Göbekli Tepe est un site préhistorique du Mésolithique, situé dans la province de Şanlıurfa, au sud-est de l’Anatolie, en Turquie, près de la frontière avec la Syrie. Au sud-ouest se trouve la ville de Şanlıurfa. Le toponyme turc Göbekli Tepe signifie « Colline en forme de ventre », en référence à sa forme. Le site archéologique a été inscrit sur la liste du patrimoine mondial de l'UNESCO en juillet 2018
Présentation
Le site cumule plusieurs caractéristiques inédites à son époque et faisant l’objet de diverses interprétations :
le substrat est un tell (une butte artificielle) haut de 15 mètres et ayant un diamètre de 300 mètres ; il est situé à une vingtaine de kilomètres au nord-est de la ville turque de Şanlıurfa (ou Urfa), l'ancienne Édesse (ou Orhay ou Erekh)2. Cette butte est située sur le point culminant d’une colline allongée. Le sommet de la colline est un point de vue qui permet d’observer un vaste territoire : on peut y voir les monts Taurus et Karacadağ au nord et à l’est, et, au sud, la vallée de Harran, qui s’étend jusqu’en Syrie. Seule la vue ouest est restreinte par les montagnes avoisinantes. La zone aménagée par l’homme serait de 300 à 500 m2 ;
les plus anciennes parties documentées dateraient du milieu du Xe millénaire av. J.-C.3,4, ce qui en ferait le plus ancien ensemble d’architecture monumentale en pierre jamais découvert ;
ceux qui l’ont bâti étaient des chasseurs-cueilleurs, les animaux, le chien mis à part, n’étant pas encore domestiqués (toutes les représentations animales se réfèrent à des bêtes sauvages). Il a probablement fallu plusieurs centaines d’hommes pour le construire et les travaux auraient duré de trois à cinq siècles ;
les archéologues Selahattin Güler, Cihat Kürkçüoğlu et Mehmet Özbek dans Sıra gecesi (« L'école de la nature ») suggèrent que, sans nécessairement être sacré, le site a pu être un lieu de rencontre et de palabres entre clans, peut-être pour se répartir les territoires de cueillette et chasse, et qu’il contribua à l’émergence de l’art totémique, les représentants de chaque clan siégeant dans des enceintes circulaires autour d’un monolithe représentant leur animal-fétiche5. Selon Klaus Schmidt, l’archéologue qui a fouillé le site de 1994 à 2014, les enceintes « symbolisent des assemblées humaines, et les pierres levées, disposées en cercle, représentent des personnages stylisés » ;
enfin, même si la domestication n’aura lieu que mille cinq cents ans plus tard (au Néolithique précéramique B), et si les graminées récoltées sont encore de type sauvage, le site a dû, selon Klaus Schmidt, jouer un rôle important dans le passage d’une société nomade à une société sédentaire et aussi être le lieu d'une « révolution religieuse », hypothèse déjà formulée par Jacques Cauvin avant sa découverte6.
Quoi qu’il en soit, la culture mégalithique à l’origine de ces constructions est encore très mal connue, et le site semblerait avoir été abandonné vers 8 000 av. J.-C., puis volontairement enfoui au Néolithique précéramique B, lors de la domestication. À noter que de manière générale, pour ce site comme pour tous les autres, aucune technique actuelle ne permet la datation de la taille d'une pierre. Seule la remise dans le contexte archéologique, historique et géographique, au travers du style de la gravure, des objets retrouvés sur le site et d’éventuels restes organiques, permet de faire l'hypothèse d'une date
Découverte du site
Göbekli Tepe fut enregistré en tant que site archéologique en 1963 dans le cadre de recherches turco-américaines entre l'université d'Istanbul et l'université de Chicago. Une équipe d’archéologues américains, dont Peter Benedict, remarqua plusieurs collines étranges recouvertes de milliers de silex cassés, ce qui est un signe certain d’activité humaine. Mais les scientifiques n’eurent alors pas le temps ou les finances pour procéder à des fouilles[réf. souhaitée].
Trois décennies plus tard, un berger de la région aperçut un groupe de pierres aux formes étranges sortant du sol poussiéreux. La « redécouverte » du site parvint aux oreilles des conservateurs du musée de la ville de Şanlıurfa, à cinquante kilomètres. Les responsables du musée contactèrent le ministère approprié, qui, en retour, se mit en relation avec l’Institut archéologique allemand à Istanbul.
Le site a été proposé en 2011 pour une inscription au patrimoine mondial et a été inscrit en juillet 2018 par l’UNESCO dans la catégorie patrimoine culture
Fouille
Le site a fait l’objet de fouilles à partir de 1995, année durant laquelle le musée de Şanlıurfa et l’Institut archéologique allemand (DAI, Berlin) commencèrent la fouille du site. Klaus Schmidt dirigea le chantier archéologique et interpréta le site comme étant un sanctuaire. En 2006, les fouilles dépendaient de l'université de Heidelberg, l'université de Karlsruhe, associée, s’occupant du référencement des artéfacts découverts.