Nom : Agent Dana Scully Messages : 20937 Date d'inscription : 09/05/2009 Age : 63 Localisation : entre ciel et terre
Sujet: Koursk histoire troublante Mer 9 Juil 2014 - 17:39
source : wikipédia [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]
Le K-141 « Koursk » (en russe : Курск) est un sous-marin nucléaire lanceur de missiles de croisière (code OTAN : SSGN) russe de classe Oscar II projet 941. Mis en service en 1994, il a sombré avec 118 hommes d'équipage lors d'un naufrage le 12 août 2000.
Le samedi 12 août 2000, le Koursk est en exercice en mer de Barents, dans le cadre de grandes manœuvres visant à montrer au peuple russe que la flotte est de nouveau opérationnelle comme l'avait promis Vladimir Poutine lors de son élection. Selon la thèse officielle, il devait lancer deux torpilles d'exercice, de type 65-76 (plus familièrement Tolstouchka, « grosse fille »)1 sur un croiseur de classe Kirov.
Le système de propulsion des torpilles 65-76 est basé sur une réaction chimique entre le peroxyde d'hydrogène concentré et l’eau. La réaction chimique pousse les gaz résultants vers la turbine. Le peroxyde d’hydrogène est contenu dans un réservoir en métal à l’intérieur de la torpille. Très corrosif, il impose un entretien très régulier des torpilles, avec le changement du réservoir de peroxyde si nécessaire. Si un feu lèche l’enveloppe de la torpille, le peroxyde d’hydrogène se met à bouillir puis explose. Les mémos de sécurité des arsenaux de la marine donnent un délai maximum de deux minutes d’exposition au feu avant explosion de la torpille.
Selon une autre thèse2, le peroxyde d'hydrogène ne serait plus utilisé depuis des années en raison des risques qu'il présente ; en revanche, le Koursk devait lancer la dernière version d'un autre type de torpille, une Chkval, qui se caractérise par une propulsion à la vitesse exceptionnelle de 500 km/h (au lieu de 70 km/h pour les torpilles classiques). La Chine en ayant déjà acheté ; la présence de deux officiels chinois accrédite l'hypothèse que ces manœuvres étaient l'occasion de faire une démonstration de la nouvelle version.
Deux explosions font sombrer le Koursk à approximativement 135 km de la ville de Severomorsk, à 69° 40′ N 37° 35′ E. Il s'immobilise sur une zone peu profonde de la mer de Barents, à 108 m de profondeur ; une profondeur si faible que, comme le souligne Jean-Michel Carré, si l'on avait fait basculer le Koursk verticalement, les 50 m de l'arrière (il mesure 154 m de long) auraient été hors de l'eau et les marins qui s'y étaient réfugiés auraient pu en sortir.
Première explosion
À 11 h 28 heure locale (7 h 28 GMT), peu avant le lancement des torpilles, une première explosion d'une puissance équivalente à 100 kg de TNT et d'une magnitude sismique de 1,5 se produit dans le compartiment avant du sous-marin. Selon la version officielle, ce serait une fuite de peroxyde d'hydrogène (employé pour amorcer la propulsion des torpilles) qui aurait réagi avec le cuivre et le laiton des compartiments torpille, conduisant à une réaction en chaîne.
La cloison étanche qui sépare la salle des torpilles du reste du bâtiment étant ouverte, peut-être pour éviter une surcompression d'air lors du lancement des torpilles mais selon toute vraisemblance plutôt à cause d'une erreur humaine, l'onde de choc se propage aux deux premiers compartiments, tuant probablement sur le coup les sept marins du premier et blessant grièvement les trente-six présents dans le second, où se trouve le poste de commandement.
Au cours des deux minutes qui suivent, le commandant du navire, qui officie dans le troisième compartiment, ne lance pas de signal de détresse. Aucune balise de détresse n'est larguée, alors qu'un dispositif automatique réagit normalement à tout feu ou explosion dans le sous-marin. Mais un incident survenu l'été précédent dans la Méditerranée, lors duquel un lancement de balise mal évalué avait risqué de dévoiler la position du sous-marin à la flotte américaine, avait amené l'équipage à désarmer ce dispositif. Jean-Michel Carré relève que le moteur du Koursk est mis à pleine puissance, procédure normale pour faire surface d'urgence, en cas de problème.
