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QUAND L’AUTRE VIT EN SOI… Greffe d’organe et mémoire cellulaire
Cet article du Nexus n° 39 peut être copié à condition de citer sa provenance.: il a été à l’origine publié sous le titre “Changements de personnalité chez les transplantés du cœur faisant écho à celle de leur donneur”
"Des patients transplantés manifestent les traits de personnalité de leur donneur… Des familles de donneurs reconnaissent leur défunt dans le comportement du receveur… Un phénomène qui dérange, bouleverse et interroge : les organes disposeraient-ils d’une mémoire cellulaire ? Témoignages, analyse et éléments de réponse. On considère communément que l’apprentissage passe d’abord par le système nerveux, puis par le système immunitaire [ ° ] . Les patients auxquels ont été transplantés des organes périphériques ne devraient donc pas subir de changements de personnalité propres aux donneurs qu’ils n’ont jamais rencontrés. Lorsque de telles transformations ont été observées après des transplantations d’organes, on a tenté de les expliquer par les effets des médicaments immunosuppresseurs, le stress psychosocial ou une psychopathologie préexistante des receveurs (1-3). Cependant, la théorie des systèmes vivants énonce explicitement que toute cellule vivante possède une “mémoire” et des sous-systèmes fonctionnels “déterminants” (4). En outre, la récente intégration du concept d’énergie dans la théorie des systèmes (appelée théorie des systèmes d’énergie dynamiques) permet logiquement de conclure que tous les systèmes dynamiques stockent des informations et de l’énergie à divers degrés (5-7). Le mécanisme de mémoire systémique constitue une explication plausible de l’évolution des propriétés systémiques émergentes (nouvelles) par le biais de rétroactions récurrentes (c’est-à-dire les circulations non linéaires d’informations et d’énergie reflétant les interactions constantes des composants dans un réseau dynamique complexe). Il existe des boucles de rétroaction récurrentes dans tous les systèmes atomiques moléculaires et cellulaires. Par conséquent, on devrait trouver dans ces systèmes des preuves de mémoire systémique atomique, moléculaire et cellulaire. [° Le système immunitaire est aussi un concept fondé sur un dogme].
Une histoire stockée dans les tissus
Le mécanisme de mémoire systémique a été appliqué à diverses observations controversées et apparemment anormales dans les médecines douces et alternatives, dont l’homéopathie8. Il permet aussi de tirer de nouvelles conclusions. Par exemple, que les receveurs sensibles d’organes transplantés peuvent manifester certains aspects de l’histoire personnelle du donneur, stockés dans les tissus transplantés. En 1977, est paru un livre intitulé A Change of Heart retraçant les changements apparents de personnalité observés chez Claire Sylvia9, une jeune femme ayant subi une transplantation cœur-poumon au Yale-New Haven Hospital, en 1988. Elle déclara avoir remarqué des changements dans ses attitudes, habitudes et préférences après son opération. Elle avait des envies inexplicables d’aliments qu’elle n’appréciait pas auparavant. Par exemple, elle, qui était une danseuse et une chorégraphe très attentive à sa santé, n’avait pu résister, en quittant l’hôpital, à l’envie d’aller dans un fast-food et de commander des nuggets de poulet, aliment qu’elle ne consommait jamais. Claire se sentit attirée par les couleurs froides et délaissa le rouge et l’orange vifs qu’elle portait auparavant. Elle commença à se comporter de manière agressive et impétueuse, ce qui ne lui ressemblait pas, mais s’avéra typique de la personnalité de son donneur. Fait intéressant, on avait retrouvé des nuggets de poulet frit du même fast-food dans la veste du jeune homme (son donneur) au moment de sa mort.
Un autre sens au rejet
William Novak, co-auteur du livre, a voulu connaître les diverses opinions relatives à la plausibilité d’une mémoire cellulaire. Pearsall suggérait que les médicaments immunosuppresseurs pouvaient théoriquement abaisser le seuil à partir duquel des patients pourraient potentiellement enregistrer des souvenirs cellulaires stockés dans les organes transplantés (cité en note 9 développé en 10). Schwartz et Russek pensaient que le processus de rejet pouvait non seulement refléter le rejet du matériau composant les cellules mais aussi celui de l’énergie et des informations systémiques également stockées dans les cellules (cité en note 9, développé en 7, 8). Le cas de Claire était très particulier car elle avait reçu une quantité importante de nouveaux tissus (cœur et poumons), qu’elle se souciait de sa santé et qu’elle était ouverte et sensible sur le plan émotionnel. Selon Schwartz et Russek, Claire Sylvia était sans doute le cas typique de la mémoire cellulaire systémique.
Dix témoignages clés
Cet article rapporte les observations clés de dix cas les plus représentatifs parmi les soixante-quatorze transplantés (dont vingt-trois du cœur) ayant présenté, à des degrés divers, de telles transformations et sur lesquels s’est penché Pearsall au cours des dix dernières années (10). Ces témoins ont accepté de faire part des changements de personnalité consécutifs à leur opération, étayant l’hypothèse de la mémoire systémique. Afin de préserver l’intimité des familles des donneurs et des receveurs, celle des médecins et des hôpitaux, donneurs et receveurs sont désignés par un numéro, sauf quand leur prénom a été mentionné par des membres de la famille ou des amis dans les transcriptions. Tous les receveurs et les membres de la famille ou amis des donneurs ont été interviewés par Pearsall et enregistrés par magnétophone. Les transcriptions ont été examinées par Schwartz et Russek, puis sélectionnées pour cet article. Chacun de ces dix cas comprend le témoignage d’un membre de la famille du donneur (ou équivalent), le témoignage du receveur (ou équivalent) et le témoignage d’un membre de la famille ou d’un ami du receveur. Les propos des membres de la famille du donneur, des receveurs, et des membres de la famille ou des amis du receveur sont directement extraits des transcriptions. Les opinions personnelles (y compris les passages discutables) sont rapportées mot pour mot. Chaque cas inclut de deux à cinq exemples de parallèles entre le donneur et les changements observés chez le receveur après la transplantation.
