Hier, je me suis rendue aux obsèques du mari d'une mes tante, décédé d'un cancer il y a peu. Je m'installe, je me sens non pas indifférente mais "bien", comme si la peine et la souffrance n'avaient rien de terrible. Je précise que je ne connaissais très peu cette personne.
Durant toute la cérémonie, ce n'était pas totalement "moi" qui étais présente mais lui. J'ai versé quelques larmes mais c'étaient des larmes d'émotion, pas de joie, de quelqu'un qui était touché. J'ai souri durant toute la cérémonie et j'avais pleine conscience que le défunt était "présent" et que je lui servais de "relais" pour assister à ses adieux.
Dès que quelqu'un mentionne une anecdote que je ne connaissais pas, je souris et parfois, j'ai un rire aussi discret que possible. Je ne sais "rien" de tout ça, je ne peux pas comprendre. Ce ne sont que quelques larmes sans douleur et sans amertume qui couleront sur mes joues.
Je me sentais à la fois extrêmement distante et vraiment présente. Tout cela se déroulait devant moi, me concernait, cependant je n'étais pas "là" en un sens. Je laissais parfois échapper quelques paroles à voix basse selon la personne qui intervenait. Quand est venue le tour de sa petite-fille bouleversée, j'ai murmuré "ne pleures pas". A la fin, je crois, j'ai senti qu"il voulait" la réconforter alors j'ai laissé ma main très doucement s'approcher d'elle et lentement, j'ai pris sa main à elle et l'ai serrée et caressée gentiment.
A la fin j'ai murmuré "merci à tous" ainsi que des propos qui, je le savais ne pouvaient m’appartenir car je n'avais aucun intérêt à les prononcer. J'ai senti que ce homme était très heureux par l'hommage qui lui avait été rendu.
Il est particulièrement troublant de vivre ce genre de choses en "conscience" et en même temps pas du tout. Je m'étais, dès que j'ai senti sa présence, plus ou moins "effacée" pour lui laisser tout loisir de profiter de cet instant.
Je pense aussi que ma "découverte" des incarnations rendra chaque "départ" bien moins pénible, je me dirais juste que la personne en a fini avec cette "histoire là" et qu'elle va en écrire une autre.
Il y avait une sorte de tristesse paisible et résignée, une "paix" que je ne saurais décrire, elle a duré jusqu'à la fin.
Du moins, je n'ai pas été spécialement surprise parce que je me disais ça "pouvait" se produire. Puisqu'il a déjà fait appel à moi pour écrire une lettre d'adieu à sa femme.
Voilà, c'était tellement particulier que je me suis dit que cela méritait d'être partagé sur le forum. Sachant que visiblement cet homme là est présent de "l'autre côté" faute de meilleur terme.