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| 1979, l'affaire robert boulin | |
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| Sujet: 1979, l'affaire robert boulin Dim 10 Nov 2019 - 16:36 | |
| Robert Boulin, né le 20 juillet 1920 à Villandraut (Gironde) et retrouvé mort le 30 octobre 1979 dans l'étang Rompu de la forêt de Rambouillet (Yvelines), est un homme politique français qui a été secrétaire d'État et ministre sous les présidences de Gaulle, Pompidou et Giscard d'Estaing. Sa mort brutale et les questions qu'elle soulève ont été le point de départ de l'affaire Robert Boulin. BiographieRésistanceRésistant, Robert Boulin entre en 1941, à 21 ans, dans le réseau Navarre, dont il deviendra le chef, et est engagé volontaire deux ans plus tard. Après la Seconde Guerre mondiale, il est notamment décoré de la croix de guerre et de la médaille de la Résistance. Licencié en lettres et en droit, il devient après guerre avocat à Bordeaux, puis à Libourne. Robert Boulin est initié à la franc-maçonnerie en 1975-1976 à la Grande Loge de France1. Parcours politiqueGaulliste, il entre en politique après guerre. Conseiller des républicains sociaux, il commence véritablement sa carrière politique en 1958, lorsqu'il est élu député UNR dans la 9e circonscription de la Gironde. L'année suivante, il devient maire de Libourne, après quoi il est constamment réélu député et maire jusqu'à sa mort. Il exerce des fonctions ministérielles pendant près de quinze ans — ce qui constitue un record de longévité à ce type de poste sous la Ve République — sous les présidences du général de Gaulle, de Georges Pompidou et Valéry Giscard d'Estaing. Il est successivement secrétaire d'État aux Rapatriés (1961-1962), au Budget (1962-1967), à l'Économie et aux Finances (1967-1968), puis ministre de la Fonction publique (1968), de l'Agriculture (1968-1969), de la Santé publique et de la Sécurité sociale (1969-1972), ministre délégué aux Relations avec le Parlement (1972-1973), chargé des Relations avec le Parlement (1976-1977), délégué à l'Économie et aux Finances (1977-1978) et enfin ministre du Travail et de la Participation (1978-1979). Membre de l'UNR, de l'UDR, puis du RPR fondé par Jacques Chirac, Robert Boulin est souvent présenté comme un homme intègre, possédant une grande capacité de travail et très apprécié de l'opinion publique, au point que sa nomination au poste de Premier ministre pour succéder à Raymond Barre est régulièrement évoquée à partir de 1978. MortArticle détaillé : Affaire Robert Boulin. Le 30 octobre 1979, à 8 h 40, le cadavre de Robert Boulin est retrouvé dans l'étang Rompu, au cœur de la forêt de Rambouillet (Yvelines) à environ deux cents mètres à l'ouest d'un lacet de la route reliant Saint-Léger-en-Yvelines à Montfort-l'Amaury. L'enquête judiciaire conclut très vite à un suicide. Mais cette version est ensuite contestée par la famille Boulin, des témoins, des journalistes et des hommes politiques de l'époque, qui affirment que le Service d'action civique (SAC) d'Achille Peretti, Charles Pasqua et Jacques Foccart a commandité son assassinat dans la crainte que Robert Boulin ne dévoile le réseau de fausses factures participant au financement du RPR. Le 10 septembre 2015, le parquet de Versailles annonce l'ouverture d'une information judiciaire pour « arrestation, enlèvement et séquestration suivi de mort ou assassinat » dans le but de clarifier les circonstances de la mort du ministre.
Dernière édition par chantara le Mer 13 Nov 2019 - 19:11, édité 1 fois | |
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| Sujet: Re: 1979, l'affaire robert boulin Mer 13 Nov 2019 - 19:00 | |
| L'affaire Robert Boulin est le nom de l'information judiciaire diligentée à la suite de la mort brutale de Robert Boulin, alors ministre du Travail du gouvernement français, dont le corps a été découvert le 30 octobre 1979 dans l'étang Rompu de la forêt de Rambouillet, sur le territoire de la commune de Saint-Léger-en-Yvelines, à environ un kilomètre de la sortie nord du bourg.