Seconde explosion
Deux minutes et quinze secondes après le premier choc, une explosion bien plus importante ébranle le Koursk. Les stations de mesure sismique d'Europe du Nord montrent que cette explosion intervient au niveau du fond marin, ce qui tendrait à prouver que le sous-marin a alors heurté le fond ; ce choc additionné à la hausse de température engendrée par la première explosion a déclenché l'explosion d'autres torpilles. Cette seconde explosion développe une puissance équivalente à 3-7 tonnes de TNT, ou une demi-douzaine de têtes de torpilles ; les mesures montrent une magnitude sismique de 3,5.
La coque, prévue pour résister à des pressions de 1 000 m de profondeur, est éventrée sur une surface de 2 m2 ; l'explosion ouvre également des voies d'eau vers les troisième et quatrième compartiments. L'eau s'y engouffre à 90 000 litres par seconde, tuant tous les occupants de ces compartiments, dont cinq officiers. Le cinquième compartiment contient les deux réacteurs nucléaires du sous-marin, et il est protégé par une paroi de 13 cm d'alliage de titane ; les cloisons résistent. Les barres commandant les réacteurs restent donc en place.
L'agonie de l'équipage
Dans les compartiments 6 à 9, 23 hommes survivent aux deux explosions. Ils se rassemblent dans le 9e compartiment, qui contient le second sas de secours (le premier sas, situé dans le 2e compartiment, est détruit et hors d'atteinte). Le capitaine-lieutenant (en français lieutenant de vaisseau) Dmitri Kolesnikov (un des trois officiers de ce grade ayant survécu) prend le commandement. Après le renflouage du Koursk, on retrouvera sur lui un dernier écrit où il avait dressé une liste des survivants. Dans la partie rendue publique, il relate ainsi les dernières heures de l'équipage :
La pression dans la coque est la même qu'en surface ; il est donc théoriquement possible pour les rescapés d'utiliser un sas de secours pour sortir dans la mer Arctique et remonter en surface dans une combinaison de sauvetage spéciale, à condition que des secours attendent au-dessus. La raison pour laquelle cette possibilité n'est pas exploitée n'est pas connue : il est présumé que les survivants préfèrent attendre qu'un submersible vienne s'y arrimer ou que l'écoutille externe du sas est peut-être hors d'usage. Jean-Michel Carré montre que l'équipe de renflouement ne mettra que quelques minutes pour ouvrir l'écoutille, ce qui invalide cette dernière hypothèse.
On ne sait pas avec exactitude combien de temps les rescapés survivent. Les réacteurs à eau pressurisée s'étant automatiquement éteints, l'alimentation électrique de secours décline rapidement en puissance et l'équipage est plongé dans une obscurité totale et une température proche de zéro degré Celsius.
Les opinions divergent sur la durée de l'agonie des rescapés. Certains commentateurs, notamment du côté russe, se prononcent pour une mort rapide. Sur un sous-marin de classe Oscar II (celle du Koursk) immobile, des fuites apparaissent sur l'arbre porte-hélice. À une profondeur de plus de 100 m, il aurait été impossible de les reboucher (il est douteux que les presse-étoupes fuient autant sur un sous-marin capable de plonger à plus de 300 m. Ses fuites sont probablement une conséquence des explosions et chocs). D'autres pointent que de nombreuses cartouches d'absorbeur de dioxyde de carbone, qui servent à maintenir une composition chimique viable dans l'air du caisson de sauvegarde, ont été retrouvées utilisées après le remorquage, ce qui tendrait à prouver que les rescapés auraient survécu pendant plusieurs jours. Ces cartouches semblent d'ailleurs avoir été la cause de la mort des derniers survivants : au contact de l'eau de mer, elles prennent feu. L'enquête officielle démontre qu'un tel incendie a probablement eu lieu, et que quelques membres d'équipage y auraient survécu en plongeant sous l'eau — les marques de carbonisation sur les murs indiquent qu'à ce moment, l'eau devait arriver au niveau du buste de ceux qui étaient dans le compartiment inférieur. Mais l'incendie consomma rapidement l'oxygène résiduel, tuant les derniers survivants par asphyxie
Ce n'est qu'en fin de soirée que la Marine russe s'inquiète de ne plus recevoir de nouvelles du Koursk. Elle minimise l'incident et les premiers communiqués de presse mentionnent seulement des « difficultés techniques mineures » du Koursk. Vladimir Poutine, élu président de la Fédération de Russie trois mois auparavant, n'interrompt pas ses vacances pour si peu ; les médias le montrent 24 h après l'accident en bras de chemise à l'occasion d'un barbecue avec des amis dans sa villa de la mer Noire.
