A bord de Manureva, Alain Colas disparait dans l'atlantique
17 novembre 1978 [Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image] - Citation :
- "Je suis au centre du typhon, il n'y a plus de ciel, Teura". Depuis son Manureva,Alain Colas lance un dernier appel en direction de sa compagne. Le navigateur solitaire ne verra pas le terme de la première " route du rhum".
Novembre 1978 : la première course de la route du rhume vient d’être lancée. Parmi tous les participants, il en a un qui revient de très loin Alain COLAS.
Après son terrible accident à la cheville droite qui a failli être emporté par une ancre, il est là pour prouver au monde entier que le lion des mers est de retour. Son but : participer avec son voilier MANUREVA et si possible se classer parmi les cinq premiers.
J e m’accroche à sa photo et je le rejoins à bord de son bateau ; la nuit est tombée, il fait froid je le suis dans ses manœuvres qu’il exécute avec souplesse malgré l’handicap de son pied blessé. La mer semble calme mais je le sens inquiet. Il a repéré une espèce d’anomalie mais cela ne semble pas vraiment l’inquiéter.
J’observe avec attention le paysage au tour du multicoque la nuit est tombée la date semble être celle du 16 novembre 1978. Ce que j’aperçois est en soit extraordinaire des montagnes d’eau encercle le voilier surgit du néant Alain COLAS semble surpris ! Il vient de déclarer que le bateau marche à merveille et le voilà subitement dans l’œil d’une fantastique tempête.
Il lutte de toutes ses forces contre le déchainement des éléments la douleur à son pied se fait sentir. Il refuse de se rendre, il garde l’espoir de redresser la situation mais le bateau et secouer comme un fétu de paille et se disloque. Il se jette dans un dernier effort sur une partie de ce qu’il reste du « MANUREVA » je ne peux rien tenter pour l’aider, je souffre de le voir perdu il crie très haut très fort « TEURA je t’aime » : il se redresse fièrement mais que fait-il ? il s’expose envers une énorme vague qui arrive sur lui, il la fixe et dit « JE SUIS PRET EMPORTE MOI » mais incroyablement, celle-ci l’évite la mer ne semble pas vouloir de lui !
Tous n’ est peut-être pas perdu ; il ne renonce pas à vivre, il lutte de toutes ses forces. Au loin apparait, comme par miracle, un cargo : il se dirige droit en direction d’Alain COLAS. une chaloupe est mise à la mer et malgré les vents et les vagues, les trois hommes installés à son bord arrivent à agripper le skippeur qui est déjà en début d’hypothermie. Ils le portent à bord, une étude de ces marins et de leurs habitats me fait comprendre qu’il s‘agit d’un navire provenant des pays de l’Est.
Un homme qui semble médecin donne les premier soins au navigateur blessé qui respire avec difficulté. Son pied déjà fragilisé par son terrible accident de 1975 est entré dans une phase inquiétante.
J’inspecte les lieux dont le poste de commandement cherchant des indices de leur destination
tous sont écrits en idiome russe que je ne comprends pas. L’observation d’une carte de navigations m’indique le port de leur destination : il s’agit d’Oakland en Nouvelle Zélande. Je retourne auprès du blessé qui est toujours dans un semi-coma. Après un voyage qui me semble de plusieurs jours, nous abordons les côtes de la Nouvelle Zélande. Mais nos « amis » russes semblent avoir quelque chose à se reprocher car ils débarquent » clandestinement » Alain COLAS sur une chaloupe sur une plage au dehors du port.
Je sens qu’Alain est encore en vie en mauvaise posture certes mais en vie. A partir de ce moment précis, je perds tout contact avec lui comme si son histoire se refusait à moi elle s’interrompt brutalement il m’est impossible de voir plus profondément.
Je suis déconcerté je croyais dur comme fer qu’Alain COLAS avait sombré corps et âmes au larges des Açores en cette triste nuit du 16 novembre 1978. Et là je constate qu’il a survécu !
Mais alors des questions m’interpellent : s’il était en vie et a survécu pourquoi n’a-t-il plus donné de signe de vie ? Inconcevable pour un homme intègre comme lui et qui adorait ses trois enfants et son épouse TEURA. Les seules explications plausibles, envisageables peuvent être qu’il ait perdu la mémoire ou qu’il ait choisi volontairement ou involontairement et pourquoi pas sous la contrainte de disparaitre à jamais en refaisant sa vie ! ailleurs.