Pierre Goldman (Lyon, 22 juin 1944 - Paris, 20 septembre 1979) est un intellectuel engagé d'extrême gauche ayant glissé dans le banditisme, demi-frère aîné du chanteur Jean-Jacques Goldman. Il meurt assassiné dans le 13e arrondissement de Paris. L'acte, revendiqué par un mystérieux groupe clandestin d'extrême droite, Honneur de la Police, est longtemps demeuré non élucidé.
Tour à tour militant d'extrême gauche, puis gangster, Pierre Goldman est mort comme il a vécu : dans la tourmente. Accusé d'un double meurtre, puis innocenté, il est abattu par un groupe d'extrême droite.
Le 20 septembre 1979, vers 13 heures, trois coups de feu claquent sur la place de l'Abbé-Georges-Hénocque, dans le XIIIe arrondissement de Paris. Atteint d'une première balle dans le dos, un homme jeune, très brun, de taille moyenne, le cheveu ras se serait, selon les témoins de la scène, retourné pour regarder son meurtrier dans les yeux, avant de mourir, atteint de deux autres projectiles tirés par un complice. L'existence de Pierre Goldman, trente-cinq ans, journaliste, écrivain, "juif polonais né en France", ancien gangster et ex-taulard s'achevait tragiquement. Cette fin s'inscrivait dans le droit fil d'une vie tout entière marquée par la tragédie et la mort, la fatalité d'un destin auquel une génération d'intellectuels de gauche s'est identifiée avant de rejoindre les cabinets ministériels, les rédactions des grands journaux ou les chaires d'université... Cet assassinat était revendiqué par une mystérieuse organisation "Honneur de la police", qui s'était déjà signalée par un attentat commis le 8 mai 1979 contre la voiture de Maurice Lourdez, un responsable du service d'ordre de la CGT. "Pierre Goldman a payé ses crimes, la justice du pouvoir ayant montré une nouvelle fois son laxisme", est-il écrit dans un communiqué envoyé aux agences de presse.
Quel fut ce crime, nié farouchement par Pierre Goldman, pour lequel il allait être tout d'abord condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, puis acquitté, avant de tomber sous les balles de "vengeurs" persuadés qu'il en était l'auteur ? Le 19 décembre 1969, une pharmacienne et sa préparatrice sont tuées par balles lors d'un braquage de leur officine boulevard Richard-Lenoir à Paris. Un client échappe par miracle à la mort, et un agent de police, le brigadier Quinet, est grièvement blessé en tentant de ceinturer l'un des agresseurs. Les soupçons des enquêteurs, informés par une "balance" fréquentant les milieux antillais, se portent sur un insoumis issu de la mouvance gauchiste, revenu clandestinement en France après un séjour en Amérique latine.
Dans ce contexte, du point de vue des policiers, Goldman fait un coupable idéal dans l'affaire du boulevard Richard-Lenoir. Un coupable d'autant plus crédible que ce militant politique avait franchi la ligne : il était devenu gangster et commet trois hold-up à main armée en moins d'un mois, ce fameux mois de décembre 1969, où il lit dans France-Soir le compte rendu de l'affaire de la pharmacie : "Mon récit entre à cet instant dans une autre fatalité dont je fus aussi l'artisan", écrit Goldman, évoquant cette période dans Souvenirs obscurs... : "Le lecteur doit, s'il veut en capter le sens, y appliquer un double regard. Cette fatalité n'était pas d'un destin, ni d'une puissance divine. Elle venait de moi, encore que j'en fusse le vassal. J'étais poussé vers ce double homicide. Je ne l'avais pas commis, mais il me sollicitait d'un réseau de signes où j'allais m'emprisonner. Je l'ignorais, mais je sentais qu'un souffle étrange m'aspirait vers le gouffre de ces meurtres."
Pierre Goldman fut arrêté le 8 avril 1970
lors du premier procès devant la cour d'assises de Paris, le 14 décembre 1974 : reconnu coupable du double meurtre, Pierre Goldman était condamné à la réclusion criminelle à perpétuité. Dix-huit mois plus tard, après que le procès eut été cassé, il était reconnu innocent de ce crime par la cour d'assises de la Somme, qui le condamnait néanmoins à douze années de prison pour les hold-up reconnus par lui. Libéré en 1976, il allait être père lorsque trois balles de calibre 11,43 empêchèrent à jamais qu'il connaisse ce fils, Manuel, qu'il idolâtrait déjà avant qu'il fût né comme "métis de juif et de nègre".
pour complément sur la vie de Pierre goldman :
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