L'information judiciaire avait conclu en 1991 à un suicide lié à une possible mise en cause du ministre dans une transaction immobilière irrégulière. En revanche, la veuve et les enfants de Robert Boulin, qui ont déposé plainte contre X pour homicide volontaire en 1983, sont d'avis que l'intéressé a été assassiné. Au fil des années, leur combat sera relayé par certains journalistes, au moyen notamment d’un documentaire1 diffusé sur Canal + en janvier 2002 et d’une contre-enquête2 publiée par Benoît Collombat en 2007.
Le débat se poursuit, dans les années 2010, après la diffusion du téléfilm de Pierre Aknine Crime d'État. Ce « documentaire-fiction » controversé avance que le Service d'action civique (SAC) d'Achille Peretti, Charles Pasqua et Jacques Foccart aurait commandité l'assassinat de Boulin par crainte que celui-ci ne révèle l'existence d'un réseau de fausses factures ayant pour but le financement du RPR.
Inversement, d'autres journalistes et personnalités se disent convaincus de la thèse du suicide. Ainsi deux ouvrages, publiés respectivement par les anciens policiers Danielle Thiéry et Alain Tourre en 2012, et Guy Penaud en 2015 34, s'emploient à réfuter les arguments des défenseurs de la thèse de l'assassinat et à rectifier certaines erreurs.
À la suite de plusieurs nouveaux témoignages, l'enquête judiciaire est rouverte le 4 août 2015 pour « arrestation, enlèvement et séquestration suivis de mort ou assassinat ».
Faits Contexte politique
En 1979, sous la présidence de Valéry Giscard d'Estaing, Robert Boulin est ministre du Travail et de la Participation du troisième gouvernement Raymond Barre. Selon certaines informations circulant à l'époque, Valéry Giscard d'Estaing songe à nommer un Premier ministre membre du RPR pour réduire l'influence de Jacques Chirac. Les noms de Robert Boulin, Joël Le Theule ou encore Alain Peyrefitte sont évoqués.
Affaire de Ramatuelle À l'automne 1979, des lettres anonymes parviennent aux sièges de plusieurs journaux. Elles accusent Robert Boulin d'être intervenu en 1974 auprès du préfet du Var pour obtenir une dérogation aux règlements d'urbanisme afin de rendre constructibles des terrains situés à Ramatuelle et appartenant à son ami Henri Tournet. En contrepartie, celui-ci lui a cédé l'un des terrains — d'une surface de deux hectares — pour 40 000 francs, sur lequel Boulin a fait construire une résidence secondaire. Il a longtemps hésité à acquérir ce terrain et c'est sur l'insistance de sa famille qu'il a pris cette décision.
Une information judiciaire a été ouverte contre Henri Tournet à l'initiative de trois promoteurs normands auxquels Tournet avait vendu en 1973 les mêmes terrains, dont la parcelle qu'a acquise Robert Boulin. Celui-ci n'était nullement au courant de cette première vente, dont l'enregistrement avait été refusé par le conservateur des hypothèques de Draguignan. Pour des raisons obscures, Me Groult, le notaire de Pont-Hébert chargé de la vente, a pourtant versé le produit de celle-ci à Henri Tournet.
L'instruction judiciaire est ouverte à Coutances. En mars 1979, elle est confiée au juge Renaud Van Ruymbeke, alors en poste à Caen. Trois mois plus tard, il inculpe Tournet et le fait brièvement incarcérer, puis libérer sous caution. Tournet réagit violemment et demande à Robert Boulin de faire interrompre l'instruction, le menaçant de révélations. Le 18 juin, Boulin a eu une entrevue avec le ministre de la Justice Alain Peyrefitte. Celui-ci lui répond qu'il ne peut interrompre l'instruction, dans laquelle Boulin n'est d'ailleurs pas mis en cause. Celui-ci paraît « très abattu ». Selon son fils Bertrand, c'est à partir du mois de juin 1979 qu'il commence à se poser des questions sur le suicide. Il parle de plus en plus de l'affaire et commence à « être dramatique ».
Des informations mettant en cause Robert Boulin paraissent dans la presse dès le mois de juillet. À la suite des lettres anonymes et des pièces du dossier reçues dans les rédactions en octobre, des articles plus précis sont publiés. Le journal d'extrême droite Minute est le premier à attaquer vigoureusement le ministre le 17 octobre 1979, titrant « Boulin a fait la belle boulette ». Boulin riposte au micro d'Europe 1 le dimanche 21 octobre : « Que voulez-vous que je réponde ? J'ai l'âme et la conscience tranquilles et j'ai été exemplaire. Peut-être encore plus que vous ne le pensez, parce qu'il y a des choses que je ne peux pas dire ici. » Trois articles de presse sont encore publiés (dans Le Canard enchaîné le 24 octobre et dans Le Monde les 25 et 27 octobre.
