Messages : 9230 Date d'inscription : 23/02/2012 Localisation : Avalon
Sujet: LA GROTTE CHAUVET Mar 8 Mai 2012 - 14:35
LA GROTTE CHAUVET
18 décembre 1994, une découverte exceptionnelle vient d’être faîte au cœur des Gorges de l’Ardèche : la grotte Chauvet-Pont d’Arc. Cette grotte, située à proximité de l’arche naturelle du Pont d’Arc, va bouleverser les connaissances acquises sur l’Art paléolithique. Pour des raisons de conservation, il a été décidé dès sa découverte que la grotte ne serait jamais ouverte au public. L’ Ardèche se place aujourd’hui au rang de la Préhistoire mondiale grâce à ce patrimoine préhistorique unique : la première image de l’humanité (35 000 ans) deux fois plus ancienne que Lascaux
LA DECOUVERTE Le dimanche 18 décembre 1994 sur le cirque d'Estre, Jean-Marie Chauvet, conduit ses deux amis Éliette Brunel et Christian Hillaire vers les falaises : un léger courant d'air, émanant d'un petit trou, au fond d'une petite grotte a attiré son attention et il veut en avoir le cœur net. Leur passion à tous trois est la spéléologie, et ils ne comptent plus les découvertes et les premières. L'après-midi est avancée et la petite cavité, dans laquelle ils pénètrent, est déjà connue, située tout près d'un chemin de grande randonnée. Mais là, derrière l'éboulis, il y a quelque chose c'est sûr, alors ils creusent et dégagent un passage dans lequel ils se faufilent. Ils finissent par surplomber un vide obscur, ils n'ont pas assez de matériel pour continuer. Ils rejoignent leurs véhicules alors qu'il fait déjà nuit, prennent l'essentiel, hésitent un peu, et finalement, retournent à leur découverte. Ils descendent par leur échelle spéléologique et découvrent une vaste salle au plafond très haut remplie de splendides concrétions scintillantes. Ils progressent en file indienne vers une autre salle, tout aussi vaste, et admirent les inattendues beautés géologiques qui les entourent. Ils aperçoivent aussi des ossements d'animaux. Ils parcourent presque tout le réseau et sur le chemin du retour, Éliette aperçoit dans le faisceau de sa frontale un petit mammouth à l'ocre rouge sur un pendant rocheux : " Ils sont venus ! " s'écrie-t-elle et, à partir de cet instant, ils observèrent avec attention toutes les parois, découvrant des centaines de peintures et de gravures.
LA GROTTE AUJOURD'HUI L'AUTHENTIFICATION Lorsque l'on examine à la loupe un tracé peint, on s'aperçoit que la ligne apparemment continue et intacte comporte en fait des quantités de manques minuscules dus à l'érosion : l'oeil ne les enregistre pas dans sa vision globale. Un tracé récent sera beaucoup plus cohérent et continu. Quant à l'intérieur des gravures, net, blanc et propre lorsqu'elles sont fraîches, il se révèle plein de micro-cristallisations après des millénaires sur les parois d'une grotte. Les représentations animales étaient elles-mêmes au-dessus de tout soupçon, de par leur qualité et leur naturalisme. Pour qu'il y eût faux, il eut fallu non seulement réunir les qualités d'un grand artiste animalier, mais avoir une excellente connaissance de l'art paléolithique tout comme des animaux de l'époque. Enfin, l'aspect même des sols interdisait l'idée d'une supercherie. Ils étaient jonchés d'ossements d'ours des cavernes. Les crânes reconnaissables se comptaient par dizaines. Rien n'avait été touché. L'art de la grotte Chauvet-Pont-d'Arc était donc authentique, sans l'ombre d'un doute. Le 18 janvier 1995, la grotte est livrée au monde à l'occasion d'une conférence de presse du Ministre de la Culture de l'époque, Jacques Toubon.
LES DATATIONS Des datations directes effectuées en 1995 ajoutent une dimension inattendue à la découverte. En effet, trois échantillons pris sur deux rhinocéros et un bison tracés au charbon ont donné des dates comprises entre 30 340 et 32 410 avant le présent. Compte-tenu des marges statistiques, cela signifie que ces peintures ont été faites à une date très ancienne, autour de 31 000 ans avant le présent, dans un intervalle de 1 300 ans. La datation (26 120 ±400) d'un mouchage de torche superposé à la calcite couvrant un dessin prouve que certaines au moins des représentations ont bien été effectuées à des dates très anciennes et que l'on doit écarter l'hypothèse, au demeurant fort improbable, de visiteurs solutréens ou magdaléniens qui auraient ramassé sur le sol des charbons aurignaciens et s'en seraient servi pour tracer leurs dessins des milliers d'années après le passage des premiers occupants de la caverne.
L'IMPORTANCE DE LA GROTTE La découverte a causé un choc, tant la grotte a paru importante et originale, même aux non spécialistes. Ce sentiment tient à plusieurs causes. La première est le bestiaire figuré avec ces rhinocéros, ces lions et ces ours. Généralement, les animaux représentés dans les cavernes paléolithiques sont des animaux chassés, même si leurs proportions ne coïncident nullement avec les tableaux de chasse tels que nous les connaissons d'après les fouilles d'habitats. Ici, les animaux dangereux, qui ne figuraient pas au menu des paléolithiques, sont largement majoritaires (plus de 60 % des animaux déterminés, si on rajoute le mammouth). Les techniques utilisées, c'est-à-dire la façon dont ces animaux ont été représentés, sont elles aussi étonnantes, surtout par l'usage constant de l'estompe et les recherches de perspectives. Ces raffinements tranchent avec les images auxquelles nous sommes habitués.