Lettres d'Amarna
Amarna (Tell el-Amarna ou el-Amarna est le site archéologique d'Akhetaton, la capitale construite par le pharaon Akhénaton aux alentours de -1360.
Akhetaton signifie « L'Horizon d'Aton » en ancien égyptien.
Lorsque Toutânkhamon quitta Akhetaton pour retourner à Thèbes, la cité fut laissée à l'abandon, puis démantelée par les successeurs d'Akhénaton et recouverte par les sables.
Akhetaton est la seule ville de l'Égypte antique dont nous ayons une connaissance détaillée, notamment à cause du fait qu'elle fut désertée peu de temps après la mort d'Akhénaton, pour ne plus jamais être occupée.
Les lettres d'Amarna sont des tablettes d'ordre diplomatique, retrouvées sur le site d'Amarna. Ces tablettes, rédigées pour la plupart en akkadien cunéiforme, sont faites d'argile. On en dénombre actuellement 382.
Découverte et constitution du corpus[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Une des tablettes de la correspondance diplomatique retrouvée à Amarna La découverte des tablettes est attribuée à une femme égyptienne vers 1887, qui en creusant découvrit ces antiquités, qu'elle revendit au marché. Après avoir localisé l'endroit, de nombreuses fouilles ont eu lieu. Flinders Petrie découvrit de nombreuses tablettes entre 1891 et 1892, sous la forme de vingt et un fragments. Émile Gaston Chassinat, directeur de l'Institut français d'archéologie orientale (IFAO) du Caire, fit l'acquisition de deux tablettes supplémentaires en 1903. Depuis Knudtzon, vingt quatre nouvelles tablettes ont été retrouvées ou identifiées.
Il n'empêche que l'on sait qu'une partie des lettres retrouvées par des fouilleurs clandestins a disparu irrémédiablement, certains spécialistes du cunéiforme ayant d'abord pris ces tablettes pour des faux, car ils ne voyaient pas ce que des tablettes cunéiformes auraient fait en Égypte, et ils les avaient refusées.
Les tablettes retrouvées à Amarna sont gardées dans les musées du Caire, d'Europe et des États-Unis ; plus de deux cents sont au Vorderasiatischen Museum de Berlin ; cinquante sont gardées au musée égyptien du Caire ; sept au musée du Louvre ; trois au musée de Moscou ; une dans la collection de l'Oriental Institute de Chicago.
La correspondance entre grands roisUn premier ensemble des tablettes de la correspondance d'el Amarna concerne les lettres échangées par les rois d'Égypte avec les grandes cours étrangères de l'époque : Babylone, l'Assyrie, le Mitanni, les Hittites, l'Arzawa et Alashiya (Chypre).
Contexte politique[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]La situation politique au Moyen-Orient au début de la période couverte par les Lettres d'Amarna, sous le règne d'Amenhotep III. Les lettres d'el Amarna de la correspondance entre grands rois nous donnent de nombreuses informations sur le contexte politique de cette période, qui s'avère particulièrement mouvementé, même si le pharaon est alors un acteur plus passif qu'actif, les grandes campagnes égyptiennes en Asie s'étant arrêtées depuis Thoutmôsis IV et ne reprenant qu'après la mort de Toutânkhamon.
En Anatolie tout d'abord, le royaume hittite est en grande difficulté au tout début de la période couverte par les archives. Le roi Tarundaradu d'Arzawa en profite, et envoie deux lettres à Amenhotep III, cherchant à prendre contact avec lui, et se présentant comme son égal. Mais le nouveau roi hittite Suppiluliuma Ier reprend le contrôle de l'Anatolie en battant le roi d'Arzawa, qui ne se remanifeste visiblement plus après cela.
Suppiluliuma se montre aussi actif en Syrie, dominée par le meilleur allié de l'Égypte, le Mitanni de Tushratta, dont la sœur puis la fille sont mariées aux pharaons. On apprend dans les lettres, que celui-ci subit une forte pression de la part du roi hittite, qui réussit finalement à lui infliger plusieurs lourdes défaites, avant de piller sa capitale Washshukanni, sans que les Égyptiens ne leur soient venus en aide.
