On estime qu'actuellement cohabitent sur la Terre une quarantaine de millions d'espèces différentes d'animaux et de plantes.
Les paléontologues recensent
cinq extinctions majeures et une vingtaine d'autres secondaires. Les Cinq Grandes sont celles de l'Ordovicien, du Dévonien, du Permien, du Trias et du Crétacé. Seules ces cinq grandes peuvent être appelées des extinctions de masse, les autres n'ayant entraîné que des extinctions partielles, mais non négligeables pour autant.
Grossièrement, on a calculé qu'une extinction secondaire se produit en moyenne tous les 10 MA et tue 30 % des espèces, alors qu'une extinction majeure se produit en moyenne tous les 100 MA et tue environ 65 % des espèces. Entre-temps, on estime qu'une extinction mineure, entraînant environ la perte de 5 % des espèces, se produit en moyenne tous les 1 MA.
Causes possibles des extinctionsNous avons dit plus haut que plusieurs milliards d'espèces se sont succédé depuis l'apparition de la vie sur Terre et que 99,9 % d'entre elles se sont éteintes.
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La fin de l'Ordovicien (440 MA). Il s'agit de la première grande extinction du registre fossile (car bien sûr il y a en a eu d'autres plus anciennes). Elle élimina plus de la moitié des espèces marines (planctons, algues, coraux, trilobites, poissons). A cette époque, la vie n'avait pas encore investi la terre ferme. Une anomalie en iridium décelée dans certaines couches géologiques, en Chine, au Canada et en Ecosse, laisse à penser que l'origine de cette extinction est d'origine cosmique.
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La fin du Dévonien (367 MA). Cette importante extinction extermina elle aussi de nombreuses espèces marines (planctons, coraux, éponges, trilobites, poissons). Sur la terre ferme, que la vie avait commencé à envahir, plusieurs espèces d'amphibiens firent décimées. Là encore, plusieurs pics d'iridium furent découverts, notamment en Chine et en Australie. Des microtectites (preuve d'un impact incontestable) ont été identifiées en Chine et même en Belgique.
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La fin du Permien (245 MA). C'est la plus spectaculaire des grandes extinctions, puisque l'on estime que près de 90 % des espèces vivantes disparurent, aussi bien sur la terre ferme que dans les océans. On table sur environ 20 millions d'espèces existantes avant le cataclysme destructeur, seulement 2 millions auraient survécu. Cela veut dire que 18 millions d'espèces différentes auraient été anéanties dans cette seule catastrophe, jamais renouvelée depuis par son ampleur. On appelle d'ailleurs la fin du Permien la grande mort. Des pics d'iridium anormaux sont associés à cette période, découverts notamment en Inde et en Chine. La fin du Permien correspond, on le sait, à la fin de l'ère Primaire, ce qui dénote bien l'importance exceptionnelle de cet événement, lié probablement à un impact multiple sur la Terre dans ce qui est l'Amérique du Sud actuelle.
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La fin du Trias (208 MA). Cette quatrième extinction de masse est caractérisée par la disparition de nombreux vertébrés marins, notamment les placodontes qui furent définitivement anéantis. Sur la terre ferme, on note surtout de nombreuses extinctions en Amérique du Nord, lieu probable de l'impact cosmique. Par contre, les premières espèces de dinosaures, déjà présentes sur Terre, arrivèrent à survivre partiellement, ce qui prouve que la vie resta possible dans certains endroits. A noter aussi une extinction végétale massive. Là encore, on a noté des pics d'iridium et aussi des traces de quartz choqués en Italie, ce qui semblerait indiquer un impact multiple.
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La fin du Crétacé (65 MA). Elle est liée au fameux impact cosmique dont nous avons abondamment parlé au chapitre 12, avec surtout la mort des dinosauriens, mais l'impact fut aussi la cause de la disparition des deux tiers des espèces terrestres. Il est associé à la fin de l'ère Secondaire, ce qui indique bien l'importance exceptionnelle de cet événement sur le plan biologique.
Extinction = régénération = moteur de l'évolution
Globalement, on peut dire que, suite à chacune de ces grandes extinctions de masse, l'évolution fut évidemment relancée à partir des formes survivantes, soit environ un tiers en moyenne d'après les statistiques. Ces survivants étaient presque toujours de petite taille, puisque les gros animaux, plus vulnérables et plus tributaires de l'environnement, obligatoirement très défavorable durant la période post-catastrophe, furent les principales victimes de ces cataclysmes gigantesques.
A la lumière des simulations actuelles, on suppose qu'après une assez courte période (à l'échelle géologique), les conditions climatiques retrouvent leurs caractéristiques normales. La vie, en toute logique, reprend progressivement son cours après ce qui est en fait un simple accident de parcours dans la très longue histoire de la Terre. L'évolution redémarre d'abord lentement, puis souvent ensuite d'une manière explosive, et rapidement on se trouve en présence d'une biodiversité accrue et complexifiée.