Cas n° 1 : “Je sais qu’il est en moi, et qu’il est amoureux de moi” Le donneur était un jeune homme de 18 ans, tué dans un accident de voiture. Le receveur était une jeune fille de 18 ans atteinte d’une endocardite doublée d’une insuffisance cardiaque.
Le père du donneur, psychiatre : “Mon fils passait son temps à écrire de la poésie. Nous avons attendu plus d’un an pour ranger sa chambre après sa mort. Nous avons découvert un livre de poèmes qu’il ne nous avait jamais montré, et nous n’en avons jamais parlé à personne. L’un d’eux nous a bouleversés, tant émotionnellement que spirituellement. Mon fils y pressentait sa mort soudaine. Il était aussi musicien et nous avons retrouvé une chanson qu’il avait intitulée ‘Danny, mon cœur est à toi’ (les paroles montraient que mon fils sentait qu’il allait mourir et donner son cœur à quelqu’un). Il avait décidé de faire don de ses organes quand il avait 12 ans. Nous trouvions cela très courageux, mais nous pensions que c’était parce qu’ils en parlaient à l’école. Lorsque nous avons rencontré le receveur, nous avons été si… nous n’avons pas compris ce qui s’était passé. Nous ne le comprenons pas davantage aujourd’hui. C’est tout simplement incompréhensible.”
Le receveur : “Quand ils m’ont montré des photos de leur fils, je l’ai immédiatement reconnu. Je l’aurais reconnu n’importe où. Il est en moi. Je sais qu’il est en moi et qu’il est amoureux de moi. Il a toujours été amoureux de moi, peut-être à une autre époque, quelque part. Comment pouvait-il savoir, des années avant sa mort, qu’il allait mourir et me donner son cœur ? Comment pouvait-il savoir que je m’appelais Danny ? Ensuite, quand ils m’ont fait écouter certaines de ses chansons, je pouvais finir les phrases toute seule. Je ne jouais d’aucun instrument avant, mais après ma transplantation, je me suis mise à adorer la musique. Cela venait du cœur. Mon cœur avait besoin de jouer de la musique. J’ai dit à ma mère que je voulais prendre des cours de guitare, l’instrument dont jouait Paul [Ndlr donneur]. Sa chanson est en moi. Je le ressens très fortement le soir, c’est comme si Paul me chantait une sérénade.”
Le père du receveur : “Ma fille avait, si l’on peut dire… une vie quelque peu dissolue. Jusqu’à ce qu’elle tombe malade – par la faute d’un dentiste, soi-disant – elle était déchaînée. Ensuite, elle s’est beaucoup assagie. Je pense que cela est dû à sa maladie, mais elle affirme se sentir davantage d’énergie, et non pas moins. Elle a dit qu’elle voulait jouer d’un instrument et chanter. Quand elle a écrit sa première chanson, elle y décrivait son nouveau cœur comme le cœur de son amoureux. Elle disait que son amoureux était venu la sauver.”
Cas n° 2 : “Quand il me faisait des câlins, j’avais l’impression de tenir mon fils” Le donneur était un petit garçon de 16 mois qui s’était noyé dans sa baignoire. Le receveur était un petit garçon de sept mois atteint de tétralogie de Fallot (trou dans la cloison interventriculaire avec déplacement de l’aorte, sténose pulmonaire et épaississement du ventricule droit).
La mère du donneur, médecin : “La première des choses, c’est que je n’ai pas seulement entendu le cœur de Jerry [Ndlr :le donneur]. Je le sentais en moi. Lorsque Carter [Ndlr :le receveur] m’a vue pour la première fois, il a couru vers moi et n’a pas arrêté de se frotter le nez contre moi. C’est exactement ce que nous faisions, Jerry et moi. Le cœur de Jerry et Carter ont maintenant cinq ans, mais Carter a les yeux de Jerry. Quand il me faisait des câlins, j’avais l’impression de tenir mon fils. Je pouvais le sentir, pas simplement de façon symbolique. Il était là. Je sentais son énergie. Je suis médecin. J’ai appris à observer finement et j’ai toujours été d’un naturel sceptique. Mais c’était bien réel. Je sais que certaines personnes diront que j’ai besoin de croire que l’esprit de mon fils est vivant, et peut-être est-ce le cas. Mais je l’ai vraiment senti. Mon mari et mon père ont eu la même impression. Et je vous jure (vous pouvez le demander à ma mère), Carter avait le même langage enfantin que Jerry. Carter a maintenant six ans, mais au même âge, il parlait comme Jerry et jouait avec mon nez exactement comme le faisait Jerry. Nous sommes restés chez les [Ndlr :nom de famille du receveur] cette nuit-là. Au milieu de la nuit, Carter est venu nous demander s’il pouvait dormir avec nous. Il s’est pelotonné entre mon mari et moi tout comme le faisait Jerry, et nous nous sommes mis à pleurer. Carter nous a dit de ne pas pleurer car Jerry avait dit que tout allait bien. Mon mari et moi, nos parents et tous ceux qui connaissaient bien Jerry n’ont pas le moindre doute. Le cœur de notre fils contient beaucoup de choses de lui et bat dans la poitrine de Carter. A un certain niveau, notre fils est toujours en vie.”
