Le Picatrix est le nom latin d'un traité de magie et d'hermétisme médiéval.
Il s'agit de la traduction du traité arabe Ghâyat al-hakîm, écrit au milieu du XIe s, attribué à Maslama al-Mayriti (al-Majrîtî, vers 950-1008), venant donc d'un pseudo-al-Majrîtî, mais inspiré par l'alchimiste Jabir Ibn Hayyan (Jâbir ibn Hayyân, 721-815).
Il connaît un très grand succès à la Renaissance, grâce à la traduction faite par Alphonse le Sage.
Pic de la Mirandole en aurait possédé un exemplaire dans sa bibliothèque
Genèse du traité
Il s'agit à l'origine d'un traité arabe Ghâyat al-hakîm (« Le but du sage ») composé dans l'Al-Andalus au milieu du XIe siècle. Après sa conquête sur les musulmans par Alphonse VI de Castille en 1085, Tolède devient un centre de traduction très réputé, et un lieu de rencontres entre les savants juifs, musulmans et chrétiens. Le Ghâyat al-hakîm est traduit en castillan (version dont il ne reste que des bribes) puis en latin sous Alphonse X le Sage, à la fin des années 1250. La traduction l'attribue au mathématicien alchimiste et astronome Maslama al-Majrîtî (vers 950-1008), dont le latin Picatrix, possible déformation du castillan Picatriz serait la traduction du surnom Maslama.
La version arabe fut découverte vers 1920 par l'orientaliste et bibliothécaire Wilhelm Printz, et traduite en allemand par Helmut Ritter en 1933.
Contenu
C'est un ouvrage de compilation. « Les sources de cet assemblage sont multiples : opuscules magiques, astrologiques et hermétiques élaborés au Proche-Orient à partir du IXe s., textes sabéens, hermétiques, ismaéliens... Le texte se présente comme une juxtaposition de recettes de magie astrale et spirituelle et de passages théoriques plus ou moins inspirés par des spéculations néo-platonisantes. Le Picatrix commence par définir la nigromancia comme ce qui se dit « de toutes les choses qui sont cachées à l'appréhension et dont la majorité des hommes ne comprennent pas comment elles se font ni de quelles causes elles proviennent ». Cette science est divisée en trois parties : dans la première, pratique, les « opérations se font de l'esprit sur l'esprit » ; la deuxième, la fabrication des images (talismans) consiste à appliquer « un esprit dans un corps » ; la troisième, enfin, l'alchimie, est l'application d’« un corps dans un corps ». Le pouvoir de l'image fabriquée provient au moins en partie de la conjonction de la vertu terrestre et de la vertu astrale. Mais le Picatrix accorde aussi une grande place à l'intervention des esprits planétaires.
édition et traduction du picatrix