Le navire de sauvetage Roudnitsky, arrivé sur les lieux du drame le lendemain, vers 8 h 40, contient deux petits submersibles d'assistance en grande profondeur l’AS-32 (projet 18392) et le Priz (projet 1855). Cependant, les batteries du premier ont une capacité insuffisante (il est plus probable que ces batteries n'aient pas été suffisamment chargées, le délai de rechargement étant de 14 à 16 h) et le mauvais temps va empêcher le second d'atteindre l'épave. Lorsqu'il y arrive, quatre jours plus tard, il ne parvient pas à s'y arrimer.
D'après Jean-Michel Carré, quelques heures à peine après le naufrage, un petit submersible de type AS-15 (projet 1910) et des nageurs d'élite de la marine russe plongent, examinent en secret le Koursk, puis remontent.
La Russie accepte l'aide britannique et norvégienne, mais seulement le 16 août. Les navires de sauvetage partis de Norvège arrivent sur le lieu du sinistre le 19 août. Plusieurs tentatives de sauvetage sont lancées, à l'aide d'un mini-submersible britannique, le 20 août. En raison de l'inclinaison du sous-marin, le mini-submersible ne peut se fixer sur les issues de secours du Koursk. Les secours peuvent uniquement constater que le neuvième compartiment du sous-marin, censé servir de compartiment de secours, est complètement inondé. Les chances de trouver des survivants sont donc nulles, et la mission de sauvetage est interrompue.
À l'époque de l'accident, les causes sont encore inconnues et trois hypothèses sont évoquées : une explosion de torpille, une collision avec un sous-marin étranger ou l'explosion d'une mine marine de la Seconde Guerre mondiale.
Les causes du naufrage
Vladimir Poutine confie l'enquête au procureur Vladimir Oustinov. Ses conclusions rendues en 2002, basées notamment sur une inspection de quatre mois de l'épave renflouée, avalisent l'hypothèse de l'explosion accidentelle d'une torpille due à une fuite de liquide propulseur. En effet, la torpille mise en cause utilise un comburant liquide qui mis en contact avec l'eau de mer va produire une énorme quantité de gaz pour entrainer une turbine, et les hélices. De multiples négligences ont conduit à ce désastre et des fuites sur ce type de torpille ont été relevées sur d'autres bateaux3.
Les Américains, les Norvégiens et les Britanniques ont confirmé cette thèse. La controverse
Presque immédiatement après l'accident, l'agence de presse tchétchène indépendante Kavkaz-Center annonce que l'explosion serait due à un attentat-suicide d'un islamiste du Daghestan embarqué dans le sous-marin. Cette hypothèse est cependant vite écartée par les autorités russes.
D'autre part, des indices sérieux semblent accréditer la présence de bâtiments étrangers (notamment américains) sur zone, dont un sous-marin de classe Los Angeles qui aurait été surpris accidenté dans un port norvégien quelques jours après le drame.