La mère du receveur : “J’ai vu Carter aller vers elle [Ndlr :la mère du donneur]. Cela ne lui ressemble pas. Il est très, très timide, mais il est allé vers elle comme il courait vers moi quand il était bébé. Quand il a murmuré ‘Tout va bien, Maman’, j’ai craqué. Il l’a appelée ‘Maman’, ou peut-être était-ce le cœur de Jerry qui parlait. Il y a autre chose. En parlant avec la mère de Jerry, nous avons découvert qu’il souffrait d’une paralysie cérébrale bénigne affectant surtout le côté gauche. Carter présente une raideur et des tremblements du même côté. Cela n’a jamais été le cas quand il était bébé, ce n’est apparu qu’après la transplantation. Les médecins disent que c’est probablement lié à sa maladie, mais je suis convaincue qu’il n’y a pas que ça. Encore une chose que j’aimerais comprendre. Quand nous sommes allées à l’église ensemble, Carter n’avait jamais rencontré le père de Jerry. Nous sommes arrivés en retard et le père de Jerry était assis avec un groupe de gens au milieu de l’assemblée. Carter a lâché ma main, et s’est précipité droit sur cet homme. Il a grimpé sur ses genoux, l’a serré fort et l’a appelé ‘Papa’. Nous étions sidérés. Comment pouvait-il le reconnaître ? Pourquoi l’a-t-il appelé ‘Papa’ ? Il ne faisait jamais ce genre de choses. Il ne me lâchait jamais la main à l’église et ne courait jamais vers des inconnus. Quand je lui ai demandé pourquoi il avait fait cela, il a nié. Il a dit que c’était Jerry qui l’avait fait et qu’il l’avait suivi.”
Cas n° 3 : “Il veut tout le temps courir les magasins, lui qui avait horreur du shopping !” Le donneur était une femme de 24 ans, victime d’un accident de voiture. Le receveur était un jeune diplômé de 25 ans souffrant de mucoviscidose qui a subi une transplantation cœur-poumon.
La sœur du donneur : “Ma sœur était une personne très sensuelle. Elle adorait peindre. Elle était en route pour sa première exposition solo dans une toute petite galerie quand un chauffard ivre lui est rentré dedans. C’est une galerie qui soutient les artistes homosexuels. Ma sœur ne l’affichait pas trop, mais elle était lesbienne. Elle disait que les paysages qu’elle peignait représentaient en fait la mère ou la femme. Elle observait un corps de femme nu et en faisait un paysage. Incroyable, non ? Elle était douée.”
Le receveur : “Je ne l’ai dit à personne au début, mais je pensais que le fait d’avoir un cœur de femme allait me rendre homosexuel. Depuis mon opération, je suis plus excité que jamais et les femmes me semblent encore plus érotiques et sensuelles, j’ai donc intérieurement l’impression d’avoir subi une inversion sexuelle chirurgicale. Mon médecin m’a dit que c’était simplement mon regain de vitalité et d’énergie qui me donnait cette impression, mais je suis différent. Je sais que je suis différent. Quand je fais l’amour, je sais exactement ce que le corps de la femme ressent et comment il réagit, presque comme s’il s’agissait de mon corps. J’ai le même corps, mais je pense que je considère désormais le sexe d’un point de vue féminin.”
La petite amie du receveur : “Il est bien meilleur amant maintenant. Bien sûr, il était plus faible avant l’opération, mais il ne s’agit pas de cela. On dirait qu’il connaît mon corps aussi bien que moi. Il tient à me câliner, à me serrer fort et à prendre tout son temps. Avant, c’était un bon amant, mais pas de cette manière. C’est tout simplement différent. Il veut tout le temps faire des câlins et courir les magasins. Lui qui avait horreur du shopping ! Et vous savez quoi ? Il arbore un porte-monnaie maintenant. Son porte-monnaie ! Il le met en bandoulière et dit que c’est son sac, mais il s’agit d’un porte-monnaie. Il déteste que je le lui dise, mais aller faire les courses avec lui, c’est comme y aller avec une amie. Autre chose : il adore visiter les musées. Il ne faisait jamais cela, absolument jamais. Désormais, il y va toutes les semaines. Parfois, il se plante de longues minutes devant un tableau sans dire un mot. Il adore les paysages et reste là, en admiration. Parfois, je le laisse et je reviens plus tard.”
Cas n° 4 : “Je détestais la musique classique, mais maintenant je l’adore.” Le donneur était un étudiant noir de 17 ans, tué par une balle tirée d’une voiture. Le receveur était un ouvrier de fonderie blanc de 47 ans atteint de sténose aortique.
