La disparition de l’homme de Neandertal Pendant environ 200 000 ans, l'homme de Neandertal (Homo neanderthalensis) a occupé paisiblement toute l'Eurasie. Mais, il y a environ 28 000 ans, il a subitement et mystérieusement disparu.
Plusieurs théories ont été élaborées pour expliquer cette disparition. L’hypothèse qui était la mieux étayée mettait en cause les trop fortes variations climatiques auxquelles n’aurait pas su s’adapter l’homme de Neandertal.
Mais, il semble aujourd’hui certain, au vu des dernières découvertes, que la thèse climatique ne s’applique pas pour toutes les zones occupées par les néandertaliens.
En 2012, Michaël Barton, Université de l'Arizona, a proposé une nouvelle théorie, appuyant la thèse déjà proposée sur une disparition qui serait tout simplement due à un métissage entre les deux espèces.
Les différentes théories sur la disparition d'Homo neanderthalensisOn perd toute trace des Néandertaliens à partir de 28 000 ans. Les dernières traces ont été découvertes dans la grotte de Gorham située sur le rocher de Gibraltar.
Il est fort probable cependant que des petites poches de populations ont survécu après cette date, mais nous n’en avons pas la preuve pour le moment.
Il est à souligner que la date exacte de la disparition des néandertaliens reste un sujet controversé. Plusieurs dates ont été proposées. Les chronologies s’appuient en grande partie sur les datations au carbone 14.
Il faut se rendre à l'évidence : l'espèce s'éteint à peine en quelques milliers d'années, peu de temps après qu'une autre espèce, Homo sapiens, le premier homme moderne et notre ancêtre immédiat, a commencé à peupler l'Europe à son tour.
Les deux espèces ont bien coexisté pendant plusieurs dizaines de milliers d'années, notamment sur le territoire de l'actuel Israël, et pendant au moins cinq mille ans en France. D'où l'interrogation des scientifiques.
L'homme moderne aurait-il contribué à éliminer un rival gênant ? La thèse du génocide est contredite par la durée de la cohabitation, d'autant qu'aucune trace de massacre n'a encore été décelée.
Cette thèse a été définitivement abandonnée par les scientifiques. Il semblerait que les deux espèces se sont plutôt ignorées.
L’épidémie a également été évoquée. On sait très bien qu’une espèce est toujours fragilisée par une faible démographie.
Mais, nous ne détenons aucune preuve qui pourrait appuyer cette théorie.
Par contre, la population totale des néandertaliens n’a jamais été très importante. Les scientifiques estiment qu’elle n’a jamais dépassé les 15 000 individus. C’est un point important qui n’est sûrement pas étranger à leur disparition.
Un métissage avec Homo sapiens ?Aujourd'hui, les anthropologues ont acquis une connaissance plus fine du temps nécessaire pour qu'une mutation génétique s'accomplisse.
Du point de vue de l'évolution, 10 000 ans ne sont rien. Si, il y a 100 000 ans, est intervenu quelque chose qui a abouti à l'apparition d'un hominidé mieux adapté à la survie que l'homme de Neandertal, cela ne peut être qu'un changement physiologique mineur.
Mais, dans le même temps, ce changement aurait eu de tels effets sur la résistance de l'espèce que celle -ci a pu supplanter l'homme de Neandertal.
Depuis cinquante ans, les spécialistes ont aussi découvert à quel point les barrières peuvent être infranchissables entre les espèces. Nous savons désormais que les êtres vivants ne peuvent pas s'accoupler avec des êtres d'une autre espèce, même très proche, pour donner une descendance qui puisse elle-même se reproduire.
Cependant, cela ne semble pas non plus s’appliquer à l’homme de Neandertal. En effet, les derniers tests ADN montrent que les néandertaliens étaient très proches d’Homo sapiens.
Sur le plan génétique, les néandertaliens sont identiques aux Hommes modernes à 99,5 %.
En mai 2010, une étude effectuée par Svante Pääbo, de l'Institut Max-Planck (Allemagne) a démontré que 1 à 4 % de notre génome provient de l'Homme de Neandertal.
Il y a donc bien eu une reproduction entre les deux espèces. La descendance a transmis ce patrimoine génétique de génération en génération jusqu'à nous.
L’homme de Neandertal n’aurait donc pas disparu, mais aurait été absorbé. Michaël Barton et son équipe ont effectué des simulations des déplacements de Sapiens et Neandertal en Europe. Il y a 60 000 ans, les deux populations ne se côtoyaient pas. Par contre, il y a 30 000 ans, sous l'influence de l'âge glaciaire, les deux populations cohabitent sur les mêmes territoires.
D'après cet anthropologue, le métissage a pu s'effectuer en 1500 générations.
Les études ont fait l'objet de publications dans les revues Human Ecology et Advances in Complex Systems.
La population des néandertaliens n'a jamais été très nombreuse alors que celle de Sapiens n'a cessé d'augmenter. Le génome de Sapiens a donc pu envahir celui de Neandertal et le faire disparaître.
Cette théorie ne fait pas encore l’unanimité et des scientifiques pensent que même si quelques accouplements ont eu lieu, ils restent très minoritaires et sans grande incidence.
Bien que la disparition de l’homme de Neandertal reste un sujet ouvert aux débats et aux controverses, nous savons maintenant que le climat n’est pas en cause et que ce n’est donc pas un problème d’adaptation à l’environnement.
L’homme de Neandertal était-il tout simplement arrivé au terme de son évolution biologique, comme le suggère Marylène Patou-Mathis, auteur de Neandertal, une autre humanité ?
C’est possible, mais il semblerait plutôt que la structure sociale ait joué un rôle important dans l’extinction de l’homme de Neandertal.
Les prochaines découvertes nous permettront d’en savoir plus et sans doute de résoudre cette disparition.