Gaspillage alimentaire : un tour du monde avec des aliments périmés
source : le parisien
janvier 2017DÉFI. Un jeune homme part ce vendredi autour du monde pour dénoncer le gaspillage alimentaire
Habituellement,quand un navigateur s'apprête à prendre la mer, son bateau regorge de produits frais, au moins au départ. Baptiste Dubanchet, lui, va traverser l'Atlantique en pédalo, les cales remplies d'aliments officiellement périmés. Avant d'entamer vendredi matin la première partie de son périple à vélo de Paris à Gibraltar, le jeune aventurier de 28 ans est allé faire ses courses jeudi... dans les poubelles de la gare Montparnasse. A l'heure de la fermeture des sandwicheries, il a fait le plein d'invendus du jour encore parfaitement comestibles. Dans les mallettes de sa bicyclette, l'ancien étudiant en master de développement durable emporte aussi un paquet de riz datant de 2006 et des compotes vieilles de plus d'un an.
20 kg de déchets alimentaires par an en France
C'est que l'objectif de ce périple de 10 000 km à la seule force des mollets est de dénoncer le gaspillage alimentaire. Et surtout de prouver qu'il est possible de consommer certains produits (pâtes, riz, céréales, chocolat) dont la date limite d'utilisation optimale (DLUO) est dépassée. «On a retrouvé à l'intérieur d'une pyramide des lentilles datant de 4 000 ans encore parfaitement comestibles», souligne le jeune Angevin qui plaide pour une modification de l'inscription des dates de péremption sur les produits alimentaires à l'échelle européenne. «Un Français jette en moyenne 20 kg d'aliments par an, dont 7 kg sont des produits encore emballés», déplore Baptiste qui ne consommera sur son pédalo que des denrées dont la DLUO est dépassée. Parfois depuis plusieurs années.
[Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien] par [Vous devez être inscrit et connecté pour voir ce lien]L'aventurier n'en est pas à son coup d'essai. En 2014, déjà, il avait parcouru 4 000 km à vélo à travers sept pays européens en se nourrissant uniquement d'aliments destinés à la poubelle. Cette fois, pour sa traversée de l'Atlantique, Baptiste s'organise autrement. A l'intérieur de son embarcation de 7,50 m mue par un système d'hélice à pédales, il a prévu de stocker 100 kg de nourriture officiellement périmée, dont 40 kg ont été préalablement lyophilisés. Ce procédé consiste à déshydrater un aliment (pour que les bactéries ne s'y développent pas) et à le conserver ensuite sous vide à température ambiante. Par simple addition d'eau, il retrouve ensuite toutes ses qualités premières. Pour le prouver, Baptiste nous propose de goûter des carottes récupérées il y a un mois dans une poubelle de Bordeaux.
Des légumes lyophilisés
Sur une photo, il nous montre les légumes à la peau légèrement noircie mais dont le cœur a conservé une parfaite couleur orange vif. Une fois pelés, lyophilisés et réduits en petits morceaux, il suffit de les laisser fondre sur sa langue. Et l'on retrouve instantanément la saveur de la carotte. «En termes de qualités nutritionnelles, elles sont aussi riches que si j'en mangeais des fraîches», affirme ce grand amateur de fruits et légumes devenu végétarien. Sur son pédalo, il consommera pendant trois mois l'équivalent de 4 000 € de produits initialement destinés à la benne.
«Aujourd'hui, alors que 870 millions de personnes souffrent de sous-nutrition, entre un tiers et la moitié de la nourriture est gaspillée à l'échelle mondiale», s'alarme l'aventurier pédagogue qui a prévu de prêcher la bonne parole dans les écoles, collèges et lycées lors de la première partie de son voyage à vélo. «Je veux aussi montrer qu'il existe des solutions, insiste Baptiste. Si la grande distribution lyophilisait les produits destinés à être jetés, ce serait une avancée majeure dans la lutte contre le gaspillage alimentaire.»