La mère du donneur : “Notre fils se rendait à pied à son cours de violon quand il a été touché. Personne ne sait d’où est venue la balle, mais elle l’a atteint et il s’est écroulé. Il est mort sur le coup dans la rue, son étui à violon serré contre lui. Il adorait la musique et ses professeurs disaient qu’il avait un réel talent. Il écoutait de la musique et s’en imprégnait. Je pense qu’il se serait retrouvé au Carnegie Hall un jour ou l’autre, mais les autres gamins se moquaient toujours de la musique qu’il aimait.”
Le receveur : “Je suis vraiment triste pour le gars qui est mort et qui m’a donné son cœur, mais le fait qu’il ait été noir m’ennuie vraiment. Je ne suis pas raciste, attention, pas du tout. La plupart de mes amis de l’usine sont noirs. Mais l’idée d’avoir un cœur noir dans un corps blanc semble vraiment… enfin, je ne sais pas comment le dire. J’ai dit à ma femme que mon pénis allait peut-être grossir jusqu’à devenir aussi gros que ceux des noirs. On dit qu’ils ont un plus gros pénis, mais cela reste à prouver. Après l’amour, je me sens parfois coupable parce que je me dis que c’est un noir qui a fait l’amour à ma femme, mais je ne le pense pas vraiment sérieusement. Je peux vous dire une chose, pourtant. Je détestais la musique classique, mais maintenant je l’adore. Je sais que ça ne vient pas de mon nouveau cœur, parce que ce n’est pas le genre de choses qu’aiment les noirs. Maintenant, cela calme mon cœur. J’en écoute tout le temps. C’est devenu une passion. Je n’ai dit à aucun de mes collègues que j’avais un cœur noir, mais j’y pense beaucoup.”
La femme du receveur : “Quand il a appris qu’il allait avoir le cœur d’un noir, cela l’a beaucoup tracassé. Il m’a même demandé s’il pouvait réclamer au médecin un cœur blanc si l’occasion se présentait. Ce n’est pas Archie Bunker, mais pas loin. Et il me tuerait s’il savait que je vous le dis, mais pour la première fois, il a invité ses collègues noirs. On dirait qu’il ne prête plus attention à leur couleur, bien qu’il en parle encore par moments. Il a l’air plus à l’aise avec ces noirs, mais il ne s’en rend pas compte. Une dernière chose. Il me rend folle avec sa musique classique. Il ne connaissait aucun morceau et n’en écoutait jamais avant. Maintenant, il reste assis pendant des heures à en écouter. Il siffle même des airs classiques qu’il n’a jamais entendus. Comment les connaît-il ? On aurait pu croire qu’il allait plutôt être attiré par le rap ou ce genre de choses, avec son cœur noir.”
Cas n° 5 : ‘‘Je me croyais homosexuelle… Depuis, je ne le suis plus.” Le donneur était une jeune femme de 19 ans tuée dans un accident de voiture. Le receveur était une femme de 29 ans atteinte d’une myocardiopathie consécutive à une endocardite. La mère du donneur : “Ma Sara était la plus adorable des filles. Elle possédait et gérait son propre restaurant diététique et me reprochait tout le temps de ne pas être végétarienne. C’était une enfant formidable. Fofolle, mais formidable. Elle était pour l’union libre et changeait d’homme tous les deux ou trois mois. Petite fille, elle avait la folie des hommes et cela ne lui a jamais passé. Elle a réussi à m’écrire quelques mots pendant qu’elle était en train de mourir. Elle était déjà à moitié partie, mais elle n’arrêtait pas de dire comment elle ressentait l’impact de la voiture qui les avait percutés. Elle disait qu’elle pouvait sentir l’impact faire son chemin dans tout son corps.”
Le receveur : “Vous pouvez le raconter aux gens si vous voulez, mais ils vous prendront pour un fou. Quand j’ai eu mon nouveau cœur, il m’est arrivé deux choses. D’abord, presque toutes les nuits, et parfois encore maintenant, je ressens réellement l’accident qu’a eu mon donneur. Je sens l’impact dans ma poitrine. C’est un choc violent, mais mon médecin dit que tout a l’air d’aller bien. Ensuite, je déteste la viande à présent. Je ne la supporte pas. J’étais l’un des piliers de McDonald, et maintenant la viande me fait vomir. En fait, la seule odeur de la viande suffit à faire s’emballer mon cœur. Mais ce n’est pas le plus important. Mon médecin a dit que c’est dû tout simplement à mes médicaments. Je n’ai pas pu le lui dire, mais ce qui me tracasse vraiment, c’est que je suis fiancée maintenant. Mon fiancé est un type formidable et nous nous adorons. Sur le plan sexuel, c’est génial. Le problème, c’est que je suis homosexuelle. Du moins, je croyais l’être. Depuis ma transplantation, je ne le suis plus… Je ne crois pas, en tous cas… Je le suis à moitié, ou alors je suis désorientée. Les femmes m’attirent encore mais mon petit ami me fait de l’effet ; pas les femmes. Je n’ai plus la moindre envie d’être avec une femme. Je me dis qu’on a dû me faire une transplantation sexuelle.”
Le frère du receveur : “Susie s’est rangée, maintenant. Je parle sérieusement. Elle était homosexuelle et son cœur l’a rendue hétérosexuelle. Elle a jeté tous ses livres et documents sur la politique gay et n’en parle plus. Avant, elle militait beaucoup. Aujourd’hui, elle prend Steven par la main et lui fait des câlins (comme ma petite amie le fait avec moi). Elle parle de trucs de filles avec ma petite amie, alors qu’avant elle aurait passé des heures à lui faire des cours sur le sexisme masculin. Et ma sœur, la reine du Big Mac, déteste la viande. Elle ne peut même pas supporter qu’il y en ait dans la maison.”
