[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]Google Earth, Google Maps et Google Street View comportent des éléments floutés. Où sont-ils ? Pourquoi sont-ils cachés ? Quelques réponses ici.
Voilà neuf ans, un article de RFI confiait les craintes des militaires à cause du lancement d’un nouveau logiciel Google : Google Earth. Aujourd’hui, le fameux Google Earth est bel et bien rentré dans nos vies. Plus encore, c’est Google Street View, lancé en 2007, qui a été épinglé pour son caractère intrusif. Assignée par la CNIL, la firme de Larry Page était condamnée à verser 100 000 euros trois ans plus tard.
Effectivement, l’oeil de Google est partout. Tellement, d’ailleurs, que des instances aussi élevées que des gouvernements ont dû se prémunir contre les sens aiguisés de “Big Brother” Google. Le magazine américain Business Insider le prouve notamment : pour se prémunir de l’incruste, de nombreux endroits du globe ont dû passer par l’étape floutage. Coup d’oeil.
La Maison-Blanche, fausse transparence
En fait, dès 2005, le gouvernement américain a pris la précaution de demander à Google de flouter la Maison-Blanche et le Capitole à Washington. Ainsi, pas de Google Earth au-dessus du crâne des dirigeants américains.
Aujourd’hui néanmoins, le Bureau ovale a trouvé une autre solution moins flippante mais tout aussi peu transparente : remplacer l’image satellite de Google par une photo aérienne de ces bâtiments, datée et approuvée par le département militaire US.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Tous les pays du globe n’ont pas opté pour cette option et pour de nombreuses installations, le simple floutage est de mise. Pour de nombreux dirigeants, la meilleure solution pour ne pas trop dévoiler les installations stratégiques ou les bâtiments gouvernementaux est donc de passer un accord avec Google. À l’Élysée, aucun problème d’identification, et pas de floutage.
Un site nucléaire français
En France, c’est le site nucléaire de Marcoule, non loin d’Avignon, qui a subi ce “dé-lifting” numérique. Ce site ne comporte plus d’activité militaire depuis l’année 2009 mais le démantèlement de ses fonctions armées passées ne commencera qu’en 2016 et s’arrêtera au plus tôt en 2050. Pas de mystère quant à l’explication du floutage de ce site à l’importance indéniable… et qui manipule des substances aussi volatiles que dangereuses.
Au passage, il faut se souvenir que ce site a été le lieu d’une explosion tragique conduisant à la mort d’un technicien et quatre blessés le 12 septembre 2011.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]On remarque par ailleurs qu’une autre centrale bien connue en France n’a pas subi le même traitement : la doyenne des installations nucléaires françaises, sise à Fessenheim, n’est pas floutée sur Google Earth. Ce qui explique peut-être la facilité déconcertante avec laquelle des militants de Greenpeace parviennent à s’y infiltrer.
Le 18 mars 2014, 34 membres de l’ONG écologiste se sont introduits dans l’enceinte de la centrale pour avertir du danger du nucléaire. Comme on peut le voir dans le cliché capturé sur Google Earth ci-dessous, il est aisé d’identifier les bâtiments les uns après les autres grâce à un simple coup d’oeil. Zéro floutage.
Une île polaire russe exploitée dans James Bond
Un autre exemple, plus mystérieux : celui des îles Severnaya Zemlya, ou simplement “Terre du Nord” en français. Découvertes entre 1913 et 1915 seulement, elles sont tout simplement l’une des bandes de terre situées les plus au nord du globe. Appartenant à la Russie, elles sont couvertes d’une bande striée qui cache très ostensiblement une grande partie de ces îles dans leur version Google Maps.