Le 24 octobre, Alain Peyrefitte révèle à Giscard d'Estaing que l'examen des comptes bancaires de Robert Boulin fait apparaître qu'il a encaissé un chèque de 40 000 francs peu après avoir réglé le prix du terrain à Tournet. Ce montant correspond à un chèque émis par Tournet. La presse est au courant et laisse pressentir une révélation. Harcelé par les journalistes, Boulin a expliqué que cette somme lui a été remise par sa mère. « Un naufrage » commente Giscard d'Estaing.
À la demande du président Valéry Giscard d'Estaing le 6 décembre, le Conseil supérieur de la magistrature diligentera une enquête qui, le 13 mars 1980, lavera le juge Van Ruymbecke des accusations portées par Boulin de procédure partiale dans l'affaire de Ramatuelle13.
La chambre d'accusation de la cour d'appel de Caen renverra Henri Tournet et son notaire Me Gérard Groult devant les assises par un arrêt en date du 9 juillet 1980. Dans cet arrêt, les magistrats examinent sans complaisance l'attitude de l'ancien ministre dans la vente du 18 juillet 1974, qui permit à la famille Boulin d'entrer en possession des deux hectares à Ramatuelle. En posant comme préalable l'extinction de toute éventuelle action publique envers Robert Boulin, la cour conclut que " l'acte du 18 juillet 1974 constitue à la charge de Robert Boulin et de Tournet une imposture commune qui fera de la simple simulation de vente entre ces deux personnes un faux en écritures publiques . Mme Robert Boulin et ses deux enfants attaquent aussitôt l'État en invoquant « une faute lourde dans le fonctionnement du service de la justice ». Elle est déboutée le 13 juillet 1983.
Les dernières heures de Robert Boulin L’enquête de la police judiciaire de Versailles et les témoignages de sa famille et de ses proches permettent de reconstituer minutieusement l’emploi du temps du ministre dans les heures qui ont précédé sa mort.
Le vendredi 26 octobre, Robert Boulin se rend comme d’habitude à Libourne, ville dont il est député-maire. Il apprend à cette occasion que le juge d’instruction chargé de l’affaire de Ramatuelle a obtenu l’accès à ses comptes bancaires.
Il rentre à Paris le samedi soir. Dimanche matin il se lève plus tard que d’habitude et tape à la machine une longue lettre dans laquelle il donne sa version de l’affaire de Ramatuelle. La lettre commence par ces mots : « Messieurs j’ai décidé de mettre fin à mes jours. » Il joint à la lettre une bande de papier volante : « J’envisage de me noyer dans un étang de la forêt de Rambouillet où j’aimais beaucoup faire du cheval. Ma voiture 305 Peugeot est immatriculée 651 GX 92. » Après quoi il rédige un projet de réponse au journal Le Monde, qui l’a mis en cause dans cette affaire. Après le déjeuner, il part au ministère faire des photocopies de sa lettre. Il revient à son domicile où il regarde la télévision en famille.
Le lendemain en se levant, Robert Boulin dit à son épouse : « Ma vie est finie.» D'après Bertrand Boulin, elle ne comprend pas8. Il se rend au ministère où il participe à deux réunions avec des membres de son cabinet. À cette occasion ses collaborateurs critiquent son projet de réponse au Monde, qu’ils jugent trop passionnée. Il demande à une secrétaire de reporter un rendez-vous prévu à 16 h 30 avec des syndicalistes. Plusieurs personnes, dont son fils Bertrand, remarquent une pile d’une douzaine de lettre timbrées sur son bureau, adressées notamment à Achille Peretti, Jacques Chaban-Delmas, Pierre Simon, Gérard César, Patrice Blank, Jean Mauriac. Il explique négligemment qu’il s’agit du courrier de Libourne. Il déjeune avec son fils et a une discussion avec lui à propos de l'affaire de Ramatuelle. Il déclare notamment : « Ma carrière est fichue » et « tu ne te rends pas compte à quel point cette histoire me trouble.» À 15 h il reçoit Gaston Flosse, député de Polynésie qui lui parle du chômage dans le Pacifique. Quelques minutes plus tard, un huissier le voit se lever et dire : « Adieu mon bureau » avant de quitter le ministère. Il regagne son domicile vers 15 heures 30 et libère son chauffeur et son garde du corps. Il jette au panier son projet de réponse au Monde ainsi que quelques exemplaires déchirés de la lettre où il indique vouloir mettre fin à ses jours. Ce sont ces lettres, retrouvées par son entourage, qui permettront de localiser son corps.
