Lors de ce passage dans la "Salle des deux Maât", devant les 42 "juges", le défunt prononçait la fameuse confession qui ne consiste nullement en un aveu de fautes personnelles, mais énumère de manière très rituelle, en une sorte de litanie, les actions mauvaises qu’il s’est bien gardé de commettre ici-bas, les interdits qu'il n'a pas enfreints.
Ce qui, a contrario, nous précise les limites que s’imposait la morale égyptienne.
Cette déclaration faite, le mort était automatiquement absous de ses péchés : c’est la raison pour laquelle les deux plateaux de la balance, tant celui qui portait le coeur (sa conscience) que celui qui contenait une statuette de Maât, voire une simple plume caractérisant cette déesse de la Vérité-Justice, se trouvaient au même niveau : indépendamment des paroles prononcées par le défunt, la force magique de l’image ne pouvait que déboucher sur un jugement favorable lui permettant d’être déclaré "justifié", "juste de voix", juste devant ce Tribunal des dieux.
* la 125 B qui n'est en fait qu'une reprise de la première "confession", 125 A, mais dont chaque phrase est précédée du nom d'une divinité :
Ô Ousekh-nemtout, qui sors à Héliopolis, je n’ai pas commis l’iniquité entre les hommes.
etc.
Salut à toi, grand dieu, maître des deux Maât !
Je suis venu vers toi, ô mon maître, ayant été amené pour voir ta perfection.
Je te connais et je connais le nom des quarante-deux dieux qui sont avec toi dans cette salle des deux Maât, qui vivent de la garde des péchés et s’abreuvent de leur sang le jour de l’évaluation des qualités (...)
Voici que je suis venu vers toi et que je t’ai apporté ce qui est équitable, j’ai chassé pour toi l’iniquité.
Je n’ai pas commis l’iniquité entre les hommes.
Je n’ai pas maltraité les gens.
Je n’ai pas commis de péchés dans la Place de Vérité.
Je n’ai pas cherché à connaître ce qui n’est pas à connaître.
Je n’ai pas fait le mal.
Je n’ai pas commencé de journée ayant reçu une commission de la part des gens qui devaient travailler pour moi, et mon nom n’est pas parvenu aux fonctions d’un chef d’esclaves.
Je n’ai pas blasphémé Dieu.
Je n’ai pas appauvri un pauvre dans ses biens.
Je n’ai pas fait ce qui est abominable aux dieux.
Je n’ai pas desservi un esclave auprès de son maître.
Je n’ai pas affligé.
Je n’ai pas affamé.
Je n’ai pas fait pleurer.
Je n’ai pas tué.
Je n’ai pas ordonné de tuer.
Je n’ai fait de peine à personne.
Je n’ai pas amoindri les offrandes alimentaires dans les temples.
Je n’ai pas souillé les pains des dieux.
Je n’ai pas volé les galettes des bienheureux.
Je n’ai pas été pédéraste.
Je n’ai pas forniqué dans les lieux saints du dieu de ma ville.
Je n’ai pas retranché au boisseau.
Je n’ai pas amoindri l’aroure.
Je n’ai pas triché sur les terrains.
Je n’ai pas ajouté au poids de la balance.
Je n’ai pas faussé le peson de la balance.
Je n’ai pas ôté le lait de la bouche des petits enfants.
Je n’ai pas privé le petit bétail de ses herbages.
Je n’ai pas piégé d’oiseaux des roselières des dieux.
Je n’ai pas péché de poissons de leurs lagunes.
Je n’ai pas retenu l’eau dans sa maison.
Je n’ai pas opposé une digue à une eau courante.
Je n’ai pas éteint un feu dans son ardeur.
Je n’ai pas omis les jours à offrandes de viande.
Je n’ai pas détourné le bétail du repas du dieu.
Je ne me suis pas opposé à un dieu dans ses sorties en procession.
Je suis pur, je suis pur, je suis pur, je suis pur !
Ma pureté est la pureté de ce grand phénix qui est à Héracléopolis, car je suis bien ce nez même du Maître des souffles, qui fait vivre tous les hommes (...)
Il ne m’arrivera pas de mal en ce pays, dans cette salle des deux Maât, car je connais le nom des dieux qui s’y trouvent.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Confession négative (chapitre 125) du Livre des morts d'Ani