a dû être exfiltré vers les États-Unis dans le cadre du Programme fédéral de protection des témoins et que personne ne pourra les joindre durant quelques années. Il recommande même à ses proches de faire circuler sur les réseaux sociaux la nouvelle de sa prétendue mutation en Australie. Rien ne prouve que cette lettre a été rédigée par Xavier de Ligonnès. Aucune analyse ADN de cette lettre n'est connue à ce jour.
Xavier passe la nuit du 11 au 12 avril à l'hôtel Première Classe de Blagnac, près de Toulouse. Règle par carte bancaire. Puis repart avec sa Citroën C5.
12 avril Il passe la nuit du 12 au 13 avril à l'Auberge de Cassagne sur la commune du Pontet (Vaucluse), sous la fausse identité de M. Laurent Xavier. Paye 214,59 € par carte bancaire.
13 avril Les voisins inquiets appellent la police, la maison ayant les volets clos depuis plus d'une semaine et la voiture d'Agnès étant garée dans la rue.
14 avril Il retire 30 € à un distributeur automatique de billets à Roquebrune-sur-Argens (Var).
Le soir, il dort au Formule 1 de cette commune, où il est filmé par une caméra de vidéosurveillance56.
15 avril Xavier quitte l'hôtel mais abandonne son véhicule.
À une trentaine de kilomètres de Roquebrune-sur-Argens, Colette Deromme disparaît de sa villa de Lorgues (Var) de façon mystérieuse, sans prendre son véhicule ni ses clefs ; son corps sera retrouvé un mois après. Les époux Dupont de Ligonnès ont habité Lorgues dans les années 1990, où sont nés deux de leurs enfants. Un rapprochement a été proposé entre ces deux faits divers mais la justice n'évoque qu'une coïncidence.
Xavier Dupont de Ligonnès disparaît depuis cette date.