Il se munit de comprimés de Valium prélevés dans la pharmacie de son épouse - ce dont elle témoignera par la suite - puis se rend en voiture à Montfort-l’Amaury. Un témoin le croise dans la rue de cette localité, remontant à pied, seul, la rue de Paris en direction de l’église. Selon Denis Le Moal, employé du bureau de poste de Montfort, Robert Boulin poste les lettres vers 17 h 30.
Dans la soirée, sa famille n’ayant pas de nouvelles de lui, commence à s’inquiéter et interroge Maxime Delsol, son garde du corps. Celui-ci n’a, lui non plus, aucune nouvelle du ministre. Fouillant son bureau, son gendre et son fils retrouvent les lettres déchirées dans la corbeille. Son fils se rend dans la forêt de Rambouillet pour tenter de retrouver son père. Son gendre Eric Burgeat alerte le ministère de l’Intérieur et l’Hôtel Matignon où il est reçu vers 4 heures du matin. À l’aube, le directeur de la police judiciaire lance un avis de recherche et le préfet des Yvelines envoie 250 hommes pour fouiller les étangs. Ils ont pour mission de « rechercher un véhicule Peugeot de couleur bleue immatriculé dans le 92, d'une haute personnalité gouvernementale qui a manifesté l'intention de mettre fin à ses jours. »
Découverte du corps À 8 h 35 le 30 octobre, une patrouille de gendarmes motocyclistes retrouve la 305 du ministre. Le corps est visible dans l'eau, à environ sept mètres du bord de l'étang. D'après le commissaire Tourre du SRPJ de Versailles, seule la partie dorsale est apparente : il a la tête immergée dans une eau à dix degrés selon les pompiers. La police judiciaire de Versailles retrouve sur place les gendarmes du groupement des Yvelines, dans une certaine agitation. Usant de leur prérogative de premier service arrivé sur les lieux, les gendarmes entament leurs investigations autour du cadavre et de la voiture de Robert Boulin. Un peu plus tard, le parquet de Versailles informe les autorités présentes que la PJ est saisie de l'enquête « aux fins de rechercher les causes de la mort de M. Boulin. » Le colonel Jean Pépin, commandant de la circonscription de gendarmerie d'Île-de-France, qui selon le commissaire Tourre est « fort marri de devoir céder la place », ordonne le repli à ses hommes, laissant les policiers « au milieu d'un chantier indescriptible : véhicule ouvert, objets en cours d'inventaire, corps abandonné sur le bord de l'étang...».
Le lieutenant-colonel Charles Chevallereau, commandant le groupement de gendarmerie des Yvelines, s'exprime le jour-même devant les journalistes. Pour lui le suicide ne fait aucun doute : « Le corps du ministre ne portait aucune trace de coups ou de lutte ».
