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Nom : Agent Dana Scully Messages : 20937 Date d'inscription : 09/05/2009 Age : 63 Localisation : entre ciel et terre
| Sujet: nouvelle : UN SI JOLI JARDIN Lun 18 Juil 2011 - 17:37 | |
| UN SI JOLI JARDIN[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]publiée sur Wattpad par chantyriel - Tous droits réservés [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] Cocorico ! Le jour se lève sur un joli jardin de province plein de roses trémières et d'aubépine. Il est couvert de rosée et sent bon le parfum des fleurs. La journée s'annonce belle et entre les branches d'un saule, on peut remarquer une chose toute ronde et toute rabougri partant un chapeau de paille et un tablier bleu ciel. A mieux y regarder, il semble que nous soyons en face d'un vieux monsieur, le visage buriné et la peau abimée par le grand air. Un sécateur a la main, il coupe et ratiboise. A première vue, le jardin parait en broussaille, mais en fait, c'est un désordre ordonné de mains de maître. C'est le jardin de Monsieur Victor, le plus joli jardin de la rue. Cela fait bien longtemps maintenant que Monsieur Victor est une figure incontournable de la ville. Il est arrivé un jour et n'est jamais reparti. Il a acheté cette petite maison en pierres avec son jardinet attenant et depuis on le voit chaque jour qui passe parmi les dahlias orange et les hortensias bleus. Ce matin, Monsieur Victor est très occupé dans son jardin. Le râteau a la main nettoyant les allées ombragées. il fera beau encore aujourd'hui, le soleil est déjà fort. Il profite de l'heure matinale pour s'occuper de ses fleurs. Une petite taille à gauche , un petit arrosage à droite... Ainsi se passe toutes ses matinées de printemps et d'été. alors qu'a la mauvaise saison, même s'il retourne régulièrement son terrain, il la passe près de la cheminée en pantoufle avec de temps a autre un petit voyage de quelques jours. Nous sommes fin septembre et on sent l'automne qui s'avance. 10 h ne va pas tarder à sonner au clocher de l'église. Monsieur Victor fait une pose sous la terrasse , là ou cours les clématites sur le perron. Son chapeau toujours enfoncé sur sa tête, il se verse un grand verre de citronnade bien fraiche. Attablé à l'ombre, il s'assoit un instant. A voir ce vieil homme, on devine que sa retraite est paisible. Bientôt Monsieur Victor ira sonner a coté chez sa voisine pour lui proposer de faire ses courses. Germaine à 79 ans et elle a du mal a se déplacer, alors il lui rend service. L'année dernière c'est à Noémie qu'il prêtait la main et puis un jour elle est partie en maison de retraite loin d'ici. On ne l'a jamais revue en ville, juste une petite carte postale pour la nouvelle année. Elle venait juste de fêter son 82ème anniversaire. Lorsqu'un bruit attire son attention dans la rue. Il se lève et sort sur le trottoir. En fait, sa voisine aux cheveux argentés sort son cabas à la main.
- Germaine vous ne voulez pas que je fasse vos courses ? - Non pas aujourd'hui. Je préfère marcher un peu. Belle journée n'est -ce pas ? - Oui très belle.