Jean-Michel Carré, journaliste, mène une contre-enquête sur cette catastrophe en étudiant des faits qui contredisent la thèse officielle. Sa thèse fait l'objet d'un documentaire (« Koursk », un sous-marin en eaux troubles) diffusé sur France 2 le vendredi 7 janvier 2005 au soir et d'un article dans le journal Libération, dans la même semaine
Les faits
Cette thèse s'appuie sur les faits suivants :
la présence sur le site de deux sous-marins nucléaires américains USS Memphis et Toledo ; l'accélération du Koursk après la première explosion, comme s'il était l'objet d'une attaque ; le largage, après la première explosion de grenades sous-marines par les navires russes aux abords du Koursk, comme pour donner la chasse à un sous-marin ; le refus de la Russie d'une aide étrangère pour remonter le Koursk dans les heures qui suivirent son naufrage ; les allégations fallacieuses sur l'état de la mer pour justifier le retard des secours ; les premières déclarations des responsables militaires russes, mettant en cause les États-Unis ; l'allégation [Qui ?]de la présence de fragments d'une torpille américaine Mk48 trouvés à proximité du Koursk ; un trou circulaire dans l'épave du Koursk, soit disant caractéristique d'un trou de torpille (provoqué par l'entrée d'un objet extérieur) ; l'apparition, trois jours après le drame, du Toledo dans le port de Håkonsvern en Norvège, l'éjecteur de bouée de détresse, couvert d'une bâche ; le refus des autorités américaines de le laisser inspecter par des non-Américains ; la visite d'urgence à Moscou le 17 août 2000 du directeur de la CIA George Tenet ; la décision de laisser au fond de la mer le compartiment des torpilles, puis de le détruire, sans que l'enquête ne l'examine ; la censure des messages issus des cadavres de sous-mariniers (la partie secrète du manuscrit du sous-marinier Kolesnikov) ; la destruction des restes du Koursk après son renflouage et l'inspection, et le torpillage, ensuite, de l'avant resté sous l'eau ; l'annulation d'une dette russe de dix milliards de dollars à l'égard des États-Unis peu après l'accident et l'autorisation donnée à la Russie de contracter un nouveau prêt5 ; la rumeur concernant la récupération d'une bouée de détresse venant d'un sous-marin américain, cette information n'a pas été confirmée.
La thèse de la collision avec un sous-marin américain
La catastrophe a lieu pendant des manœuvres navales et aériennes russes dans la mer de Barents, où aurait été présentée la dernière version de la torpille Chkval. Cette torpille de deux tonnes de conception initiale relativement ancienne (années 1970) pourrait filer à 500 km/h, alors que les torpilles traditionnelles ont une vitesse d'environ 70 km/h. Une explication alternative serait qu'il aurait été question de faire la démonstration d'une torpille à propulsion MHD encore plus rapide, surnommée « la Grosse » par les services de renseignement militaires occidentaux.
L'armée américaine s'intéresse donc de près à cette opération, d'autant plus que des gradés de l'Armée populaire de libération chinoise auraient été invités pour la démonstration. Les deux sous-marins américains de classe Los Angeles USS Memphis et Toledo, présents dans la mer de Barents au contact de la marine russe, auraient eu pour rôle d'espionner ces manœuvres. Le HMS Splendid (en), un sous-marin d'attaque britannique aurait également été dans les parages.
Il est à noter que la veille de cette tragédie Edmond Pope, un Américain, avait été condamné par un tribunal russe à vingt ans de prison pour avoir tenté d'acheter des informations sur les torpilles utilisées par la marine russe. Il sera gracié à la mi-décembre 2000 par Vladimir Poutine pour des raisons humanitaires médicales.
Pendant les manœuvres, à la suite d'une collision accidentelle entre le Toledo et le Koursk, le Memphis aurait lancé une torpille contre le Koursk pour protéger la fuite du Toledo endommagé. Le Toledo aurait ensuite gagné la Norvège à faible vitesse pour être réparé, tandis que le Memphis rentrait aux États-Unis.
Les États-Unis pourraient donc être à l'origine du naufrage du Koursk. Au nom de la raison d'État, Vladimir Poutine aurait volontairement laissé mourir les survivants, car révéler ce qui s'était réellement passé aurait rendu impossible tout rapprochement avec les États-Unis, avec possibilité d'un conflit armé. L'enquête officielle aurait ensuite laissé filtrer des explications en rapport avec une alternative plausible acceptable par les opinions publiques, que les médias institutionnels ont relayé.
Cette thèse de l'implication américaine est, entre autres, défendue dans un film documentaire de Jean-Michel Carré : « Koursk » : un sous-marin en eaux troubles.
Dix années se sont écoulées depuis l’une des catastrophes les plus tragiques de l’histoire moderne russe. Le 12 août 2000, le sous-marin nucléaire et croiseur Koursk disparaissait dans la mer de Barents avec ses missiles et un équipage de 118 marins au cours de manœuvres de la Flotte du Nord.