Installations scientifiques de pointe ? Bâtiments militaires ? Difficile à dire. Tout ce qu’on en connaît, finalement, c’est James Bond qui nous l’a montré dans GoldenEye : la Terre du Nord hébergerait une station de contrôle de satellite. Mais ni au shaker, ni à la cuillère : plutôt aux glaçons, pour le coup.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Une base aérienne néerlandaise dissimulant des missiles nucléaires
Mais il n’y a pas que l’austère patrie de Vladimir Poutine pour dissimuler ses installations tactiques. Les Pays-Bas sont eux aussi adeptes du floutage Google, on le voit avec la base aérienne de Volkel. L’aérodrome héberge notamment deux escadrons de F-16 et figure parmi les trois bases les plus importantes de l’aviation royale néerlandaise.
Evidemment, Volkel est un peu plus qu’une simple base militaire. Le 10 juin 2013, le Premier ministre batave Ruud Lubbers confirme l’existence, au sein de la base, de 22 armes nucléaires. Après une première fuite grâce aux documents de Wikileaks balancés par Julian Assange, c’est dans un documentaire de National Geographic que l’homme politique l’a révélé, commentant, au passage, “Je n’aurais jamais cru que des choses aussi idiotes puissent encore se produire en 2013”.
En effet, les missiles sont ici depuis l’époque de la crise des missiles de Cuba, destinés à donner le change à l’URSS en cas de besoin de réponse musclée. Aujourd’hui, même si ces manoeuvres nous semblent (heureusement) celles d’un autre âge, la potentielle terreur nucléaire peut bel et bien être lâchée depuis cette base des Pays-Bas. Vous n’avez pas besoin d’un dessin pour savoir pourquoi cette base est floutée.
La centrale iranienne de la discorde
Mais si des endroits peuvent être floutés par Google, les pays qui n’interagissent pas avec le géant de l’informatique américain ne peuvent pas se permettre ce luxe. Et si pour vivre heureux, vivons caché, certains Etats comme l’Iran ou la Corée du Nord n’ont pas le choix : vivons à poil.
Exemple avec une installation nucléaire iranienne l’Iran, à 17 kilomètres de la ville de Bouchehr, qui se dévoile tout simplement à nos yeux, nullement dissimulée par quelque brouillard numérique que ce soit. Que l’Etat islamiste souhaite garder les images satellite de ses installations secrètes ou non, il n’a pas le choix.
Alors que la centrale a vu sa confection commencer en 1975, elle a subi plusieurs arrêts dans sa construction et son développement, parfois à causes de catastrophes naturelles, comme c’est le cas en 2013. En avril, une série de séismes importants endommage la centrale, “dessinant de larges fissures sur la structure”, selon des sources diplomatiques qui se sont exprimées en marge d’une réunion de l’Agence internationale de l’énergie (AIEA) à Vienne.
On rappelle que l’Iran est le seul Etat à développer un programme d’enrichissement nucléaire de la planète à avoir refusé de rejoindre la Convention internationale de sûreté nucléaire, instance de surveillance créée au lendemain de la catastrophe de Tchernobyl. Pourtant, la centrale est posée sur une zone sismique : Boucherh a déjà subi neuf séismes de magnitude 6 ou supérieure en l’espace de quelques décennies. L’inquiétude de la communauté internationale et de l’AIEA est grande.
50 000 déportés Nord-coréens
Plus morbide, direction la Corée du Nord pour une visite aérienne rafraîchissante d’un fameux camp de concentration de la dictature. Le camp de Buckchang, qui s’était d’ailleurs illustré par ses commentaires au cynisme accompli sur Google Maps, s’offre à notre regard inquisiteur d’Occidentaux chanceux grâce aux satellites Google.
Découvrez alors le camp de prisonniers politique le plus vieux du pays, érigé dès 1958 pour y placer les langues trop bien pendues. On estime à 50 000 le nombre de captifs que vous toisez du regard depuis votre confortable écran d’ordinateur.
Pour d’autres endroits floutés de la planète, d’autres destinations étranges dévoilées aux yeux du public ou des secrets militaires à découvrir, rendez-vous sur ce fascinant outil qu’est Google Earth.