Cas n° 6 : “Je vois le monde avec des yeux jeunes.” Le donneur était une jeune fille de 14 ans, victime d’un accident de gymnastique. Le receveur était un homme de 47 ans atteint d’un myxome bénin et de myocardiopathie. La mère du donneur : “Regardez-la [Ndlr :elle montre sa photo]. Ma fille respirait la santé. Elle était gymnaste et son entraîneur pouvait la soulever au-dessus de sa tête d’une seule main. Elle était si pleine de vie qu’elle passait son temps à sautiller et à bondir comme un petit chat. Elle avait un petit problème avec la nourriture, pourtant. Elle sautait des repas, et à un certain moment elle a pris des purgatifs. Je pense qu’elle était un peu anorexique. Nous l’avons emmenée suivre une thérapie, mais elle n’était tout simplement pas attirée par la nourriture. Et elle faisait ce petit gloussement stupide quand elle était gênée. On aurait dit un petit oiseau.”
Le receveur : “Je me sens revivre. J’ai l’impression d’être adolescent. Je me sens vraiment léger. Je sais que ce n’est que l’énergie du nouveau cœur, mais je me sens plus jeune à tous les égards, pas seulement physiquement. Je vois le monde avec des yeux jeunes. Je suis vraiment jeune dans mon cœur. J’ai une tendance agaçante à pouffer de rire qui énerve beaucoup ma femme. Et il y a quelque chose avec la nourriture. Je ne sais pas ce que c’est. J’ai faim, mais après avoir mangé, j’ai souvent des nausées et il me semble que vomir me soulagerait.”
Le frère du receveur : “Gus est un véritable adolescent. Pas de doute là-dessus. C’est un jeunot, ou du moins il se prend pour un jeunot. Même quand on joue au bowling, il hurle et bondit comme un fou. Il a un rire bizarre, maintenant. C’est un rire de fille, et on le lui a fait remarquer. Ça lui est égal. Il n’a jamais complètement retrouvé son appétit après l’opération. Il a presque tout le temps des nausées. Après le dîner de Thanksgiving – qu’il a pourtant adoré – il est monté vomir. Nous l’avons conduit aux urgences mais cela n’avait rien à voir avec son nouveau cœur. On nous a dit que c’était probablement une réaction à quelque chose qu’il avait mangé. Pourtant, aucun autre membre de la famille n’a été malade. Il va falloir qu’il surveille cela. Son poids inquiète un peu son médecin.”
Cas n° 7 : “Il a peur de l’eau et il ne sait pas pourquoi.” Le donneur était une fillette de trois ans qui s’était noyée dans la piscine familiale. Le receveur était un garçon de neuf ans atteint de myocardite et d’une malformation congénitale du septum interventriculaire.
La mère du receveur : “Il ne connaît ni l’identité de son donneur ni la cause de son décès. Nous, si. Elle s’est noyée chez le petit ami de sa mère. La mère et le petit ami l’avaient laissée avec une jeune baby-sitter qui était au Téléphone quand c’est arrivé. Je n’ai jamais rencontré le père, mais la mère a déclaré qu’ils avaient eu un divorce très moche et que le père ne voyait jamais sa fille. Elle a dit qu’elle-même travaillait beaucoup et regrettait de ne pas avoir passé plus de temps avec elle. Je pense qu’elle se sent assez coupable de tout cela… vous comprenez, du fait que tous deux, en quelque sorte, n’aient pas suffisamment apprécié leur fille avant qu’il ne soit trop tard.”
Le receveur, qui ne connaît pas l’identité du donneur : “Je lui parle parfois. Je sens qu’elle est là. On dirait qu’elle est très triste. Elle a très peur. Je lui dis que tout va bien, mais elle a très peur. Elle dit qu’elle aurait aimé que ses parents ne rejettent pas leur enfant. Je ne sais pas pourquoi elle dit ça.”
La mère du receveur : “Ce qui me frappe le plus, c’est que Jimmy a maintenant une peur bleue de l’eau. Avant, il l’adorait. Nous vivons au bord d’un lac et il refuse de sortir dans le jardin derrière la maison. Il ne cesse de fermer et de verrouiller la porte de derrière. Il dit qu’il a peur de l’eau et ne sait pas pourquoi. Il refuse d’en parler.”
Cas n° 8 : “J’emmène mon ange partout avec moi.” Le donneur était une jeune fille de 19 ans qui s’était rompu le cou lors d’un cours de danse. Le receveur était une jeune fille de 19 ans atteinte de myocardiopathie. La mère du donneur : “Nous avons rencontré Angela [Ndlr :le receveur], et c’est le reflet parfait de notre fille [Ndlr :Stacy]. On dirait des jumelles. Toutes les deux sont des filles intelligentes ; enfin, ma fille était intelligente, elle aussi. Elle voulait être actrice, mais nous pensions qu’elle avait trop de possibilités intellectuelles pour cela. Son père est médecin et tenait beaucoup à ce qu’elle suive la même voie.
Le père du donneur : “Stacy était très intelligente. C’est tragique. Elle aurait fait un médecin remarquable, mais elle voulait danser et chanter. C’est ça qui l’a tuée. Elle s’est écroulée pendant un cours de danse. On se chamaillait toujours gentiment quand je lui disais à quel point je serais déçu si elle allait à Hollywood plutôt qu’à Harvard. J’espère qu’elle sait que je ne voulais que son bonheur.”