Quelques jours plus tard à peine, diverses rumeurs et spéculations commençaient à circuler sur les raisons de la disparition de ce sous-marin parmi les plus récents de cette flotte et dont l’équipage comptait parmi les plus expérimentés. Dix ans plus tard, la presse occidentale – et avec elle, la presse russe – revient sur le sujet et remet en question les résultats des investigations officielles diligentées par le Parquet général qui n’ont conduit à aucune mise en cause. Et bien sûr, les familles des marins décédés ne pourront jamais se résigner à la perte de leurs maris, de leurs pères et de leurs fils.
Alors, quels sont les faits incontestables ? Le 10 août 2000, le sous-marin Koursk a appareillé pour participer aux manœuvres de la Flotte du Nord. Le 12 août au matin, il a lancé un missile de croisière d’entraînement Granit en direction de la flotte qui était alors conduite par le porte-avions Admiral Kouznetsov et le croiseur nucléaire Piotr Veliky (Pierre le Grand), son vaisseau amiral. En théorie, grâce à ses torpilles d’entraînement, le sous-marin aurait dû en finir quelques heures plus tard avec son supposé adversaire.
Mais à l’heure programmée, en lieu et place d’un mouvement d’une torpille, l’opérateur du capteur acoustique du Piotr Veliky a enregistré une explosion qui a sensiblement secoué le bâtiment. Destinataire du rapport sur cet évènement, le commandant du Piotr Veliky, le capitaine Vladimir Kassatonov, ne l’a toutefois pas considéré comme significatif. Le commandant de la Flotte du Nord, Viatcheslav Popov, qui se trouvait également à bord du croiseur, s’est lui aussi demandé ce qui s’était passé : on lui a répondu qu’« une antenne de radar avait été allumée ».
En réalité, les turbulences ressenties sur le croiseur provenaient d’explosions sur le Koursk qui croisait alors à quarante kilomètres du Piotr Veliky.
Quelles sont les différentes versions des évènements ?
La version officielle repose sur les résultats de l’enquête conduite par le Parquet général. Selon elle, une torpille d’entraînement, déjà engagée dans la rampe de lancement et sur le point d’être lancée, aurait explosé. Dans l’explosion, d’une puissance équivalente à celle de 300 kilogrammes de TNT, toute l’équipe du premier compartiment du sous-marin aurait été tuée. La plaque du lanceur de torpille et sa queue auraient bougé à la vitesse de 600 à 800 mètres par seconde en détruisant tout sur leur passage. Les torpilles restantes auraient explosé 136 secondes plus tard. Après cela, l’équipage des compartiments situés à l’avant du sous-marin aurait été tué par le souffle de l’explosion et l’afflux de l’eau. Il convient de noter que si une explosion similaire s’était produite dans l’air, un nuage de fumée d’une superficie équivalente à un terrain de football aurait recouvert le ciel. Le souffle de l’explosion dans le sous-marin aurait ainsi eu l’effet d’un piston en déchirant comme du papier les dures cloisons du sous-marin.
L’auteur de cet article s’est intéressé à la longue suite de coïncidences qui a émaillé la destruction de Koursk depuis le rapport officiel du 13 août selon lequel « le vaisseau était couché sur le fond marin » jusqu’au moment où les restes du porteur de missiles ont été récupérés et le Koursk finalement conduit aux docks de Roslyakovo. Pendant tout ce temps, j’ai actualisé un site web ([Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] sur lequel les dernières informations sur l’opération de sauvetage étaient publiées en ligne. Plus tard, j’ai mis un an à écrire pour une autre édition sur le cours des investigations. En 2004, une proposition inattendue m’a été faite pour écrire un scénario et faire un film d’après le livre écrit par procureur général, Vladimir Oustinov : Pravda o Kurske (« La vérité sur le Koursk »). Lors de notre première rencontre, je lui ai avoué que je ne croyais pas totalement à la version officielle des évènements qui n’avait abouti à la désignation d’aucun responsable et que je pensais que le Parquet général cachait quelque chose. En retour, l’enquêteur principal des affaires à haute priorité du Parquet militaire principal (GVP), Arthour Yeguiev, n’a pas du tout tenté de me convaincre et m’a fait amener l’intégralité des 118 cartons du dossier ainsi que deux douzaines d’autres cartons contenant les fichiers vidéo. Il m’a alors déclaré : « Voilà, tout est là. Vous pouvez étudier tout cela et tirer vos propres conclusions. » Encore une fois, j’ai manifesté mon scepticisme : le dossier pouvait avoir été falsifié. Oui, il aurait pu l’être, m’a alors rétorqué Arthour Yeguiev, mais uniquement si l’enquête avait été menée par une seule personne. Or, dans cette affaire, c’est une équipe de presque cinquante enquêteurs qui a travaillé, les inspections étant réalisées par des centaines d’experts d’organisations différentes, aussi bien militaires que médico-légales ou civiles. En outre, près de mille témoins ont été entendus. En conclusion, si quelqu’un avait menti à propos de quoique ce soit, la vérité aurait fait surface tôt ou tard.
