On est en décembre. Je rentre de l’école, il est 17h et la nuit commence à tomber. Je prends le bus pour rouler vers les 12 stations qui me séparent de chez moi. Il est presque 18 h lorsque j’arrive à la maison. Je crie au revoir et à demain aux copains et je pose un pied sur le trottoir. Il me reste 10mn de marche et je serai chez moi. Les arbres suintent et chuchotent dans la nuit froide. J’accélère le pas sans me retourner. Les réverbères des rues déposent des taches pâlottes au sol. A cette heure et dans la pénombre les bruits résonnent. Je ne suis pas d’une nature inquiète, mais je reconnais que j’ai un peu peur.
Ca y est ! je suis devant le portillon. Je le pousse, il grince à fendre l’âme. Ça me stresse. Instinctivement, je trotte jusqu’au perron et je monte les 3 marches presque en courant. Je sors le trousseau de clés de ma poche et glisse le pêne dans la serrure. Flûte, ce n’est pas la bonne clé. Mes mains tremblent, j’en prends une autre. Elle entre et je tourne. Clique ! la serrure tourne à l’intérieur, un tour, deux tours. Enfin j’entre à la maison et je referme la porte d’entrée derrière moi comme si ma vie en dépendait.
Psssffffff ! Je souffle. Et j’affiche un sourire. Je retire mes chaussures sans me baisser et les lances sous le patère. Je fais glisser mon sac à dos de mon épaule sur le sol et j’ouvre mon blouson que je retire et jette au clou. Je reprends mon cartable et en me retournant j’appelle à tue tête :
- Godzilla ? tu es la ?
Rien ne bouge. A cette heure mes parents ne sont pas encore entrés, mais le chien est forcément à la maison. - - Godzilla ? viens mon chien.
Je me dirige vers la cuisine et ouvre le frigo. J’attrape une bouteille de lait et un Kinder. Je tourne le bouchon et bois une grande rasade au goulot ensuite j’enfourne ma barre chocolaté dans ma bouche.
Soudain j’entends un bruit à l’étage. Bam !
Je m’immobilise et j’écoute. Rien. Les lumières de la cuisine et du séjour sont allumées , mais la maison est grande et il y a des zones d’ombre par endroit.
- Godzilla ?
- Wouf !
c’est son aboiement. Çà vient de l’étage. Je repose la bouteille de lait sur l'ilôt central de la cuisine américaine et je me dirige vers le bas de l’escalier.
- Godzilla ?
Bam !
Ho ! le bruit sourd vient d’en haut. J’ai peur, mais si les copains me voyaient ils se moqueraient de moi. Je prends mon courage à deux mains et je pose mon pied droit sur la première marche. Bam !
C’est quoi ce bruit ? on dirait un bruit sourd de quelque chose de lourd.
Mais, il n’y a personne à la maison normalement.
- Maman ? Papa ? vous êtes la ?
Je pose mon pied gauche sur la deuxième marche et ma main glisse sur le mur jusqu'au bout de lumière de l’étage. Clic ! D’en bas, on distingue la faible lueur des ampoules économiques des plafonniers.
– m... ! ils font chier les parents avec leur économie à la con, on voit rien.
Je monte lentement une marche après l’autre, presque arrivé en haut je distingue à peine le bout du couloir à l’angle de la partie qui mène à la chambre des parents.
Bam ! Ho !
La j’ai entendu distinctement un bruit inhabituel. Je reste à deux marches du palier et je n’ose plus bouger. Mes yeux s’habituent à la pénombre et je distingue une ombre mouvante sur le mur du fond du couloir. Oui ! l’ombre grandit sur le papier peint, encore et encore. Elle est grosse comme un lion . Je suis paralysé dans l’escalier et je retiens ma respiration. J’ouvre la bouche pour appeler :
- Mamaaaan ? Papaaaaa ? vous êtes rentrééés ?
Ma voix se casse et me donne des airs de diva.
L’ombre est immobile, mon regard la fixe sans cligner des yeux. J’ai tellement peur que si je cligne des paupières le monstre va se rapproche de moi. Ma main droite serre la rambarde de l’escalier a blanchir mes articulations. L’ombre du monstre-lion donne l’impression de m’observer. Il reste sans bouger. On est immobile face à face. Ni lui ni moi n’osons bouger. Le temps suspend son cours et les minutes s’égrènent . Ma respiration s’accélère. Je reste la sur la deuxième marche en haut de l’escalier….
Soudain l’ombre bouge et donne l’impression de tourner du fond du couloir pour apparaître en face de moi du haut de ces 15 cm au garrot.
- Godzilla !
Mon cœur s’arrête et repart en tapant la chamade dans ma poitrine.
- m... ! C’est cette saleté de chihuahua qui m’a fait flipper grave ma race.
Je me précipite vers lui, du coup il a peur et il fait un demi-tour ultra rapide à faire friper la moquette du palier ; Saleté de cleps, si je t’attrape, je te bouffe….