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(Cette sculpture se trouve près du Château )La Tarasque [dite aussi « bête faramine » est un animal du folklore provençal. Elle était censée hanter les marécages près de Tarascon, détruisant tout sur son passage et terrorisant la population. Ce monstre est une sorte de dragon à six pattes courtes comme celles d'un ours, un torse comme celui d'un bœuf, recouvert d'une carapace de tortue et muni d'une queue écailleuse se terminant par un dard de scorpion. Sa tête a été décrite comme étant celle d'un lion aux oreilles de cheval avec un visage de vieil homme. Depuis le 25 novembre 2005, les fêtes de la Tarasque à Tarascon ont été proclamées, par l'UNESCO, comme faisant partie du patrimoine oral et immatériel de l'humanité et inscrites en 2008[3].
Légende
Dragon amphibie aux yeux rougis et à l'haleine putride, la Tarasque vivait sur le rocher où a été construit le château de Tarascon. Elle guettait les voyageurs passant le Rhône pour s'en repaître, semant la terreur dans tout Tarascon.
Elle est décrite de la façon suivante par Jacques de Voragine dans la Légende dorée qu'il écrivit dans les années 1261 - 1266 : « Il y avait, à cette époque, sur les rives du Rhône, dans un marais entre Arles et Avignon, un dragon, moitié animal, moitié poisson, plus épais qu'un bœuf, plus long qu'un cheval, avec des dents semblables à des épées et grosses comme des cornes; il se cachait dans le fleuve d'où il ôtait la vie à tous les passants et submergeait les navires. »
Plusieurs versions existent pour expliquer la fin du monstre. Un jour, une jeune fille originaire de Béthanie, Sainte Marthe, venue évangéliser la Basse-Provence, décida de braver la bête. Avec toute la compassion que lui procurait sa foi chrétienne, elle obtint la soumission de la créature qui se laissa mener en laisse : Sainte Marthe avait ligoté à jamais ce symbole du paganisme. Mais le village avait subi tant de pertes que ses habitants se ruèrent sur le monstre et le tuèrent. Ou encore, seize jeunes gens auraient défié et tué la Tarasque et seulement huit en seraient sortis vainqueurs et auraient fondé les villes de Tarascon et Beaucaire.
Tarasques dans le folklore : Tarasque de Tarascon
Au cours de la Renaissance, le Grand schisme d'Occident étant fini — ce qui avait permis au comte de Provence d'être à nouveau roi de Naples —, il fallut exorciser les craintes. À Tarascon c'était les crues du fleuve. Et la légende des saintes de Béthanie, Marthe et sa sœur Marie, venues évangéliser la Provence et faire fuir tous ses maux, reprit vie. On trouva même une date précise à leur arrivée. Elles avaient débarqué aux Saintes-Maries-de-la-Mer en l'an de grâce 48. Et Marthe avait donc dominé la Tarasque peu après. De plus tous se souvenaient de la piété des rois de France qui étaient venus pèleriner sur le tombeau de la sainte à Tarascon. Tout d'abord Clovis, qui était tombé malade au cours du siège d'Avignon et qu'elle avait guéri, puis Louis IX, qui était devenu saint, et son frère Charles Ier, comte de Provence et roi de Naples.
Festivités
Cette légende donna naissance à des festivités, créées par le Roi René d'Anjou en 1469. Elles se déroulaient alors sur deux jours, le second dimanche après la Pentecôte, et reprenaient ensuite le 9 juillet pour la fête de Marthe, patronne de Tarascon. Le roi les présida jusqu'au 14 avril 1474. Elles étaient destinées à exorciser le mal qui, pour les riverains du Rhône, se traduisait par les débordements intempestifs du fleuve. On accusait, entre autres choses, la Tarasque de bousculer les digues péniblement établies, de rompre de ses coups de queue les barrages qui empêchaient les eaux d'inonder la Camargue. On fabriqua alors un monstre qu'on lâchait dans les rues.
L'effigie était naïve mais impressionnante : immense carcasse de fer de 6 mètres de long, au corps en forme de tortue, hérissé de piquants, une tête humaine avec des moustaches gauloises, des oreilles triangulaires, des dents de poisson carnivore et une longue queue qui balaie tout sur son passage. À partir de Pentecôte puis les 50 jours suivants, elle devait rappeler au peuple ce monstre qui l'avait terrorisé.
Au XIXe siècle, les apparitions de ce monstre sont encore assez menaçantes : la queue très longue, constituée d'une poutre, traverse la foule qui, comme dans les abrivades, montre son habileté en bravant ou en essayant de toucher le monstre tout en lui échappant. À son passage, il était d'usage (et c'est encore l'usage aujourd'hui) de pousser le cri traditionnel :
Lagadeou, lagadigadeou, la Tarascou
Lagadeou, lagadigadeou, lou Casteou[14]
À l'époque, la périodicité de cette fête était aussi imprévisible que les inondations qu'elle était censée exorciser. La Tarasque courut en 1846, 1861, 1891 et 1946.
Jusqu'à la fin du XIXe siècle, ces fêtes s'accompagnaient de jeux et d'une procession menés par les différentes corporations de métiers : vignerons, portefaix, bergers, jardiniers (maraîchers, fermiers, métayers) mais aussi des bourgeois. La présence de ces corporations, qui représentaient les métiers de la Provence, symbolisait la renaissance fertile lors des fêtes de Pentecôte.
Désormais, la Tarasque ne sort qu'une fois par an (en principe le 29 juillet, jour de la Sainte Marthe mais il ne reste plus grand-chose du monstre processionnel ; il s'agit plutôt d'une exhibition folklorique et touristique.
Tous les ans, pendant les fêtes de la Tarasque, on la voit défiler dans les rues de la ville, ce qui est devenu un argument touristique. Le reste de l'année, on peut la voir dans son antre dans la Rue des Halles.
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