A partir de ce moment-là je suis allé au Parquet militaire principal tous les jours : j’ai lu les fichiers du dossier, j’ai regardé les vidéos et j’ai tiré mes conclusions. A ce propos, il convient d’indiquer que les fichiers classés « secrets » n’avaient rien à voir avec des secrets d’enquête : il ne s’agissait que de l’information navale « ordinaire » relative aux spécificités des entraînements, information qui est typiquement classifiée « secrète ».
A l’origine, l’enquête criminelle a été ouverte sur la base d’un article portant sur la violation des règles de navigation de bateau ayant conduit à une collision et à la perte d’un bâtiment. Or, vers la fin du mois d’août, il est apparu évident que le bateau russe le plus proche se trouvait à 40 km du Koursk. Hormis l’hypothèse d’une collision entre bâtiments de la flotte, dix-huit autres explications pouvaient être envisagées, y compris celle d’une torpille lancée depuis un vaisseau étranger ou celle d’une collision avec un bateau étranger. Une troisième hypothèse était celle d’une mine de la seconde guerre mondiale qui aurait explosé. Plus récemment, il a été émis l’idée d’une situation d’urgence à bord que personne n’aurait prise au sérieux.
L’hypothèse principale était « l’hypothèse américaine ». Elle venait du fait que, quelques semaines auparavant, le Koursk était rentré d’une mission militaire en Méditerranée. Il avait en effet été engagé alors que l’OTAN menait une campagne de bombardement contre la Serbie. Au cours de celle-ci, le Koursk était non seulement passé deux fois par le détroit de Gibraltar sans être détecté alors que le détroit était littéralement bardé d’équipements anti-sous-marin, mais il avait également réussi a contrôler la flotte américaine en croisant juste au-dessous du principal porte-avion. Suite à cet incident, plusieurs commandants de la marine américaine avaient été limogés de leurs postes et il a été dit que le Koursk et son capitaine, le commandant Lyachine, étaient presque devenus des ennemis personnels de la marine américaine. Voilà pourquoi il était logique de supposer que les Américains aient pu chercher vengeance.
Quelle a été la réponse des enquêteurs du Parquet général ? Au moment où les corps des marins ont été remontés à la surface, des parties de la première section du sous-marin ont également été repêchées avec plusieurs tonnes de débris : aucune trace de vaisseau, de torpille ou de matériel explosif étrangers n’a alors été mise en évidence. Cependant, l’hypothèse d’une collision avec un bateau étranger restait possible : un sous-marin américain Memphis, clairement endommagé, n’était-il pas apparu en Norvège le 18 août ? « C’est comparable à une collision entre une Zaporozhets et un KAMAZ” (entre une 2cv et un Berliet, NdT), a néanmoins commenté le concepteur du Koursk, Igor Baranov. Le tonnage de notre sous-marin était en effet deux fois plus important que celui des Américains. En cas de choc, le Memphis n’aurait pas seulement été endommagé, il aurait été écrasé. Plus que cela, la carcasse du Koursk avait été conçue de telle façon qu’il puisse supporter une petite explosion nucléaire, sans parler du lancement d’une torpille ordinaire.
Après que le sous-marin a été remonté à la surface, tout le monde a pu constater la présence d’un trou béant à côté de la quatrième section. Il a alors été suggéré que cela pouvait être le point d’impact d’une torpille. Mais les inspections suivantes ont révélé qu’il n’y avait pas eu d’impact extérieur sur le sous-marin et que le trou résultait d’une explosion massive qui avait littéralement plié la coque comme un accordéon. En raison de cette déformation, nos bateaux de sauvetage de Roudnitsky n’arrivaient d’ailleurs pas à se coller à la trappe d’évacuation d’urgence du neuvième secteur qui tanguait entre la mer et la cabine.