Un objet transitionnel est un objet utilisé par un enfant à partir de l'âge de 4 mois pour représenter une présence rassurante (comme celle de la mère).
Donald Winnicott fut le premier à parler de l'objet transitionnel ainsi que des phénomènes transitionnels au début des années 1950, soulignant soigneusement que leur existence était fonction des enfants. En effet, si tous les enfants occidentaux n'y ont pas recours, le phénomène est plus rare encore — voire le plus souvent inexistant — dans les sociétés extra-occidentales.
Peu à peu, l'enfant est amené à percevoir la réalité, autrement dit, à percevoir l'objet maternel et son angoissante dépendance vis-à-vis de celui-ci. C'est ce qu'on appelle la « désillusion ». Au cours de cette évolution, de ce passage du subjectif à l'objectif, interviennent les phénomènes transitionnels ainsi que l'objet transitionnel.
Les phénomènes transitionnels (apparaissant entre 4 et 12 mois) désignent une zone d'expérience intermédiaire entre sucer son pouce (érotisme oral) et l'ours en peluche avec lequel l'enfant joue et qu'il investit (relation objectale vraie).
L'objet transitionnel quant à lui qualifie un objet matériel, choisi par le nourrisson et le jeune enfant (et c'est une condition indispensable) utilisé par exemple au moment de l'endormissement. Ce phénomène « normal » permet à l'enfant de transiter de la première relation — orale — à la mère et la « véritable relation d'objet ».
L'objet transitionnel est donc un objet privilégié, choisi par l'enfant. Il est la première possession non-moi. Il n'est perçu ni comme faisant partie de la mère, ni comme étant un objet intérieur. Il permet le cheminement de l'enfant du subjectif vers l'objectif — il sera plus tard désinvesti et l'espace transitionnel donnera accès au jeu et aux activités culturelles pour l'adulte.
Objet généralement doux au toucher, il permet au bébé de lutter contre l'angoisse (angoisse de type dépressif tout particulièrement) en gardant un minimum de sentiment de contrôle. Même si ce contrôle n'est plus aussi absolu que celui que lui conférait son omnipotence, il s'agit tout de même d'un contrôle par la manipulation.
L'objet transitionnel devra survivre à l'amour instinctuel et à la haine. Par la suite quand apparaît et se développe le langage, l'objet transitionnel pourra être nommé.
L'objet transitionnel vient remplir une fonction essentielle : celle de défense contre l'angoisse. L'objet vient pour rassurer l'enfant, le réconforter, et tout parent connaît ce rôle. Au fond, qu'importe l'objet, ce qui intéresse le regard du psychanalyste demeure dans l'évolution ultérieure. Le premier point d'importance concerne le transfert. L'enfant ne fait pas le deuil de l'objet transitionnel — au sens de désinvestir progressivement — mais étend son intérêt pour le transitionnel à tous les domaines de la culture. Au lieu d'un deuil, difficile processus de désinvestissement, on trouve l'extension d'un investissement qui visait un objet et qui vise ensuite l'art, la connaissance, etc. Ce point amène Winnicott à jouer du transfert d'une manière très particulière.