En 104 avant Jésus Christ, Apollodore le grammairien, fils d’Asclépiades, qui a été le disciple d’Aristarque le grammairien et du philosophe Panœtius, rédige ses « Chroniques » et dans son Livre IV, il cite la mythique cité d’Aéria dans la vallée du Rhône.
Une citation qui permet de situer la cité:"Aéria est bien nommée parce qu'elle est située sur une grande hauteur, dans une position verticalement aérienne" Strabon, géographe grec. Interprétant cette citation, de nombreux historiens ont proposé divers emplacements pour cette cité, mais nous retiendrons le lieu donné et justifié par Mr Chevalier : Aéria se trouve sur le rocher des Aures. En effet, il semble ne pas y avoir d'autres lieux dans la région qui correspondent à la citation du géographe grec. De plus, le nom " Aéria " possède deux significations : ce qui est aérien, objet élevé ce qui est dans l'air, balayé par l'air Or, le rocher des Aures possède ces deux caractéristiques. De plus, son nom est similaire à "Aéria" .
D'autre part, les Celtes tenaient à leur principe de "ville du milieu". Ceci se retrouve au rocher des Aures, même distance: de Marseille et de Lyon, de la Durance et de l'Isère, d'Orange et de Die, d'Arles et de Grenoble.
La vie au temps d'Aéria: Durant l'âge de la pierre, du bronze et du fer, les populations des Aures étaient d'abord de race Ligure, les tribus Celtes vinrent les supplanter et les absorber dans la suite, mais les unes et les autres savaient se retrancher. La place forte étaient bâtie au sommet du rocher. L'accès au rocher ne pouvant se faire que d'un côté, les hommes complètent alors la défense naturelle du lieu. Ainsi du côté où le plateau se prolonge, ils établirent de larges fossés, des tranchées creusées dans le roc ou bien de larges murs. Lorsqu'ils édifiaient des enceintes, Ligures et Celtes disposaient des blocs de pierres irréguliers, posés sans ciment les uns sur les autres. Cette ligne défensive avait environ 3 m d'épaisseur et au moins 5 m de hauteur, c'est une chaussée haute et large, aplanie au sommet et percée de quelques portes : cette enceinte ne valait que par sa masse inébranlable et par la vaste plate-forme que son chemin de ronde offrait aux défenseurs. A cette époque, deux grandes confédérations gauloise occupaient la région : les Cavares: dans la plaine, le long du fleuve Rhône. les Voconces : dans la région montagneuse, du Vercors au Ventoux. La ville d'Aéria serait Cavare : elle permettait de surveiller toute la plaine d'Orange à la Douriane (lire Livron) et elle constituait un bastion inexpugnable contre toute invasion du côté de la montagne. Grâce à des signaux de feu lancés depuis ce roc, les Cavares dans la plaine pouvaient ainsi être renseignés sur les invasions. D'après le nombre et l'importance des clapiers ou tas de pierres provenant des huttes écrasées, on peut affirmer qu'il y avait environ 2000 habitations. Si on attribue le chiffre moyen de 5 habitants à chacune d'elles, on voit que la population de la ville d'Aéria est de l'ordre de 10000 âmes. (son apogée fut de 500 à 100 ans avant J.C.) Cette population ne demeurait pas continuellement dans Aéria ; elle se répandait dans le vaste territoire qui en dépendait, travaillant la terre, chassant, pêchant, trafiquant, et ne rentrant dans la ville que lors de la mauvaise saison ou quand il fallait lutter contre l'envahisseur ou marcher contre l'ennemi. Seuls, les artisans (tisserands, fondeurs, charpentiers,...) y résident de façon permanente, avec les chefs de la tribu et les prêtres. Cette cité a suivi le sort de bon nombre de villes de la Gaule quand la conquête de celle-ci fut un fait accompli. Cà et là, des changements de noms et des déplacements dans le siège des villes ont lieu de manière à rompre avec le passé. Ainsi, lorsque la pacification de la vallée rhodanienne fut achevée, que le joug de Rome fut définitivement accepté dans la région, cette forteresse établie sur un roc difficile d'accès était devenu inutile. On abandonna ce site pour un endroit mieux protégé du vent, comme le vallon du Pègue ou encore Valréas (Vallis Aérias).
La configuration de la cité: Une muraille de pierre sèche se développe transversalement sur la pente ouest, sur une longueur de 200 m. De loin, elle a l'aspect d'un immense éboulis de pierres sèches, mais lorsque l'on se trouve sur les lieux, il s'agit bien d'une construction faite de main d'homme. Ce mur est relativement bien conservé sur une longueur de 25 à 30 m. Une seconde muraille complète la défense de l'oppidum. Celle-ci n'est pas continue : par endroits, des bancs rocheux, assez élevés, la remplacent et forment des à pic sur la pente. (Cette deuxième muraille est moins bien conservée, ceci est due à une démolition probable à la période médiévale pour la culture des terres.
Après avoir franchi la première enceinte, on peut remarquer la quantité considérable de débris céramiques gallo-romains éparpillés parmi les pierres des murs éboulés des constructions détruites. Sur la pente sud, sous la falaise à pic qui la domine, on trouve même abondance de conglomérats de ciment (cailloux et brique pilée) et de blocs épannelés caractéristiques des constructions romaines. Certains pans de murs à blocs épannelés du sommet du plateau font supposer que les romains y établirent une forteresse d'environ 1500 m² de superficie. On a aussi retrouvé des céramiques et de la verrerie, ainsi que de la monnaie et des médailles. (100 ap JC à 375 ap JC). Les ouvrages d'une citadelle médiévale (mur en maçonnerie, large fossé, second mur de 3 m d'épaisseur, plate-forme et citerne) furent sans doute construits sur les ruines de cette forteresse romaine.
Le schéma de l'Oppidum replacé dans son contexte géographique original :