Les Protocoles des Sages de Sion
Les Protocoles des Sages de Sion est un faux qui se présente comme un plan de conquête du monde établi par les Juifs et les francs-maçons. Ce document fut fabriqué à la demande de l'Okhrana, la police secrète de l'Empire russe, et destiné à Nicolas II de Russie en vue de favoriser des politiques antisémites. Pourtant, le tsar refusa d'en faire un instrument de propagande, ayant rapidement découvert la supercherie et estimant que ce texte décrédibiliserait son combat.
Ce document fut rédigé en russe à Paris en 1901 par un faussaire russe et informateur de la police politique tsariste, Mathieu Golovinski. Celui-ci s'est inspiré du Dialogue aux enfers entre Machiavel et Montesquieu de Maurice Joly, un pamphlet satirique décrivant un plan fictif de conquête du monde par Napoléon III. Son texte voulait faire croire qu'il existait un programme mis au point par un conseil de sages juifs afin d'anéantir la chrétienté et de dominer le monde. Mais l'auteur et ses commanditaires avaient des intentions plus directes et plus politiques : convaincre le tsar et son gouvernement des méfaits qui découleraient selon eux d'une trop grande ouverture à l'égard des Juifs de l'Empire, réputés comme les chantres inconditionnels de la vie moderne, et intéressés au premier chef par un changement libéral de régime8 depuis que leur statut avait été dégradé par les gouvernements réactionnaires comme celui d'Alexandre III.
Le livre se compose de supposés comptes-rendus d'une vingtaine de réunions secrètes exposant un plan secret de domination du monde. Ce plan imaginaire utiliserait violences, ruses, guerres, révolutions et s'appuierait sur la modernisation industrielle et le capitalisme pour installer un pouvoir juif.
Adolf Hitler y fait référence dans Mein Kampf comme argument justifiant à ses yeux la théorie du « complot juif » et en fait ensuite l'une des pièces maîtresses de la propagande du Troisième Reich. Aujourd'hui, ce livre est devenu tout à la fois une figure emblématique de l'antisémitisme et de la falsification.