En -450, la loi romaine condamnait déjà à mort les enchanteurs, toute tentative d’invoquer les démons ou de déchainer les éléments. En Papouasie Nouvelle Guinée, une jeune fille de 20 ans, Kepari Leniata, a été brûlée vive l’an dernier par une centaine de villageois pour avoir « jeté un sort à un petit garçon de 6 ans ». Seulement, au Moyen Âge en Europe continentale, la chasse aux sorcières était carrément une spécialité. Dès 1275, tribunaux d’état et ecclésiastes cramaient de la sorcière de concert. En tout, entre 40 000 et 100 000 exécutées, d’abord brûlées vives puis décapitées et jetées au feu. Voici les plus connues :
« Adèle la sorcière », première sorcière brûlée vive en Europe
Toulouse, 1275 : Pierre de Voisins devient sénéchal et entreprend une grande chasse aux sorciers et sorcières dans la Province. Jugée devant les tribunaux ecclésiastiques, Adèle est la première à passer au bucher, pour des accusations qui relevaient plus du non respect du culte catholique que de la magie noire à proprement parler. Ce n’est qu’en 1486 que la rédaction du Malleus Maleficarum, comprenez Marteau des Sorcières, que l’on pouvait déterminer si la femme était ou non une sorcière en regroupant toutes les croyances de l’époque (balais, dépravation sexuelle, pacte avec le Diable, meurtres de nourrissons) et il donnait aussi les instructions à suivre pour emmener la vilaine au bûcher en bonne et due forme.
Jeanne d’Arc, brûlée vive le 30 mai 1431 à Rouen
Celle qu’on appelait La Pucelle, après s’être enfuie mineure de sa maison familiale et officié en chef de guerre auprès de l’armée française, après avoir été bien des fois blessée au combat et remporté bien des victoires contre les Anglais, se retrouve capturée puis livrée à l’ennemi. Pour les juges, les voix qu’elle entend ne sont pas celles de Dieu mais celles du démon. Les bourreaux refusant de la toucher, elle ne sera pas soumise à la question mais une mise en scène de bûcher doublée d’une promesse orale de l’enfermer, si elle avoue ses fautes, dans une prison catholique, lui font signer d’une croix ses aveux. Elle se rétracte quelques jours plus tard, et sera brulée vive. Le Cardinal de Winchester, visiblement agacé du succès populaire de notre bonne Jeanne, refera brûler sa dépouille deux fois puis disperser ses cendres afin qu’aucun culte ne puisse lui être consacré. Raté.
Agnes Sampson, étranglée puis brûlée le 28 janvier 1591 à Edimbourg
Guérisseuse écossaise accusée lors du procès des sorcières de North Berwick, à la fin du XVI ème siècle, la légende veut que son fantôme, chauve, nu et portant les stigmates de sa torture, hante encore Édimbourg. Connue dans son comté pour ses prétendus pouvoirs magiques, elle gagnait sa vie en surfant sur sa réputation de sorcière pour vendre ses talents de guérisseuse dans les villages alentours. Mais quand la reine d’Angleterre et son cortège se prennent un violent orage sur le coin du char en rentrant au Palais, une chasse aux sorcières est organisée, pour punir celles qui auraient voulu tuer la bonne Reine d’un coup d’éclair. Sous la torture, sans sommeil, elle reconnait les 53 chefs d’accusation et finit étranglée puis brûlée.
Un des dessins du procès d’Agnes Sampson, dépeignant le Diable, donnant des poupées magiques aux sorcières :
Marie Navart, brûlée vive en novembre 1656 à Templeuve (Nord)
En recouvrant de sa jupe le visage de sa belle sœur en travail, elle aurait jeté un sort au bébé qui ne survit pas à l’accouchement. Son beau frère l’accuse de l’avoir ensorcelé avec un pain au sucre, et le reste du village se plaint des mêmes maux dès que Marie leur tend une pomme ou du fromage. Sa tentative de fuite échoue et elle est arrêtée le 10 novembre 1656. On la place dans un panier bénit suspendu. Puis on la rase et on la place sous camisole. Afin de trouver sur elle la marque du Diable caractéristique, on lui plante un aiguille entre les épaules. Pas de sang, mais le liquide céphalo-rachidien dans lequel baigne la moelle épinière (les salauds devaient savoir où viser). Elle subit la question extraordinaire, ou torture des brodequins : ses jambes éclatent sous la pression des planches de bois, elle avoue. Condamnée, elle est brûlée vive.
La Voisin, brûlée vive le 22 février 1680 à Paris
En 1679, l’affaire des Poisons éclate à la cour du Roi. La femme de Mr Montvoisin, dite La Voisinest mise en cause : elle aurait fourni des poisons à de nombreuses femmes de haut rang qui souhaitaient empoisonner leur mari pour récupérer leurs ors. On la suspecte aussi d’avoir tenu des messes noires menées par des prêtres débauchés : profanations sexuelles et meurtres de nouveaux nés. Jugée coupable (ce qu’elle était vraisemblablement), La Voisin fut brûlée vive en place de Grève le 22 février 1680.
La maîtresse et mère des enfants de Louis XIV, Mme de Montespan a bénéficié de la clémence du souverain. Elle était en effet dénoncée pour avoir participé à ces petites sauteries sataniques par la fille de La Voisin.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir cette image]Anna Göldin, décapitée le 13 juin 1782 à Glarus (Suisse)
Cette suissesse est la dernière sorcière condamnée en Europe. Sans que la magie noire soit clairement évoquée, le procès est mené comme une chasse aux sorcières. Elle travaille comme femme de maison chez Johann Jakob Tschudi, un physicien marié et père d’une petite fille. Celui-ci l’accuse d’avoir placé des aiguilles dans le bol de lait et le pain de sa fille. Cette dernière aurait aussi craché du sang et des aiguilles. En fuite, Anna est rattrapée par les autorités et soumise à la torture, elle avoue avoir vu le démon sous la forme d’un chien noir et suivi ses ordres pour maltraiter l’enfant. Quand la torture cesse, elle se rétracte mais c’est trop tard. Elle est décapitée. En 2007, le parlement Suisse l’innocente et la vérité est dévoilé : Tschudi, avec qui elle avait une liaison qu’elle menaçait de dévoiler, aurait inventé toute cette histoire pour s’en débarrasser.