Deux témoignages recueillis en 2011 et 2016 viendront cependant infirmer ces déclarations (cf infra)
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| Sujet: Re: 1979, l'affaire robert boulin Mer 13 Nov 2019 - 19:05 | |
| Thèse officielleDans un premier temps, le suicide ne semble pas faire de doute. Les courriers rédigés et tapés à la machine par Robert Boulin le 28 octobre et déposés par lui à la poste de Montfort-l'Amaury le 29 quelques heures avant sa mort, parviennent à leurs destinataires le 31 octobre. Chaque exemplaire destiné à une personne en particulier porte une annotation personnalisée de la main du ministre. Celui reçu par Alain Ribert, correspondant du journal Sud-Ouest à Libourne, comporte la mention manuscrite : « Merci à la constante amitié des Libournais qui savent ma rigueur et mon honnêteté en 20 ans de gestion. » L'exemplaire reçu par le commissaire Samissoff, de Neuilly, est notamment annoté : « Pour recherche et rendre compte » et comporte des informations sur la personne à prévenir en priorité (Eric Burgeat) et la localisation de l'étang. Le docteur Simon, ami de Boulin, reçoit le même courrier mais ne souhaite pas faire état de l'annotation personnelle qui y est portée. Il expliquera cependant : « La lettre que j'ai reçue comportait deux lignes manuscrites qui sont parfaitement authentiques. Non seulement il s'agit bien de l'écriture de Robert Boulin, mais il emploie des mots et des expressions que nous partagions (...) Pour moi la conclusion est claire : il s'est donné la mort par raison d'état22. » Celles adressées à l'Agence France Presse et au journal Minute ne sont pas annotées. Jacques Chaban-Delmas, Maître Maillot et le bâtonnier Bondoux notamment sont également destinataires du courrier. Selon son entourage, Robert Boulin se croyait victime d'un "complot politique" auquel aurait participé l'entourage de Jacques Chirac. L'hommage appuyé que lui avait rendu le président Giscard d'Estaing lors de son passage à Libourne le 5 octobre aurait fait craindre à certains milieux du RPR qu'il ne soit nommé Premier ministre en remplacement de Raymond Barre, avant l'élection présidentielle. Cette perspective pouvait entrainer une scission du RPR. Par ailleurs Boulin avait la conviction qu'il serait prochainement entendu comme témoin par le juge Van Ruymbecke dans le cadre de l'affaire de Ramatuelle et il souhaitait vivement pouvoir s'expliquer avec lui. Or il aurait été informé, de source officielle, que le premier ministre et le conseil des ministres ne lui auraient pas accordé l'autorisation de comparaître devant le juge, afin de ne pas jeter la suspicion sur un membre du gouvernement. Robert Boulin se serait alors senti pris au piège et ne l'aurait pas supporté. Bertrand Boulin, son fils, réagit sur Soir 3 le jour de la découverte du corps : « On l'a mis en cause, ça l'a bouleversé. (...) On a beau être solide, lorsque l'on vient sur un certain nombre de terrains, (...) malgré votre solidité et (...) à cause de votre solidité car l'équilibre est fragile, à cause de cette solidité je crois qu'on est fragile.» Le SRPJ de Versailles dirigé par Claude Bardon, chargé de l'enquête par l'intermédiaire du commissaire principal Alain Tourre (qui évoque l'affaire dans un livre publié en 201220), conclut d'abord au suicide par noyade après absorption de barbituriques, puis, dans un deuxième temps, après ingestion de Valium. Robert Boulin aurait ingéré une grande quantité de Valium, pénétré dans l'étang et se serait noyé. Cette thèse est partagée par la grande majorité des milieux journalistiques et de la classe politique de l'époque, à l'exception de quelques voix discordantes comme Laurent Fabius, faisant état, dans une question au gouvernement, d'une très grande perplexité, ou le sénateur Pierre Marcilhacy. Dans un entretien avec Benoît Collombat en 2005, Raymond Barre confirme l'atmosphère de l'époque : « Nous ne pensions pas que le RPR allait assassiner Boulin. » Cependant, dans les milieux dirigeants du RPR, on refuse l'idée que ce suicide ait pu être motivé exclusivement par « l'affaire de Ramatuelle ». Selon une enquête du Monde : « Dès le matin du décès, M. Chaban-Delmas avait expliqué à M. Chirac ce geste par des ennuis familiaux. Dans ces conditions, la perspective d'une affaire judiciaire mettant son nom en cause n'aurait été qu'un détonateur Menaces de mort
