La paternité des œuvres de Molière est l’objet de quelques contestations depuis qu’en 1919 Pierre Louÿs, dans deux articles intitulés respectivement « Corneille est-il l'auteur d'Amphitryon ? » (revue L'Intermédiaire des Chercheurs et des Curieux) et « Molière est un chef-d'œuvre de Corneille » (revue Comoedia), annonça avoir mis au jour une supercherie littéraire. Selon lui, Molière n'aurait pas écrit lui-même ses pièces et aurait eu Pierre Corneille pour « nègre », ou, plus précisément, Molière aurait été le prête-nom de Corneille, selon une pratique qu'il croyait courante mais qu'on ne rencontre en fait au XVIIe siècle que pour la littérature pamphlétaire et dans certains recueils de farces érudites du début du siècle.
La paternité des œuvres de Molière n'a jamais été mise en doute par ses contemporains, même par Jean Donneau de Visé.
Le janséniste Adrien Baillet ne remet pas en cause la véracité du « poète comique », mais lui reproche de ne pas connaître les règles aristotéliciennes du théâtre classique : « Au reste, quelque capable que fût Molière, on prétend qu'il ne savait pas même son théâtre tout entier, et qu’il n’y a que l’amour du peuple qui ait pu le faire absoudre d’une infinité de fautes.
L'abbé d'Aubignac (dans sa Quatrième Dissertation concernant le poème dramatique en 166312) présente Corneille comme l'auteur de la cabale contre L'École des femmes13, qui contiendrait selon lui une allusion à ses prétentions nobiliaires (acte I, scène 1)14. Jean Regnault de Segrais (dans ses Mémoires anecdotes) considère qu'il n'y a que la comédie dans laquelle Corneille n'a pas complètement réussi : « Il y a toujours quelques scènes trop sérieuses ; celles de Molière ne font pas de même, tout y ressent la comédie .
Thèses des « Cornéliens »La thèse de Pierre Louÿs et ses suitesLa polémique commence lorsqu'en 1919 le poète Pierre Louÿs trouve dans Amphitryon une versification proche de celle de Corneille. Depuis, cette idée très décriée a refait plusieurs fois surface. Elle a été reprise dans les années 1950 par le romancier Henry Poulaille puis, en 1990, par un avocat belge, Hippolyte Wouters, qui tire de cette affaire une pièce de théâtre, Le Destin de Pierre, jouée en 1997 à l'hôtel Astoria de Bruxelles. Frédéric Lenormand est également l’auteur d’un roman fondé sur cette idée, L'Ami du genre humain, paru en 1993. Le dramaturge Pascal Bancou développe lui aussi cette thèse dans sa pièce L'Imposture comique en 2000 (créée au théâtre de la Huchette).
Les tenants de la supercherie basent leur argumentation sur la ressemblance lexicale entre les pièces de Molière et celles de Corneille, ainsi que sur des faits d'ordre historique. Parmi ceux-ci, les détracteurs de Molière notent qu'il n'a laissé aucun manuscrit, pas une ébauche de pièce, pas un brouillon, pas une note. Ils doutent aussi qu'un comédien puisse se transformer subitement, à trente-sept ans, en un auteur de la dimension de Molière. Selon Wouters, ce serait le seul cas « où un auteur médiocre jusqu'à quarante ans devient non seulement profond, mais surtout une des plus belles plumes de son temps »
Ces coïncidences conduisent Louÿs, Poulaille, puis Wouters, à penser qu'un accord aurait été conclu entre les deux auteurs en 1658, lors de la venue de Molière à Rouen, la ville de Corneille. Cette date constituerait, selon eux, un tournant dans l'œuvre de Molière, puisque son premier succès date de 1659 avec Les Précieuses ridicules.
Plusieurs hypothèses ont été avancées pour expliquer pourquoi l'« orgueilleux » Corneille, un des plus grands dramaturges de son époque, aurait accepté d'être le nègre d'un comédien de farces. Il aurait fait tout cela par besoin d'argent, puisque, à l'époque des premières pièces écrites de Molière, il n'aurait rien écrit depuis plusieurs années.
En 2003, le chercheur grenoblois Dominique Labbé annonce avoir résolu cette énigme littéraire à l'aide de nouveaux outils statistiques portant sur l'analyse syntaxique et lexicale du corpus Molière-Corneille : les seize principales œuvres de Molière seraient de Corneille.
Puis en 2004, le romancier et dramaturge Denis Boissier relance la polémique sous un angle biographique et littéraire, avec son livre L'Affaire Molière. En 2007, l'Association cornélienne de France, animée par Denis Boissier, a édité sa thèse de mille pages, Molière, bouffon du Roi et prête-nom de Corneille. En 2008, le romancier et animateur de radio Franck Ferrand évoque l'affaire dans son livre L’Histoire interdite, révélation sur l’histoire de France, se rangeant aux côtés des partisans de la paternité de Corneille......
décidement, cette affaire fait couler beaucoup d'encre, mais rien n'est sur, ce ne sont la qu'hypothèses !