Le receveur : “Je la considère comme ma sœur. Je pense que nous avons dû être sœurs dans une vie antérieure. Je sais seulement que mon donneur était une fille de mon âge, mais il n’y a pas que cela. Je lui parle le soir ou quand je suis triste. Je sens qu’elle me répond. Je peux le sentir dans ma poitrine. Je pose la main gauche sur mon cœur et j’appuie avec la droite. J’ai l’impression d’entrer en communication avec elle. Parfois, elle a l’air triste. Je crois qu’elle voulait être infirmière ou quelque chose comme ça, mais d’autres fois on dirait qu’elle rêvait de Broadway. Je pense qu’elle avait une nette préférence pour Broadway. Je veux être infirmière, mais je pourrais aussi être médecin. J’espère qu’elle sera heureuse parce qu’elle sera toujours mon ange, ma sœur de cœur. J’emmène mon ange partout avec moi.”
La mère du receveur : “Parfois, nous l’entendons parler à son cœur. C’est comme si elle se confiait à son journal intime. Elle pose sa main sur sa poitrine et parle à l’image qu’elle se fait de son donneur. Une fois, nous l’avons trouvée en train de tenir un stéthoscope contre sa poitrine pour essayer d’entendre son nouveau cœur. Je pense qu’elle le fait de temps en temps. Autre chose : elle est très déterminée à aller à la faculté de médecine maintenant. Elle n’avait jamais émis ce souhait auparavant, mais c’est sûrement parce qu’elle ne pensait pas vivre longtemps. Elle a déjà changé de filière universitaire.”
Cas n° 9 : “Daryl m’a souri exactement comme le faisait Timmy” Le donneur était un petit garçon de trois ans tombé par la fenêtre d’un appartement. Le receveur était un petit garçon de cinq ans atteint d’une malformation congénitale du septum interventriculaire et de myocardiopathie.
La mère du donneur : “C’était troublant. Quand j’ai rencontré la famille de Daryl [Ndlr :le receveur] à la réunion des transplantés, j’ai éclaté en sanglots. Ensuite, nous nous sommes dirigés vers l’arbre des dons où chacun tient un coupon symbolisant son donneur. Je pleurais déjà quand mon mari m’a dit de regarder la table devant laquelle nous passions. C’était la famille du receveur, avec Daryl assis au milieu. Je l’ai tout de suite su. Daryl m’a souri exactement comme le faisait Timmy [Ndlr :le donneur]. Après avoir discuté des heures avec les parents de Daryl, nous étions réconfortés. Nous ne trouvions même plus cela étrange, au bout d’un moment. Quand nous avons entendu que Daryl avait deviné le prénom et l’âge de Timmy, nous nous sommes mis à pleurer. Mais c’était des larmes de soulagement parce que nous savions que l’esprit de Timmy était vivant.”
Le receveur : “J’ai donné un nom au petit garçon. Il est plus jeune que moi et je l’appelle ‘Timmy’. Il est encore petit. C’est comme un petit frère deux fois plus jeune que moi. Il a sacrément souffert quand il est tombé. Il aime beaucoup les jouets Power Rangers, je crois, comme moi avant. Mais je ne les aime plus. J’aime bien Tim Allen de Tool Time, alors je l’ai appelé Tim. Je me demande aussi où est passé mon ancien cœur. Il me manque un peu. Il était fichu, mais il a pris soin de moi pendant un moment.” Le père du receveur : “Daryl n’a jamais su le prénom ou l’âge de son donneur. Dernièrement encore, nous l’ignorions nous-mêmes. Nous savions juste que le petit garçon était mort en tombant d’une fenêtre. Nous ne savions même pas son âge. Daryl l’avait deviné. Ce n’était sans doute qu’un coup de chance, mais il a vu juste. Mais ce qui donne la chair de poule, c’est qu’il a non seulement deviné son âge et la façon dont il est mort, mais aussi son prénom. Le garçon s’appelait Thomas, mais pour je ne sais quelle raison, ses proches l’appelaient ‘Tim’.”
La mère du receveur : “Vas-tu lui dire le plus incroyable de tout ça ? Timmy est mort en essayant d’attraper un Power Ranger qui était tombé sur le rebord de la fenêtre. Daryl ne veut même plus toucher aux siens maintenant.”
Cas n° 10 : “J’ai carrément vu Carl dans les yeux de Ben” Le donneur était un agent de police de 34 ans tué par balle alors qu’il tentait d’arrêter un trafiquant de drogue. Le receveur était un professeur de collège de 56 ans atteint d’artériosclérose et de cardiopathie ischémique.