Voila, le temps s'écoule, jours après jours, sans originalité. L'automne s'est habillé de rouille, les feuilles sèches se ramassent à la pelle et nous croisons de moins en moins Monsieur Victor dans son jardin. La pluie et le froid sont au rendez vous. Maintenant, Monsieur Victor fait les courses de Germaine tous les jours et puis l'hiver aidant, il rentre bien vite au coin du feu. Là, chez lui, il s'assied près de la fenêtre du salon qui donne sur la rue, dans son fauteuil préféré. Posé à côté de lui sur une petite table, son journal et ses lunettes. Dans la pièce le tic-tac de l'horloge égraine les journées. A la sortie de l'hiver, nous sommes le 7 mars, et Monsieur Victor par un matin pour la gare de Guermon avec une petite valise à la main. Quatre jours plus tard, de retour parmi nous, on le voit redescendre la grande rue de son pas prudent. Et le temps reprend son cours. Il n'a plus de courses à faire, car Germaine à soudainement décidé de partir vivre définitivement dans sa maison de Haute-Savoie, à cause du bon air. Monsieur Victor vaque donc à ses occupations quotidiennes entre jardin et cheminée. L'hiver s'étire en longueur cette année. On a encore eu de la neige à la mi-mars, mais il faut préparer le jardin pour la nouvelle saison. Les jours avancent paisiblement de taille en plantation. Lorsqu'un jour au marché, Monsieur Victor en pleine discussion avec Émile, sur leur pauvre pouvoir d'achat, voit une dame d'un certain age tomber dans la rue. Son panier ayant répandu au sol : tomates, poireaux et pêches. N'écoutant que son bon cœur, il se précipite, Émile sur les talons. Très vite un attroupement se forme. La vieille Dame se redresse déjà, elle s'est tordue la cheville. Les pompiers arrivent très vite, Victor et Émile ont engagés la conversation. Ils ont découverts étonnamment que leur protégée se nomme Simone et qu'âgée de 71 ans, elle vit dans leur rue. La grande rue de Guermon possède plus de 150 numéro et alors que ces messieurs vivent respectivement au 8 pour Émile et au 17 pour Monsieur Victor. Simone habite depuis peu réside au 83, dans un modeste pavillon suite à la mort de son mari qui l'a laissé seule et démunie. La foule s'est dispersée, les pompiers sont repartis. Simone a une entorse à la cheville, les secours l'ont bandée et elle a remis sa chaussure. La vieille dame qui ne fait pas du tout son age, est restée très svelte et sportive. D'ailleurs, pour faire ses courses, elle porte au très joli survêtement de couleur parme qui fait ressortir la couleur claire de ses yeux brillants sous une chevelure blanche immaculée et soigneusement coiffée. Les deux messieurs la raccompagnent chez elle. C'est décidé, Monsieur Victor lui fera ses courses jusqu'à ce qu'elle aille mieux. Donc avec le printemps et son travail au jardin, Il s'est organisé autrement, il a l'habitude. Monsieur Victor n'est pas homme a se laisser submerger. Son efficacité d'ailleurs est arrivé a bout des trois semaines d'immobilisation de Simone, sitôt après Pâques. Mais pour pour nos septuagénaires, ils ont pris gout a leur rencontre quotidienne. Alors donc que l'été suit le printemps et que l'automne s'habille de rouge et d'or, Victor et Simone se côtoie toujours. Tous les matins, Monsieur Victor traine dans son jardin, pour en fin de matinée, remonter la rue coté impair, jusqu'au 83. Simone l'attend avec une grande tasse de thé au jasmin, ils papotent tous deux et vont faire leurs courses au centre ville a l'épicerie et a la boulangerie. tous les jours sauf le dimanche, c'est le même scénario. Et la vie continue...
La nouvelle année à apporter son lot de résolutions et des rues engourdies par le froid qui s'étirent sous les illuminations de Noël. La seule fille de Simone, est elle aussi décédée et comme Monsieur Victor n'a pas de famille, les fêtes ont été amères. La vie est si injuste, dit-il souvent à son amie qui ne peut s'empêcher d'être triste à cette époque de l'année. On oublie trop souvent que les fêtes de fin d'année si joyeuses pour certains, sont solitaires pour tant d'autres personnes. Cette année, il y a eu un noël blanc, les rues de Guermon sont glissantes, et Monsieur Victor à mesuré dans son jardin, il y a 22 centimètres de neige. L'hiver est rude et notre Victor a beau être bien couvert, il éternue depuis plusieurs jours. Simone à donc remplacé le thé journalier par un grog pour le réchauffer. Pourtant début février, la ville est toute blanche et continue de se figer avec des températures négatives allant jusqu'à -15°. La neige est toujours partout et l'indisposition de Monsieur Victor s'est aggravée. Il tousse maintenant beaucoup et les changements de température , comme les efforts lui provoquent de graves quintes de toux qui l'épuisent. Simone l'a obligé à consulter, mais les médicaments du Dr Dubois n'ont rien fait. Monsieur Victor ne se lève même plus, il est cloué au lit avec une forte fièvre. Les rôles se sont inversés et c'est Simone qui vient le visiter. 