Jacques Paquet, ancien chef de cabinet de Robert Boulin, aurait fait état de menaces très précises venant de membres du Service d'action civique (SAC), dirigé par Charles Pasquac, reçues lors du passage de Boulin au ministère de l’Économie et des Finances, entre mars 1977 et mars 1978, soit plus d’un an et demi avant sa mort. Cependant, Jacques Paquet, dans un entretien avec un journaliste de Charlie Hebdo publié le 19 décembre 1979 soit moins de deux mois après la mort du ministre, n'évoque aucune menace; il valide l'authenticité des mentions manuscrites sur la lettre par laquelle le ministre annonçait son suicide et fait état d'une rumeur circulant à Libourne selon laquelle « quelqu'un a aidé Boulin à se suicider ». M. Paquet, qui avait quitté le cabinet du ministre en 1973 précise « qu'il avait rencontré R. Boulin trois jours avant sa mort et que le ministre lui avait proposé de retravailler avec lui ». Selon Fabienne Boulin-Burgeat, sa mère a reçu des menaces visant son fils, afin qu'elle ne relance pas l'enquête. Elle évoque des « corbeaux haut placés dans l'organigramme du pouvoir venus conseiller à sa mère de laisser tomber si elle ne voulait pas qu'il arrive malheur à son fils » . Dans l'ouvrage qu'il a écrit en 1980, Bertrand Boulin écrit cependant : « Aucune menace ne pèse sur nous. De plus quelques personnalités au moins, Jacques Legendre, Lionel Stoleru et d'autres se sont mises à notre disposition. » Les menaces écrites qui auraient été adressées à Robert Boulin et conservées par son inspecteur de police, ne furent jamais versées au dossier[réf. nécessaire]. Selon Benoît Collombat, de multiples témoignages ont aussi fait état de menaces physiques à l'encontre du ministre. Pourtant dans son livre, Bertrand Boulin, qui était en contact quotidien avec son père, ne fait pas état de ces menaces. Dans son témoignage recueilli par Jean-Marie Pontaut en 2010, Maxime Delsol, ancien garde du corps de Robert Boulin, ne mentionne pas non plus de menaces exprimées contre le ministre. Annonce de la mortChristian Bonnet, ministre de l'Intérieur au moment des faits, affirme avoir été alerté de la mort de Robert Boulin « entre 2 h et 3 h du matin ». Selon Fabienne Boulin et Benoît Collombat, Guy Aubert, collaborateur du ministre, s’est rendu vers 20 h le 29 octobre 1979 (la veille) au domicile de Robert Boulin et a déclaré à Colette Boulin : « Robert est mort. ». Cette visite n'est pas mentionnée par Bertrand Boulin, qui dans son ouvrage de 1980 Ma vérité sur mon père fait une relation détaillée des journées du 23 octobre au 3 novembre. Il explique qu'il a été informé par son beau-frère Éric Burgeat de la découverte du corps de son père le 30 octobre peu après 8 h 55 et qu'il a aussitôt prévenu sa mère auprès de laquelle il se trouvait depuis plusieurs heures, laquelle s'est effondrée en apprenant la nouvelle. Jacques Douté, un proche de Robert Boulin, alors en compagnie de deux personnes, dit avoir reçu un coup de téléphone le 29 octobre (soit la veille), vers 20 h à son restaurant de Libourne lui indiquant qu'« il est mort »64, version confirmée par Bernard Sube, photographe pour l'actuel conseil départemental de la Gironde. Le chef de cabinet de Robert Boulin, accompagné d'Éric Burgeat, conseiller technique et gendre du ministre, signale peu après minuit au ministère de l'Intérieur, puis à Matignon, la disparition du ministre. D'après le dossier pénal, les premières recherches sont lancées le 30 octobre à 6 h 25 du matin et le corps est retrouvé à 8 h 40 par une brigade de gendarmerie. Pourtant, selon Collombat, l'information de la découverte du corps serait remontée dès deux heures du matin au sommet de l'État. Yann Gaillard, directeur de cabinet de Robert Boulin, dit avoir été convoqué à Matignon vers 2 h du matin par Philippe Mestre, directeur de cabinet du Premier ministre Raymond Barre. Celui-ci aurait reçu, devant Yann Gaillard, un coup de téléphone. Après avoir raccroché, Philippe Mestre aurait confié : « On a retrouvé le corps. » Philippe Mestre a démenti ces allégations66. Marie-Thérèse Guignier, administratrice de biens judiciaire, ex-membre des cabinets ministériels de Robert Boulin et intime des milieux gaullistes, dit avoir été réveillée dans la nuit du 29 au 30 octobre 1979, entre 1 h 30 et 2 h du matin, par un ami proche : Louis-Bruno Chalret, à l'époque procureur général près la cour d'appel de Versailles, lié au SAC et aux réseaux Foccart. Chalret lui apprend que l'on a retrouvé le corps de Robert Boulin dans les étangs de Hollande. « Et là, il se couvre, il appelle tout le monde sur le REGIS (le