Dans la jungle de Bougainville, dans l’archipel des îles Salomon en plein Pacifique, se trouvent les débris d’un avion abattu lors d’un raid éclair. Les détails de cette opération sont parmi les secrets les mieux gardés de la seconde guerre mondiale.
Dimanche 18 avril 1943, 16 avions américains décollent de Guadalcanal. Leur mission : intercepter un avion dans le plus grand secret et tuer l’amiral Yamamoto, responsable de Pearl-Harbour. Comment une telle mission a-t-elle été possible ?
Retour sur les détails d’une mission secrète qui a bouleversé le cours de l'histoire.
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[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]L’amiral
Isoroku Yamamoto (4 avril 1884 – 18 avril 1943) a été une personnalité marquante de la Seconde Guerre mondiale en commandant les forces navales japonaises pendant la première partie de la campagne du Pacifique. Il a organisé et dirigé l'attaque surprise contre Pearl Harbor.
Il est généralement considéré comme un stratège brillant à la vision acérée (tacticien de Pearl Harbor, il avait très vite compris le potentiel des porte-avions et des sous-marins ; il avait aussi prédit que la supériorité japonaise ne durerait que six mois à un an dans le Pacifique ; la bataille de Midway, six mois après Pearl Harbor en fut le tournant). Sa fidélité à l'Empire fut indéfectible malgré sa claire perception de l'issue tragique qui serait celle des ambitions japonaises dans le Pacifique.
Il mourut le 18 avril 1943, lorsque le bombardier qui le transportait et son escorte furent attaqués par une escadrille américaine prévenue du voyage.
Pour remotiver ses troupes après la débâcle de Guadalcanal, Yamamoto décida de visiter plusieurs bases dans le sud du Pacifique. Le 14 avril 1943, dans le cadre du programme Magic, les services de renseignements américains interceptèrent et déchiffrèrent un message contenant des informations détaillées sur l'itinéraire qu'emprunterait Yamamoto, les horaires et le dispositif prévu pour le transporter et l'escorter. Il était prévu de faire voler l'amiral de Rabaul jusqu'à l'aérodrome de Ballale sur une île près de Bougainville dans les îles Salomon. Le voyage devait avoir lieu le matin du 18 avril.
Le matin du 18 avril, malgré les avertissements de ses conseillers qui craignaient une embuscade, Yamamoto décolla comme prévu de Rabaul avec une escorte de Zéros pour un voyage d'environ 500 kilomètres. Peu après, sur les 18 P-38 spécialement préparés pour cette mission avec des réservoirs largables supplémentaires, 16 prirent leur envol de Guadalcanal (un creva un pneu au décollage et se crasha et le second dut faire demi-tour suite à des problèmes d'alimentation d'essence) et volèrent sur environ 700 kilomètres en maintenant un silence radio complet. À 9h34 (heure de Tokyo), les deux groupes d'appareils se rencontrèrent et le combat débuta entre les 16 P-38 et les 6 zéros japonais.
Le premier-lieutenant Rex T. Barber prit en chasse le premier des deux bombardiers japonais, l'appareil au matricule T1-323 qui transportait Yamamoto. Barber fit feu jusqu'à ce que de la fumée se dégage du moteur gauche. Barber s'écarta pour attaquer d'autres appareils. L'avion de Yamamoto s'écrasa dans la jungle.
Le Musashi
Le site du crash et le corps de l'amiral furent découverts le lendemain par un groupe de secours japonais dans la jungle au nord de Buin. Le lieutenant Hamasuna commandait l'opération et fit un compte-rendu de la scène : Yamamoto avait été éjecté de l'épave, sa main couverte d'un gant blanc tenait son sabre de samouraï, droit dans son siège sous un arbre. Hamasuna ajouta qu'il reconnut immédiatement Yamamoto, la tête penchée vers le bas. Une autopsie fut effectuée et montra que Yamamoto avait reçu deux balles : une dans l'épaule, l'autre ayant traversé sa joue et étant ressortie au-dessus de son œil droit. Malgré la sévérité des blessures, une controverse éclata au Japon. On ne savait pas s'il avait survécu à ses blessures ou s'il était mort sur le coup en plein vol.
le reste de l'équipe de Yamamoto incinérèrent les restes de l'amiral à Buin. Ses cendres furent envoyées à Tokyo à bord du Musashi. Les funérailles nationales eurent lieu le 3 juin 1943 et le titre d'Amiral de la Flotte lui fut attribué à titre posthume, en même temps que l'Ordre du Chrysanthème. Yamamoto fut également le seul étranger à recevoir la plus haute distinction de l'Allemagne nazie. Une partie de ses cendres fut enterrée dans le cimetière public de Tama à Tokyo, le reste se trouve auprès de ses ancêtres au temple Chuko-Hi à Nagaoka.