La femme du donneur : “Quand j’ai rencontré Ben [Ndlr :le receveur] et Casey [Ndlr :la femme de Ben], j’ai failli m’évanouir. Tout d’abord, cela m’a fait quelque chose d’extraordinaire de voir cet homme avec le cœur de mon mari dans la poitrine. J’ai quasiment vu Carl [Ndlr :le donneur] dans les yeux de Ben. Quand j’ai demandé à Ben comment il se sentait, c’est à Carl, en réalité, que j’essayais de poser la question. Je ne le leur aurais jamais dit, mais j’aurais aimé toucher la poitrine de Ben et parler au cœur de mon mari. Ce qui me tracasse vraiment, pourtant, c’est que Casey ait dit avec désinvolture que le seul véritable effet secondaire de la transplantation était des faisceaux de lumière dans le visage. C’est exactement comme ça que Carl est mort. Le salaud lui a tiré une balle en pleine figure. La dernière image qu’il a dû avoir est celle d’un terrible éclair. La police n’a jamais attrapé ce gars, mais elle pense savoir qui c’est. J’ai vu son portrait robot. Il a des cheveux longs, des yeux enfoncés, une barbe et un regard très calme. On dirait un peu certaines images de Jésus.”
Le receveur : “Si vous me promettez de ne jamais révéler mon nom, je vais vous dire ce que je n’ai jamais dit à aucun médecin. Seule ma femme est au courant. Je savais seulement que le donneur était un garçon de 34 ans en excellente santé. Quelques semaines après l’opération, j’ai commencé à faire des rêves. Je voyais un faisceau de lumière m’arriver en pleine figure et mon visage devenait très, très chaud. Vraiment brûlant. Juste avant, j’apercevais Jésus. Depuis, je n’arrête pas d’avoir ces visions, la nuit comme le jour : Jésus, puis un éclair. C’est la seule différence que j’aie remarquée, en dehors de me sentir bien pour la première fois de ma vie.”
La femme du receveur : “Je suis très heureuse que vous l’ayez interrogé sur sa transplantation. Il est plus ennuyé qu’il ne veut bien l’avouer au sujet de ces éclairs. Il dit qu’il voit Jésus, puis un éclair aveuglant. Il a parlé des éclairs au médecin, mais pas de Jésus. Ils ont dit qu’il s’agissait probablement d’effets secondaires des médicaments, mais, mon Dieu, que nous aimerions qu’ils cessent !”
De nouveaux goûts alimentaires... Des rêves qui semblent tout droit sortis de l'esprit d'une autre... Dans son nouveau livre autobiographique, Charlotte Valandrey raconte que depuis sa greffe du cœur, elle a l'impression d'avoir des sensations qui appartiennent à une autre, à sa donneuse... Une thèse que les scientifiques contestent formellement.
Une très belle histoire digne d'un roman fantastique de Marc Lévy, peut-être, mais sans aucune réalité scientifique... En septembre 2011, Charlotte Valandrey raconte dans les médias l'histoire de son nouveau livre De cœur inconnu. Un livre autobiographique, où elle raconte les sensations qu'elle a eues à la suite de sa greffe du cœur. L'actrice française explique avoir eu pendant plus d'un an les rêves d'une autre, et selon elle, de sa donneuse. Elle affirme s'être découvert de nouveaux goûts, comme le vin, le baba au rhum ou la tarte au citron.
Il ne s'agit bien sûr pas de mettre en doute la sincérité de son témoignage. Mais peut-on réellement se retrouver avec de nouveaux goûts, de nouveaux souvenirs, après une greffe, comme en témoigne Charlotte Valandrey ? Est-ce possible ? Est-ce un effet secondaire du traitement anti-rejet ? Qu'est ce que la mémoire cellulaire ? Peut-on connaître l'identité de son donneur ?
Face à ces phénomènes assez singuliers, la curiosité scientifique se doit de proposer une explication. L’hypothèse qui vient en premier à l’esprit, c’est la possibilité d’une mémoire cellulaire ou plutôt, d’une mémoire organique qui serait encodée par les cellules cardiaques du cœur greffé. Si ce n’est pas le cas, alors il faut supposer quelques coïncidences existentielles accompagnée d’une imagination débordante dont ferait preuve l’intéressée. Pour l’instant, la communauté médicale rejette en bloc cette théorie sans pour autant l’avoir examinée. Visiblement, la greffe d’une nouvelle théorie fait l’objet d’un puissant rejet par les défenses rationnelle d’une médecine qui sans doute pèche par un excès de scientisme et réductionnisme et qui ne connaît pas forcément le vivant, son domaine étant l’observation des pathologies et leur traitement par des thérapies mécanistes ayant fait leurs preuves. A ce contexte épistémologique, on peut ajouter un volet de nature morale. Le suivi des greffes fait l’objet de multiples attentions car il semble occasionner des troubles psychiques nécessitant un suivi médical. On comprend alors que l’éventualité d’une mémoire cellulaire jetterait un peu plus de trouble parmi les greffés et donc, le corps médical préfèrerait ne pas entendre parler de cette hypothèse. Pourtant, s’il y a bien un phénomène de mémoire corporelle, alors c’est toute la conception du vivant qui risque de basculer. Je vous propose de prendre connaissance du cadrage scientifique issu de mes recherches.
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Premier point, la nouvelle conception de la vie, développée longuement dans Le sacre du vivant (en attente d’un éditeur), où il est notamment question d’une substance vivante possédant deux facultés universelles, la technique et la cognition. On peut alors comprendre le fait qu’il existe plus de mémoire qu’on ne le pense, et qu’elle se situe là où on ne l’attend pas. Encore faut-il saisir les processus et la nature des dispositifs du vivant.
Second point, le modèle ondulatoire et les centres organisateurs. Cette conception a été développée dans un long article paru en 1991 (Revue internationale de systémique). Les processus de la vie sont décrits comme des propagations d’éléments matériels et de signaux divers. Potentiel d’action, neuromédiateurs, transductions cellulaires par exemple. Deux types d’ondes sont impliqués, actualisation, depuis le centre vers l’interface et la potentialisation, vers les centres organisateurs. Les ondes de potentialisation sont notamment impliquées dans la mémoire.
