LE REVE LUCIDE
Un rêve lucide est un rêve durant lequel le rêveur a conscience d'être en train de rêver. L’utilisation de l’adjectif « lucide » en tant que synonyme de « conscient » a été introduite en 1867 par l'écrivain, sinologue et onirologue français Léon d'Hervey de Saint-Denys dans son ouvrage Les Rêves et les moyens de les diriger. Dans les années 1980, le scientifique Stephen LaBerge publie des expériences sur les rêves lucides et prouve qu'il est possible depuis l'état de rêve d'adresser volontairement un signal sous la forme de mouvements oculaires prédéterminés.
La plupart des rêves lucides ont lieu durant la phase de sommeil paradoxal. Ils peuvent survenir fortuitement ou résulter d'un apprentissage. Se savoir en train de rêver offre au rêveur la possibilité d'exercer un contrôle délibéré non seulement sur ses actions mais sur le contenu du rêve et sur son déroulement.
Tous les chercheurs ne considèrent pas la définition minimale comme suffisante. Ainsi le psychologue allemand Paul Tholey distinguait entre rêve normal et rêve lucide en fonction de sept critères dont quatre sont essentiels2 :
le rêveur sait qu'il rêve ;
il dispose de son libre arbitre ;
d'une faculté normale de raisonnement ;
d'une perception à travers les cinq sens comparable à la normale.
Selon cet auteur, les autres critères peuvent être que le rêveur conserve ses souvenirs de l'état de veille, se souvient parfaitement de son rêve au réveil et il est capable d'interpréter le rêve à l'intérieur même du rêve.
D'autres auteurs insistent sur la sensation d'être présent ici et maintenant dans le rêve ou de pouvoir le contrôler.
Définition des phénomènes associés au rêve lucideLe fait d'envisager la lucidité onirique comme un continuum a conduit les chercheurs à lui associer divers phénomènes et états de conscience oniriques proches du rêve lucide soit par leur similitude, soit par leur apparition dans le temps.
Rêves prélucidesCe terme a été introduit par Celia Green pour décrire certains rêves durant lesquels le sujet émet un doute sur la réalité de son environnement sans pour autant pleinement réaliser qu'il rêve.
Rêves de faux-éveilDans un rêve de faux-éveil, le rêveur croit s'être réveillé pour de bon alors que seul un changement de décor onirique a eu lieu. Les rêves de faux-éveil sont rarement lucides et sont fréquemment rapportés dans la proximité de la lucidité onirique.
Paralysie du sommeilLa paralysie du sommeil est une parasomnie qui se produit au moment de l’endormissement ou du réveil : le dormeur se sent paralysé, incapable de bouger, de parler ; il peut être également sujet à des hallucinations visuelles, auditives, tactiles ou kinesthésiques. Cet état est dû à l'intrusion de sommeil paradoxal lors d'une transition entre veille et sommeil et sans doute au fait que l'abolition du tonus musculaire qui accompagne le sommeil paradoxal est ressentie par le sujet6. Il peut être utilisé pour entrer consciemment dans un rêve et certaines méthodes d'induction de rêve lucide visent à l'atteindre
Expérience du rêve lucide
Le fait de se savoir rêver offre au rêveur la possibilité d'élargir son éventail d'options et d'aborder le contexte onirique avec une plus grande liberté d'action. Il peut non seulement exercer un contrôle sur lui-même et ses actes, mais aussi intervenir délibérément sur l'environnement, les personnages et le cours du rêve. Certaines actions se présentent avec une grande régularité, comme le rêve de vol ou de lévitation. D'autres expériences plus inhabituelles ont été signalées dans la littérature, comme les sorties hors du corps, les transformations en animaux et créatures fantastiques, le dédoublement de la vision, la vision panoramique à 360°, le ralentissement du temps et des expériences à caractère cosmique comme l'évolution dans un espace à quatre dimensions12. Le rêveur peut aussi agir sur la durée du rêve en prenant la décision de le prolonger, et parfois même l'interrompre en se réveillant, en faisant un décompte par exemple, ou tout simplement par la pensée pour se réveiller instantanément, voire de le reprendre en se rendormant quelques secondes après.
