Le 3 novembre 1983, le jour ou la «3ème guerre mondiale» a failli commencer
Posté par ethanol le 12/07/09 • Classé dans A la Une, Holocauste nucléaire, TV & Web séries
1983 – The Brink of Apocalypse
2008 – Channel Four
Le 3 novembre 1983, le jour ou la «3ème guerre mondiale» a failli commencer
« Nous ne commençons pas la 3ème guerre mondiale ou Pearl Harbour, nous sommes les Etats-Unis d’Amérique. »
Peter Pry – CIA Analyst
Le 3 novembre 1983, des officiers de haut rang de l’OTAN venant de toute l’Europe et d’Amérique du Nord descendent dans un bunker situé en Belgique pour une opération annuelle de communication de routine baptisée «Able Archer».
«Able archer» est un wargame, un jeu de rôle militaire destiné à anticiper des difficultés opérationnelles lors d’une opération de grande envergure. Le scénario, classique pour ce type d’exercice, va d’un simple incident de frontière entre les deux Allemagnes à une guerre nucléaire totale en passant par toutes les étapes diplomatico militaires de ce genre de crise. Sans s’en rendre compte une seule seconde, les protagonistes d’Able Archer, ont failli transformer cet exercice de routine en prélude de la 3ème guerre mondiale.
En effet, cette opération arrive à un moment critique, un des points les plus bas des relations entre les deux blocs depuis 1963. À cette époque, l’URSS déploie un missile SS20 par semaine et de l’autre côté de l’Atlantique, la doctrine de Reagan est, qu’au pire, la parité entre les deux pays constitue un minimum pour pouvoir négocier.
À la tête de l’URSS, un homme âgé (70 ans) et malade (un grave problème rénal), secondé par un premier cercle dont la moyenne d’âge est de 74/75 ans. Hantés à l’idée d’avoir une subir une nouvelle opération « Barbarossa » mais cette fois atomique l’état-major russe est sous tension permanente.
Et puis arrive Star Wars, pas le film de George Lucas, mais le programme d’Initiative de Défense Stratégique, qui vient ajouter au glaive, le bouclier et achevé de déséquilibré le rapport de force stratégique entre les deux nations.
Le 31 août 1983, l’ordre de tirer sur un avion-espion américain qui va se révéler être le vol 007 de la Korean Airlines, un 747 avec 269 personnes à bord, témoigne du niveau de stress qui atteint l’appareil soviétique à cette époque. Certains analystes russes, pensent même que cet événement peut également fournir l’alibi que l’Ouest attend pour tout déclencher.
À ce stade, Moscou est littéralement persuadé que l’Ouest est à tout moment le doigt sur le bouton, en train de compter les secondes qui restent avant de déclencher le feu nucléaire. Et au jeu du « ne pas manquer » d’Andropov, une opération « full scale » de l’OTAN ne risque pas de passer inaperçue. Ce type d’exercice est perçu par les soviétiques comme un acte provocant, destiné à déstabiliser ou tester leur capacité à réagir. De plus, l’Etat major est persuadé qu’un tel exercice constituerait un rideau de fumée idéal pour le lancement d’une vraie guerre.
Et quand, dans sa dernière phase « Able Archer » ordonne le tir des missiles le monde est à « ça » de vivre l’apocalypse.« Ça » pourtant, n’arrivera pas et aura même, finalement des conséquences plutôt positives. Traumatisé par le fait d’être passés à coté d’une guerre nucléaire sans jamais sans être rendu compte, le gouvernement américain, quand il comprend ce qui c’est passé, réalise l’importance d’améliorer la communication avec son vieil ennemi. Et quand, cinq ans plus tard, un journaliste pose à Ronald Reagan visitant la place rouge accompagné de Gorbatchev, la question « Pensez-vous toujours que l’URSS soit l’empire du mal », celui-ci répond, un peu piteusement non, la guerre froide est finie, ou presque.