réseau téléphonique interministériel de l'époque), c'est-à-dire l'Élysée, Matignon, probablement l'Intérieur et la Chancellerie. » Il se rend immédiatement sur place avec une équipe d'hommes de confiance : « On a tout fait minutieusement, comme il fallait. J'ai tout surveillé. Rien n'a été laissé au hasard », aurait-il dit quelques jours plus tard à Marie-Thérèse Guignier, en qualifiant cette affaire de « truc à emmerdes »67. Son amie résume ainsi le rôle actif qu'il a pu jouer cette nuit-là : « Chalret était l'homme qu'il fallait pour ce genre de choses ». L'ancien Premier ministre Raymond Barre déclare dans son livre L'Expérience du pouvoir avoir été prévenu vers 3 h du matin « que l'on a retrouvé le corps de Boulin dans un étang de la forêt de Rambouillet » et que le ministre s'est donné la mort en se noyant après avoir avalé des barbituriques. Victor Chapot, proche conseiller du président de la République, Valéry Giscard d'Estaing, déclare, lui, avoir appris la mort de Robert Boulin à 9 h du matin par un coup de téléphone d'Henri Martinet, un ancien collaborateur du ministre. Il se serait alors « précipité chez Giscard qui apprend la nouvelle au téléphone au même moment ». Valéry Giscard d'Estaing, dans son livre de mémoires Le Pouvoir et la Vie, dit avoir appris la mort de son ministre à 11 h 30 du matin. Le commissaire Alain Tourre relativise ces supposées incohérences, compte tenu des messages très explicites trouvées dans la corbeille à papiers du ministre la veille au soir. On sait qu'il a disparu depuis la fin de l'après-midi. Ses proches collaborateurs ont eu connaissance dès 23 h 30 de l'annonce par Robert Boulin de son suicide. Selon le policier, « que le ministre de l'Intérieur Christian Bonnet et Marie-Thérèse Guignier, amie du procureur général Chalret, mis au courant de la disparition de Boulin et de la teneur alarmiste des messages retrouvés chez lui aient pu annoncer entre 1 h 30 et 3 h du matin qu'il était mort, n'a aucun caractère choquant article complet sur wikipédia [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] | |
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| Sujet: Re: 1979, l'affaire robert boulin Mer 13 Nov 2019 - 19:07 | |
| L'enquête de Benoît Collombat, Bernard Nicolas et Arnaud Mansir diffusée jeudi soir dans Envoyé spécial sur France 2 est diablement efficace. Si elle ne nous apprend pas le nom des véritables commanditaires du meurtre de Robert Boulin, ministre du Travail de Valéry Giscard d'Estaing au moment de sa mort, elle confirme ce que la thèse officielle n'a jamais accepté : Robert Boulin ne s'est pas suicidé. La démonstration est à ce point pertinente que même Bernard Pons, fidèle parmi les fidèles de Jacques Chirac et ancien secrétaire général du RPR, dit sa « quasi-certitude », dans un témoignage inédit, « qu'il s'agit d'un assassinat ». La mort du politique remonte au 30 octobre 1979. La nouvelle tombe aux infos du matin : « Le ministre du Travail s'est vraisemblablement suicidé. » À 8 h 40, des gendarmes ont découvert le corps dans un étang des Yvelines, à moitié couché sur le ventre à six ou sept mètres du rivage, dans... soixante centimètres d'eau. L'autopsie n'a pas encore eu lieu que la thèse du suicide se répand partout. « Il se serait bourré de barbituriques », affirme la journaliste Danièle Breem. Première contre-vérité : on ne retrouvera dans son sang – et pas dans son estomac – qu'une dose de Valium. « Ce n'est pas la noyade qui l'a rendu comme ça » Les incohérences s'enchaînent ensuite. Au premier plan de la vie politique depuis des décennies, « premier ministrable » comme le veut la formule, Robert Boulin est un homme qui dérange. Les dernières semaines avant sa mort, il vit une campagne de dénigrement dans la presse. Et répond aux accusations sur le plateau d'Europe 1, suggérant qu'il sait qui est à l'origine de cette campagne et qu'il a des dossiers compromettants sur eux... Une menace de trop ? C'est la thèse de ses proches. Dans le documentaire, témoigne ainsi ce médecin du Samu, premier à découvrir le corps le matin du 30 octobre et qui voit ce visage « à deux tiers hors de l'eau plein d'ecchymoses », « très traumatisé ». Ses membres paraissent presque désarticulés. « Un pompier me dit : Tiens, on dirait qu'il sort d'une malle, relate le médecin. Avant d'ajouter : « Ce n'est pas la noyade qui l'a rendu comme ça. Ce sont les coups. » Pas d'examen du crâne Quelques minutes plus tard, c'est un plongeur, interrogé par le