poésie : La Lumière perdue

Un de ces soirs
Sans vraiment le savoir
Je sortis du petit manoir
Avec en moi l’inconscient espoir
De quérir ce que je n’avais pu recevoir
Après avoir entrouvert la porte de l’exutoire
Je me laissai mener par l’air du dehors le long du couloir
Du parc dont l’aspect s’était modifié au point que je ne pus croire
Qu’il s’agissait du jardin qui à la longue s’était gravé dans ma mémoire
Je levai les yeux au ciel, ce limpide intermédiaire entre le bleu et le noir
Ayant pris pour s’étendre les couleurs les plus profondes que la nature ait pu concevoir
Se détachaient de ce fond les lointaines collines vertes sur lesquelles j’allais apercevoir
Dans cette uniformité passive une fine lumière orangée qui allait changer ma façon de voir
Un clignotement léger me laissait supposer qu’elle pouvait disparaître soudain au risque de m’émouvoir
Puisque à mes yeux elle revalorisa brusquement le paysage par sa présence méritoire
Et emplit ma conscience d’une envie de satisfaire toute l’infinité de mon vouloir
Qu’était-ce? la lumière d’un réverbère isolé, d’un feu de camp, ou le reflet miroir
De l’image de tout ce que je viens de citer sans volonté de me décevoir
Mais à quoi bon satisfaire une fois de plus cette exigence dérisoire
De connaître l’origine de ce que je n’avais fait qu’entrevoir
L’apparence seule suffisait amplement à m’émouvoir
Quel contraste existait entre la lueur provisoire
Et le paysage qui dormait comme un loir
Quant à moi, prisonnier des devoirs
Que m’impose ce monde noir
Je partis sans pouvoir
Dire bonsoir