Ces évènements profitent à un nouvel intervenant, le roi Assur-uballit Ier d'Assyrie, ancien royaume vassal du Mitanni, qui prend son indépendance, et revendique son statut de grand roi en envoyant des lettres à Akhénaton. Ceci provoque les protestations du roi babylonien Burna-Buriash II, qui prétend que les Assyriens sont ses vassaux et demande à Akhénaton d'éconduire leurs envoyés, ce qu'il ne fait visiblement pas. Le roi babylonien finit par s'allier avec les Assyriens en épousant la fille d'Assur-uballit.
Pratiques diplomatiquesCes grands souverains sont les rois les plus puissants de l'époque. Ils se considèrent comme égaux, et s'appellent respectivement "mon frère". Ils procèdent entre eux à différentes sortes d'échanges.
D'abord des messages, dont font partie les lettres que l'on a retrouvées, et qui traitent de différents sujets : politique, ou bien sur les relations entre les cours (échanges de cadeaux, mariages diplomatiques). Les grands rois s'échangent aussi des présents. Il s'agit de cadeaux faits en témoignage de son affection envers son "frère", selon le principe de réciprocité : à tout don, doit répondre un contre-don de valeur équivalente. Ces échanges sont souvent causes de litiges dans les lettres, où l'on se plaint souvent de ne pas s'être vu retourner une quantité suffisante de présents. Le roi d'Égypte est très souvent sollicité pour son or, qu'il a en abondance grâce aux mines de Koush (Nubie), ou encore pour de l'ivoire. Les rois de Chypre fournissent quant à eux du cuivre, tandis que les rois de Babylone envoient du lapis-lazuli venant d'Afghanistan. On se rend compte que ces échanges de présents fonctionnent un peu comme une sorte de commerce déguisé entre les différentes cours royales, puisque les cadeaux envoyés le sont souvent après une demande précise, et qu'on négocie beaucoup autour de ces envois.
Un dernier type d'échange est celui des mariages diplomatiques. Les grands rois se donnaient en mariage leurs filles ou sœurs, pour renforcer leurs liens. Sont documentés dans les lettres retrouvées à el Amarna les mariages d'Amenhotep III avec la fille du roi babylonien Kadashman-Enlil, et du roi du Mitanni Tushratta, avec la liste de la dot envoyée en Égypte. On apprend dans les lettres que le pharaon refuse de donner ses propres filles en mariage à ses pairs, en dépit de leurs demandes et protestations, sans doute par sentiment de supériorité.
Les lettres des vassauxLa plus importante partie du corpus des lettres d'el Amarna concerne la correspondance entre la cour égyptienne et ses vassaux de Palestine et de Syrie. Les principaux sont les royaumes de Gaza, Jérusalem, Lakish, Sidon, Tyr, Byblos (Gubla), l'Amurru, Ugarit, Qadesh, Qatna.
L'administration égyptienne en AsieCes souverains sont les "serviteurs" du roi égyptien : ils lui doivent obéissance. Leurs rapports avec la cour d'el Amarna ne sont donc pas régis par des règles de réciprocité. Le pharaon ordonne, ils doivent obtempérer. La plupart s'exécutent, mais d'autres sont plus récalcitrants. Ainsi, Rib-Hadda de Byblos se plaint constamment dans les lettres qu'il envoie en Égypte (au nombre de soixante, soit la plus importante correspondance du corpus), ce qui a le don d'énerver ses interlocuteurs. D'autres problèmes sont causés par les rois d'Amurru au tempérament frondeur, Abdi-Ashirta et son fils Aziru.
Les vassaux gardent quand même une certaine autonomie, et on a souvent considéré, de manière sans doute exagérée, que les pharaons Amenhotep III et surtout Akhénaton étaient particulièrement laxistes. Il semble pourtant que, du point de vue égyptien, l'essentiel est que les vassaux restent fidèles, versent leur tribut, et répondent aux demandes faites par le pharaon (envois de biens et de personnes, soutien logistique et militaire aux expéditions, etc.), et qu'ils n'interviennent donc dans les affaires entre vassaux que quand celles-ci sont particulièrement graves (contrairement aux Hittites qui codifient les relations entre les royaumes qui leur sont soumis).
En résumé, ces « lettres » sont d’une grande importance historique concernant cette période de l’Egypte antique, par les grands détails qu'elles nous communiquent.
Source: Wikipédia