Quand sert... ?
Eh oui...
Stade 3 quasi 4, découvert très tardivement. Un adénocarcinome très gros et invasif. Je me suis fait opéré...
J'ai été convaincu que je ne reverrai plus jamais ma maison...
J'ai fait le point sur ma vie et je me suis mis d'accord avec moi. J'ai remercié le fait que j'avais eu la chance d'avoir pu vivre une vie particulièrement riche, même si je trouvais que 52 ans était bien jeune pour partir (c'était en décembre 2010), mais après tout, y a t'il un âge pour cela ?
Puis j'ai abandonné la partie pendant 3 jours.
Et d'un coup, au bout de ces 3 jours, je me suis mis dans une grande colère en réalisant que je n'avais pas le droit de m'abandonner car j'abandonnais toutes celles et tous ceux pour qui je compte.
Dès lors, j’ai estimé que je n’avais pas d’autre choix que de remonter la pente.
Quelques jours plus tard mon épouse, ma Chantal, est venue me chercher à la clinique.
Je le lui ai dit déjà bien des fois et je le lui dit encore. Elle m'a fait là le plus beau cadeau de toute ma vie. Elle est venue me chercher pour me ramener chez nous !
Il n’y a qu’une vingtaine de kilomètres de la clinique à la maison.
Une vingtaine de kilomètres, c'est très court.
Pendant ces 20 kilomètres, je me suis mis à penser à mille et une choses, à commencer par prendre conscience du plus important. J'étais en vie et j'étais devenu certain, sans aucune faille possible, que je n'étais plus condamné, ne serait-ce que grâce à l'amour que ma femme me portait et me porte toujours en premier lieu, et aussi grâce à la joie que j'avais à rentrer à la maison.
Mais une grande question venait aussitôt.
D’où m’est venu ce cancer ?
Puis ré apprendre sa vie, à respirer, à marcher, à manger, à se laver, à ne plus jamais fumer, à modifier fondamentalement mon alimentation, à aller aux toilettes (un action de vie qui semble pourtant si simple), à prendre le temps de prendre le temps pour se donner suffisamment de temps pour faire les choses petit à petit, et tant d'autres encore.
Et cette grande question était toujours présente dans ma tête.
D’où m’est venu ce cancer ?
Je dois absolument considérer que ce cancer est un organisme vivant, au même titre que moi. Son seul but est de vivre, mais mon seul but est le même. L’un et l’autre ne sont pas du tout compatibles. C’est lui ou c’est moi.
Mais ce cancer, d’où me vient il ?
Puis est venu le temps de toutes les peurs, chaque fois que je ne me sentais pas très bien, chaque fois que j'avais des analyses de surveillance à faire, que je devais passer des scanners (fréquents)... Je dis merci à toutes mes paniques, panique de ne plus avoir à revivre ce que je venais de vivre (la morphine n'a eu aucun effet sur moi) et la douleur physique est une déchéance très grande, alors que je connaissais déjà la douleur morale et sentimentale.
Par chance, aucune métastase !
Est venu le moment de rendre des comptes, à commencer au corps médical qui m'a violemment imposé un protocole de chimiothérapie au titre de la prévention, que j'ai refusé, ce qui m'a immédiatement imposé le fait que je ne devais compter sur personne pour me prendre en charge, que j'étais le seul à pouvoir le faire.
Ce cancer, d’où me vient il ?
Mais bon sang, mais c’est bien sûr !
Je ne sais pas poser la bonne question.
La bonne question, c’est QUAND SERT !
Dans le domaine de la somatique, mon colon correspond au siège du père. Il ne faut pas comprendre le père comme le “papa” mais comme le siège de l’autorité.
Mon colon existe pour m’aider à éliminer.
Mon colon n’a de charge que pour éliminer mes crasses.
La partie de mon colon que l’on m’a retiré, à cause de ce cancer, c’est le colon ascendant. Il s’agit donc d’une crasse que l’on m’a faite, charge émotionnelle immense et inacceptable autant qu’inacceptée, et celle ou celui qui m’a fait cette crasse avait autorité sur moi.
Ça y est !
J’ai compris d’où me vient mon cancer colorectal. Je vais enfin pouvoir commencer à travailler sur la genèse de mon Quand-sert !
Mais comme je vais m’y prendre ?
Finalement, à mieux y réfléchir, ce n’est pas aussi compliqué que ça en a l’air.
Il me suffit de me replonger dans l’évènement tragique et de me remettre au cœur de cet évènement, puis de me visualiser en sortir car je ne suis pas l’évènement mais un simple observateur. De cette façon, j’ai toutes les possibilités pour l’évacuer et le rejeter en dehors de moi, l’envoyer ailleurs, au centre de la terre ou dans le cosmos, je m’en fiche, mais au-dehors.
Voilà mon premier vrai travail !
Ce n’est qu’en suite que je pourrai m’appliquer à mieux me prendre en charge et, ainsi, je suis sûr que ce Quand-sert ne me ré investira plus.
Non seulement je lui coupe les vivres mais je ne lui reconnais pas le droit de vivre en moi sans mon autorisation, hors je ne l’y autorise pas et plus.
Un autre jour est arrivé où j’ai dû retourner au bloc opératoire pour restaurer un peu mon ventre dont le nombril avait de nouveau lâché. Encore une autre peur...
Ont suivi les jours, nombreux, de plus en plus nombreux, où je pouvais noter que j'allais de mieux en mieux et je l'avoue, aujourd'hui je vais tellement mieux.
Ces jours étaient toujours suivis par d’autres où je ne me sentais pas bien du tout, et donc parfois en panique. Mes proches s’en apercevaient et m’ont beaucoup aider à reprendre confiance en moi.
C’est qu’on ne revient pas d’une condamnation à mort en toute simplicité !
On y pense, et on y pense très souvent.
Puis on n’y pense de moins en moins et les jours mauvais sont devenus de plus en plus espacés, puis de plus en plus rares, même s’ils existent encore aujourd’hui.
Je comprends et je ressens que je suis aimé et que je peux continuer d'aimer, que j'ai toujours la faculté formidable de pouvoir influer sur la matière, ce que nous n'avons plus de l'autre côté.
Après quelques N.D.E. et décorporations, opérations, accidents, pertes violentes et maladies, je peux dire que j'aime aimer, je me sens bien, et mon rire va très bien. Toutes celles et tous ceux qui me connaissent bien et m’approchent le savent.
Le cancer, à quoi sert il ?
Mais peut-être devrions nous nous demander ceci...
Quand sert... ?
Moi, c'était mon gros intestin.
Quand sert mon colon ?
Moi qui ai toujours été particulièrement réfractaire à l'autorité sous toutes ses formes, me faire assoir d'autorité par un colon, ça ne manque pas d'humour.
La vie ne manque jamais d’humour, et il arrive parfois que son humour soit vraiment cynique.
C’est à nous d’avoir aussi le sens de l’humour et de ne pas être susceptible...
J'ai eu de la chance, selon certains et je n'irai surtout pas le démentir.
Pour moi, je me suis provoqué ma chance et je vous le confesse, c'est un travail énorme, à temps plein et qui ne rapporte rien... ou rien d'autre que de la chance.
Il faut toute une vie pour faire une vie.
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Quel que soit ton rêve, commence-le.
L'audace a du génie, du pouvoir et de la magie.
Prends pour outils l'amour comme épée et l'humour en bouclier.
Si tu crois en toi, alors l'Univers tout entier se pliera à ton désir.
Toujours plus haut.
Jean Luc