39°4. Elle lui tamponne gentimement le front avec une serviette sèche et rappelle le Docteur. Après l'avoir ausculté, son verdict est sans appel. C'est une mauvaise grippe , il faut l'hospitaliser. Simone le rassure, il doit se reposer et ne pas s'inquiéter, elle viendra le voir demain. La jolie maison de Monsieur Victor dort dans son cocon blanc depuis 5 jours maintenant. Les volets sont fermés et plus rien ne bouge. Il est toujours à l'hôpital dans un état préoccupant. Simone lui rend visite chaque après midi. Et un matin, le téléphone retentit au domicile de Simone Borel. Il est 10 h 45. C'est l'hôpital, Victor Balard est décédé ce matin vers 8 h Ils sont profondément désolés. Simone s'assoit et pleure doucement. L'enterrement a rassemblé de nombreux habitants de la commune, mais aucune famille. Émile et Simone étaient ses plus proches amis, ils se sont retrouvés en tête du cortège funèbre. Beaucoup de gens se sont déplacés malgré le froid et la saison. Monsieur Victor était très connu, il a reçu beaucoup de fleurs, et il en aurait surement été très heureux.
Presque deux années se sont écoulés depuis le décès de se pauvre Victor. Simone lui apporte des fleurs touts les semaines sur sa tombe. Émile qui vient la voir de temps a autre lui a dit que le notaire n'a retrouvé personne de sa famille. Sa maison va être mise en vente au profit de l'état. Il en sera désormais fini de son si joli jardin. D'ailleurs depuis qu'il a disparu la nature a repris ses droits et la végétation est luxuriante au 17 de la grande rue. Le jardin ne ressemble plus a grand chose et les herbes folles cachent le perron.
Effectivement, sept mois plus tard, le panneau "A VENDRE" est retiré de la grille écaillée et bientôt les voisins voient passés et repassés, camions de déménagement et artisans. Le 2 juillet, une voiture familiale grise s'arrête devant le 17. Les nouveaux propriétaires s'installent. Le véhicule est plein de paquets, un couple en descend et par la portière arrière sort une jeune fille d'une douzaine d'années, avec un petit chien blanc. Elle parait irréelle et comme sortie d'un film, avec ses longs cheveux noirs et sa peau diaphane. Elle porte pour l'occasion une jolie robe blanche en dentelle et un gros bouquet de fleurs sauvages dans les bras. Sa démarche est souple et son pas glissé comme celui d'une danseuse. Elle regarde la maison et entre, mais c'est dans le jardin qu'elle se rend en premier. Un jardin aujourd'hui irraisonné et en broussaille, avec des fleurs absolument partout et de toutes des couleurs. Au fond, près du mur du voisin, les grands arbres forment une voute naturelle et une clématite blanche à pris possession du lieu. C'est magnifique. Le père s'approche doucement de l'enfant et dit : - Et si on installait ta balançoire ici ? La jeune fille tourne son visage vers lui et sourit. Oui. Et alors que les grandes vacances s'étirent sous le soleil de juillet, une balançoire en corde et en planche a pris sa place, là ou dès le premier instant , Aurore est venue pour admirer les fleurs. L'endroit est devenu son domaine. La fillette porte toujours de très belles robes blanches et elle est toujours aussi pâle, car elle reste généralement à l'ombre et vient se balancer pendant des heures avec son petit chien sur les talons.
Un matin, elle est assise sur sa balançoire, rêveuse et son chien gratte le sol a quelques pas de là, puis il se met à aboyer frénétiquement. Pour Aurore, Kiki trouble la quiétude du moment et elle ordonne : - Kiki arrête ! Mais le chien continue et gratte de plus belle. - tais-toi j'ai dit ! Alors le chien attrape un bout de bois entre ses mâchoires et vient se coucher à ses pieds pour l'inviter à jouer avec lui. Aurore le regarde en souriant et son joli minois se fige. Ce n'est pas un morceau de branche, que kiki lui a apporté, mais un os...