journaliste, qui remarque que les chaussures du mort sont propres. Les chaussons des plongeurs, venus récupérer la dépouille, sont, eux, souillés de boue. Les pompiers ayant assisté à la scène reçoivent l'ordre de ne rien raconter à leur famille, encore moins aux journalistes. L'autopsie, bâclée, ne livre guère de réponses. « L'examen du crâne n'est pas effectué sur directives du procureur de la République », peut-on lire dans le rapport d'autopsie, alors même que le visage de Boulin est largement tuméfié. La demande émane du procureur, mais également de Marcel Cats, chef de cabinet du ministre, qui demande à ce que la dépouille ne soit pas mutilée. Il prétend parler au nom des Boulin. Ces derniers n'ont jamais fait une telle demande, assure Envoyé spécial. On ne vérifie pas non plus, pour accréditer la noyade, si de l'eau de l'étang se trouve bien dans les poumons. Dernière « anomalie flagrante » : les légistes écrivent que les lividités cadavériques, à savoir les marbrures qui apparaissent sur un corps une douzaine d'heures après la mort, se situent sur le dos de la victime. Or c'est impossible : Robert Boulin a été retrouvé sur le ventre, ce qui indique un déplacement du corps... La thèse du suicide s'effondre. Le jour de la disparition C'est ensuite les conditions dans lesquelles le corps a été découvert qui intriguent. Les gendarmes – par la suite dessaisis du dossier – l'ont officiellement trouvé à 8 h 40, le 30 octobre au matin. Les plus hautes autorités de l'État, elles, ont été averties de la mort du ministre dans la nuit, vers 2 heures... Comment est-ce possible ? Revenons légèrement en arrière. La veille, Robert Boulin a annulé tous ses rendez-vous, sauf un avec Gaston Flosse à 15 heures. Il s'est ensuite rendu avec plusieurs dossiers à son domicile, avant de partir en voiture dans les Yvelines vers 17 heures. Un témoin affirme l'avoir croisé à 17 h 30 à Montfort-l'Amaury tandis qu'il était assis sur le siège passager, conduit par un chauffeur, et avec une tierce personne à l'arrière. Selon le rapport d'autopsie, il meurt probablement en toute fin d'après-midi. Dès le début de soirée, et alors que la nouvelle ne s'est absolument pas répandue, Guy Aubert, un proche du ministre et du RPR, rend visite à la famille, paniqué, et leur annonce qu'il craint que Robert n'ait été « enlevé ». Un mauvais en-tête sur la lettre de suicide Vers 20 heures, trois autres visiteurs, très nerveux, arrivent au domicile du ministre. Et se rendent à plusieurs reprises dans le bureau de Robert Boulin. Lorsqu'ils en partent, son gendre, Éric Burgeat, trouve une lettre à en-tête du ministère, soi-disant signée de Robert Boulin, par laquelle il annonce son suicide. L'homme est catégorique : cette lettre ne figurait pas dans la corbeille à papier avant le passage des trois hommes. Eux nient ardemment l'y avoir mise. Interrogée sur cette lettre, la secrétaire particulière de Robert Boulin tique : le seul « ministère du Travail » apparaît en en-tête du papier. Or, à l'époque des faits, l'intitulé exact est le suivant : « Ministère du Travail et de la Participation ». Des hommes ont-ils récupéré du vieux papier pour fabriquer un faux ? Mystère. La découverte du corps en pleine nuit Yann Gaillard, directeur de cabinet de Boulin, est convoqué en pleine nuit chez les directeurs de cabinet du Premier ministre, Raymond Barre. Alors que les plus hauts personnages publics de l'État sont au courant dès 2 heures du matin, comment expliquer que des recherches soient officiellement lancées à 6 h 25 pour « retrouver une haute personnalité » ? Et ce, d'autant plus que Louis-Bruno Chalret, procureur général près la cour d'appel de Versailles, réputé très proche du SAC et des réseaux Foccart, se serait rendu à 2 heures du matin auprès du corps du ministre. C'est en tout cas ce que confie à Envoyé spécial une de ses proches de l'époque, réveillée en pleine nuit : « Bruno m'a appelé à 2 heures du matin. Il me téléphone et il me dit : On vient de me prévenir et de me dire qu'on avait trouvé Boulin dans le bois de machin... Chalret se lève et va directement dans les bois. » Que s'est-il passé exactement ? L'information judiciaire rouverte le 4 août 2015 à Versailles pour « arrestation, enlèvement et séquestration suivis de mort ou assassinat » le dira peut-être. Le temps presse : de nombreux témoins-clés sont déjà décédés. source : [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] | |
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