Troisième point, la conception surdistribuée de l’information et la mémoire. Cette hypothèse est une variante du paradigme holographique. L’information est surdistribuée et la partie du système contient des informations spécifiques à son comportement mais aussi des données plus globales sur le système dans son ensemble. C’est de cette manière que chaque partie peut concourir à servir dynamiquement le tout. Et elle le fait en emmagasinant une masse considérable de données acquises par son expérience dans le tout et l’ensemble des processus de propagation des signaux. Chaque partie est donc un système perceptif qui perçoit, avec une certaine acuité, le fonctionnement de l’ensemble.
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Et maintenant, comment comprendre qu’un cœur greffé puisse avoir emmagasiné une mémoire « biographique » ? Le cœur, comme d’autres organes, se place comme un élément réceptif du corps, sensible aux émotions, aux compositions hormonales qui sont des vecteurs physiologiques mais aussi d’humeur. Un sentiment amoureux, une émotion esthétique, la perception d’un paysage, tout cela constitue des éléments perceptifs que seul, le cerveau sait traiter, interpréter, métaboliser. Enfin, cerveau ou esprit, peu importe, mais il est question de conscience, de subjectivité, d’existence au sens psychanalytique et philosophique. Il faut alors comprendre comment des données cognitives de type existentiel peuvent se propager et s’emmagasiner dans des organes. Et là, il faut de l’audace conceptuelle autant qu’une bonne connaissance des mécanismes cellulaires. Une expérience riche en émotions s’inscrit dans la mémoire cérébrale, c’est une évidence. Ensuite, il faut envisager un processus informationnel permettant à cette expérience d’être transmise et encodée dans un organe du corps distinct du cerveau. Je vais oser une métaphore. Un enregistrement sonore peut être codé sur un morceau de vinyle, sur une bande magnétique ou bien sur un disque numérique. La mémoire est la même, mais le support est différent. On pourrait imaginer les cellules cardiaques comme un réseau cellulaire pouvant emmagasiner des données existentielles mais sous une forme réduite. Ou alors une double mémoire. D’un côté la biographie et de l’autre, des informations émotionnelles qui seraient indexées ensembles sous une forme spéciale.
On le comprend aisément, cette histoire de mémoire organique (plutôt que cellulaire) s’explique dans un cadre scientifique considérablement élargi. Avec comme principe la mémoire holographique. Alors avec quels mécanismes, je serais malhonnête si je vous répondais. Disons que la question est ouverte et d’ailleurs, la science ne sait pas comment la mémoire existe et se trouve encodée par des mécanismes « biophysiques ». S’agissant de la mémoire humaine ou animale, la science sait quels sont les mécanismes permettant à la mémoire de se remémorer. Ces mécanismes sont cérébraux. Pour le reste, tout est ouvert. L’anthropologie est loin d’avoir élucidé les fondamentaux et les subtilités ontophysiques, génétiques, biologiques, du vivant et de l’expérience. Je conclus en certifiant que cette mémoire organique (cellulaire) est un phénomène méritant d’être pris avec sérieux, même si la surdité du corps médical voudrait éteindre toute investigation. Sachez une chose, c’est que ces médecins sont des techniciens de la thérapie doués, autant que des ignorants de la vie.
La vérité est au bout du tunnel. Encore faut-il parcourir de tunnel menant à la connaissance universelle. L’esprit est au bout du chemin. L’esprit doit cependant ouvrir le chemin. Et trouver sur ce chemin toutes les éventualités, y compris que le récit de Charlotte soit sorti de son imagination fertile car porté par une existence en détresse. Mais n'ayons aucun préjugé, si ce phénomène est avéré, il s'est produit chez d'autres greffés.
Nom : Agent Dana Scully Messages : 20937 Date d'inscription : 09/05/2009 Age : 63 Localisation : entre ciel et terre
Sujet: Re: greffe et mémoire cellulaire Mar 8 Avr 2014 - 19:40
etonnant non ? je reste perplexe, mais je m'interroge..... pourquoi ces gens mentiraient ils ? certains faits ont été vérifiés, d'ou cela peut il venir. je n'ai pas de réponse toute prete, mais je ne suis pas d'accord lorsque j'entends des scientifiques ou des medecins balayer d'un revers de mains des faits troublants.
Plutôt fascinant, il faut bien le dire ! Ce n'est pas nouveau que les médecins envoient balader tout ce qu'ils ne comprennent pas. Encore faudrait-il qu'ils aient autre chose d'intéressant à dire, surtout concernant des petits enfants qui, eux, n'ont pas encore appris à mentir et qui pourtant ont l'air de se souvenir de pas mal de choses !
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Nom : Agent Dana Scully Messages : 20937 Date d'inscription : 09/05/2009 Age : 63 Localisation : entre ciel et terre
je trouve cela interpellant et que ca merite qu'on si penche un peu plus (tout comme les NDE) au lieu de les nier en bloc. (je precise meme si n'ayant pas été transplanté de quoi que se soit je ne suis pas concerné de premier abord pour le sujet, juste un interet en temps que lecteur du livre de charlotte valandrey , j'ai trouvé que le sujet meritait qu'on s'y attarde)