la police a investit toute la rue. Les gyrophares tournent et des agents en uniformes vont et viennent. La famille au complet, s'est retranché dans le salon. Aurore est assise entre ses parents et ses grands yeux noirs lui mangent la figure. Ils sont pressés l'un contre l'autre et effondrés. Cela fait près de six heures que la police est sur les lieux. Ils ont retournés tout le jardin avec un bulldozeur et sous la balançoire de l'enfant ils ont déterré pas moins de 17 cadavres. Le soleil a perdu de sa vivacité, mais n'atténue en rien l'horreur de la situation. Apparemment 5 hommes et 12 femmes, qu'ils va falloir identifier, sont là pour certains depuis plus de 20 ans.
Epilogue
Simone est assise dans le canapé de son nouveau salon. Il est 9 h 45, elle boit son café et mange un croissant en peignoir, tout en lisant le journal. Elle a déménagé dans une autre commune à l'autre bout du département et voila ce qu'elle lit en page centrale de l'Echo du Matin :
Vous vous rappelez certainement chers lecteurs, il y a quelques mois, de l' affaire Victor Balard, plus communément appelé "Monsieur Victor", qui s'était installé parmi nous, à Guermon, en 1969. Retraité de l'armée et sans famille, nous nous sommes tous arrêtés devant le numéro 17 de la grande-rue pour lui demander un conseil botanique et puis le 12 juillet 2000, le petit chien de la famille Granger a déterré l'incroyable. 17 cadavres, hommes et femmes, aujourd'hui tous identifiés. Monsieur Victor aimable et bienveillant, a dépouillé et tué, des personnes âgées vivants seuls et sans postérité. Argent, bijoux, valeurs et maison, il leur avait tout pris. En arrangeant des histoires , sommes toutes, convaincantes puisqu'il aura fallu l'intervention d'un petit chien pour tout faire basculer, alors que personne n'avait rien soupçonné jusqu'a présent. C'était purement machiavélique, puisque même les biens immobiliers, Monsieur Victor les avaient transférés au nom d'un homme de paille, en suggérant à ses victimes de faire des actes notariés chez des notaires très éloignés géographiquement, pour que personne ne sache rien. Pas d'amis, pas de famille, âgés et fragiles, toutes ses personnes se sont faites avoir par la formidable gentillesse de Monsieur Victor, qui organisait des départs crédibles pour les voisins de ses futures proies...
Voici la liste des victimes habitants Guermon et alentours, tous retrouvés morts et enterrés dans le jardin du 17 grande-rue à GUERMON (28) :
mars 1971- Julien MANDEL, 81 ans novembre 1972 - Amélie BOUCHE, 78 ans juillet 1974 - Marie CAMBIER, 91 ans fevrier 1977 - Antoine LEFORT, 84 ans mars 1978 - Suzanne MORICE, 85 ans juin 1979 - Lucette BERTIER, 73 ans janvier 1981 - Robert BLOCK, 82 ans mai 1983 - Pélogie ROAN, 77 ans septembre 1985 - Roger MARECHAL, 79 ans novembre 1987 - Berthe TOURIN, 92 ans aout 1988 - Madeleine BABILLE, 87 ans octobre 1991 - Francine MERCIER, 83 ans décembre 1992 - Micheline PERRAULT, 80 ans Fevrier 1994 - Félicie VERSOL, 95 ans avril 1995 - Georges FONTANE, 75 ANS juin 1997 - Noémie CHAUVET, 82 ans mars 1998 - Germaine CONSTANT, 79 ans
Simone referme son journal et le pose a coté d'elle. Elle prend sa tasse de porcelaine beige et tourne calmement son café au lait. Le liquide fume, elle le porte à ses lèvres et boit doucement. RING, RING, RING... La sonnerie du téléphone retentit dans le silence de la maison. La vieille dame alerte relève la tête et pose sa vaisselle. Simone dont les yeux clairs fixent le vide devant elle, tend le bras gauche et s'empare du combiné en souriant. - Allo ? Oui Valentine. J'ai pris du retard ce matin. Mais ne vous inquiétez pas, je viens chez vous pour faire vos courses...
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