Bien que les seules limites théoriques soient celles de l'imagination, les croyances culturelles ou personnelles sur le rêve, les attentes conscientes ou préconscientes du rêveur, ses supputations sur le fait que telle chose soit possible ou non, en particulier l'influence exercée par d'autres récits, déterminent jusqu'à un point remarquable la forme que les rêves prennent ainsi que la capacité dont dispose le rêveur à les modifier13.
De même, l'expérience du sujet, son degré de lucidité, c'est-à-dire le point jusqu'auquel il est parvenu à conserver sa capacité de raisonnement, de jugement et de recul sur l'aspect illusoire de la situation et sur les émotions qu'elle engendre, influent sur le contenu et la tonalité de l'expérience. Quant à la perception, elle peut aller d'un état brouillé jusqu'à une impression de grande vivacité et de parfait réalisme. Ainsi différents critères de l'expérience, qui concernent aussi bien la conscience de soi que l'environnement onirique, sont susceptibles d'importantes variations d'un rêveur à l'autre, d'un rêve lucide sur l'autre, voire à l'intérieur du même rêve.
ApprentissageLe rêve lucide est susceptible d'apprentissage. Tous les auteurs insistent sur le fait que la motivation est une condition préalable nécessaire. Il existe de nombreuses méthodes d'induction de rêve lucide. Elles peuvent se classer en trois grandes catégories :
Endormissement conscientPar ces méthodes, le sujet pénètre délibérément dans un rêve depuis l'état de veille en évitant de perdre conscience durant le processus d'endormissement. Cette idée de base est sujette à de nombreuses variations. Il est possible de se concentrer sur l'imagerie hypnagogique, sur une visualisation volontaire, sur une tâche mentale ou encore de prêter attention à la respiration, aux battements cardiaques ou autres sensations physiques. Les méthodes d'endormissement conscient sont plus faciles d'accès aux personnes qui s'endorment rapidement.
Prise de conscience dans le rêveCes méthodes requièrent d'avoir d’abord développé la faculté de bien se rappeler ses rêves. Elles visent à rendre le sujet conscient qu'il rêve à l'intérieur du rêve en cours. Divers principes sont applicables, fondés sur la reconnaissance de thèmes oniriques récurrents, l'interrogation suscitée par des situations incongrues, l'intention de trouver un objet dans le rêve, ou simplement l'intention de prendre conscience de son état de rêveur.
Certaines de ces méthodes privilégient l'autosuggestion, une des plus connues étant la méthode MILD (Mnemonic Induction of Lucid Dreams, soit « induction mnémonique de rêves lucides ») développée par Stephen LaBerge. La méthode MILD fait appel à la mémoire prospective. Elle associe un réveil matinal suivi d'une veille d'environ quarante-cinq minutes et, avant de se rendormir, une visualisation et une autosuggestion ayant pour but de se souvenir de prendre conscience dans le prochain rêve. Dans le même état d'esprit, la suggestion post-hypnotique a aussi été utilisée.
Utilisation de stimuli externesCes méthodes reposent sur le principe que des stimuli externes (lumières, paroles, sons, vibrations, etc.) peuvent être émis durant la phase de sommeil paradoxal afin de permettre au sujet de se rendre compte qu'il rêve. Hearne utilisa la détection du changement de rythme respiratoire afin de déclencher un choc électrique léger au poignet. LaBerge développa les lunettes Novadreamer, appareillage détectant le mouvement oculaire rapide et envoyant des signaux lumineux. L'utilisation de ces appareils seuls est peu efficace et doit s'associer à une préparation mentale, autrement les stimuli s'incorporent dans l'imagerie d'un rêve ordinaire
la musique binaurale qui doit etre associée pour induire le reve lucide est du 315Hz (sur youtube)